Définition: le désir est une pulsion vers l’autre et vers le plaisir
Tout comme la faim ou la soif qui visent au maintien de la vie, le désir sexuel est une pulsion de vie, qui a pour objectif primaire la perpétuation de l’espèce en aboutissant à un rapport sexuel1. Dans la société humaine où la perpétuation de l’espèce n’est pas la seule motivation à la sexualité, le maintien d’un désir sexuel fort est associé à une meilleure relation conjugale.
Contrairement à la faim ou la soif, la sexualité n’est toutefois pas un besoin indispensable à la survie de l’individu. En l’absence de confrontation à la sexualité, de nombreux sujets célibataires ne souffriront pas d’une absence de désir sexuel mais pourront en revanche se sentir «anormaux» par rapport aux autres.
Chez l’homme la perte de libido est proportionnelle à l’âge: de moins de 2% des hommes avant 44 ans à 41% entre 66 et 74 ans.
En revanche chez la femme, les fluctuations du désir sont plus discontinues et souvent en rapport avec les événements de la vie génitales (grossesse, parentalité, ménopause) et on ne retrouve pas de corrélation progressive avec l’âge2.
La perte de libido concerne 16 à 43% des femmes à travers le monde, cet écart reflétant l’influence de la relation entre socialisation culturelle et sexualité (pratiques conjugales, religieuses, etc.).Il s’agit de la dysfonction sexuelle la plus fréquente chez la femme.
Certaines baisses du désir ne sont que réactionnelles et temporaires, secondaires à un stress ponctuel, une fatigue, une dispute, la grossesse, etc., et n’ont aucun caractère pathologique.
L’asexualité est définie comme un choix de pratique sexuelle et non comme une baisse du désir.
Signes et symptômes
La perte de libido ou «désir sexuel hypoactif» se caractérise par plusieurs éléments associés:
- Manque persistant ou récurrent de fantasmes sexuels et des pensées érotiques.
- Absence ou diminution de l’intérêt pour les activités sexuelles.
- Désir non déclenché par les stimulations sexuelles.
- Souffrance du sujet voire détresse psychologique, souffrance du ou de la partenaire, souffrance du couple.
Les troubles du désir sexuel sont ainsi à différencier d’une dysharmonie de désir entre deux partenaires, de l’absence d’excitation sexuelle et des troubles de l’orgasme.
Il ne s’agit pas non plus d’une aversion sexuelle, de type dégoût ou phobie des activités sexuelles.
Diagnostic
Le diagnostic devra d’abord authentifier la perte de libido sur l’existence des éléments précisés ci-dessus, depuis au moins 6 mois. Il faut ensuite procéder à l’évaluation de différents facteurs biologiques ou physiologiques et contextuels3:
- Age du sujet: il existe un déclin quasi physiologique du désir sexuel avec l’âge, progressif chez l’homme et plus centré sur la survenue de la ménopause chez la femme.
- Maladie ou conflit psychique: dépression, antécédents d’agression ou d’abus sexuels, mauvaise image corporelle, inhibition éducative ou religieuse, culpabilité, antécédent d’IVG, fausses croyances, etc.
- Maladie somatique hormonale (hypogonadisme, hypothyroïdie, déficit en testostérone, excès de prolactine, etc.), gynécologique ou métabolique (diabète, cardiopathie, etc.).
- Conflits relationnels ou période de stress: familial, conjugal, professionnel, deuil, divergence des désirs sexuels, etc.
- Effets indésirables d’un traitement médicamenteux. Il s’agit le plus souvent des traitements psychotropes, de certains traitements cardiologiques, de traitements anti-hormonaux. Certaines femmes présentent une perte de la libido sous pilule contraceptive.
- Prise de produit ayant un impact négatif sur le désir (alcool, drogue).
- Baisse du désir, qualifiée «d’adaptative», en réaction à une situation spécifique: fatigue, grossesse personnelle ou de la partenaire, maladie du conjoint, contexte de séparation, difficulté sexuelle chez la ou le partenaire, etc.
- Perte de libido pour son ou sa partenaire avec le temps: diminution du sentiment amoureux, habitudes, routines, dysfonction sexuelle chez le ou la partenaire, etc.
On peut également distinguer différentes formes de baisse du désir en fonction de leur contexte général de survenue:
- Le sujet n’a jamais ressenti de désir sexuel, ou baisse du désir primaire. C’est plutôt rare, ne concernant qu’environ 1% de la population.
- Le sujet avait du désir mais n’en ressent plus, ni seul ni pour personne: baisse du désir partenaire indépendante ou secondaire généralisée.
- Le sujet avait toujours éprouvé du désir pour sa ou son partenaire mais n’en ressent plus, tout en conservant un désir seul ou pour d’autres partenaires: baisse du désir partenaire dépendante ou secondaire situationnelle.
En fonction de cette évaluation, des prises en charge spécifiques pourront être proposées, allant d’un traitement hormonal médical à une prise en charge sexologique et par les prises en charge psychologiques, naturelles et complémentaires corps-esprit.
L’importance de l’hygiène de vie
Une mauvaise hygiène de vie a incontestablement des répercussions négatives sur le désir sexuel.
Manger trop lourd, prendre du poids, être en dette de sommeil ont des conséquences qui s’opposent au maintien du désir, en raison de différentes conséquences: fatigue, irritabilité, détérioration de l’image de soi et de l’image qu’on offre à son ou sa partenaire, inductions de dysfonctions sexuelles associée, culpabilité, etc.
Alimentation
Avoir une alimentation saine est évidemment une des premières conditions pour:
- Entretenir une image corporelle positive, et donc l’estime de soi et la désirabilité de l’image, qu’on offre à son ou sa partenaire.
- Éviter les fatigues, survenant après des repas trop lourds ou trop riches en graisse, notamment lors des moments propices à la sexualité comme la sieste ou la soirée.
- Assurer ses besoins d’équilibre en nutriments, vitamines, oligoéléments pour le fonctionnement correct de son organisme et la régulation de son humeur.
A côté de ces principes de base, certains aliments ou ingrédients dits "aphrodisiaques" sont réputés avoir une action stimulante sur le désir4:
- Chocolat noir.
- Huitres, moules.
- Céleri.
- Miel, gelée royale.
- Piment, poivre.
- Gingembre.
- Coriandre, girofle.
- Fenouil.
- Moutarde.
- Noix, noisettes, amandes5.
- Safran, dont l’efficacité semblerait supérieure chez les sujets recevant un traitement antidépresseur (effet antidépresseur propre).
- Fenugrec en feuilles ou en graines, grâce à la présence de diosgénine, intervenant dans la synthèse des hormones sexuelles.
- Maca, plante péruvienne (« ginseng péruvien ») ressemblant au chou.
Au niveau de l’alimentation, il ne faut pas négliger non plus l'atmosphère, dans laquelle sont partagés les repas avec son ou sa partenaire:
- Créer une ambiance sensuelle et propice à l’intimité: lumières tamisée, bougies, parfum d’ambiance agréable, musique douce, jolie table (ce qui ne veut pas dire systématiquement table de fête).
- Être désirable: être propre, s’habiller de façon agréable à regarder, voire sexy, etc.
- Choisir des plats légers, ne pas abuser de l’alcool.
Activité physique
Avoir une activité physique régulière, même s’il ne s’agit que de marche, est toujours bénéfique pour sa santé physique (poids, souplesse, etc.) et psychique (estime de soi, maîtrise de son corps, regard de l’autre, etc.).
Dans le domaine de la sexualité, l’activité physique régulière apparaît bénéfique sur la libido. Elle favorise la production de testostérone. Elle est également bénéfique sur la fonction sexuelle globale, en entretenant la capacité à l’effort de l’organisme.
Cet exercice physique doit être pratiqué régulièrement, et sans excès, sous peine d’entraîner au contraire une perte de libido (fatigue physique, excès de testostérone).
Respect de son sommeil
Le manque de sommeil, ou un sommeil de mauvaise qualité, nuit à sa capacité de jugement, l’écoute de sa ou son partenaire, et altère la perception des émotions tout en favorisant l’irritabilité et l’humeur dépressive.
Il suffit qu’un des partenaires soit en déficit de sommeil pour que toutes les relations du couple en supportent les conséquences, de la communication à la sexualité, avec une augmentation du risque de conflit. Le désir sexuel en fait les frais et un cercle vicieux s’installe.
De plus, il a été montré que le manque de sommeil fait chuter le taux de testostérone, avec comme conséquences la perte de libido et des dysfonctions sexuelles6.
Une étude a pu évaluer que chaque heure de sommeil en plus augmente de 14% chez les femmes la probabilité d’avoir un rapport sexuel le lendemain, avec son partenaire7.
Il est donc d’autant plus important de respecter ses horaires et ses durées de sommeil pour favoriser l’éclosion du désir et son maintien.
Médicaments
Aucun médicament essayé pour traiter la perte de libido n’a fait la preuve formelle de son efficacité ou de sa sécurité d’emploi.
Un traitement médicamenteux de la baisse du désir n’est indiqué que lorsque celle-ci relève d’une pathologie spécifique:
- Traitement hormonal en cas de pathologie endocrinienne (hypognadisme, hypothyroïdie, déficit en testostérone, etc.).
- Traitement de la ménopause.
- Traitement antidépresseur, si dépression. Tout en sachant que le traitement antidépresseur peut lui-même favoriser une baisse de la libido, au titre de ses effets indésirables.
Perte de libido: quel traitement naturel?
S’il n’existe aucune panacée universelle pour relancer le désir, certains remèdes naturels sont néanmoins susceptibles de posséder des vertus aphrodisiaques ou amoureuses.
Homéopathie
L'homéopathie est un traitement naturel de premier choix, en cas de perte de libido.
Certains traitements homéopathiques sont connus pour «booster» la libido:
- Pour les femmes: une dose par semaine de Graphites 15 CH à laisser fondre sous la langue, en alternance l’autre semaine avec une dose de Sepia 5 CH, 3 semaines par mois pendant 3 mois.
- Pour les hommes: une dose par semaine de Kalium carbonicum 9 CH, à laisser fondre sous la langue, en alternance l’autre semaine avec une dose de Lycopodium 15 CH, 3 semaines par mois pendant 3 mois.
- Pour les hommes et femmes: 10 granules par semaine d’Onosmodium virginianum 9 CH, ou Caladium seguinum 9 CH 3 granules, 3 fois par jour.
Compléments alimentaires
L'usage de complément alimentaires peut être également un traitement naturel intéressant, en cas de perte de libido.
Certains compléments alimentaires sont connus pour stimuler le désir: ginseng (tonifiant naturel), guarana (caféine), maca péruvien, gelée royale.
La vitamine D semble liée au désir sexuel de façon couplée avec la testostérone, leurs taux montent et baissent de façon parallèle8.
- Une supplémentation est d’autant plus nécessaire que dans les populations peu exposées au soleil, la carence est fréquente.
- Cette supplémentation se fait sur prescription médicale, usuellement par une ampoule de 50.000 unités de vitamine D à prendre chaque mois, diluée dans un verre d’eau.
Une supplémentation en zinc ou en arginine est recommandée par certains.
Phytothérapie
La phytothérapie, autre traitement naturel, est recommandée en cas de perte de libido.
On recense environ 120 plantes et épices, ayant des vertus bénéfiques sur le désir.
Parmi celles-ci, certaines sont classiques: l’igname sauvage, l’ail, l’artichaut, le fenouil, la cannelle, la roquette, la grenade, la figue.
D’autres plantes médicales traditionnelles sont également recommandées:
- Ginseng rouge et angélique chinoise, pour leurs propriétés à la fois toniques et relaxantes.
- Schizandra (baie), qui stimule les perceptions sensorielles tout en ayant un pouvoir relaxant antistress.
- Ginkgo biloba, souvent associé avec le gingembre, qui atténuerait la baisse de désir liée à la prise de médicaments antidépresseurs.
- Gingembre, qui réactive la vitalité corporelle.
- Shatavari (racine), qui favorise l’hydratation muqueuse et lutte contre la sécheresse vaginale.
- Ashwagandha, qui possède de multiples effets toniques et dont la racine a des vertus aphrodisiaques.
- Tribulus terrestris (ou « Viagra végétal »), plante ayurvédique qui augmenterait la libido en stimulant la sécrétion de testostérone.
- Trigonella (fénugrec), qui augmenterait également la libido, en stimulant la sécrétion de testostérone.
- Lepidium meyenii (maca), surnommé le « Viagra péruvien », utilisé comme complément alimentaire.
- Cordyceps sinensis, stimulant sexuel tibétain très utilisé en Chine.
- Epimède ou Yin Yang Huo, stimulant la production de testostérone.
- Baies de Goji, stimulant la production de testostérone.
- Cognassier.
- Pollen de palmier.
- Mucuna pruriens.
- Bourgeon de pommier, stimulant sexuel via la production de testostérone.
- Sauge sclarée.
Les fleurs de Bach
Certaines fleurs de Bach sont recommandées pour contrer la perte de libido:
- Pommier sauvage / Crabapple n° 10.
- Gentiane / Gentian n° 12.
- Charme / Hornbeam n° 17.
- Impatience / Impatiens n° 18.
- Mélèze /Larch n° 19.
- Pin sylvestre / Pine n° 24.
- Hélianthème / Rock rose n° 26.
- Eau de roche / Rock water n° 27.
- Châtaignier / Sweetchestnut n° 30.
- Marronnier blanc / White chestnut n° 35.
- Églantier / Wild rose n° 37.
- Saule / Willow n° 38.
Elles s’administrent par voie orale, directement dans la bouche ou dans un verre d’eau à boire, au long de la journée.
Huiles essentielles
En cas de perte de libido, l'aromathérapie est également un traitement naturel à privilégier.
Certaines huiles essentielles sont à privilégier pour relancer la libido:
- L’HE d’Ylang-ylang ou «fleur de l’amour» possède des propriétés relaxantes et aphrodisiaques. Elle peut être administrée classiquement sous forme de massage (3 à 5 gouttes diluées dans 50 ml d’huile d’amande douce) ou versée dans un bain (6 goutes mélangées à 120 ml de lait).
- L’HE de gingembre, à la fois stimulante et apaisante, s’administre en diffusion ou en massage du bas-ventre et du dos (2 gouttes dans 50 ml d’huile d’amande douce ou de noisette).
- L’HE de Néroli pour évacuer le stress et la fatigue, grâce à sa richesse enlinalol et enlimomène, stimulant la synthèse de sérotonine. Elle s’administre en inhalation de brève durée, directement au-dessus du flacon ou en massage (2 gouttes dans 50d’huile d’amande douce ou de noisette) où elle peut être associée à 2 gouttesd’HE de Néroli.
- L’HE de cannelle possède des propriétés stimulantes sexuelles, dues à son composant, le "cinnamaldéhyde".
- L’HE de Cabreuva.
- L’HE de bois de Siam.
D’autres huiles essentielles sont également conseillées : sarriette, origan, coriandre, bergamote, rose de Damas, bois de santal.
Attention, même diluées, les huiles essentielles ne doivent pas être appliquées sur les muqueuses génitales.
Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Les TCC peuvent être particulièrement intéressantes pour la prise en charge des couples conflictuels, notamment les thérapies dites d’acceptation, les thérapies systémiques de couple et les thérapies centrées sur les émotions.
Elles visent à agir dans plusieurs dimensions9:
- Disparition des comportements d’échecs et des pensées ou émotions négatives parasites.
- Apprentissage de nouvelles stratégies comportementales.
Tout comme les traitements sexologiques et la relaxation, leur axe est l’inscription de l’acte dans «l’ici et le maintenant». Elles ont pour objectif de rompre un cercle vicieux, selon lequel les conséquences du problème deviennent les causes de l’échec, par le biais des pensées négatives anticipatrices (angoisse d’anticipation).
Le conjoint peut être impliqué dans la thérapie, si son attitude réactionnelle négative, constitue un élément du cercle vicieux des peurs et pensées négatives.
Une des limites des TCC est que souvent la seule disparition du symptôme satisfait le patient à court terme, mais ne résout pas le problème à long terme, sans prise en charge psychothérapique parallèle.
Thérapies sexologiques
L’approche sexothérapique comprend plusieurs dimensions:
- Temps informationnel et éducatif sur la sexualité, les réponses sexuelles de la femme et de l’homme, incluant la mise à plat des fausses croyances.
- Apaisement des tensions relationnelles.
- Repérage des comportements inadaptés et des facteurs bloquants: bouderies, remarques inappropriées, ruminations anxieuses, angoisse d’anticipation d’un échec, anxiété de performance, craintes douloureuses, etc.
- Amélioration de la communication au sein du couple ou entre les partenaires.
- Recentrage des relations vers l’affectif, la tendresse et sur l’intimité.
- Diversification des expériences sensuelles et sexuelles.
- Conseils de lectures pour redynamiser le potentiel fantasmatique érotique (bibliothérapie).
- Travail sur «l’ici et le maintenant» et sur les sensations corporelles, notamment en relaxation.
Plutôt que de vouloir lutter de front contre les pensées négatives, la sexothérapie vise à augmenter les sensations et pensées agréables, au profit de la redécouverte d’une intimité érotique et sexuelle. Elle s’accompagnera alors d’une distanciation par rapport aux pensées dysfonctionnelles, perturbant la sexualité.
Selon la souffrance exprimée et les caractéristiques de la perte de libido, la prise en charge sera individuelle ou en couple.
Chez les couples n’étant pas en conflit majeur, une prise en charge sexologique du couple, basée sur des conseils comportementaux et des suggestions favorisant la reprise d’une communication positive et érotique, est souvent suffisante:
- Recréer une intimité spécifique au couple: rendez-vous amoureux, temps dédié au couple, etc.
- Préservation de la chambre, comme lieu exclusivement réservé à la sexualité et au sommeil.
- Création d’un univers érotique: bougies, musique, messages, efforts vestimentaires, etc.
- Redécouverte d’une sexualité centrée sur soi et sur la sensualité partagée et l’échange.
- Communiquer sur ses difficultés, sur ses désirs, sur ses sentiments, ses émotions, son plaisir.
La prise en charge sexologique traitera également les dysfonctions sexuelles éventuellement associées: trouble de l’érection, de l’orgasme, douleurs pendant les rapports, etc.
En plus des remèdes naturels cités auparavant, quel autre traitement naturel envisager, en cas de perte de libido?
Pratiques complémentaires et «corps-esprit»
Ces pratiques constituent des compléments de prise en charge souvent notables. Elles sont à définir en fonction des préférences des patients.
Acupuncture
L’acupuncture, traitement naturel, s’adresse plutôt à une perte de libido, d’origine énergétique (fatigue, stress). Les différents points privilégiés seront l’estomac, le foie ou le rein selon le profil énergétique du sujet.
Massages
Tous les massages peuvent être bénéfiques pour leur action sur la décontraction musculaire, la réduction du stress et la sensation de bien-être corporel, qu’ils procurent. Ils peuvent également favoriser la verbalisation d’un problème ou d’un conflit.
Les massages californiens sont particulièrement axés sur l’éveil à la sensualité et sur le renforcement de la conscience corporelle, via le toucher et la respiration.
Le Sensate focus10 est une technique spécifique à la sexologie. Il consiste à prescrire au couple des pratiques et caresses réciproques, en dehors de toute pénétration, jusqu’à ce que les attentes et la perception érogène de l’autre soient connues et identifiées par chacun.
Il s’agit d’une reprogrammation de la sexualité, en la focalisant non plus vers un objectif final (pénétration, orgasme), mais sur les sensations de plaisir ressenties au présent. On substitue ainsi une focalisation des pensées sur le désir, le plaisir et la montée de l’excitation, aux pensées intrusives négatives anticipatrices.
Le Sensate focus comprend plusieurs étapes thérapeutiques:
- Focus 1: caresses réciproques sur tout le corps sauf zones érogènes (fesses, seins, etc.) et sexuelles (organes génitaux).
- Focus 2: inclusion des zones érogènes, sans caresse des organes génitaux.
- Focus 3: viennent s’ajouter les caresses génitales, la masturbation du partenaire et son orgasme.
- Focus 4: la pénétration est désormais autorisée. Elle doit se dérouler «en pleine conscience» des sensations ressenties, doucement, lentement, en portant une attention aux réactions du partenaire («slow sexe»).
- Certains y incluent une étape intermédiaire entre les focus 2 & 3 avec l’usage d’une huile de massage, modifiant ainsi les sensations ressenties. On peut aussi ne pas en faire une étape spécifique, et laisser à chaque partenaire le choix de donner ou de recevoir les caresses, avec ou sans huile de massage.
Outre la reprogrammation sensuelle, il s’agit également d’une reprogrammation de la communication du couple, autour de sa sensualité et de son plaisir.
Yoga, Tai Chi, qi gong
Tout comme les massages, les pratiques de médiation corporelle sont bénéfiques pour leur action sur la décontraction musculaire (contraction musculaire défensive), la réduction du stress et la sensation de bien-être corporel, qu’ils procurent.
Elles peuvent également favoriser l’apparition de nouvelles habilités corporelles plus calmes, plus détendues.
Relaxation
La relaxation est un aspect important de la prise en charge sexologique, avec un travail sur le temps présent («l’ici et le maintenant»), et sur les sensations corporelles.
Elle associe:
- Apprentissage de la chasse des idées parasites intrusives, venant perturber les séances érotiques ou inhiber le désir ou l’excitation sexuelle: ruminations anxieuses, anticipations d’échec, pensées qui n’ont rien à faire à ce moment-là, etc.
- Focalisation de l’attention sur les perceptions corporelles de décontraction et de bien-être.
- Visualisation d’images érotiques, visant à relancer le processus fantasmatique.
- Exercices musculaires périnéaux, visant à la prise de conscience d’un contrôle sur les organes génitaux, et la focalisation sur les sensations pelviennes agréables.
Elle permet de mettre en évidence des blocages sensoriels, au niveau corporel, et de favoriser la verbalisation, en passant par l’analyse de ces blocages corporels.
Elle permet également au sujet de s’approprier un outil performant pour la gestion du stress, qu’il pourra mettre à profit dans de nombreuses situations.
Hypnose
L'hypnose, traitement naturel, peut être également bénéfique, en cas de perte de libido.
L’hypnose est basée sur la création d’un état modifié de conscience, amenant à augmenter la fluidité de la communication entre le corps et l’esprit11.
Par le biais de suggestions, elle induit une dissociation entre les pensées critiques, qui sont suspendues (conscient), et la pensée analogique primaire et l’imagination (inconscient).
Elle permet ainsi:
- De faire tomber les résistances cognitives et faciliter le lâcher-prise.
- De rétablir une communication du sujet avec ses pensées inconscientes, ses représentations corporelles, ses sensations.
- Grâce à l’utilisation de métaphores symboliques ou sensuelles, d’induire le sujet dans une reprogrammation positive de ses comportements et de ses réponses corporelles («transduction»).
Elle vise ainsi à neutraliser une pensée négative, en la remplaçant par une séquence psychocorporelle positive. Il s’agit en fait «d’inhiber les inhibitions».
L’hypnose est particulièrement efficace en sexologie, pour stopper les cercles vicieux des pensées intrusives anticipatrices de l’échec sexuel.
Le traitement de la perte de libido, en hypnose, va être plus axé sur les sens, la sensualité globale corporelle, la peau et les zones érogènes, et la diffusion des sensations dans le corps12.
Méditation de pleine conscience
La méditation de pleine conscience représente un traitement naturel très bénéfique, à la prise en charge sexologique, de la perte de libido.
La pratique régulière de la méditation de pleine conscience favorise la présence dans le moment présent, sans pensée parasite, et permet d’être pleinement conscient de ses perceptions corporelles et des sensations d’excitation sexuelle.
Elle est également efficace pour évacuer le stress et traiter l’anxiété ou la dépression, qui sont de fréquentes conséquences négatives des difficultés sexuelles.
Elle libère donc la place pour les pensées érotiques, le lâcher-prise et l’accueil des perceptions sensuelles et sexuelles13.
Dans les baisses de désir, la méditation peut être un apport notable en développant la bienveillance envers soi, et en favorisant l’éloignement des jugements négatifs ou le sentiment de mal-être14 15.
Que conclure?
- Le désir est un besoin humain primaire nécessaire à la reproduction et à l’union physique, d’importance notable dans le maintien du lien amoureux et du couple, et dans l’obtention d’une vie sexuelle satisfaisante.
- La baisse du désir est fréquente au cours de la vie sexuelle, le plus souvent passagère. De longue durée, elle nécessite alors une prise en charge spécifique.
- A côté de la prise en charge sexologique, toutes les modalités thérapeutiques, naturelles, psychologiques et complémentaires sont à envisager.
Questions fréquentes
Qu'est-ce que la perte de libido?
Le désir sexuel, ou libido, est une pulsion instinctive primaire, qui est le facteur déclenchant du comportement sexuel.
La perte de la libido est la perte de ce désir sexuel.
Quel traitement naturel privilégier?
- Phytothérapie, aromathérapie
- Homéopathie
- Usage de compléments alimentaires
Quelles sont les autres recommandations?
- Modification de l'alimentation
- Pratique d'une activité physique
- Respect de son sommeil
- 1: Courtois F, Bonierbale M et coll. Médecine sexuelle. Lavoisier Ed., Paris, 2016
- 2: Lansac J, Lopès P et coll. Questions sexo. Eyrolles Ed., Paris, 2017
- 3: Rigoulet N. La baisse de la libido scrutée à l’œil nu. Alternative Santé, 2020 ; 85 : 18-19
- 4: Ray MC. 5 aliments aphrodisiaques pour booster sa libido. Futura Santé, 22/08/2017
- 5: Lavaud S. Noix, noisettes et amandes dopent le désir et le plaisir sexuel. Medscape France, 16/08/2019
- 6: Leproult R, Van Cauter E. Effect of 1 week of sleep restriction on testosterone levels in young healthy men. JAMA, 2011; 305: 2173-2174
- 7: Kalmbach DA et coll. The impact of sleep on female sexual response and behavior. J. Sexual Med., 2015; 5: 1221-1232
- 8: Vidal V. Osez les aphrodisiaques et autres stimulants sexuels. La Musardine Ed., Paris, 2013
- 9: Lansac J, Lopès P et coll. Questions sexo. Eyrolles Ed., Paris, 2017
- 10: Sensate focus. Cornell Health, 2019
- 11: Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie. Elsevier Masson Ed., Paris, 2014
- 12: Mignot J et coll. L’aide-mémoire de psycho-sexologie. Dunod Ed., Paris, 2013
- 13: Stephenson KR. Mindfulness-based therapies for sexual dysfunction. Mindfulness, DOI 10.1007/s12671-016-0652-3
- 14: Brotto LA, Basson R. Group mindfulness-based therapy significantly improves sexual desire in women. Behav. Res. Ther, 2014; 57: 43-54
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