Pédagogie Montessori: définition, méthode et grands principes

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La pédagogie Montessori fait partie des pédagogies dites alternatives. Depuis sa création au début du XXème siècle, ses fondements restent les mêmes: donner à l’enfant la possibilité de manipuler des outils concrets, lui permettant d’acquérir des savoirs dans le respect de son rythme développemental. Définition, méthode et grands principes de la pédagogie Montessori.

Origines

Enfant en train de mettre en œuvre la pédagogie Montessori: définition, méthode et grands principes.

Maria Montessori est la première femme médecin italienne. Elle consacre le début de sa carrière à la prise en charge des enfants déficients, dont elle étudie le comportement. Son travail se fonde en partie sur les travaux des docteurs Itard et Seguin, deux médecins français dont elle approfondit la lecture de leurs ouvrages. Elle décide par la suite de mettre en œuvre son expérience au service des enfants démunis d’un quartier populaire.

C’est en 1907 qu’elle fonde alors La maison des enfants (Casa dei bambini). En s’entourant d’éducatrices qu’elle forme elle-même, son travail prend de l’ampleur et la reconnaissance vient peu à peu. Ces enfants livrés à eux-mêmes démontrent un grand appétit pour l’apprentissage et sont capables d’une réelle autonomie au sein de la classe.

Maria Montessori affine ses observations, propose des outils concrets comme supports d’apprentissage, définit les fondements de sa pratique. Elle forme d’autres enseignants à son approche. Peu à peu le mouvement s’étend alors au-delà des frontières de l’Italie.

Plus de 30000 écoles Montessori existent actuellement à travers le monde. En France, on en dénombre environ 150. D’autres pays européens comme l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou la Scandinavie en comptent bien plus. Certaines écoles Montessori bénéficient là-bas d’aides publiques1.

Les principes

Quels sont les grands principes de la pédagogie Montessori?

Un apprentissage en phase avec les stades de développement

Montessori affirme que l’enfant sait quand il a besoin d’apprendre.

Il réalise ses acquisitions durant les périodes qu’elle qualifie de sensibles. Ces périodes passagères existent durant l’enfance et déterminent le développement d’un caractère déterminé. Il existe un besoin inné propice à ce développement. Chaque période dite sensible prend fin, lorsque le développement du caractère correspondant est achevé.

Selon Montessori, il suffit que l’enfant réponde à ses besoins pour que son développement soit optimal, y compris en termes d’apprentissage. Il devient donc nécessaire pour l’éducateur de connaître le développement et comprendre le ressenti intérieur de l’enfant, ainsi que de savoir comment il réagit aux différents stimuli et signaux de son environnement. C’est cette connaissance, qui permettra de mettre à disposition de l’enfant, les situations de classe et les outils adaptés pour favoriser ses apprentissages.

Montessori considère 5 étapes dans le développement de l’enfant, au cours desquelles on retrouve les périodes sensibles2:

  • 0 à 3 ans - période de l’embryon spirituel, l’esprit inconscient (absorbant), les périodes sensibles.
  • 3 à 6 ans - période de l’esprit absorbant, les périodes sensibles, la normalisation.
  • 6 à 12 ans - période de l’enfance.
  • 12 à 15 ans - période de la puberté.
  • 15 à 18 ans - période de l’adolescence.

Les périodes sensibles

Montessori a classé de la façon suivante les principales périodes sensibles:

  • période sensible de l’ordre de 0 à 6 ans;
  • période sensible du mouvement de 0 à 5-6 ans;
  • période sensible du langage de 0 à 7 ans;
  • période sensible des sensations de 0 à 6 ans;
  • période sensible des petits objets de 1 à 6-7 ans;
  • période sensible à la vie sociale depuis la vie intra-utérine jusqu’à un pic vers 6 ans.

L’esprit absorbant

Selon Maria Montessori, l’esprit de l’enfant absorbe de manière inconsciente et instantanée tout ce qui l’entoure, contrairement à l’adulte, qui élabore ses réflexions de façon consciente et progressive. Cette faculté de l’enfant lui permet d’intégrer au fil de ses expériences tout ce qui est nécessaire à son développement. L’esprit absorbant devient progressivement conscient entre 3 et 6 ans. Il contribue également à la construction de la personnalité, par l’affirmation des goûts et du caractère de l’enfant.

Le fonctionnement d’une classe

Quelle méthode appliquer au sein d'une classe Montessori?

L’organisation de la classe

L’ensemble de l'espace est soigneusement aménagé par l’éducateur (terme donné à l’enseignant). Il doit veiller à ce que chaque enfant puisse disposer d’un coin où travailler en autonomie, soit sur une table individuelle, soit sur un petit tapis.

Les exercices et jeux sont rangés sur des étagères en respectant un ordre correspondant à la progression de difficulté. La luminosité est également importante : en effet l’enfant choisit toujours un coin, où il disposera d’une lumière agréable durant son activité3. Les activités doivent être stimulantes pour encourager l’enfant à expérimenter librement.

Le libre choix des activités

Les enfants travaillent seuls ou ensemble, mais il n’y a pas d’idée de compétition. Ils s’enrichissent mutuellement par l’expérience partagée.

En maternelle, l’éducateur présente le matériel à l’enfant en lui laissant deux possibilités d’activités. Il explique soigneusement et en détails comment l’utiliser, le but de l’exercice, la finalité. L’enfant choisit ensuite librement le matériel qui l’appelle. Le matériel doit toujours avoir été présenté par l’éducateur avant d’être utilisé par l’enfant.

La durée de l’activité est libre. Montessori insiste beaucoup sur l’importance de la répétition de l’exercice : elle permet d’ancrer dans le corps le geste associé à l’activité et donc de pouvoir associer le concret  à la notion abstraite sous-tendue. L’enfant peut aussi se tromper, recommencer autant de fois que nécessaire.

Les enfants peuvent communiquer librement durant les activités et se déplacer à leur guise dans l’espace de la classe.

Le mélange des différents niveaux

Dans une classe Montessori, des enfants d’âges différents se côtoient au quotidien. Leur répartition est variable selon les écoles. Les plus jeunes observent et imitent les plus expérimentés. Le partage des expériences et l’entraide participent au bon développement de l’enfant. Montessori considère que la richesse des caractères et leur mélange permettait d’offrir un environnement propice, au déploiement des capacités et de la personnalité de chacun.

L’autodiscipline

Chaque enfant choisit son matériel et le range quand il a fini au même endroit, en respectant la disposition initiale des différents éléments. Ainsi, il développe des qualités d’ordre. De même, le silence se fait de lui-même quand chacun est absorbé dans son activité. La discipline se met en place car elle répond au besoin de l’enfant de se reconnecter à lui-même, pour pouvoir se concentrer quand il travaille.

La plupart du temps, les élèves élaborent eux-mêmes en début d’année les règles de vie de la classe. Contrairement aux écoles Freinet, il n’y a pas de conseils de classe préparés par les élèves pour débattre des problèmes de classe. Si besoin, c’est l’éducateur qui organise lui-même une discussion pour solutionner les problèmes éventuels.

Une grande importance est accordée à l’acquisition du «maintien de soi» : on apprend à l’élève à prendre soin de lui, du matériel, à se tenir correctement, à chuchoter, à se déplacer tranquillement, sans déranger les autres.

Le travail individualisé

Les exercices sont autocorrectifs car la plupart du temps, il s’agit d’expériences pratiques. Il n’y a pas d’évaluation en tant que telle. L’éducateur peut proposer à l’enfant de refaire un exercice s’il a remarqué que cela était nécessaire.

A l’école primaire, chaque enfant reçoit régulièrement (toutes les semaines, ou tous les mois), un plan de travail individualisé indiquant le travail qu’il doit effectuer. Ainsi, il est possible que tous les enfants d’une même classe travaillent sur des notions différentes durant la matinée : tandis que l’une devra faire trois dictées muettes, manipuler deux boîtes de matériel de multiplication des tables de 7 et 8, un autre travaillera le son « an » et les additions.

Il est également possible de travailler sur des supports plus scolaires, durant le travail individualisé : fichiers ou cahiers d’exercices. Cela vient cependant toujours en complément de la phase de manipulation.

Le matériel Montessori

Il est spécifiquement orienté vers l’expérience des sens : c’est en agissant avec son corps qu’on apprend. L’expérience sensorielle est ce qui permet de passer progressivement à l’abstraction des notions abordées. La manipulation est donc fortement privilégiée.

Le matériel doit être adapté à la force et à la taille de l’enfant. Il se décline selon différents domaines : vie pratique, sensoriel, langage, mathématiques, art... Les objets utilisés sont ceux de la vie courante, afin de permettre à l’enfant d’agir véritablement dans la réalité de son quotidien.

Exemples d’activités réalisées avec le matériel Montessori:

  • Dans le domaine de la vie pratique : activités de boutonnage/déboutonnage, transvaser des graines, plier du tissu, découper du papier, verser de l’eau dans un récipient sans en mettre à côté.
  • Dans le domaine sensoriel : les jeux de tri de graines de différentes tailles, la manipulation et le tri de matériaux lisses et rugueux, le jeu de reconnaissance des odeurs.
  • Dans le domaine du langage : les lettres rugueuses permettent à l’enfant d’apprendre à reconnaître le tracé d’une lettre en touchant le matériel rugueux, tandis que l’écriture dans le sable a pour but de faire maîtriser le geste graphique. Pour la grammaire, des boîtes à étiquettes contiennent des mots que l’on doit classer selon leur nature ou leur genre. Les boîtes de dictées muettes sont constituées d’illustrations, pour chacune l’enfant doit écrire le mot correspondant sur son cahier.
  • Dans le domaine des mathématiques : les chiffres rugueux eux aussi aident l’enfant à s’approprier la forme des chiffres, pour ensuite accéder à l’étape d’écriture en elle-même. Les boîtes d’opérations comprennent des opérations et des résultats que l’enfant doit associer.

L’organisation du temps

Bien souvent, les matinées sont occupées par le travail individualisé en école primaire. Les phases de travail collectif varient dans leur forme. Selon les établissements, il peut y avoir des leçons collectives de type traditionnel rassemblant les enfants, puis l’éducateur donne à chaque un plan de travail contenant les exercices d’application.

Dans d’autres écoles, la classe entière peut travailler sur un thème relevant des matières d’éveil : l’étude de la diversité des arbres par exemple. Toutes les activités en français, mathématiques, se rapportent alors à ce thème qui fédère la classe durant une période.

L’après-midi, des activités menées par des intervenants sont organisées: anglais, musique, arts plastiques, expression corporelle, théâtre, chant4

Le rôle de l’éducateur

Dans la pédagogie Montessori, l’éducateur est avant tout observateur. Il prend note de l’ambiance générale, des interactions entre l’enfant et le matériel, des mouvements et déplacements, des contacts entre enfants, de l’ordre de la classe.

Il est le garant du cadre et doit veiller à ce que celui-ci soit calme, ordonné et stimulant. Il encourage, guide. Il présente le matériel avec peu de mots, beaucoup de précision, afin que l’enfant soit autonome dans l’autoévaluation de son expérience. «Aide-moi à faire seul» résume parfaitement le principe de cette pédagogie.

Les neurosciences

Plusieurs découvertes de Montessori sur le développement de l’enfant ont depuis été mises en évidence par les neurosciences. Ainsi, l’esprit absorbant correspondrait à la période de synaptogenèse, qui développe les connexions neuronales. Cette phase est à son maximum entre 0 et 3 ans, puis diminue progressivement ensuite. L’enfant construit ainsi des liens entre ses expériences pour apprendre ce qui lui est utile.

Progressivement, il va sélectionner uniquement les données de son environnement, qui lui sont nécessaires pour se développer. Ainsi, en grandissant, l’enfant va renforcer un tiers de ses connexions cérébrales et perdre les deux tiers de ses possibilités initiales. Cette sélection correspond aux connexions neuronales les plus sollicitées, c’est à dire liées aux expériences vécues le plus souvent. Cela met en évidence le fait que l’enfant se saisit pour son développement de ce que son environnement lui propose ou lui refuse: le cerveau humain est structuré par son propre environnement.

En France, le neuroscientifique Stanislas Dehaene a mené des recherches sur une classe de maternelle mettant en œuvre la pédagogie Montessori, dans un quartier défavorisé, entre 2011 et 2014. Ses travaux ont permis de prouver que les enfants de cette classe avaient un raisonnement au-dessus des normes nationales. La pédagogie Montessori a donc fait ses preuves. Rappelons qu’elle promeut, avant tout, l’épanouissement de chaque enfant et l’éducation à la paix.

Questions fréquentes

Pédagogie Montessori: qu'est-ce que c'est?

La pédagogie Montessori est une pédagogie dite "alternative", qui incite l'enfant à manipuler, tout en lui permettant d'acquérir des savoirs dans le respect de son rythme développemental.

En quoi cela consiste?

- Libre choix des activités
- Autodiscipline et autorégulation de l'enfant
- Exercices pratiques autocorrectifs

Pourquoi choisir la pédagogie Montessori?

- Pédagogie fondée sur l'épanouissement de l'enfant
- Education à la paix


  • 1Apprends-moi à faire seul : la pédagogie Montessori expliquée aux parents, Charlotte Poussin, Eyrolles.
  • 2L’enfant, Maria Montessori, Desclée de Brouwer, 2006
  • 3La pédagogie Montessori illustrée, Murielle Lefebvre 2006, impr. 2006
  • 4Montessori, Freinet, Steiner… une école différente pour mon enfant ? Marie-Laure Viaud, Nathan
Marion Dorval
Marion Dorval, Auteur

Accompagnatrice en expression vocale créatrice. Spécialisée auprès des personnes hypersensibles. Ex enseignante pendant 10 ans.