Définition
La douleur est une expérience sensorielle désagréable, causée le plus souvent par une lésion organique. Elle est un signal d’alarme normal du corps, censé protéger l’individu d’un danger, ou l’alerter d’un dysfonctionnement.
La douleur peut être inflammatoire (causée par une inflammation), neuropathique (venant d’une atteinte du système nerveux) ou mixte (inflammatoire et neuropathique).
On parle de douleur chronique lorsque la douleur dure depuis au moins six mois, résiste aux traitements, et impacte le quotidien du patient (perturbation de la vie sociale et professionnelle).
Migraines
La migraine est un motif fréquent de douleur chronique. Pendant les crises migraineuses, la douleur prend la forme d'élancements, ou d'une sensation de brûlure intense. Souvent, les crises s’accompagnent de nausées et de vomissements, ainsi que d’une intolérance à la lumière et au bruit.
Mal de dos
Les maux de dos (lombalgies, sciatiques) peuvent être difficiles à vivre au quotidien. Ils peuvent se situer à différents endroits de la colonne vertébrale. Leur origine peut être articulaire, vertébrale ou nerveuse.
Colon irritable
Le syndrome du colon irritable concerne environ 15% de la population. C’est une sensibilité digestive sans cause organique, qui se manifeste par des douleurs au niveau intestinal, et des troubles du transit. Pendant les crises, elles peuvent être intenses et invalidantes.
Cancer
Les personnes atteintes d’un cancer présentent généralement d'importantes douleurs au cours de la maladie. Celles-ci peuvent être directement liées au cancer, ou la conséquence d'un traitement.
Douleurs pelviennes de la femme
Les douleurs pelviennes sont souvent d’origine gynécologique. Elles peuvent être cycliques (c’est-à-dire qu’elles se produisent à certains moments du cycle menstruel) ou chroniques (permanentes, sans lien avec le cycle). Les règles douloureuses (dysménorrhée) sont une autre gêne fréquente, pouvant entraîner un absentéisme professionnel.
Musculaires
Les douleurs musculaires sont souvent le symptôme d’une fatigue de l’organisme. Elles surviennent lors de l’effort, ou quelques jours après, et peuvent durer jusqu'à plusieurs mois.
Post-opératoires
En France, on estime que 5 à 30% des personnes qui subissent une opération chirurgicale développent par la suite des douleurs chroniques, et ce malgré la réussite de l’opération. Elles sont encore mal connues des médecins, et aboutissent le plus souvent à une errance diagnostique.
Méthodes de gestion de la douleur
La douleur peut se gérer avec ou sans médicaments. Le choix d’un traitement ou d’une méthode dépend de la nature et de l’intensité de la douleur chronique, mais aussi des antécédents du patient.
Traitements médicamenteux
Il existe une grande variété de médicaments pour mieux gérer les douleurs chroniques. Les analgésiques sont les premiers indiqués, car ils atténuent directement la douleur. Pour apaiser les tensions musculaires et le stress, qui accompagnent et renforcent les douleurs, les médecins peuvent aussi prescrire des anxiolytiques, antidépresseurs, myorelaxants, antispasmodiques ou encore anticonvulsants.
Approches non-médicamenteuses
Comme les médicaments agissent sur la douleur en tant que symptôme, et présentent un risque de dépendance, de plus en plus de patients se tournent vers le paramédical et les médecines alternatives.
La chiropractie, l’ostéopathie, la réflexologie et l’acupuncture font régulièrement leurs preuves. La méditation de pleine conscience produit aussi de très bons résultats contre le stress et les douleurs. Elle est de plus en plus utilisée en milieu hospitalier, avec un impact positif sur le sommeil et le bien-être général des patients.
Enfin, de nouvelles approches sont à l’essai, notamment la musicothérapie, ou encore la stimulation magnétique transcrânienne.
Accompagnement psychologique
La prise en charge psychologique est souvent indispensable en cas de douleurs chroniques. Elle permet de mieux gérer les symptômes, les crises, mais aussi d’atténuer la douleur elle-même et l'anxiété qui l'accompagne.
La thérapie cognitivo-comportementale permet de composer efficacement avec la douleur, en trouvant des stratégies d’adaptation. Il existe d’autres approches, comme la physiothérapie, ou encore la thérapie d’acceptation et d’engagement.
Enfin, l’hypnose contre la douleur chronique est de plus en plus fréquemment indiquée, à la fois en milieu médical / hospitalier, et en cabinet d’hypnothérapie. En effet, en travaillant sur les perceptions, l’hypnose permet de gérer les seuils et l’intensité de la douleur. Elle aide également à gérer les émotions et les croyances qui l’accompagnent.
Efficacité de l’hypnose
Douleurs post-opératoires
L’hypnose contre la douleur est pratiquée depuis longtemps dans les hôpitaux. Médecins et infirmiers sont de plus en plus nombreux à être formés à l’hypnose médicale.
De nombreuses études ont montré son intérêt pour l’anesthésie et la gestion de la douleur, pendant et après les opérations chirurgicales. Par exemple, une recherche a montré l’efficacité de l’hypnoanesthésie dans le cadre de deux reconstructions des ligaments croisés1.
Une autre étude, portant cette fois sur l’opération de la cataracte, montre des résultats intéressants. Deux groupes de patients y sont comparés : un groupe contrôle non soumis à l’hypnose, et un groupe ayant reçu une séance d’hypnose avant l’intervention. Dans le groupe contrôle, 39% des patients disent avoir ressenti une douleur absente à légère, et 23% une douleur intense. Dans le groupe hypnose, ces proportions sont respectivement de 74% et 11%2.
La littérature scientifique abonde sur l’hypnose comme traitement des douleurs post-opératoires : ici sur onze cas de rhinoplastie3, là sur huit remplacements du genou4. L’intérêt de l’hypnose s’étend au delà de la seule gestion de la douleur : la première étude montre par exemple une réduction des hémorragies pendant l’opération. Généralement, la réduction de la douleur s'accompagne d’une diminution de l’anxiété grâce à l’hypnose.
Très efficace pour les douleurs aigues liées aux actes chirurgicaux, l’hypnose a aussi fait l’objet d’études sur différents type de douleurs chroniques.
Pelviennes
Les recherches manquent sur la pertinence de l’hypnose pour traiter les douleurs pelviennes. Cependant, une étude laisse à penser que l’hypnose peut être aussi efficace qu’un traitement médicamenteux pour la gestion des règles douloureuses5.
Maux de dos
Une étude randomisée a notamment montré l’efficacité de l’hypnose dans l’amélioration des douleurs dorsales non spécifiques, en complément d’une approche dite d’éducation à la douleur6. Une autre étude intéressante compare les effets de séance d’hypnose classique et de l’auto-hypnose (sur la base d’enregistrements audio) sur le mal de dos chronique d’un groupe de vétérans.
L’auto-hypnose s’avère aussi efficace que les séances classiques, et plus d’un tiers des participants ont connu une réduction de leur douleur plus de 6 mois après le traitement7.
Intestin irritable
Les douleurs digestives liées à l’intestin irritable, en raison de la forte composante psychique du syndrome, sont de plus en plus souvent traitées en hypnose ericksonienne. Là encore, de nombreuses recherches ont prouvé son efficacité8 9. L’intérêt de l’hypnose pour le côlon irritable tient à son impact positif sur la sensibilité intestinale (perception des mouvements et des signaux de douleur)10.
Migraines
Enfin, les maux de têtes et les migraines sont aussi très bien pris en charge par l’hypnose, que ce soit par des séances classiques ou en auto-hypnose11. Une méta analyse récente affirme que l’hypnose remplit tous les critères d’un traitement de choix de la migraine et des maux de tête, sans les effets secondaires des médicaments12.
Cancer
L’hypnose permet aussi de contrôler efficacement les douleurs liées au cancer, ce qui améliore la qualité de vie des patients, et permet de réduire leur consommation d’analgésiques13. En 1998, une méta analyse montrait déjà que l’hypnose est la pratique de médecine alternative ayant le plus fait ses preuves contre les douleurs du cancer14.
Stratégies thérapeutiques
Le choix thérapeutique va surtout dépendre du type et de l’intensité de votre douleur, mais aussi de son historique. Les techniques présentées sont utilisées aussi bien par des soignants en milieu hospitalier, que par des hypnothérapeutes en libéral.
Relaxation
La relaxation physique et mentale fait partie du processus hypnotique. Par des suggestions de relaxation, le thérapeute peut amplifier cet effet naturel de l’hypnose, en ciblant si besoin des zones particulières du corps.
Pour certaines douleurs, comme les tensions musculaires, ces simples suggestions et métaphores peuvent suffire. La relaxation permet en outre de réduire le stress et l’anxiété, or ceux-ci sont en partie responsables de la perception de la douleur.
Modification des sensations
Grâce à des suggestions, le praticien en hypnose peut vous aider à remplacer votre douleur par une autre sensation, moins désagréable (par exemple, de la chaleur/fraîcheur, ou un picotement). En effet, le processus de la douleur se joue essentiellement au niveau du cerveau et des perceptions, or il est possible de les modifier.
Dissociation
La dissociation, qui consiste à modifier les perceptions du patient afin que celui-ci se “voie lui-même de l’extérieur”, est une technique couramment employée en hypnose. Elle permet de mettre à distance une problématique, une émotion, ou dans le cas qui nous intéresse, une émotion liée à une sensation physique. Cette approche est surtout efficace pour les douleurs à forte composante psychologique et émotionnelle, comme celle du dos ou de l’intestin irritable.
Régression
La régression est généralement employée en hypnose ericksonienne pour retrouver des souvenirs du passé, et identifier des traumatismes. Elle est aussi utilisée en gestion de la douleur, quand celle-ci survient suite à une maladie, un accident ou un choc émotionnel, et dure depuis longtemps.
Le praticien vous ramène, sous hypnose, à une époque où votre corps ne connaissait pas encore la douleur. L’objectif est de rendre de nouveau possible l’absence de douleur, et de pouvoir vous connecter spontanément à cet état lorsque vous en ressentez le besoin.
Amnésie hypnotique
Dans certains cas, choisis avec précaution et toujours respectueux du patient, l’hypnose peut provoquer une amnésie, grâce à de puissantes suggestions d’oubli et de confusion. Il s’agit de mettre entre parenthèses la sensation de douleur, afin que vous oubliiez réellement d’avoir mal. Comme la douleur est un signal d’alarme indispensable à la vie, cette technique est réservée à des cas particuliers : opérations, ou douleurs très intenses prises en charge par les Urgences.
Métaphores
Enfin, comme les patients décrivent généralement leur douleur avec des métaphores, ces mêmes métaphores peuvent être reprises par le praticien. En jouant avec les images que votre inconscient emploie, le praticien vous guide vers une réduction progressive de la sensation douloureuse.
Durée de la thérapie
Le nombre de séances dépend du type, de l’ancienneté et de l’intensité de votre douleur. L’hypnose étant une thérapie brève, il faut généralement compter entre 2 et 10 séances.
Précautions et dangers
L’hypnose est un état modifié de conscience tout à fait naturel et sans danger. Toutefois, elle est déconseillée aux personnes souffrant de maladies mentales dissociatives (schizophrénie, paranoïa, trouble bipolaire) car la transe peut provoquer des bouffées délirantes.
Questions fréquentes
L'hypnose peut-elle traiter efficacement la douleur ?
L’hypnose constitue un traitement de choix pour tout type de douleurs. Elle apaise notamment :
1. Les maux de dos
2. Les douleurs pelviennes, post-opératoires, musculaires et liées au cancer
3. L’intestin irritable
4. Les migraines
Comment l'hypnose peut-elle agir sur la douleur?
Les techniques les plus couramment employées sont :
1. La régression à une époque non-douloureuse
2. La modification des sensations
3. L’amnésie hypnotique
4. La relaxation
5. La dissociation
6. Les métaphores
Combien de séances d'hypnose?
2 à 10 séances d'hypnose sont généralement recommandées.
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