Artémisinine: posologie et effets secondaires

Présentation

Celle-ci est extraite des feuilles de l’armoise annuelle (Artemisia Annua). Toutefois et pour éviter les variations liées à la culture de l’armoise, l’industrie pharmaceutique produit désormais de l’artémisinine de synthèse. Au-delà de la visée antipaludique, l’artémisinine et ses dérivés synthétiques offrent des promesses thérapeutiques dans de nombreux autres domaines.

Propriétés et bienfaits

Traitement antipaludique

Le paludisme, ou malaria, est une maladie parasitaire transmise par un moustique. Elle se manifeste par des symptômes très variés, souvent de type grippaux. En 2015, le monde entier comptait 212 millions de malades, et 429 000 décès¹‌. Le traitement de la malaria est donc un enjeu majeur et mondial de santé publique. 

Plasmodium Falciparum est le parasite qui est à l’origine de la plupart des cas mortels de la maladie. L’artémisinine agit directement sur ce parasite. En effet, elle empêche ce dernier de détruire les globules rouges dans le sang. En bloquant ce mécanisme, elle empêche aussi le cycle reproductif du parasite de se poursuivre²‌. Une action complète et précieuse depuis de longues années dans la lutte contre la malaria, dans toutes les régions concernées à travers le monde.

Les microorganismes peuvent développer une résistance face aux traitements³‌. C’est le cas des parasites responsables de la malaria, qui se sont accoutumés à l’artémisinine. C’est pourquoi les chercheurs tâchent de varier les combinaisons thérapeutiques. 

Action antimicrobienne

Du côté des autres parasites, l’artémisinine semble aussi exercer une activité antioxydante assez puissante pour entraver leur cycle. C’est notamment le cas pour les parasites responsables de la schistosomiase (ou bilharziose)⁴‌. On observe aussi des résultats prometteurs contre la leishmaniose, une autre parasitose répandue dans les populations les plus précaires dans le monde.⁵‌ Enfin, elle serait efficace contre le parasite responsable de la toxoplasmose.⁶‌

L’artémisine est active aussi contre des bactéries communes. Les streptocoques, les salmonelles, les staphylocoques, Escherichia Coli…⁷‌ Tous ces microorganismes sont responsables d’infections communes et parfois sévères. 

L’artémisinine et ses dérivés se montrent prometteurs également contre les virus de l’herpès, de l’hépatite B… Globalement, son action antivirale concerne les virus qui se répliquent dans l’ADN. En opposition avec les virus qui utilisent l’ARN comme intermédiaire pour se répliquer, comme la grippe ou l’hépatite C⁸‌.

Les propriétés anticancer de l'artémisinine

Élimination des cellules cancéreuses

Le potentiel anti-cancer de l’artémisinine a plusieurs niveaux. En effet, elle stoppe le cycle cellulaire, entraînant la mort des cellules malignes. Elle agit aussi au niveau des caspases, ces enzymes qui activent le suicide cellulaire⁹‌. Enfin, son pont peroxyde est capable de produire suffisamment de radicaux libres, pour provoquer la ferroptose¹⁰‌. Il s’agit d’une forme de mort cellulaire dans laquelle un stress oxydatif massif permet de désagréger les membranes cellulaires. Cela entraîne la mort des cellules tumorales.  

Des scientifiques ont mené des études in vitro, montrant des résultats prometteurs pour les dérivés de l’artémisinine. Les lignées cellulaires suivantes sont concernées : sein, prostate, ovaire, côlon, rein, système nerveux central, vessie, lymphome à grandes cellules B. Une étude menée sur un petit nombre de chiens a montré d’une part l’efficacité des dérives de l’artémisinine sur leurs tumeurs, mais aussi quelques effets secondaires¹¹‌. 

Du côté des essais cliniques, des scientifiques ont documenté quelques cas. Notamment un patient atteint d’un cancer du larynx, traité pendant 15 jours avec 60 milligrammes d’artésunate, en intraveineuse. Il s'agit d'un dérivé courant de l'artémisinine. Puis, 50 milligrammes par jour, par voie orale durant 9 mois.

La taille de la tumeur a réduit de 70%, tandis que les symptômes du patient ont diminué. Une étude clinique a aussi été conduite sur 121 patients atteints d’un cancer du poumon. Dans cette étude, les patients traités de façon “classique” avec l’artésunate en plus ont vu leur maladie mieux contrôlée qu’avec le traitement classique seul.

10 femmes souffrant d’un cancer du col du l’utérus ont été traitées avec de la dihydroartémisinine. Trois semaines de traitement ont apporté une amélioration nette des symptômes. 

Angiogénèse et métastases

En outre, l’artémisinine inhiberait les voies cellulaires responsables de l’angiogénèse¹²‌. Il s’agit de la formation de vaisseaux sanguins qui alimentent les tumeurs. 

Enfin, l’artémisinine et ses dérivés se montrent prometteurs aussi dans le cas des métastases. En effet, la migration des cellules de cancer du poumon s’est vue réduite dans une étude menée sur des souris¹³‌.

Rôle anti-inflammatoire et immunorégulateur

Régulation la réaction inflammatoire

Sur des souris l’artémisinine a montré une capacité à réduire l’expression des facteurs inflammatoires. Réduisant ainsi fortement les douleurs liées à la polyarthrite rhumatoïde.

Du côté de l’arthrose et toujours sur des souris, c’est l’artésunate qui se montre apte à limiter le risque d’apparition de la maladie. Il diminue aussi les symptômes lorsqu'elle est déjà déclarée.

Sur des rats arthritiques, l’artésunate améliore les fonctions physiques (monter les escaliers par exemple) et réduit les douleurs. Les résultats sont prometteurs in vitro sur des cellules humaines, également. 

Ils seraient également efficaces pour réguler la réaction inflammatoire excessive que l’on observe dans le cas des allergies¹⁴‌. 

Enfin, l’effet anti-inflammatoire de l’artémisinine s’exerce aussi sur les pancréatites¹⁵‌.

Les maladies auto-immunes

Le lupus est une maladie auto-immune. Sur des modèles de souris, on a montré que des dérivés d’artémisinine réduisaient l’expression de facteurs inflammatoires. Par conséquent, cela a réduit la production d’anticorps pathogènes, responsables des symptômes du lupus. Cela régule aussi l’activité des lymphocytes dans la maladie. 

La sclérose en plaques est elle aussi une maladie auto-immune. Les modèles habituels de souris ont été utilisés pour comprendre le rôle des dérivés de l’artémisinine. Ceux-ci agissent essentiellement sur les voies de signalisation immunitaires et inflammatoires, notamment celle des lymphocytes T. Dans le cas de la sclérose en plaque, ceux-ci attaquent les cellules nerveuses, à tort. Les dérivés d’artémisinine régulent cette réaction. 

Attention, ces résultats ont tous été observés sur des modèles animaux. Des études cliniques doivent être réalisés pour confirmer les effets présumés sur l’homme. 

Effet neuroprotecteur

Des chercheurs ont mis en évidence l’effet de l’artémisinine sur les cellules nerveuses, dans le cadre des maladies neurodégénératives. En effet, elle diminuerait l’oxydation, l’inflammation et l'agrégation des plaques amyloïdes, constatées dans la maladie d’alzheimer¹⁶‌. Les fonctions cognitives mises à mal par cette pathologie, comme la mémoire, sont aussi améliorées après traitement de souris à l’artémisinine¹⁷‌. 

Dans le cas des neurodégénérescences de la rétine, à faible dose, elle montre une capacité à régénérer les neurones¹⁸‌. 

Les différentes formes

L’artémisinine et ses dérivés sont des traitements médicamenteux, uniquement disponibles sur ordonnance. 

L’artémisinine seule est interdite à la vente libre en France. Vous pouvez toutefois trouver des compléments alimentaires à base d’armoise annuelle. Les feuilles d’armoise sont aussi à consommer sous forme de tisane.

Attention, l’organisation mondiale de la santé met en garde contre un usage mal maîtrisé et excessif. Il pourrait favoriser la résistance des parasites à l’artémisinine. Si vous avez besoin d’un traitement, il est nécessaire de consulter un professionnel de santé. 

Dosage et posologie

Il n’existe pas de recommandation officielle quant au dosage quotidien recommandé. 

Précautions d’emploi, effets indésirables et interactions médicamenteuses

En l’absence de recommandations officielles, il convient d’appliquer le principe de précautions pour les femmes enceintes ou allaitantes. De même pour les jeunes enfants.

Son utilisation semble plutôt sûre chez l’homme et n’a pas donné lieu à des effets secondaires majeurs, dans les doses de traitement habituelles¹⁹‌.

L’artémisinine présente des bienfaits indiscutables. Son rôle contre le paludisme et ses résultats prometteurs contre le cancer en font une actrice primordiale de la santé publique. Des essais cliniques doivent être menés plus avant pour asseoir une utilisation thérapeutique plus précise, notamment dans le cas des cancers. Un composé hors du commun, encore sujet à débat !  

Questions fréquentes