Impact de l'alimentation sur la Maladie de Crohn
Définition
La maladie de Crohn est une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin, aussi appelée MICI. Elle se caractérise par son alternance entre des phases de rémission et des phases aiguës de poussée. La maladie de Crohn et l'alimentation sont liées, notamment pour apporter un confort digestif au patient pendant les poussées.
Découverte en 1932 par un médecin américain, Burril B Crohn, cette pathologie entraine une inflammation chronique de l’ensemble du tube digestif, et plus particulièrement au niveau de l’iléon, du colon et de l’anus (2 tiers des cas1). Cette inflammation provoque des lésions tissulaires, avec des plages saines et des plages atteintes.
Les facteurs déclenchant la Maladie de Crohn ne sont pas encore parfaitement établis mais trois mécanismes paraissent en cause :
- La génétique2 : des antécédents sont retrouvés chez 5 à 20% des patients.
- Une mauvaise régulation de la réponse immunitaire : la réponse immune est alors non contrôlée face à des facteurs environnementaux non toxiques/pathogènes pour les individus sains.
- Les facteurs extérieurs : le tabac favoriserait le développement de la maladie et aggraverait sont évolution ainsi que l’appendicectomie (ablation de l'appendice iléo-cæcal, essentiellement au cours d'une appendicite). D’autres études3 sont en cours autour de la contraception orale, de l’antibiothérapie, sur le microbiote4de l’alimentation…
Symptômes et diagnostic
Les symptômes de la maladie de Crohn :
- Douleurs abdominales, diarrhées,...
- Grande fatigue (asthénie)
- Saignements (rectorragies)
- Manque d’appétit
- Fistules, abcès au niveau de la partie inférieure de l’appareil digestif
- A terme : perte de poids, dénutrition, carence en nutriments.
Bienfaits et répercussions
Les symptômes de la maladie de Crohn sont variables et peuvent être limités par une alimentation adaptée, notamment en période de poussée.
Les conseils alimentaires seront personnalisés selon l’atteinte de l’organe. En effet, les effets ne seront pas les mêmes si c’est l’œsophage qui est touché ou si c’est le côlon.
Au moment des poussées :
Le patient devra faire des tests pour se rendre compte des aliments qu’il tolère ou non5 au moment des poussées. C’est notamment en cas de diarrhées persistantes et de douleurs gastriques et intestinales, que l’alimentation va jouer un rôle majeur dans le confort du patient.
A noter qu’aucun régime particulier n’a fait ses preuves pour limiter les crises mais une alimentation sans fibres (ou sans résidus selon l’intensité de la poussée) aident fortement le patient à limiter les diarrhées et les douleurs.
Aux périodes de rémission :
Une alimentation équilibrée sera parfaitement adaptée lors des phases de rémission. Son objectif est de conserver un état nutritionnel optimal et de limiter les carences. Il est donc important que le patient consomme des aliments sans exclusion alimentaire (sauf intolérances digestives constatées). Les poussées sont mieux tolérées si l’état nutritionnel du patient (et son poids) sont optimal.
Grands principes de l’alimentation (en cas de poussées)
• Favoriser une alimentation sans fibres (voire sans résidus en cas de fortes poussées) : c’est-à-dire la plus digeste possible.
• Privilégier une bonne hydratation, notamment en cas de diarrhées persistantes qui évacuent beaucoup d’eau (les boissons gazeuses sont à supprimer ainsi que l’alcool)
• Réduire la consommation de sucres et de produits sucrés, qui n’apportent pas d’effets bénéfiques pour la santé et notamment en cas de corticothérapie (prise de corticoïdes pour limiter les douleurs chez une grande partie des patients atteints de la maladie de Crohn).
• Limiter le lactose présent dans le lait et les yaourts, en fonction de la tolérance.
• Utiliser des aliments riches en nutriments et notamment en potassium et sodium, deux nutriments qui sont évacués lors des diarrhées.
• Consommer régulièrement des acides gras insaturés : huiles vierges de première pression à froid contenant plus d'oméga 3 que d'oméga 6 (huile de colza ou de lin par exemple) ou poissons tels que l'anchois, le hareng, le maquereau ou la sardine.
• Éviter les aliments raffinés et les excitants.
Régimes alimentaires : en pratique
Facilité du régime
Lors des poussées, le régime sans fibres (voire sans résidus) est assez contraignant mais le bénéfice pour le patient est important puisque les douleurs seront limitées et les diarrhées aussi. Cependant, en cas de fortes poussées, le régime sans résidus (plus contraignant que le régime sans fibres) est plus compliqué à suivre pour le patient car il ne tolère aucun fruit et légume par exemple.
Durée du régime
Ce type d'alimentation sera à adapter en fonction de la durée de la poussée. Elle sera à réinstaurer à chaque nouvelle poussée. L’alternance des phases de poussée et de rémission dépend de chaque patient ayant la maladie de Crohn.
Avec quel type de régime prendre le relais
En phase de rémission, le patient peut reprendre une alimentation équilibrée où toutes les familles d’aliments sont représentées. Cependant il peut aussi réduire les fibres alimentaires s’ils ne les tolèrent pas ou s'il sent que la digestion est plus difficile. Des aliments comme l’oignon ou le chou sont par exemple souvent retirés.
Dangers et précautions
Afin de limiter la perte de poids, voire d’engendrer une dénutrition, il sera important d’avoir une alimentation équilibrée, et en quantité suffisante, en dehors des phases de poussée. En effet, le maintient d’un poids stable (sans déficit pondéral) permettra au patient de mieux gérer les crises.
Les aliments en détail
Pendant la poussée
Légumes: carottes, pomme de terre cuites à la vapeur, patate douce
Boisson : bouillon clair de légume, soupe de légume, tisane
Céréales sans gluten : riz blanc
Légumineuses : à supprimer le temps de la poussée
Fruits oléagineux : à supprimer le temps de la poussée
Condiments et épices : à supprimer le temps de la poussée
Durant la phase de rémission (régime confort digestif ou sans fibres)
Cette liste est à adapter en fonction de votre pathologie et de votre sensibilité
Légumes (sauf la tomate): patate douce, panais, salade, poireaux, tomates, carottes, courgettes, épinards, courges, artichauts, asperges, aubergines, avocats, betteraves, blettes, brocoli, carottes, céleri branche ou rave, citrouille, concombres, courgettes, endives, épinards, fenouil, haricots verts, plats d’Espagne, beurre, navets, radis, salsifis, tomates, petits pois...
Tofu
Aromates : Aneth, Basilic, Cerfeuil, Ciboulette, Coriandre, Estragon, Menthes, Origan, Persil, Romarin, Sauge, Thym.
Fruits : poire, banane, fruits rouges, melon, kiwi, raisin, ananas, banane, fruits de la passion...
Fruits secs : en petites quantités,dattes, abricots, pruneaux, figues, raisins, bananes, mangue, ananas, pommes, cranberries, myrtille, goji.
Fruits oléagineux : en quantité limitée , amandes, noix (brésil, pécan, cajou…), noisettes, pistaches, arachides…
Légumineuses : en quantité limitée haricots (flageolet, azukis, bancs de Vendée, rouges), lentilles (vertes, corail), pois, fèves, pois cassés, pois chiche, soja.
Céréales sans gluten : millet, amarante, quinoa, riz, sarrasin, sorgho, teff, maïs (farine, semoule, flocons)
Graines : Graines de lin, de sésame, de tournesol, de pavot, de courge, pignons de pin.
Laits végétaux : lait d’amande, d’avoine, de châtaignes, de coco, de chanvre, de graines de tournesol ou de sésame, Lait d’épeautre, de kamut, de millet, de noisette, de noix, d’orge, de quinoa, de riz ou encore de soja.
Crèmes végétales : Avoine, Amande, Riz, Soja, noix de coco.
Algues : laitue de mer, kombu, haricot de mer, wakamé, dulse avec des crudités, nori sushis, spiruline.
Graines germées : de légumineuses, de céréales, alfalfa, radis, brocoli, poireaux, moutarde, courge, persil, cresson, roquette, chou chinois, navet.
Huiles oméga 3 : noix, chanvre, colza, lin, cameline, germe de blé.
Huiles oméga 6 : olive, tournesol, carthame, sésame.
Produits lacto fermentés : choucroute, miso, tamari, kombucha, kéfir de fruits.
Protéines concentrées végétales : seitan, tofu, tempeh, humus.
Viande blanche : veau, porc, lapin, volaille (poulet, poule, dinde, canard, pintade, pigeon), jambon blanc
Poissons maigres : cabillaud, colin, églefin, limande, merlan, sole, thon en boîte.
Poissons mi-gras: hareng, maquereau, truite. Poissons gras: sardine, saumon.
Crustacés : Huîtres, moules, Coquilles St Jacques, Calamars, Crevettes, Langoustine, Langouste, Homard.Œufs
Aliments à privilégier en poussée
A respecter le temps de la poussée : Cette liste est à adapter en fonction de votre pathologie et de vos tolérances alimentaires.
Fruit pelé et épépiné, bouillon, viande maigre, poisson, œuf poché, dur ou à la coque, fromage à pâte cuite, riz blanc, légume cuit.
Aliments à éviter en poussée
Noix, amande, noisette, caféine et théine, les crudités, la peau des fruits et légumes et les fruits secs, agrumes, levure, oeuf, légumes de la famille des crucifères, pommes de terre, chocolat, champignon, tomate, céréales avec gluten.
Aliments à supprimer en poussée
Alcool, épices, chou, oignon, légumes secs, lentilles, pois chiches, céréales complètes, lait entier, plats préparés, eau gazeuse, jus de fruit.
En cas de régime sans résidus, tous les fruits et légumes sont à supprimer le temps de la poussée.
A noter que le régime Seignalet peut éventuellement apporter une aide pour limiter les symptômes de maladies auto-immunes, dont la maladie de Crohn fait partie. Celui-ci exclue notamment tous les produits laitiers et les céréales.
Menus types
En cas de crise de poussées, régime sans fibres :
Petit déjeuner :
- 2 biscottes pauvre en fibres
- Gelée de fruits rouges
- Tisane
Déjeuner :
- Blanc de poulet
- Riz blanc
- Gruyère
- Pomme râpée
Dîner :
- Soupe de légumes
- Purée de pommes de terre
- Blanc de dinde
- Banane
ou
Petit déjeuner :
- Pain blanc
- Confiture de fruits rouges
- Tisane
Déjeuner :
- Filet de lieu noir
- Semoule
- Compote de pommes
Dîner :
- Bouillon de légumes
- Purée de carottes
- Jambon
- Comté
Questions fréquentes
L'alimentation peut-elle contrôler la maladie de Crohn ?
La maladie de Crohn est une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin. Ces symptômes peuvent être en partie limités par une alimentation ou un régime alimentaire adapté.
Quelle alimentation améliore les symptômes de la maladie ?
Lors de poussées d'intensité moyenne, il est conseillé de privilégier un régime sans fibres.
Lors de fortes poussées, il est préférable de suivre un régime sans résidus.
Lors de rémissions, le patient peut reprendre une alimentation normale sans restrictions.
Quels sont les aliments à éviter ?
Lors de fortes poussées, les aliments contenant des fibres (fruits et légumes) ne doivent pas être consommés.
- 1: Association François Aupetit (Crohn, RCH)🔗 https://www.afa.asso.fr/categorie/maladie-de-crohn.html
- 2: The Genetics of Crohn's Disease - Johan Van Limbergen,David C. Wilson, and Jack Satsangi🔗 https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev-genom-082908-150013
- 3: Les facteurs d'environnement dans la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique🔗 https://www.em-consulte.com/en/article/129935
- 4: Individualized Dynamics in the Gut Microbiota Precede Crohn's Disease Flares🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30741738
- 5: AFA : Manger en poussée🔗 https://www.afa.asso.fr/categorie/nutrition-1/manger-en-poussee.html