Quelle alimentation adopter en cas d’insuffisance veineuse?

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L'insuffisance veineuse est caractérisée par un réseau veineux, qui n'est pas suffisamment performant. L'hygiène de vie, et plus particulièrement l'alimentation, peut avoir un impact direct sur cette affection chronique. Comment soulager l’insuffisance veineuse par l'alimentation?

Présentation

Insuffisance veineuse ou jambes lourdes : cette affection peut être soulagée par l'alimentation.

L’insuffisance veineuse ou une sensation de jambes lourdes se caractérise par un réseau veineux insuffisamment performant. Les veines des membres inférieurs (réseau sanguin périphérique), ont du mal à renvoyer le sang vers le réseau sanguin profond (retour du sang au cœur).

Les symptômes le plus souvent observés sont1 :

  • une sensation de lourdeur dans les jambes ;
  • des crampes nocturnes ;
  • des œdèmes des membres inférieurs ;
  • la présence de veines bleues ou violacées sous la surface de la peau (appelées télangiectasies ou varicosités) ;
  • selon le stade d’avancement de l’insuffisance veineuse on trouve la présence de varices (dilatation d’une veine sous la peau devenue gonflée et tortueuse) ;
  • des dermites ;
  • des ulcères.

Les causes sont diverses : les fluctuations hormonales, le vieillissement, l’hérédité, la sédentarité, la station debout prolongée et le surpoids.

Cette pathologie veineuse est très fréquente avec 18 millions de personnes en France, et elle touche préférentiellement les femmes.

Impacts de l'alimentation sur la circulation veineuse

Une femme sur deux connaît les désagréments d’un mauvais retour veineux ou de jambes lourdes, tout particulièrement en période estivale quand le thermomètre s’affole…

Les chevilles gonflent, les jambes sont lourdes, le port des chaussures serrées devient inconfortable. Tous ces signes sont le reflet d’un mauvais fonctionnement du système veineux, qui assure mal le retour du sang des membres inférieurs au cœur2. En d’autres termes, les veines sont inefficaces pour remonter le sang des pieds vers la pompe cardiaque qu’est le cœur.

Ainsi, le sang s’accumule dans les membres inférieurs et les veines augmentent de volumes. En fonction du stade de gravité, les veines sont visibles à la surface de la peau, c’est ce que l’on appelle communément des varices, donnant un aspect incontestablement inesthétique.

Les traitements allopathiques qu’il est usage de prescrire sont des veinotoniques, qui ont pour rôle d’augmenter la tonicité du système veineux.

Il existe aussi des solutions naturelles, en phytothérapie, certaines plantes ont un effet veinotonique : l’Hamamélis, le Marron d’Inde, le Fragon, la Vigne rouge, l’Huile essentielle de Cyprès et de citron et le Ginkgo biloba.

Dans certains cas, quand la gêne esthétique est réelle et verbalisée par la patiente, et/ou que les douleurs sont insupportables, deux traitements plus invasifs sont proposés aux patients :

  • la sclérose des varicosités. Cet acte effectué en ambulatoire, au cabinet du médecin, n’est pas un acte unique, il nécessite plusieurs interventions et un suivi à long terme ;
  • ou l’acte chirurgical consistant à l’ablation de la veine saphène (la phlébectomie). Il s’agit d’enlever la veine variqueuse.

Les facteurs influençant l’insuffisance veineuse sont nombreux, notamment une alimentation déséquilibrée. Nous ne pouvons pas agir sur l’hérédité, nous avons une action moindre sur les fluctuations hormonales du fait du cycle féminin. En revanche nous pouvons avoir une action directe pour lutter contre la sédentarité, le surpoids et même sur le vieillissement.

En effet, avec le vieillissement les parois des veines perdent de leur élasticité, de leur souplesse, de leur résistance et leur vasomotricité. Ainsi, avec l’âge les parois de nos veines se rigidifient, rendant moins efficace l’écoulement du sang dans le système veineux.

Plusieurs études récentes montrent le rôle des radicaux libres dans l’altération des parois veineuses, avec une perte en collagène et un durcissement des parois.

Depuis quelques années, certains phlébologues prescrivent à leurs patients, en association avec le veinotonique, un traitement antioxydant à base de vitamine E et C, sélénium ou zinc), dans un but préventif afin de retarder les effets délétères du vieillissement sur les parois veineuses.

Consommation de certains nutriments et jambes lourdes

L’hygiène alimentaire a un impact direct sur le système veineux. Une alimentation riche en radicaux libres aura un effet préventif sur l'insuffisance veineuse et la détérioration des parois veineuses.

Une alimentation diversifiée, dont les nutriments seront particulièrement ciblés pour apports les radicaux libres recherchés, dont les quantités seront adaptées aux dépenses énergétiques, participera au maintien d’un poids de forme et à la prévention de la perte d’élasticité des parois veineuses.

Le but du traitement diététique sera de3 :

  • prévenir la perte d’élasticité, de souplesse, de résistance et de vasomotricité des parois du système veineux (tout particulièrement des membres inférieurs) ;
  • prévenir les fluctuations hormonales ;
  • maintenir un poids stable, et considéré comme un poids de forme.

Quant à l’hygiène de vie, cet aspect est indéniablement lié à la diétothérapie.

Il s’agira de pratiquer une activité physique régulière, de 30 minutes minimum par jour, ou de deux à trois heures d’activité physique par semaine (marche, jardinage, natation, course à pied…).

Quel régime alimentaire suivre?

Une alimentation préventive pour le système veineux, qui permettra de prévenir l'insuffisance veineuse, consistera en trois points principaux4 :

  • Augmenter sa consommation en anti-oxydants 
    • Caroténoïdes (chou frisé, carottes, épinards, tomate, patate douce) ;
    • Vitamine C (cassis, agrumes, fraises, ananas) ;
    • Vitamine E (huiles végétales, graines d’oléagineux) ;
    • Sélénium (viande, abats, jaune d’œuf, crustacés, fruits de mer, levure de bière, céréales) ;
    • Zinc (fruits de mer, viande, abats, fromages) ;
    • Polyphénols (fruits, légumes).
  • Prévenir les fluctuations hormonales
    • Enrichir son alimentation en calcium (produits laitiers)
    • Enrichir son alimentation en vitamine D (huile de foie de morue, poissons gras)
    • Supplémenter son alimentation en oestrogènes végétaux (de type isoflavones de soja, tofu).
  • Maintenir un poids de forme
    • Limiter la consommation de produits industriels ;
    • Diminuer la consommation de graisses saturées ;
    • Diminuer la consommation de sucres rapides ;
    • Retrouver une satiété ;
    • Adapter les portions alimentaires aux apports énergétiques ;
    • Associer des règles d’hygiène de vie telle que la pratique régulière d’une activité physique, la gestion du stress et l’optimisation d’un sommeil de qualité.

Facilité et mise en oeuvre

L’alimentation préventive, pour prévenir l'insuffisance veineuse, est facile à mettre en pratique. Les règles d’équilibre alimentaire standardisées sont reprises, telles que manger des fruits et des légumes à chaque repas, favoriser les graisses végétales…

Aucune contrainte spécifique dans le cadre de repas en société ou en famille.

Concernant la diétothérapie chez un sujet en surpoids, les consignes alimentaires seront personnalisées, avec des apports caloriques journaliers restreints. La restriction calorique sera toujours modérée, permettant une bonne compliance du patient, et surtout il est important d’éviter toute sensation de frustrations.

Une fois le poids de forme atteint, les apports caloriques sont revus à la hausse pour atteindre des apports normaux sur long terme. Ces consignes doivent être poursuivies au long court puisqu’elles s’inscrivent dans une alimentation préventive avant tout.

Les règles diététiques sont celles d’une alimentation classique de type régime méditerranéen (Appelé également régime Crétois), mais avec les spécificités des aliments à privilégier dans ce contexte préventif.

Les aliments en détail

A privilégier

Légumes (tous) et particulièrement ceux riches en vitamine C, bêta-carotène, anthocyanines, cryptoxanthines, lycopène, lutéine, lignanes, indoles : aubergine, carotte, crucifères (brocoli, choux fleur, chou frisé), citrouille, légumes à feuilles (épinard, roquette, cresson…), poivron, tomate.

Fruits (tous) et particulièrement ceux riches en flavonoïdes, bêta-carotène, anthocyanines, cryptoxanthines, vitamine C, lycopène : abricot, agrumes, baies, kiwi, mangue, melon, orange, pamplemousse rose, pomme, raisins.
Fruits oléagineux (tous) et particulièrement ceux riches en zinc, cuivre, manganèse, lignane et vitamine E : amandes, arachides, avocat, graines de sésame, noisettes, noix (brésil, pécan, cajou…), pistaches.

Viandes spécifiquement riches en zinc, cuivre, manganèse et sélénium : viandes maigres (veau, filet mignon de porc, lapin, volailles : poulet, dinde…).
Abats particulièrement riches en sélénium : abats de dinde ou de poulet, abats de lapin, foie de veau.

Crustacés spécifiquement riches en zinc, cuivre, manganèse et sélénium : huîtres, moules, coquilles St Jacques, calamars, crevettes, langoustine, langouste, homard.
Poissons gras (riches en vitamine E et vitamine D) : sardine, anguille, maquereau, anchois, hareng, saumon, thon, truite.
Œufs (riches en vitamine E et D, lutéine, zéaxanthine)

Céréales sans gluten (riches en lutéine) : maïs.
Patate douce (riche en cuivre et manganèse).

Légumineuses (riches en cuivre) : haricots (flageolet, azukis, bancs de Vendée, rouges), lentilles (vertes, corail), pois, fèves, pois cassés, pois chiche, soja.
Tofu (riche en oestrogènes végétaux) et tous les produits à base de Tofu.
Graines (riches en vitamine E, sélénium, lignanes) : Graines de lin, graines de pavot, graines de sésame, graines de tournesol, graines de courge, pignons de pin.

Produits laitiers riches en zinc, manganèse, calcium et vitamine D : tous les fromages, allant des plus maigres (chèvre frais par exemple), aux plus gras (le Maroilles par exemple), et dans une quantité inférieure mais tout de même intéressante : les laitages (telles que les yaourts, fromages blancs, petit-suisse).
Laits végétaux (riche en oestrogènes végétaux) : tous les produits laitiers à base de Soja (laits, yaourts, fromages frais, desserts lactés).

Huiles riche en vitamine E : huile de germe de blé, huile de tournesol, huile d’avocat, huile de noisette, huile de colza.
Huile riche en vitamine D : huile de foie de morue.

Algues (riches en phlorotannins) : laitue de mer, kombu, haricot de mer, wakamé, dulse avec des crudités, nori sushis, spiruline, fucus, hijiki, sargasse, laminaire sucrée, spaghetti de mer.
Aromates riches en polyphénols, flavonoïdes, bêta-carotène, vitamine C et composés soufrés : ail, oignon, origan, persil, piment, thym.
Boissons riches en catéchines et flavonoïdes : thé, thé vert, vin rouge (à consommer avec modération).

A limiter

Produits industriels : les plats cuisinés, les pâtisseries salées, les viennoiseries, les pâtisseries industrielles, les produits frits (cordon bleu, frites, poissons pânés…), le ketchup, les produits apéritifs (type chips).

Graisses saturées : le beurre (consommation tolérée au petit-déjeuner), la crème fraîche, le saindoux, les pains de friture (type Végétaline), les produits à base de noix de coco (crème de coco, lait de coco, huile de coco), toutes les charcuteries, les viandes grasses (agneau, canard, morceaux gras du porc), les fromages gras (Maroilles, tous les bleus, tous les fromages pâte cuite en général, les fromages à tartiner tels que St Moret, Kiri, Tartare…)

Sucres rapides : le sucre blanc, toutes les sucreries (barres chocolatées, bonbons, miel, confiture, sirop…), les sodas, les céréales sucrées du petit-déjeuner, les desserts lactés, les glaces, les biscuits, le chocolat, le ketchup…

Vin : deux verres de bon vin par jour maximum.

A supprimer

Aucun aliment n’est à supprimer, même dans le cadre des patients en surpoids. L’interdit crée de la frustration. Des pulsions alimentaires apparaissent avec un sentiment de culpabilité, rendant très difficile la compliance au régime hypocalorique.

Uniquement dans le cadre d’un surpoids et pour les personnes souffrant d'insuffisance veineuse, il conviendra de supprimer temporairement de l'alimentation :

  • Les produits laitiers au lait entier, les fromages gras (pâte cuite, pâte persillée)
  • Les charcuteries, les viandes grasses (mouton, échine de porc, canard) ;
  • Les produits sucrés (sucreries, barres chocolatées, sirop, sodas…) ;
  • Les matières grasses riches en graisses hydrogénées (crème fraîche, saindoux,
  • huile de coco, huile de palme, margarine) ;
  • Les produits transformés et industriels (plats préparés, pizza, quiche, biscuits apéritifs…) ;
  • Les boissons gazeuses salées (Badoit, Vichy Célestin, Saint Yorre, Quézac)

Petit-déjeuner     

Boisson chaude (thé de préférence) +/- 1 sucre roux

Pain riche en graines (complet ou aux céréales, pain de son ou pain de seigle)

Beurre tendre (tartiné légèrement et consommé uniquement au petit-déjeuner)

1 laitage type Yaourt ou Fromage blanc ou Petit suisse 3% MG +/- 1 sucre roux

1 Fruit cru de type agrume de préférence

Déjeuner                

Entrée : Crudités (tomates, légumes à feuille, carottes) + vinaigrette (maison)

Plat principal : viande blanche ou crustacés ou poisson gras

                         ½ Légumineuses + ½ Légumes (+ Huile végétale pour cuisiner)

1 laitage type Yaourt ou Fromage blanc ou Petit suisse 3% MG +/- 1 sucre roux

Dessert : 1 Fruit frais cru (mangue, orange, pamplemousse rose, pomme ou raisins de préférence)

Collation (facultative)                         

Oléagineux (graines de tournesol, noix, lin, sésame, amandes, noisettes…)

1 Fruit frais cru (éviter les agrumes à cette heure de la journée, mangue, pomme ou raisins de préférence)

Dîner                      

Entrée : Soupe de légumes maison (à base de patate douce, crucifère, carottes, légumes à feuilles, citrouille…)

Plat principal : viande blanche ou œuf ou crustacés ou poisson gras (1/2 portion)

                         ½ Féculents + ½ Légumes (+ Huile végétale pour cuisiner)

1 portion de fromage maigre ou gras (fromage de chèvre frais par exemple)

Dessert : 1 Fruit frais cru (mangue, pomme ou raisins de préférence, afin d’éviter un apport en vitamine C trop important avant le coucher)


  • 1Inserm, Dossier Thrombose veineuse (Phlébite), 2019🔗 https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/thrombose-veineuse-phlebite
  • 2Naskalski J.W. and al. Oxydative modifications of protein structures. (Adv. Clin. Chem. 2000, 35, 161-253)
  • 3Blanchemaison Ph. Dépistage précoce de l’insuffisance veineuse chronique des membres inférieurs. Act Vasc Int 1998, 62, 13-18
  • 4Naskalski J.W. and al. Oxydative modifications of protein structures. (Adv. Clin. Chem. 2000, 35 , 161-253)
  • 5La diététique, une affaire de Cœur Edition 2008 (La maison Bourguignonne du Cœur 21000 Dijon)
Geraldine Fargeau

Nutritionniste et diététicienne à Bordeaux.