Présentation
Définition
Le syndrome du côlon irritable ou colopathie fonctionnelle est une perturbation de la motricité, de la sensibilité et/ou de la sécrétion colique. Ce syndrome n'est pas inflammatoire, n'engendre pas de lésions mais entraîne des troubles de transit de type constipation ou diarrhée. Il existe des facteurs pouvant favoriser ces troubles, comme les changements d’habitudes, les voyages, le stress ou encore certains aliments. Il n'est pas recommandé de suivre les régimes d’exclusion proposés souvent issus de croyances ou de peurs qui peuvent entraîner des carences ou des troubles du comportement alimentaire.
Cependant, outre l'alimentation, il existe également des traitements naturels pour soulager les symptômes de cette pathologie.
Le régime pour l'intestin irritable
La diversité alimentaire est généralement recommandée, cependant, il en est autrement dans le cadre d’un régime pour l’intestin irritable. En effet, car certains aliments peuvent entraîner des troubles du transit. En revanche, il n’existe pas une liste d’aliments spécifiques dont la tolérance est limitée. Chaque individu a une tolérance qui lui est propre. Il est donc important de tester sa tolérance à chaque aliment afin d’affiner la prise en charge nutritionnelle1 2.
En cas de syndrome du colon irritable, une alimentation adaptée permet une amélioration significative de la vie quotidienne des personnes concernées. Ce régime alimentaire spécifique doit être associé à un suivi médical.
En voici les principes, à adapter bien sûr selon les cas.
Grands principes du régime côlon irritable
Un apport en fibres adéquat
Les recommandations de l’ANSES sont de 25 à 30g de fibres par jour dont 15g de fibres insolubles. Alors que la National Institute of Diabetes AND digestive and Kidney Diseuses, estime que les apports généraux de fibres par adulte sont de 5 à 14g par jour. Soit des apports inférieurs aux recommandations.
Petit rappel sur les fibres
Ces dernières sont de deux types; les fibres solubles retrouvées dans les légumineuses, les fruits ou encore les légumes et les fibres insolubles retrouvées dans les produits céréaliers notamment complets. Les études suggèrent que les fibres solubles devraient être davantage consommer, car elles diminueraient les symptômes de l’intestin irritable3 4.
Pour palier à la constipation
Pour les personnes atteintes du syndrome de côlon irritable, une alimentation riche en fibres permet de réduire les risques de constipation. Leur consommation doit être, en revanche, suffisamment répartie sur la journée pour éviter la survenue de flatulences ou de ballonnements.
Si les apports en fibres sont faibles, l’idéal reste de les augmenter petit à petit en veillant à la tolérance de chaque aliment riche en fibres. Dans le cas où des symptômes digestifs apparaîtraient (consommation de produits céréaliers, riches en fibres), il est alors recommandé de consommer des fruits et légumes frais, riches en fibres solubles5.
Pour palier à la diarrhée
Comme évoqué précédemment, un apport en fibres trop élevé chez certains patients peut empirer les symptômes de la maladie, notamment si le transit est accéléré (diarrhée).
Avant d’éliminer totalement les fibres, il est recommandé de les diminuer progressivement jusqu’à disparition des symptômes. Dans ce contexte, l’hydratation est importante pour faire face aux pertes hydriques importantes liées au transit accéléré. Le suivi médical est conseillé de façon à s’assurer que les complications ne s’aggravent.
Le gluten incriminé ?
En cas de syndrome du côlon irritable, une alimentation pauvre en gluten peut être également une solution. Le gluten est une protéine présente dans les produits céréaliers. Cette dernière endommage les intestins des personnes intolérantes au gluten et peut également provoquer des troubles digestifs chez des personnes sensibles.
Les patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable peuvent également souffrir de l’impact du gluten sur les intestins. Dans ce contexte, l’éviction du gluten peut se faire notamment en période de crise jusqu’à disparition des problèmes gastro-intestinaux. En conclusion, les personnes victimes du syndrome du côlon irritable peuvent ressentir des effets secondaires digestifs en consommant du gluten, quand bien même ils ne sont pas des patients diagnostiqués cœliaques6 .
Suivre un régime pauvre en FODMAP, utile ?
Caractéristiques
Le régime pauvre en FODMAPs consiste à éliminer de son alimentation les aliments riches en glucides fermentescibles difficiles à digérer. Ces derniers sont appelés FODMAPs, ils ne sont pas absorbés correctement par l’intestin.
De ce fait, ils sont responsables des flatulences, des ballonnements ou encore des diarrhées. Dans le cadre du régime pauvre en fodmaps, il est conseillé d’éviter la consommation des fruits sous toute forme, des légumes et légumes secs, des produits laitiers, céréaliers, du sucre et des dérivés comme le miel, des produits sucrés, des plats industriels7 8.
Suivre un régime pauvre en FODMAPs
En cas de syndrome du côlon irritable, il est donc possible de calquer son alimentation sur le régime pauvre en FODMAPs pendant quelques semaines, afin de voir les éventuelles réductions de symptômes de la maladie. A noter qu’il est tout à fait possible de consommer des aliments riches en FODMAPs en souffrant de l’intestin irritable tout en ayant aucun effet secondaire sur le transit9.
À chacun sa tolérance
Chacun dispose d’une digestion et d’une tolérance différente à l’alimentation. Dans le cadre du régime pour l’intestin irritable, chaque individu teste sa tolérance aux aliments, les règles ne sont pas fixes pour tout le monde.
Il est donc important d’apprendre à connaitre son organisme et son fonctionnement. Il est de plus, recommandé de consulter un diététicien avant de suivre un régime spécifique et de recueillir l’avis d’un médecin, qui pourra diagnostiquer la source des symptômes digestifs.
Les produits transformés
En dehors du fait que les produits transformés soient riches en sucres et en mauvais gras, ils sont tout autant pour la plupart riches en additifs alimentaires. Certains d’entre eux peuvent aggraver les symptômes de l’intestin irritable. Le fait maison à base d'aliments frais, reste la meilleure alternative. En cas de syndrome du côlon irritable, il est donc recommandé d'adopter une alimentation fait maison.
Le cas des édulcorants
Bien que les produits sans sucre ne contiennent pas de sucre, ils sont composés d’édulcorants, des substances qui apportent un goût sucré. Ces substances se retrouvent notamment dans les bonbons, les chewing-gums, les boissons et parfois même dans les bains de bouche.
Les édulcorants de type sucralose, acesulfame K ou l’aspartame sont des substances difficiles à absorber et métabolisées de façon abstraite, encore plus lorsque l’on souffre de l’intestin irritable10. La solution reste la lecture des étiquettes des produits suspects d’en contenir.
Les produits laitiers à éviter ?
Les produits laitiers peuvent éventuellement poser problème. Étant composés de lactose, sucre naturellement présent dans les produits laitiers, certains patients en sont sensibles voire même intolérants. Le lactose est connu pour ses effets laxatifs, ce qui peut engendrer ou aggraver les diarrhées.
En première intention, il est conseillé de tester sa propre tolérance au lactose. En cas de symptômes digestifs, l’alternative reste le lait sans lactose ou encore les fromages affinés qui n’en contiennent plus. Les yaourts, bien que composés de lactose, sont riches en bactéries spécifiques pouvant renforcer la flore intestinale et donc par la même occasion améliorer la digestion.
L’intérêt des probiotiques
Outre l'alimentation, la prise de probiotiques peut améliorer les symptômes du côlon irritable.
Les probiotiques sont des micro-organismes ayant des bienfaits pour la santé. Ils fermentent dans le colon et enrichissent la flore intestinale. Ces ferments sont contenus dans des compléments alimentaires et certains aliments comme les yaourts ou le kéfir, ils peuvent influencer de manière positive l’activité intestinale. Ils sont à tester au cas par cas dans le cadre du régime pour l’intestin irritable afin de voir une amélioration du transit intestinal.
L’alcool
La consommation de boissons alcoolisées mobilise de façon importante l’organisme pour la digestion de l’alcool et son élimination car ce dernier reste toxique pour la santé. Dans le cadre du syndrome de l’intestin irritable, la digestion peut s’avérer encore plus compliquée.
La bière par son apport en gluten et le vin par son apport en sucres sont des boissons à éviter. L’alcool est également un élément déshydratant l’organisme, ce qui peut aggraver les conséquences des diarrhées.
Les petits plus
Des conditions de repas optimales
Il en va de soi que le fait de manger lentement et en mastiquant suffisamment permet d’améliorer la digestion des aliments. Or il n’est pas toujours simple d’accorder un minimum de temps au repas et de veiller à des conditions de repas optimales.
Les éléments perturbateurs comme la télévision ou les écrans en général ne sont pas recommandés. L’acte alimentaire n’est pas un moment de la journée qu’il est possible de "bâcler", et plus encore dans le syndrome de l’intestin irritable. L’alimentation en pleine conscience peut aider à améliorer la digestion.
L'activité physique, un traitement comme un autre
Additionnée à de bonnes conditions de repas ainsi que l'instauration d'une activité physique régulière, les symptômes du syndrome peuvent diminuer.
Le stress et l’anxiété peuvent également aggraver les symptômes, d’où l’importance d’instaurer une activité physique pour éliminer les excès de stress oxydatif dans l’organisme. À savoir que les intestins sont considérés comme un "deuxième cerveau", l’état émotionnel influe de façon importante sur le transit intestinal.
Les aliments en détail
Aliments recommandés
Légumes : artichauts, asperges, aubergines, avocats, betteraves, blettes, brocoli, carottes, céleri branche ou rave, choux (chou-fleur, choux de Bruxelles, Romanesco, brocolis, choux vert, blanc, rouge), citrouille, concombres, courgettes, endives, épinards, fenouil, haricots verts, plats d’Espagne, beurre, navets,oignons, oseille, poireaux, poivrons, radis, salsifis, tomates, petits pois, salades Aromates : aneth, basilic, cerfeuil, ciboulette, coriandre, estragon, menthe, origan, persil, romarin, sauge, thym.
Champignons : cèpes, shiitakes, girolles, mousserons…
Fruits : abricots, ananas, banane, cassis, cerises, citrons, dattes, figues, fraise, framboises, grenades, groseilles, kaki, kiwi, mangue, melon, myrtilles, pamplemousse, pastèque, pêche pomme, raisins, tomate.
Fruits secs : dattes, abricots, pruneaux, figues, raisins, bananes, mangue, ananas, pommes, cranberries, myrtille, goji.
Oléagineux : Amandes, noix (brésil, pécan, cajou…), noisettes, pistaches, arachides…
Légumineuses : haricots (flageolet, azukis, bancs de Vendée, rouges), lentilles (vertes, corail), pois, fèves, pois cassés, pois chiche.
Produits céréaliers avec gluten (complètes) : blé, seigle, orge, avoine, triticale, épeautre, kamut.
Céréales sans gluten : millet, amarante, quinoa, riz, sarrasin, sorgho, teff, maïs (farine, semoule, flocons).
Céréales petits déjeuner : flocons d’avoine, paillettes de son.
Graines : graines de lin, de sésame, de tournesol, de pavot, de courge, pignons de pin.
Produits laitiers : lait, yaourt, fromage blanc, petit suisse, faisselle, fromage frais, fromages affinés de vache, de chèvre, de brebis …
Soja et dérivés, tofu
Boissons végétales : lait d’amande, d’avoine, de châtaignes, de coco, de chanvre, de graines de tournesol ou de sésame, lait d’épeautre, de kamut, de millet, de noisette, de noix, lait d’orge, de quinoa, de riz ou de soja.
Crèmes végétales : avoine, amande, riz, soja, noix de coco.
Algues : laitue de mer, kombu, haricot de mer, wakamé, dulse avec des crudités, nori sushis, spiruline.
Condiments : gomasio, vinaigre de cidre, levure de bière, épices, moutarde, cornichons, câpres.
Pomme de terre, patate douce.
Graines germées : de légumineuses, de céréales, alfalfa, radis, brocoli, poireaux, moutarde, courge, persil, cresson, roquette, chou chinois, navet.
Huiles oméga 3 : noix, chanvre, colza, lin, cameline, germe de blé.
Huiles oméga 6 : olive, tournesol, carthame, sésame.
Fromage de brebis ou chèvre
Produits lactofermentés : choucroute, miso, tamari, kombucha, kéfir.
Protéines concentrées végétales : seitan, tofu, tempeh, humus.
Viandes blanches : veau, porc, lapin, volaille (poulet, poule, dinde, canard, pintade, pigeon), jambon blanc
Poissons maigres* : cabillaud, colin, églefin, limande, merlan, sole.
Poissons gras*: sardine, saumon, hareng, maquereau, truite, thon.
Crustacés : Huîtres, moules, Coquilles St Jacques, Calamars, Crevettes, Langoustine, Langouste, Homard.
Œufs
*Les poissons contenant trop de toxiques ne sont pas énumérés.
A limiter
Viande rouge : bœuf, cheval, agneau (2 fois par semaine maximum)
Matière grasse : beurre
Sel
Miel et confiture
Chocolat
Alcools : Vin, Bière, apéritifs, champagne, alcools forts ( deux verres de vin par jour maximum et pas tous les jours).
Charcuterie : viande fumée, séchée ou salée, le jambon cru, le bacon, les lardons, les saucisses sèches, le saucisson, la viande des Grisons, ainsi que les hot-dogs, saucisses, merguez, rillettes, pâtés.
Pain blanc, galettes turques, bagel, naan, baguette blanche, pain libanais.
Pâtes blanches
Riz Blanc
Aliments à éviter ou interdits
Sucre : réduire autant que possible le sucre raffiné, les biscuits, les bonbons.
Pâtisserie/viennoiserie (fréquence limitée)
Céréales petits déjeuner : Corn flakes, riz soufflé, Coco krispies…
Les boissons sucrées : sodas, jus de fruit (même 100% pur jus).
Plats transformés et industriels : plats préparés, conserves, pain de mie, desserts, pizzas, mayonnaise et ketchup…).
Additifs alimentaires : les conservateurs, exhausteur de gout, parfums de synthèse.
Matières grasses : graisses animales, crème fraîche, huile de coco, graisses trans, huile d’arachide, huile raffinée, fritures, toutes les graisses et huiles chauffées à plus de 110 / 120 degrés.
Les aliments allégés.
Questions fréquentes
Syndrome du côlon irritable: quel régime alimentaire adopter?
- Consommer des fibres solubles (fruits et légumes)
- Limiter la consommation de produits laitiers, transformés et d'édulcorants
- Favoriser l'éviction du gluten
- Privilégier un régime alimentaire pauvre en FODMAPs et riche en probiotiques
Quels sont les aliments interdits?
- Certains produits laitiers : lait de vache, de chèvre
- Les produits céréaliers contenant du gluten
- Les produits sucrés
- Les plats transformés, contenant des additifs alimentaires
Quelles sont les mises en garde?
Afin d'éviter les carences nutritionnelles, il est nécessaire d'être suivi par un diététicien ou un médecin nutritionniste.
- 1: Société National de gastro-entérologie - INCONFORT ABDOMINAL,MAUVAISE DIGESTION, BALLONNEMENTS, EXCÈS DE GAZ, François Cessot, Jean-Christophe Létard et Pauline Jouët
- 2: U.S. Department of Health and Human Services and U.S. Department of Agriculture. 2015–2020 Dietary Guidelines for Americans. 8th Edition🔗 https://health.gov/dietaryguidelines/2015/guidelines/
- 3: National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases
- 4: 2015-2020 Dietary Guidelines for Americans at a Glance
- 5: National Institute of Diabetes and Kidney diseases - Constipation - The NIDDK would like to thank Brian E. Lacy, Ph.D., M.D., Mayo Clinic, Jacksonville, Florida
- 6: Gluten-Free Diet for Irritable Bowel Syndrome JACQUELINE GENTRY, MD; LAURA SHERWOOD, MS-IV; and JAMES HAYNES, MD, University of Tennessee College of Medicine, Chattanooga, TennesseeAm Fam Physician. 2017 Jul 1;96(1):52.
- 7: About IBS International Foundation for Gastrointestinal Disorders - The low FODMAP diet Approach : Dietary Triggers for IBS Symptoms
- 8: A Systematic Review of the Effects of Polyols on Gastro intestinal Health and Irritable Bowel Syndrome Adrienne Lenhart 1 , William D Chey 2Affiliations expandPMID: 28710145 PMCID: PMC5508768 DOI: 10.3945/an.117.015560Free PMC article
- 9: Try a FODMAPs diet to manage irritable bowel syndrome Updated: September 17, 2019Published: October, 2014
- 10: A Systematic Review of the Effects of Polyols on Gastrointestinal Health and Irritable Bowel SyndromeAdrienne Lenhart 1 , William D Chey 2Affiliations expandPMID: 28710145 PMCID: PMC5508768 DOI: 10.3945/an.117.015560Free PMC article