Café non torréfié : histoire, définition et utilisation

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Plus ancien encore que sa version torréfiée, le café non torréfié ou cru, apporte de nombreuses substances précieuses à l’organisme. Encore anecdotique il y a quelques années, il fait un retour fracassant dans les pays occidentaux. Vanté pour ses vertus minceur, il a bien d’autres atours à vous montrer. Plongée à sa découverte, de son histoire, ses bienfaits, ses utilisations et ses points de prudence.

Caractéristiques

Grains de café non torréfié.

Souvent délaissé au profit de la forme torréfiée, le café cru est pourtant bien connu des herboristes et autres phytothérapeutes. Plus riche en caféine et en acide chlorogénique, ce petit grain venu des terres plus chaudes fait l’objet d’une attention de plus en plus intense. Découverte de ce grain ancien remis au goût du jour.

Qu’est-ce que c'est ?

Ce terme désigne la graine avant la torréfaction. Fruit mûr du caféier, le café non torréfié présente toutes les vertus médicinales de la plante, parfois détruites lors du procédé de torréfaction. Le grain est plus petit que celui de la forme torréfiée.

Histoire

Il est originaire d’Éthiopie, et plus précisément de la région de Kaffa. Dans cette région, plusieurs légendes courent sur ses véritables origines. Toujours est-il que sa consommation se développe en Arabie.

À l’époque, ses vertus dynamisantes sont connues, si bien que certains membres de la communauté islamique tentent de le faire interdire dès 1532. Cependant, cette interdiction ne récolte pas l’adhésion de la population, et une marche arrière est rapidement effectuée.

Il poursuit son expansion et est introduit en Europe au début du XVIIe siècle. Ce n’est cependant qu’au cours du XIXe siècle que les scientifiques se penchent sur sa composition. C’est la caféine qui est découverte en premier, dès les années 1820. Les recherches se poursuivent cependant et de nombreuses molécules sont mises à jour.

Si les bienfaits ne font pas encore l’objet d’un consensus, la communauté scientifique reconnaît qu’il possède des effets sur l’organisme. Les recherches se poursuivent et apportent régulièrement de nouveaux éclairages.

En botanique

De son nom latin Coffea canephora, le café non torréfié est le fruit mûr du caféier, un arbuste poussant sur les hauts plateaux des zones tropicales. Ce petit arbre originaire d’Éthiopie donne des fruits appelés « cerises du caféier » renfermant des noyaux. Ces noyaux contiennent les grains qui, récoltés à maturité, donnent de petits grains verts de forme elliptique.

Différences avec la forme torréfiée

Le café non torréfié représente le grain cru tandis que la forme torréfiée représente le grain grillé, c’est de lui que l’on parle lorsqu’on évoque l’appellation classique de « café ».

En passant par une étape de cuisson à très haute température, le grain perd une partie significative de ses composants, c’est le cas notamment avec la caféine et l’acide chlorogénique. À titre d’exemple, le café non torréfié renferme 2 à 4 fois plus de polyphénols1 2.

Certains pensent dès lors que ses vertus sont également altérées.

Composition

Ainsi, il contient de nombreux minéraux et vitamines. Cru, ce type de grains est aussi riche dans certaines substances actives :

  • les alcaloïdes ;
  • l’acide chlorogénique ;
  • le cafestol ;
  • le kahweol.

Ce sont principalement ces substances qui donnent au café non torréfié ses vertus sur l’organisme.

L’acide chlorogénique

L’acide chlorogénique est un composé polyphénolique avec un fort pouvoir antioxydant. Il y est présent en abondance, mais aussi dans une moindre mesure dans la pomme de terre, l’artichaut et les endives.

Souvent associé à la minceur, l’acide chlorogénique présente plusieurs activités pharmacologiques intéressantes :

  • activité antioxydante3 ;
  • activité anxiolytique ;
  • activité antidiabétique4 5 6 7 ;
  • activité anticancéreuse.

La caféine

C'est un alcaloïde de la famille des méthylxanthines. Classée parmi les stimulants psychotropes, elle est présente dans de nombreux végétaux comme le café, le thé, le guarana, le cacao ou encore le maté.

Grâce à sa ressemblance avec l’adénosine, elle passe rapidement la barrière hématoencéphalique et atteint le cerveau en moins de 5 minutes après son ingestion. Sa demi-vie, très disparate selon les individus, varie entre 2 et 12 heures chez l’adulte8. Elle est métabolisée par le foie et évacuée en moins de 24 heures.

Dans le corps, grâce à l’action du foie, la caféine est transformée en :

  • paraxanthine à hauteur de 84 % ;
  • théobromine à hauteur de 12 % ;
  • théophylline à hauteur de 4 %.

Selon les données actuellement disponibles dans la littérature médicale, elle aurait des effets sur :

  • la stimulation physique et intellectuelle ;
  • le système cardio-vasculaire (rythme cardiaque notamment) ;
  • le système respiratoire ;
  • le système gastro-intestinal ;
  • les muscles squelettiques ;
  • le flux sanguin ;
  • la lipolyse.

Propriétés

Avec sa teneur en caféine, en polyphénols et en acide chlorogénique, le café non torréfié possède de nombreuses propriétés :

  • dynamisante ;
  • stimulante ;
  • détoxifiante ;
  • diurétique.

Bienfaits

Le café non torréfié, consommé à des doses raisonnables, comporte de nombreux bienfaits pour l’organisme. Panorama des vertus des grains crus.

Fatigue

Il contient une quantité significative de caféine. Or, c'est un alcaloïde qui affecte le système nerveux. Il stimule l’activation physique et intellectuelle. Il en découle une augmentation de l’énergie immédiate et une réduction de la fatigue après une activité physique.

En stimulant les capacités intellectuelles, il rend également plus alerte, booste la mémoire et optimise les capacités d’apprentissage. Certaines études lui prêtent même des vertus protectrices contre les dégénérescences cérébrales.

Équilibre hépatique

De nos jours, la bonne santé des populations occidentales est fragilisée par la flambée du surpoids et de l’obésité. Les excès de sucre et de graisse, souvent à l’origine de ces pathologies, sont également délétères pour la santé hépatique.

En effet, ces troubles pondéraux s’accompagnent souvent d’un excès de triglycérides qui perturbent le fonctionnement du foie, amenant, à terme, la stéatose hépatique non alcoolique. Cette stéatose est, elle-même, à l’origine d’une partie de l’insulinorésistance, lit du développement du diabète de type 2.

Même si les scientifiques ne parviennent pas encore à en expliquer le mécanisme précis, il semble que le café non torréfié, ait un effet préventif sur l’inflammation hépatique et par ricochet la stéatose non alcoolique.

Selon les études menées en laboratoire, in vitro et in vivo, ces bienfaits proviennent d’une part de la présence d’acide chlorogénique et d’autre part de la présence de cafestol et de kahweol.

En effet, selon les résultats obtenus, la communauté scientifique pense que l’acide chlorogénique protège le foie des agressions liées à un régime déséquilibré en sucre et en graisse9. De même, les chercheurs estiment que le cafestol et le kahweol stimulent certaines enzymes du foie, dont la Glutathion S-Transférase10, qui ont pour mission de veiller à sa détoxification. Un foie détoxifié est moins enclin à déclencher des phénomènes inflammatoires pouvant mener à des lésions.

Diabète de type 2

Selon les observations scientifiques, le café non torréfié réduirait le risque de développement du diabète de type 2. En effet, aux vues des connaissances pharmaceutiques actuelles, il semble que les acides chlorogéniques aient des vertus antidiabétiques.

Selon les données scientifiques actuellement disponibles, une des activités de l’acide chlorogénique serait de retarder la résorption intestinale du glucose. Cela signifie que l’acide chlorogénique retarde le passage du glucose dans le sang11 12. L’acide chlorogénique accroît également la production de l’incrétine, une hormone intestinale favorisant la production d’insuline par le pancréas, et donc limitant les pics glycémiques typiques du diabète.

En ce qui concerne le café non torréfié, il semble que ses propriétés antidiabétiques soient plus importantes que la forme classique, en raison de sa plus grande richesse en acide chlorogénique. Toutefois, si les scientifiques, appuyés par différentes études cliniques13 14, optent, en large consensus, pour un avis favorable sur son utilisation dans la lutte contre le diabète, la posologie reste plus floue.

Toujours est-il que l’équipe du professeur Mattias Carlström a publié une méta-analyse basée sur 30 études impliquant 1 185 210 participants. Cette méta-analyse met en lumière que la consommation de 3 à 4 tasses par jour réduit de 25 % le risque de développer un diabète de type 215.

Minceur

Depuis une dizaine d’années, le café non torréfié connaît un engouement sans précédent pour ses vertus amincissantes. Si les résultats de plusieurs études vont dans ce sens, des zones d’ombre doivent encore être éclaircies pour le recommander comme un complément minceur.

En effet, deux études menées chez des souris montrent des résultats encourageants sur un lien effectif entre la consommation de grains crus et la diminution des graisses corporelles.

La première étude16 a été réalisée chez des souris rendues volontairement obèses par un régime alimentaire riche en graisses. Une partie de ces souris a ensuite reçu un traitement à base d’extrait de café non torréfié. Les scientifiques ont alors observé chez les souris traitées une réduction significative de la prise de poids corporel, de la prise de poids du foie et de la quantité de tissu adipeux blanc. Cette diminution étant liée à la régulation hormonale de la lipolyse, avec notamment une meilleure gestion par le corps de la production d’adiponectine et de leptine.

Pour la seconde étude17, des souris ont été nourries avec une alimentation standard additionnée d’un extrait de grains crus ou leurs principaux composants comme la caféine ou l’acide chlorogénique. Après 14 jours, les scientifiques ont observé une diminution de la graisse viscérale et du poids corporel. Ils ont également noté une réduction des triglycérides hépatiques.

Cependant, sur l’humain, les recherches sont plus réduites et avec une rigueur toute relative. Néanmoins, une méta-analyse18 reprenant diverses études admet une possibilité d’un lien avec la perte de poids. Des études complémentaires doivent toutefois être menées afin de confirmer ou d’infirmer ce lien.

Performance

Athlètes et étudiants se tournent volontiers vers les produits à base de caféine pour accroître leurs performances. Si ces produits connaissent un boom fulgurant, la science reste plus prudente bien qu’optimiste sur leurs vertus.

Performances sportives

Le café non torréfié est très riche en caféine. C’est principalement cette substance qui a été utilisée lors des essais cliniques liés à ses vertus sur la performance sportive. La majorité des études conclut que son intérêt se manifeste principalement chez les buveurs occasionnels.

De plus, si elle a bel et bien un effet positif sur la performance sportive19 20, elle se produit davantage sur les exercices longs. Il s’avère que la substance possède aussi des bienfaits rendant l’exercice plus aisé et la récupération plus rapide.

Performances intellectuelles

S'il ne rend pas plus intelligent, il est, par contre, indéniable qu’il rend plus agile mentalement. Ainsi, la caféine améliore la réactivité, l’attention et la raison21 22. L’alcaloïde pourrait aussi prévenir certaines maladies.

En effet, les nombreuses études scientifiques réalisées confirment que cet alcaloïde, fortement présent dans le café non torréfié, ralentit le déclin cognitif. Avec une prise quotidienne de 3 tasses, en moyenne, il serait associé à la prévention de la maladie de Parkinson23 et possiblement aussi de celle d’Alzheimer.

Selon les chercheurs, la raison de cette action est simple : la caféine aurait des effets délétères sur l’agrégation des protéines bêta-amyloïdes24. Ce sont les agrégats de cette protéine qui forment les plaques responsables de la détérioration des capacités cognitives des malades atteints par la maladie d’Alzheimer.

Différentes formes

Il se consomme sous diverses formes :

  • en décoction ;
  • en infusion ;
  • en complément alimentaire ;
  • en cuisine ;
  • en instantané.

Il est également disponible en bio.

Posologie

Il est très mal aisé de définir un dosage pour la consommation du café non torréfié. En effet, les effets des différents composants, et notamment de la caféine, diffèrent selon les personnes.

Toutefois, en raison toujours de la présence de caféine, il se consomme de préférence le matin. Les études susmentionnées ont généralement utilisé des dosages allant de 200 à 400 mg par jour.

Précaution d’usage

Il comporte certaines précautions d’usage.

Précautions générales

Comme tous les produits contenant de la caféine, ou ses dérivés, le café non torréfié est déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes. En effet, l’Organisation mondiale de la santé a conclu, après de sérieuses études, que la caféine à fortes doses peut induire un retard de croissance chez le fœtus. Dès lors, elle recommande de limiter la consommation à 300 mg par jour au maximum chez les femmes enceintes.

Contre-indications

En raison de la présence à la fois de caféine et d’acide chlorogénique, il ne doit pas être consommé sans avis médical chez :

  • les personnes atteintes de reflux gastro-œsophagien ;
  • les personnes atteintes d’une hernie hiatale symptomatique ;
  • les personnes atteintes d’un ulcère gastroduodénal ;
  • les personnes atteintes du syndrome du côlon irritable ;
  • les personnes atteintes de troubles cardiaques sévères ;
  • les personnes atteintes d’une maladie provoquant une malabsorption du fer ;
  • les personnes atteintes d’une ostéoporose sévère ;
  • les personnes atteintes de troubles anxieux.

Effets secondaires

À doses raisonnables, et selon la sensibilité personnelle de chacun, les extraits de café non torréfié ne provoquent pas d’effets secondaires notables. Toutefois, à doses plus élevées ou chez les personnes sensibles, le complément alimentaire peut provoquer :

  • une augmentation de la pression sanguine ;
  • de la tachycardie ;
  • de l’anxiété ;
  • des troubles du sommeil ;
  • une accélération du transit intestinal ;
  • des palpitations ;
  • des maux de tête ;
  • de la nervosité.

Interactions

La caféine comporte des interactions avec :

  • l’acétaminophène ;
  • l’acide acétylsalicylique ;
  • les benzodiazépines ;
  • la théophylline ;
  • les bronchodilatateurs ;
  • l’éphédrine ;
  • la cimétidine ;
  • la clozapine ;
  • les antiacides ;
  • l’alendronate ;
  • les anticoagulants et antiplaquettaires.

Il est à noter que le taux de l’alcaloïde est plus important dans le sang lors de la prise d’alcool, de contraceptifs oraux et d’antibiotiques tels que la fluvoxamine, le disulfiram, le vérapamil, le riluzole et la terbinafine.

De plus, son ingestion accroît le risque de dépendance à la nicotine.

Par ailleurs, l’acide chlorogénique perturbe l’absorption du fer non héminique. Il ne doit donc pas être consommé avec des compléments de fer sans un avis médical strict.

La caféine, quant à elle, perturbe l’assimilation du magnésium, du calcium et des vitamines du groupe B. Aucune complémentation ne doit être entreprise de manière concomitante sans l’avis d’un professionnel de la santé.

Questions fréquentes

Qu'est-ce que le café non torréfié ?

Le café non torréfié est le grain cru du caféier.

Pourquoi en consommer ?

- Amélioration des performances intellectuelles
- Réduction du risque de survenue du diabète de type 2
- Vertus amincissantes
- Action préventive sur l'inflammation hépatique
- Diminution de la fatigue

Comment le consommer ?

Il peut être consommé en complément alimentaire, en instantané ou sous forme d'infusion.


Caroline Thomas
Caroline Thomas, Auteur

Rédactrice spécialisée. Naturopathe certifiée, spécialiste en techniques de santé naturelle. Coach en nutrition certifiée.