Présentation
Connue depuis la nuit des temps, cette huile végétale fait partie de toutes les pharmacopées. Souvent utilisée pour ses bienfaits sur la peau, l'huile de bourrache présente un profil lipidique singulier des plus intéressants. D’où vient cette plante, quelle est sa composition et comment s’en servir en phytothérapie ?
Histoire
C’est au cours du 1er siècle que l’on retrouve les premières traces de l’utilisation médicinale des feuilles de la plante. Au cœur de la Syrie, elles étaient, à cette époque, utilisées pour leurs propriétés dépuratives et sudorifiques.
Les Grecs de l’Antiquité consommaient également ses parties aériennes. Ils la surnommaient « euphrosine », en raison des effets euphorisants des alcaloïdes présents dans les feuilles et fleurs de la plante.
Au Moyen-Âge, la population lui prêtait des vertus magiques. La plante était considérée comme aphrodisiaque et énergisante.
Par la suite, la plante est tombée en désuétude sauf au Moyen-Orient et sur le pourtour méditerranéen. Là-bas, à travers les siècles, les femmes continuèrent à utiliser l’huile pour nourrir leur peau et leurs cheveux.
Depuis quelques années, l’utilisation de la bourrache officinale revient sur le devant de la scène en raison de ses bienfaits sur la peau et de sa richesse nutritionnelle.
Description
Plante comestible de la famille des boraginacées et commune en Europe, elle présente une hauteur de 50 centimètres environ.
Sous un climat tempéré, elle développe sa floraison pendant l’été. Celle-ci est un peu plus précoce dans le midi de la France, avec un épanouissement floral dès le printemps.
Lorsqu’elle est en fleur, la plante s’orne d’inflorescences simples avec des pétales bleues, blanches ou parfois roses. Les graines sont logées au fond du calice.
Elle s’implante dans les cultures sarclées et les jardins. Elle demande peu d’entretien, si bien qu’elle pousse parfois à l’état sauvage dans les terrains vagues. Les jardiniers l’utilisent toutefois pour son effet répulsif sur les limaces.
Composition
La bourrache et singulièrement son huile a une composition riche et variée.
En phytothérapie
En phytothérapie, toutes les parties de la plante peuvent servir. Si l’utilisation des fleurs, feuilles et tiges est aujourd’hui déconseillée, elles servaient autrefois à traiter la constipation en raison de la présence abondante de mucilages. Aujourd’hui, c’est presque exclusivement l’huile, principalement l’huile de première pression à froid, qui s’utilise tant en phytothérapie qu’en cosmétologie.
Les principes actifs
Les principes actifs sont :
- les lipides ;
- les vitamines A, E, D et K ;
- les phytostérols ;
- les alcaloïdes pyrrolizidiniques (en trace seulement dans l’huile).
Le profil lipidique
Tout comme l’huile d’onagre, l’huile de bourrache comporte un profil lipidique des plus exceptionnels.
Type d’oméga | Type d’acide gras | Nom | Dosage |
Oméga 9 | acide mono-insaturé | acide oléique | 12 à 22 % |
Oméga 6 | acide polyinsaturé | acide linolénique | 30 à 48 % |
Oméga 6 | acide polyinsaturé | acide gamma linolénique | 17 à 27 % |
Oméga 3 | acide polyinsaturé | acide eicosénoïque | 3 à 5 % |
na | acide saturé | acide palmitique | 9 à 14 % |
na | acide saturé | acide stéarique | 2 à 6 % |
L’acide gamma linolénique en bref
L’acide gamma linolénique souvent nommé GLA est un acide gras polyinsaturé de la famille des omégas-6.
Le corps fabrique naturellement cet acide gras à partir de l’acide gras linolénique, un autre oméga-6. D’autres cofacteurs interviennent aussi dans cette transformation, par exemple :
- la vitamine B3 ;
- la vitamine B6 ;
- la vitamine C.
Cependant, pour des raisons diverses, cette production endogène peut être trop faible.
Lorsque la production est trop faible, le corps connaît des perturbations. Bien souvent, la peau s’altère, le cholestérol augmente et l’inflammation sous-jacente devient chronique. Cela se produit parce que dans l’organisme, l’acide gamma linolénique est converti en prostaglandines de type 1, notamment, des molécules modulatrices des réactions inflammatoires.
En cuisine
La bourrache n’est, a priori, pas un aliment fortement utilisé dans la cuisine. Les fleurs, à la saveur d’huître, et les jeunes feuilles, à l’arôme de concombre, semblent cependant séduire la gastronomie allemande. Elles y sont utilisées dans la « sauce verte » de Francfort, mais aussi dans les salades et les potages froids. Pour les plus aventureux des papilles, les fleurs agrémentent parfois les desserts.
Propriétés médicinales
Avec sa richesse biochimique, l’huile de bourrache possède de nombreux bienfaits :
- immunostimulante ;
- anti-inflammatoire ;
- hypocholestérolémiante ;
- antiagrégante plaquettaire ;
- hormono-régulatrice ;
- régulatrice des triglycérides ;
- apaisante nerveuse.
Vertus thérapeutiques
Comme à son origine, sur les pourtours de la Méditerranée, elle est principalement utilisée pour traiter les affections dermatologiques. Acné, eczéma ou dermatite, quels sont les bienfaits de l’huile de bourrache ?
La polyarthrite rhumatoïde
Étonnamment, et malgré sa réputation pour traiter les affections de la peau, son application la plus importante est la lutte contre la polyarthrite rhumatoïde. En effet, depuis son apparition dans la pharmacopée occidentale, elle a fait l’objet de nombreuses publications liées à ce domaine.
En 2009, une revue scientifique a présenté les résultats de plusieurs études qui attestent des bienfaits de l’huile de bourrache contre certains symptômes de la polyarthrite rhumatoïde. Selon cette publication, cette huile végétale serait utile pour :
- atténuer les inflammations ;
- réduire les enflures ;
- diminuer les raideurs matinales.
Selon les chercheurs, ces propriétés de l’huile seraient liées à sa haute teneur en acide gamma linoléniques. Cependant, ces mêmes chercheurs constatent qu’il faut une dose élevée de cet acide gras, soit une dose de 1400 mg pour obtenir un effet significatif. Un dosage de 1400 mg d’acide gamma linolénique équivaut à 6 grammes d’huile. À des dosages moindres, soit des dosages inférieurs à 500 mg d’acide gamma linolénique, elle ne produirait plus d’effet notable1.
Les problèmes de peau
L’huile de bourrache est très souvent citée en exemple pour ses bienfaits sur la peau. Pour étayer cette réputation, des chercheurs ont mené des investigations sur deux phénomènes cutanés précis : l’eczéma et la parakératose séborrhéique. Voici leurs conclusions.
L’eczéma
Depuis des siècles, en usage traditionnel, elle sert à apaiser la peau et à traiter les affections mineures. Parmi celles-ci, l’eczéma ou dermatite atopique atteint toutes les classes d’âge.
Une étude randomisée en double aveugle avec placebo a été menée sur des nourrissons présentant un risque majeur de développer une dermatite atopique. Ils ont été complémentés pendant 6 mois à l’huile de bourrache ou de tournesol2.
Les résultats démontrent que les nourrissons traités préventivement avec de l’huile de bourrache ont développé moins de dermatites atopiques que les nourrissons ayant consommé de l’huile de tournesol.
Dans d’autres études comparatives avec l’huile d’onagre, sur la dermatite atopique, il a été mis en lumière que cette dernière est plus efficace en raison de sa teneur trois fois plus élevée en acide gamma linolénique.
Il est toutefois à noter que son rayon d’action sur l’eczéma se limite aux dermatites atopiques légères à modérées3.
La parakératose séborrhéique
Parfois appelée « chapeau », la parakératose séborrhéique se caractérise par des rougeurs, des desquamations grasses et des démangeaisons.
Des études ont été menées afin de déterminer les effets de l’huile de bourrache pour traiter cette affection cutanée. Dans des études, des patients en ont reçu par voie orale ou en applications locales. Au bout d’un mois environ, les patients ont présenté une amélioration de leurs symptômes notamment au niveau des rougeurs, des démangeaisons et des desquamations. Des analyses de sang ont révélé un changement de leur profil lipidique.
Elle semble dès lors améliorer la structure de la peau et son hydratation4.
Inflammation parodontale et gingivite
En raison de ses bienfaits sur les affections de la peau, elle a également été étudiée sur les inflammations du parodonte et des gencives.
Dans une étude datant de 2003, des patients adultes souffrant d’inflammations du parodonte ou des gencives ont été répartis en quatre groupes :
- le premier groupe fut soumis à une complémentation d’huile de poisson ;
- le deuxième groupe fut soumis à une complémentation à l’huile de bourrache ;
- le troisième groupe fut soumis à une complémentation mélangeant huile de poisson et de bourrache ;
- le quatrième groupe fut soumis à une supplémentation placebo.
Au bout de 12 semaines, le deuxième groupe avait noté une nette amélioration de l’état du parodonte et des gencives. Il n’y avait aucune amélioration dans les groupes d’huile de poisson et de placebo. Le groupe avec une complémentation mixte n’avait pas eu de résultats significatifs5.
Les chercheurs ont donc conclu que c’était les acides gras spécifiques de l’huile végétale qui offraient une amélioration de parodontites et des gingivites.
Troubles cardiovasculaires
En raison de son profil lipidique hors norme, certains spécialistes préconisent l’utilisation de l’huile de bourrache dans le cadre de la prévention cardiovasculaire. En effet, grâce à l’action anti-inflammatoire des acides gras gamma linoléniques, cette huile végétale réduirait le cholestérol, favoriserait une glycémie saine et abaisserait la tension artérielle. Toutefois, aucun consensus n’a été trouvé autour de cette utilisation. Des études scientifiques sérieuses sont donc nécessaires avant d’en recommander l’usage dans ce cadre.
En cosmétologie
Traditionnellement, au cours de l’histoire, elle a toujours été utilisée par les femmes pour préserver la beauté de leur peau. Aujourd’hui encore, en raison de son profil lipidique, cette huile végétale s’intègre dans les produits cosmétiques.
Traitement de la peau
Riche en acides gras de qualité, l’huile de bourrache est l’alliée des peaux sensibles et des peaux sèches. Elle renforce la barrière lipidique de la peau en favorisant la bonne santé de son film hydrolipidique. Certains spécialistes lui prêtent des vertus anti-âge. Cette huile végétale est alors utilisée en prévention des rides et des ridules. De plus en plus, en raison de ses vertus régénérantes, cette huile végétale est également utilisée pour prévenir l’apparition des vergetures ou en atténuer la présence.
Traitement des cheveux
La composition de l’huile de bourrache semble favoriser la bonne santé des cheveux. En masque ou en complément alimentaire, elle est utilisée pour donner force et brillance, mais aussi pour réduire la chute des cheveux.
Il semble que cette huile végétale soit favorable aux phanères de manière générale puisqu’elle est aussi utilisée en massage ou en bain pour renforcer les ongles cassants.
Quel danger ?
Les dangers supposés de l’utilisation de bourrache en phytothérapie proviennent de la présence, en quantité non négligeable, d’alcaloïdes pyrrolizidiniques. Omniprésents dans la tige, qui n’est d’ailleurs plus utilisée dans les extraits normés, mais également, en dosage plus réduit, mais non nul, dans les feuilles et les fleurs. Seule l’huile en semble quasiment dépourvue.
Les alcaloïdes pyrrolizidiniques sont réputés toxiques pour l’organisme et singulièrement pour le foie6. Selon les dosages constatés, la consommation de 4 tasses d’infusion apporterait jusqu’à 64 µg d’alcaloïdes pyrrolizidiniques, soit plus de 6 fois la dose maximale conseillée7.
En conséquence, c’est l’huile qui est préconisée pour un usage thérapeutique.
Dosage et utilisation
En raison notamment de la présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques, elle ne peut être consommée sur une longue durée. Voici les bonnes pratiques.
Dosage
D’une manière générale et pour une prise orale, un dosage de 1 à 2 grammes d’huile de bourrache quotidiens constitue une dose acceptable. Sous avis médical uniquement, le dosage peut monter jusqu’à 6 à 10 grammes pour traiter de l’arthrite rhumatoïde.
Utilisation et fenêtre thérapeutique
Son utilisation se fait en cure de trois à quatre semaines. Après chaque cure, un arrêt de quatre semaines est impératif avant une éventuelle nouvelle cure.
Différentes formes
En complément alimentaire
Elle se présente sous forme liquide, dans un flacon classique ou sous forme de capsules molles. Cette dernière formulation est plus adaptée à une utilisation comme complément alimentaire. Les capsules protègent bien mieux l’huile de l’oxydation qu’une bouteille.
Huile de bourrache bio
La plante peut être issue de l'agriculture biologique et être certifiée bio.
Précaution d’emploi
Comme tous les compléments alimentaires, elle nécessite quelques précautions d’utilisation.
Précautions générales
Cette huile végétale est déconseillée aux enfants et aux femmes enceintes. Un avis médical est également requis en cas de problèmes de santé.
Contre-indications
En tout état de cause, l’huile de bourrache ne peut être consommée chez :
- les enfants de moins de 12 ans ;
- pendant la grossesse, les femmes enceintes ou allaitantes ;
- les personnes atteintes d’un trouble hépatique.
Vous penserez également à interrompre votre cure deux mois avant toute opération chirurgicale.
Effets secondaires
Comme toutes les huiles végétales, à forte dose, elle peut provoquer des désordres gastro-intestinaux ainsi que des céphalées.
Interactions
En cas de prise de médicaments, l’huile de bourrache est à manier avec prudence. L’avis d’un professionnel de la santé est indispensable avec :
- des anti-inflammatoires ;
- des antidouleurs ;
- des anticoagulants.
Cette huile végétale renforce aussi l’hépatotoxicité des certains médicaments tels que :
- la carbamazépine ;
- la lovastatine ;
- la pravastatine ;
- l’éconazole ;
- l’érythromycine.
Informations complémentaires
Vous pouvez trouver davantage d'informations au sein de cet article :
Questions fréquentes
Qu'est-ce que l'huile de bourrache ?
L'huile de bourrache est une huile végétale, qui présente un profil lipidique intéressant.
Pourquoi en prendre ?
- Soulage les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde
- Traitement de l'eczéma et de la parakératose séborrhéique
- Réduction de l'inflammation des gencives
- Contribue à la bonne santé des cheveux
Quelles sont les contre-indications ?
Son utilisation est déconseillée aux femmes enceintes, allaitantes, aux enfants et aux personnes présentant des troubles hépatiques. Elle peut interagir avec des médicaments.
- 1: Van Gool Cj, Thijs C, et al. Gamma-linolenic acid supplementation for prophylaxis of atopic dermatitis - a randomized controlled trial in infants at high familial risk. Am. J Clin Nutr. 2003.
- 2: Van Gool JC, Thijs C, et al. Gamma-linolenic acid supplementation for prophylaxis of atopic dermatitis - a randomized controlled trial in infants at high familial risk. Am J Clin Nutr. 2003.
- 3: Foster RH, Hardy G, ALany RG. Borage oil in the treatment of atopic dermatitis. Nutrition. 2010 Jul-Aug ; 26 (7-8) : 708-18. Review.
- 4: Tollesson A, Frithz A. Borage oil, an effective new treatment for infantile seborrheic dermatitis. Br J Dermatol. 1993 Jul ; 129(1) : 95. Étude mentionnée et résumée dans : Chandler Frank (Ed.) Herbs - Everyday Reference for Health Professionals, Canadian Pharmacists Association and Canadian Medical Association, 2000, page 60.
- 5: Rosenstein ED, Kushner LJ, et al. Pilot study of dietary fatty acid supplementation in the treatment of adult periodontitis. Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids. 2003 Mar ; 68(3) : 213-218.
- 6: Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes médicinales, 4e éd., revue et augmentée, Paris, Tec & Doc - Éditions médicales internationales, 2009, 1288 p.
- 7: Dr Jörg grunwald, Christof Jänicke, Le Guide de la phytothérapie, Marabout, 2006