Émotions, comportement, définition de la sexualité

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Elle conjugue sensations, sentiments ou émotions, et comportement. Son but fondamental est de garantir la reproduction et donc le maintien de l’espèce. Elle se double également de fonctions autonomes de plaisir et de bien-être essentielles à la santé notamment psychologique des individus. Elle ne peut donc être réduite à sa seule composante comportementale de survie de l’espèce humaine, tant la part des émotions et l’impact du plaisir ressenti est importante, voire essentielle à la vie. On dit « qu'elle est le médicament des gens bien portants ». Comment se manifeste la sexualité chez l'Homme ; définition et particularités.

Un comportement animal naturel qui a évolué chez l’humain

Pieds d'homme et de femme dans un lit, représentant la sexualité : définition et caractéristiques.

La définition de la sexualité est complexe ; il s'agit tout d'abord d'un comportement animal naturel qui a évolué chez l'humain1. En effet, un comportement se définit comme une succession de réactions de son déclenchement par un stimulus à sa réponse finale2. Il se caractérise par sa faculté d’adaptation en fonction d’un apprentissage évolutif dans le temps avec des possibilités de renforcement positif (plaisir) ou négatif (douleur, culpabilité, conditions environnementales défavorables, etc.), et de renforcement du fait de sa répétition.

Celui de l’accouplement est un instinct primaire puissant qui pousse les individus à avoir des rapports sexuels. Il est à la base de l’instinct de survie de l’espèce.

Mais le comportement sexuel humain s’est, avec l’évolution, désynchronisé de sa seule fonction reproductrice. Ainsi l’appareil génital de la femme est en permanence rendu disponible pour la sexualité par la physiologie hormonale. Les hommes ont des érections bien plus fréquemment que ne le voudrait la seule nécessité d’accouplement pour assurer la survie de l’espèce.

Ainsi, il peut se décomposer en3 :

  • Une base génétique : différenciation des sexes, sécrétions hormonales.
  • Un apprentissage à partir de l’enfance : circuits du plaisir, circuit orgasmique (masturbation).
  • Structuration adulte : érotisme, séduction, accouplement (coït).

Quatre phases peuvent être distinguées4 :

  • La sélection du partenaire.
  • L’approche sensorielle.
  • Le coït ou accouplement.
  • L’après coït ou phase post-coïtale.

Pour mieux approfondir la définition de la sexualité, nous allons définir ces 4 phases.

La sélection du partenaire

La première étape correspond à l’interaction initiale entre les partenaires. Elle repose sur l’échange et la perception de signaux traduisant l’adaptation comportementale des futurs partenaires.

Cet échange initial entraîne (ou non) un état de tension en fonction de la signification du signal et de son attente, tension qui entraînera à son tour un signal de réponse. Ces épisodes de tension successifs aboutissent à l’ouverture des canaux de communication et à l’état d’excitation.

Cette séquence de signaux progressifs permet :

  • L’identification du partenaire en tant que correspondant à ses préférences et orientations.
  • Le rapprochement.
  • La mise en confiance et l’ouverture de l’espace intime.
  • L’initiation de l’excitation.
  • Le déclenchement des autres séquences comportementales aboutissant à la possibilité d’un rapport sexuel (signaux de disponibilité et de consentement) et ensuite au rapport lui-même.

C’est une séquence fondamentale, dans la mesure où il ne peut y avoir d’interactions adaptées entre les partenaires sans échange adapté de signaux5. La désadaptation des signaux d’échange est fréquemment retrouvée dans les problèmes de communication dans un couple.

La phase d’approche sensorielle ou de séduction

Pour compléter la définition de la sexualité, découverte de l'approche sensorielle ou de séduction.

Elle voit se succéder la mise en jeu progressive de signaux sensoriels6 :

  • Aperçu visuel de loin : démarche, silhouette, formes corporelles.
  • Vision et audition à distance moyenne : vision plus précise, détails, visage, parties du corps, voix.
  • Audition et sensations à proximité de l’autre : précisions des signaux déjà perçus, passage dans l’espace où repousser physiquement l’autre ou l’accepter dans son espace personnel est possible.
  • Olfaction, goût et toucher dans l’espace intime : vision des détails (peau, couleur des yeux, etc.), voix mieux perçue, mots plus sensuels, odeur, toucher cutané, baiser attestant d’un consentement.

A chaque étape de rapprochement, le comportement se renforce positivement ou négativement et amplifie ou non la motivation et l’excitation.

Peu à peu les mots et les gestes de séduction, et le renforcement positif qu’ils vont induire, entraînent la levée des inhibitions et des défenses, permettant ainsi d’avancer dans la progression sensuelle et amoureuse.

On peut distinguer plusieurs signaux de séduction amoureuse et d’invitation à poursuivre adressés à l'autre7 :

  • Bombement du torse chez l’homme.
  • Cambrement des reins, inclinaison de la tête et abaissement des paupières chez la femme.
  • Toucher, regards d’assentiment, invitations à poursuivre.

Ces signaux se succèdent selon une séquence de stimulations et de réponses aboutissant à accroître l’excitation.

La phase de coït ou du rapport

A la fin de l’approche sensorielle, l’excitation croissante a fait se confirmer les signaux génitaux que sont la tumescence ou l’érection chez l’homme et la lubrification vaginale chez la femme. Les esprits et les corps sont consentants et prêts.

Un lieu adapté sécurisant et préservant l’intimité est une condition souvent nécessaire pour la levée finale ou complète des inhibitions et des défenses.

Le rapport se déroule également selon plusieurs étapes8 :

  • Les préliminaires sensuels.
  • L’intromission.
  • Les mouvements coïtaux.
  • L’orgasme.

La phase post-coïtale ou post-ludes

Cette phase fait partie intégrant de la définition de la sexualité.

Elle est aussi essentielle que les trois phases précédentes pour qu’elle soit satisfaisante. Elle fait complètement partie de l’intimité et du rapprochement.

Elle est la période de calme, de disparition de la tension sexuelle, d’ouverture spirituelle à l’autre tout en retrouvant son autonomie.

C’est un moment de tendresse, de caresses, de confidences, de sensualité voire d’amour libérés de la tension de l’excitation.

Une rencontre entre l’imaginaire et la réalité

Quel lien avec l'imaginaire ?

Qu'est-ce que la sexualité ? Elle est également en lien avec l'imaginaire.

L’imaginaire fantasmatique se définit par nos capacités mentales à sortir de la réalité connue pour partir dans le rêve et les fantasmes mettant en image nos désirs et nos plaisirs. La capacité à imaginer (à fantasmer), à désirer et à jouir constituent les trois premières conditions de la santé sexuelle9.

  • Le désir s’améliore, s’amplifie et se maintient grâce à l’imaginaire érotique10.
  • Le plaisir humain passe autant par l’imagerie mentale que par la réalité11.

L’imaginaire a pour fonction d’érotiser la réalité de son ou sa partenaire et d’amplifier sa présence d’une représentation érotique. Il a ainsi été dit que " l’activité fantasmatique est une zone érogène intrapsychique12 ".

Les fantasmes, ou rêveries érotiques inconscientes, ont pour fonction d’amplifier l’excitation née de la réalité en la colorant de ses propres désirs profonds. En ce sens, l’imaginaire est un moteur puissant de l’excitation. Il peut ainsi avoir plusieurs fonctions13 14‌‌ :

  • Hédonique : maintenir ou activer l’excitation érotique.
  • Complétive : consolider son identité sexuelle, anticiper le rapport, le pimenter avec des images (d’amour ou de domination par exemple).
  • Compensatoire comme corriger une réalité insatisfaisante, résoudre un blocage, éviter la lassitude ou dépasser un interdit social ou culturel.
  • Défensive : passer outre un état dépressif, inverser les rôles, etc.

L’imaginaire érotique et le fantasme ne sont pas totalement en dehors de la réalité, ils viennent la colorer de nos propres désirs profonds. La définition et l'expression de la sexualité se situent bien dans la zone où réalité et imaginaire se confondent. Les fantasmes sont souvent narcissiques, visant à se valoriser soi-même. Ils peuvent consister en des situations culpabilisantes que les sujets ne vivraient pas dans la réalité et transgressent souvent les normes. C’est ainsi le rôle de l’imaginaire que de laisser libre cours à ses pensées profondes15.

" Chacun entretient avec la sexualité un rapport imprégné de son propre fonctionnement mental "16.

Les hommes sont en général plus stimulés par les images mentales érotiques que les femmes17. Enfin, les fantasmes ne sont pas un problème tant qu’ils ne sont pas indispensables à l’excitation et au plaisir, excluant toute autre modalité pour y parvenir, et lorsqu’ils n’imposent pas la transformation du ou de la partenaire en objet.

Quels fantasmes sont les plus fréquents ?

Les principaux fantasmes diffèrent selon le sexe18 19 :

  • Les femmes ont plus tendance à s’imaginer dominées, à avoir des fantasmes homosexuels et sont plus sensibles au cadre dans lequel se déroule le rapport. Beaucoup aiment s’imaginer regardées et admirées.
  • Les fantasmes des hommes sont plutôt à type de domination ou de voyeurisme.
  • Femmes et hommes ont à égalité des fantasmes de cadre romantique, de lieux insolites et de rapports orogénitaux.

Il semble toutefois que les fantasmes classiques de domination masculine laissent de plus en plus fréquemment place à une interchangeabilité des rôles entre proactif et dominé.

C'est se laisser-aller du désir au plaisir

L’appétit orgasmique, auquel mène le désir, est apparu parallèlement à l’évolution de la conscience avec l’objectif de ressentir du plaisir, en passant par le développement et la représentation des zones érogènes.

Il est déjà présent chez l’homme et la femme avant la puberté et se traduit par l’auto-érotisme chez l’enfant, et il persiste chez la femme après la ménopause ce qui montre combien la définition et la mise en œuvre de la sexualité humaine sont disjointes de la seule fonction de reproduction.

Elle est ainsi autant, voire plus, une fonction de plaisir qu’une fonction reproductrice. Le souvenir du bien-être éprouvé renforce le désir et l’appétit orgasmique.

L'auto-érotisme chez l'enfant

Le comportement auto-érotique se développe de façon précoce chez les humains, dès la prime enfance20.

On peut l’observer à partir de l’âge de 2 ou 3 ans en voyant les enfants prendre du plaisir à jouer avec leurs zones érogènes. Il s’agit de caresses, de « chatouilles » tout à fait normales dans le développement d’un enfant. Il est toutefois déjà identifiable dès la vie utérine et on estime que les premiers comportements masturbatoires peuvent apparaître dès l’âge de 2 mois.

Cet auto-érotisme infantile est automatique. C’est une étape essentielle et physiologique du développement fonctionnel des circuits neurologiques du plaisir via les sensations génitales, qui évoluera vers le réflexe d’excitation orgasmique lors de l’adolescence.

Il s’agit de l’apprentissage physiologique des réactions sexuelles. Chez les petits garçons, cet auto-érotisme génital pourra favoriser la libération douce d’adhérences du prépuce.

Cet auto-érotisme évolue vers la masturbation à l’adolescence et prolonge et précise l’apprentissage de ses réactions orgasmiques, émotionnelles et fantasmiques21.

Comparativement au garçon, l’apprentissage de la masturbation est plus difficile pour la fille en raison de l’intériorisation de son appareil génital et chez laquelle le poids des peurs et des interdits éducatifs ou culturels est souvent plus prégnant que chez le garçon. Ainsi, seulement environ 3% des adolescents ne se sont jamais masturbés contre 32% des adolescentes22.

On peut considérer que les massages et les soins du corps peuvent s’intégrer dans cet apprentissage du fonctionnement sensuel de son corps.

Il faut hélas encore souvent souligner que la masturbation ne comporte pas de risque ni physique ni psychologique, et constitue même au contraire un apprentissage à la sexualité essentiel.

Le désir

Particularités

Il fait partie intégrante de la définition et de l'expression de la sexualité.

Il peut se définir comme l’envie d’avoir des relations sexuelles ou sensuelles23. Il est souvent étroitement associé ou concomitant de l’excitation chez l’homme. Le désir et excitation sont plutôt dissociés chez la femme. L’excitation augmentant le plus souvent progressivement avec l’affirmation du désir.

Une vingtaine de déterminants le conditionnent : hormones (estrogènes, testostérone), neurotransmetteurs cérébraux, stimulations sensorielles, circuits réflexes liés à l’accouplement reproductif, souvenirs, émotions, système neurobiologique de la récompense, apprentissages éducatifs et sociaux, environnement, etc. C’est la multiplicité de ces variables qui expliquent la diversité des désirs et des plaisirs chez l'Homme24.

Le système neurobiologique de récompense

Il est particulièrement stimulé par le système neurobiologique dit « de récompense ». Ce système est basé sur la répétition des actions qui ont apporté du plaisir, le plaisir étant la « récompense » obtenue par la réalisation de l’action. Il est entretenu et renouvelé par la motivation de répéter l’action pour en éprouver à nouveau. La dopamine est le neurotransmetteur principal de ce circuit cérébral.

Sur le plan archaïque, ce système vise à conditionner avec l’apprentissage les comportements fonctionnels vitaux (plaisir gustatif à se nourrir par exemple). Il s’agit donc de circuits vitaux pour le maintien des comportementaux fondamentaux. Dans le cadre de la définition de la sexualité, le circuit de la récompense est stimulé par les hormones, les sens olfactifs et de la sensibilité des organes génitaux, les excitations sexuelles, les conditions affectives25.

Le système de récompense est un système de renforcement positif, il est doublé d’un système à renforcement négatif visant à le moduler en fonction des expériences négatives.

Cortex cérébral et évolution du désir

Avec l’évolution, le cerveau s’est développé chez l’homme (développement du cortex cérébral notamment) et les motivations se sont élargies avec l’apparition d’un désir érotique ne reposant plus sur la seule reproduction. Il existe donc une large diversité de préférences, en fonction du développement des fonctions cognitives et des variabilités environnementales, éducatives et culturelles26.

Ce système d’entretien de l’envie se double ainsi dans l’espèce humaine de processus cognitifs particulièrement développés, visant à adapter le comportement, en fonction de l’environnement, et à le moduler via la mémorisation des souvenirs des expériences affectives et sexuelles, des préférences, etc.

Ainsi, chez les humains, elle n’est plus guidée par des impératifs exclusifs de reproduction mais est devenue avec l’évolution un ensemble plus complexe d’envies basées sur les perceptions sensorielles, les souvenirs, les apprentissages sociaux et éducatifs, les fantasmes élaborés dans l’imaginaire, les influences extérieures, etc.

Cette « corticalisation » (développement du cortex cérébral) du désir s’est accompagnée de l’apparition de nouvelles pratiques sensuelles et sexuelles chez les humains comme le baiser, les habitudes masturbatoires ou les rapports orogénitaux, éloignés des réflexes innés de copulation et d’accouplement. Tout comme elle a également en revanche ajouté un conditionnement intellectuel, moral, éducatif parfois négatif (interdits)27.

Cette évolution a renforcé l’implication active du système de récompense dans l’entretien de l'envie, en y ajoutant de puissantes modulations cognitives positives ou négatives basées sur les croyances, l’éducation, le conformisme social, les représentations sociales et culturelles, etc.

Ces déterminants cognitifs sont souvent des facteurs impliqués dans les dysfonctions sexuelles.

L’évolution a également été hormonale puisque l’activité n’est plus limitée aux périodes de fécondité des femmes mais s’est désynchronisé de la dépendance hormonale du cycle ovarien. Une sécrétion hormonale suffisante est néanmoins toujours requise pour la persistance d’un désir optimal.

En contrepartie, chez les êtres humains, il a perdu de son caractère instinctuel et réflexe, et est plus influencé par les affects, les goûts et les préférences, l’éducation, la culture, les émotions, les souvenirs, les traumatismes, etc.

Le plaisir

Dans le cadre de la définition de la sexualité, le plaisir orgasmique entre également en jeu.

Il est strictement personnel et est ressenti au niveau des zones érogènes et génitales (pénis et clitoris) particulièrement innervées en récepteurs sensoriels, et des contractions musculaires spasmodiques des muscles du périnée lors de l’orgasme. Il se transmet au niveau des zones cérébrales sous la forme d’une activité de type épileptique, localisée au sein des structures cérébrales profondes, suivi d'un état de relaxation28. Il est suivi d’une sensation de plénitude et de bien-être29. Son intensité est variable selon les circonstances, les moments, l’âge, l’état de santé, la culture, etc.

Son irruption peut être conditionnée à un sentiment de sécurité, de respect de son intimité érotique, de confiance, de consentement et de respect30.

Les activités sexuelles qui procurent la jouissance orgasmique la plus intense ne sont pas celles orientées vers la reproduction et centrées sur la pénétration, montrant encore la désynchronisation chez l’Homme entre reproduction et plaisir érotique. Cette sensation active le système neurobiologique de récompense et ainsi entraîne le désir.

Mais il n’est pas obligatoire d’aller jusqu’au rapport et à l’orgasme pour éprouver un plaisir suffisamment satisfaisant. Chaque étape du comportement peut générer un plaisir satisfaisant et suffisant pour certains ou certaines31.

On peut par exemple éprouver une sensation suffisante du seul fait de savoir qu’une relation sexuelle est possible sans ressentir le besoin d’aller jusqu’au rapport. Enfin, lorsqu’un rapport a entraîné du plaisir et a été satisfaisant, il va renforcer le désir32.

Les effets de l’orgasme sur l’organisme

L’orgasme induit une relaxation musculaire et est un remarquable tranquillisant et anxiolytique. Il apaise le corps et l’esprit. De plus, il déclenche la sécrétion de nombreux neuromédiateurs au niveau cérébral, notamment endorphines, dopamine, ocytocine. Ces neuromédiateurs vont déclencher une sensation d’euphorie, de bien-être, de bienveillance et d’attachement envers le ou la partenaire33.

Ces ressentis vont favoriser un sentiment de sécurité et de confiance qui vont à leur tour favoriser le renouvellement des rapports puis d’une « ambiance affective » favorable à un attachement amoureux.

Des émotions et souvent de l'amour

La définition et l'expression de la sexualité se rapportent également aux émotions ressenties.

La vie sexuelle et amoureuse est emplie de ressentis émotionnels allant de la simple pudeur à des ressentis parfois plus complexes s’enracinant dans l’histoire, la culture et l’éducation de l’individu.

La pudeur

La pudeur est une émotion assez caractéristique et prononcée chez l’être humain. Elle est souvent la première émotion un peu intense éprouvée dans l’intimité lors d’un rapport.

Elle naît de la nécessité de se dénuder pour l’acte sexuel et donc d’un besoin à la fois d’intimité et de sécurité, où on doit se montrer potentiellement vulnérable. Il faut également abaisser son niveau de vigilance pour s’abandonner complètement au plaisir.

Pudeur inculquée par les règles sociales de la vie dite civilisée (non exhibition des organes génitaux et des actes sexuels), pudeur et besoin d’intimité justifiés aussi par les jeux où peuvent s’exprimer des fantasmes qui ne se révèlent que dans l’intimité de la sexualité.

Cette pudeur a fait naître chez les humains l’érotisme, permettant de montrer autrement sa séduction et son envie que par les seuls signaux corporels génitaux.

L’érotisme caractérise la dimension humaine de la définition de la sexualité34.

Les émotions

Les émotions sont souvent fortement associées à l'envie et à la satisfaction sexuelles35 :

  • Les émotions positives les renforcent : tendresse, complicité, sentiment amoureux, sentiment de bonheur, etc.
  • Celles négatives diminuent la motivation : peur, culpabilité, honte, douleur, humiliation, mésestime de soi, souvenir traumatique, etc.

Certains sujets ont besoin de ressentir une attirance émotionnelle pour pouvoir ressentir une attirance physique envers un ou une partenaire. D’autres ont besoin de ressentir d’abord une attirance physique pour libérer ensuite leurs émotions. D’autres encore dissocient attirance physique et attirance émotionnelle et peuvent alors séparer facilement vie sexuelle et vie amoureuse.

Au sein d’un couple, l’équilibre émotionnel peut constituer un baromètre de la qualité de vie globale du couple36.

L’amour

Dans le cadre de la sexualité, le désir sexuel et l’amour sont deux dimensions distinctes même si certaines personnes ne peuvent les dissocier.

Certains sujets sont définis comme vivant une « demi-sexualité » qui se définit comme l’impossibilité d’avoir des relations avec un ou une partenaire avec qui ils ou elles n’ont pas développé auparavant un attachement affectif. L’amour c’est vouloir donner du plaisir à l’autre indépendamment de l’activité sexuelle, vouloir partager avec l’autre, vouloir l’autre heureux bien au-delà de la seule satisfaction liée au plaisir.

Les conditions pour que les rapports aboutissent à l’amour sont en règle basées sur le plaisir, la confiance, la tendresse, la complicité, la communication37. C’est sur ses bases que les défenses peuvent se lever complètement et la disponibilité à l’autre être totale. L’amour est un sentiment qui dépasse ainsi la seule proximité physique. La part cognitive ou cérébrale de l’attachement y est majeure et en particulier la connexion émotionnelle.

Cette connexion émotionnelle crée un attachement pérennisant la complicité, les rapprochements et la synchronie au sein du couple mais elle se doit d’être exprimée pour pérenniser la communication entre les partenaires.

L’amour pourrait se définir comme la réunion des interactions comportementales, des émotions, modulée par des éléments cognitifs et socioculturels.

L’amour, en activant positivement le levier émotionnel du système de récompense, est un puissant activateur du désir38.

Pour conclure

  • Le développement du cerveau humain avec l’évolution a désynchronisé le désir et le plaisir de la seule reproduction, en les rendant à la fois permanents. Ils sont également plus complexes et plus dépendants de conditions émotionnelles, éducatives, morales, tout en générant une plus grande diversité de pratiques intimes.
  • La connaissance des spécificités du comportement sexuel humain permet de mieux appréhender les différentes étapes, permettant l’obtention d’une sexualité satisfaisante, respectueuse de l’excitation et du consentement de chacun.
  • On peut également en conséquence, à partir de la meilleure connaissance du comportement humain et de la place qu’y occupent les fonctions cognitives, mieux appréhender les difficultés de couple et les problématiques sexuelles dans leurs interactions multidimensionnelles. Il est ainsi possible de mieux comprendre leurs contextes de survenue et de proposer des thérapies sexologiques, conjugales ou psychologiques plus axées sur l’origine des difficultés vécues.

Questions fréquentes

Qu'est-ce que la sexualité ?

Il s'agit du comportement sexuel humain.

Comment la sexualité a-t-elle évolué ?

Son but n'est plus uniquement de garantir la reproduction, elle a également une fonction de plaisir.

Quelles sont ses particularités chez l'Homme ?

La sexualité chez l'Homme associe sensation, émotions, sentiments et comportement.


  • 1Abraham G, Vlakovic D. La sexualité au croisement des émotions et des sensations. Rev. Med. Suisse, 2013 ; 9 : 612-615
  • 2Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 3Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 4Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 5Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 6Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 7Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 8Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 9Peyranne J. Imaginaire et érotisme. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 10Lansac J, Lopès P et coll. Questions sexo. Eyrolles Ed., Paris, 2017
  • 11Peyranne J. Imaginaire et érotisme. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 12Pasini W, Crépault C. L’imaginaire en sexologie clinique. Puf, Paris, 1987
  • 13Peyranne J. Imaginaire et érotisme. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 14Martel Cayeux B. Pratiquer la sexothérapie. InterEditions Ed., Malakoff, 2019
  • 15Vincent A. Hommes et femmes ont-ils des fantasmes différents ? In Lhérété H. Le sexe en 69 questions. Sciences Humaines Ed., 2021 : 63-67
  • 16Dintrans JR. Psychologie de la sexualité masculine. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 17Dintrans JR. Psychologie de la sexualité masculine. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 18Vincent A. Hommes et femmes ont-ils des fantasmes différents ? In Lhérété H. Le sexe en 69 questions. Sciences Humaines Ed., 2021 : 63-67
  • 19Martel Cayeux B. Pratiquer la sexothérapie. InterEditions Ed., Malakoff, 2019
  • 20Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 21Lansac J, Lopès P et coll. Questions sexo. Eyrolles Ed., Paris, 2017
  • 22Lansac J, Lopès P et coll. Questions sexo. Eyrolles Ed., Paris, 2017
  • 23Lansac J, Lopès P et coll. Questions sexo. Eyrolles Ed., Paris, 2017
  • 24Wunsch S. Neurobiologie du désir et du plaisir. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 25Wunsch S. Neurobiologie du désir et du plaisir. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 26Wunsch S. Neurobiologie du désir et du plaisir. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 27Wunsch S. Neurobiologie du désir et du plaisir. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 28Wunsch S. Neurobiologie du désir et du plaisir. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 29Lansac J, Lopès P et coll. Questions sexo. Eyrolles Ed., Paris, 2017
  • 30Lansac J, Lopès P et coll. Questions sexo. Eyrolles Ed., Paris, 2017
  • 31Corps accord. Guide de sexualité positive. Éditions du remue-ménage, 2019
  • 32Corps accord. Guide de sexualité positive. Éditions du remue-ménage, 2019
  • 33Lansac J, Lopès P et coll. Questions sexo. Eyrolles Ed., Paris, 2017
  • 34Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 35Wunsch S. Neurobiologie du désir et du plaisir. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 36De Troz A. Le baromètre émotionnel du désir sexuel. Cahiers Psychol. Clin., 2015 ; 45 : 153-164
  • 37Brenot P. Le comportement sexuel : bases éthologiques. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
  • 38Wunsch S. Neurobiologie du désir et du plaisir. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
Philippe Schwartz

Sexologue, hypnothérapeute et relaxologue. Docteur en médecine. Consulte à Reims