Présentation
L’asparagine est un acide aminé non essentiel de l’organisme. Découverte au cours du 19e siècle, il semble avoir des rôles essentiels dans l’organisme notamment sur la constitution cérébrale. Fabriqué par l’organisme, il se retrouve dans l’intégralité du corps. Découverte.
Histoire
Son origine demeure très mystérieuse. En effet, cet acide aminé fut le premier identifié par l’homme. C’est en 1806 précisément qu'il fut pour la première fois isolé. Le chimiste français Louis Nicolas Vauquelin l’isola pour la première fois dans du jus d’asperges. C’est d’ailleurs de cette plante potagère qu'il tire son nom.
Cette dénomination lui fut attribuée en 1828 bien que Pierre-Jean Robiquet l’eut également identifiée dans de la réglisse. Aujourd’hui, il est bien connu des scientifiques et commence à faire l’objet d’investigations sur ses rôles et bienfaits biochimiques.
Rôles au sein de l'organisme
Découverte au cours du 19e siècle, l’asparagine est encore relativement neuve dans sa connaissance. Cependant, les scientifiques sont déjà parvenus à isoler certains rôles.
Les rôles déjà mis à jour peuvent se résumer comme suit :
- développement et fonctionnement cérébral (notamment par la stimulation de la fabrication de la myéline1) ;
- constitution des tissus musculaires ;
- équilibre du système nerveux ;
- métabolisation de l’ammoniaque (notamment en l’évacuant par les voies urinaires comme un diurétique2).
Fonctionnement dans l’organisme
Acide aminé non essentiel de l’organisme, il est alors produit de manière endogène à partir d’autres substances déjà présentes dans l’organisme. La substance qui permet de le produire, appelée alors son précurseur, est l’oxaloacétate. Suite à diverses réactions biochimiques, l’oxaloacétate est transformée en aspartate puis en asparagine (entre autres).
Lorsqu’il a été synthétisé par l’organisme, il se distribue dans diverses parties de corps :
- les tissus des muscles, de la peau et des muqueuses ;
- la prostate ;
- les fluides comme la salive, le sang, la sueur, l’urine ou encore le liquide céphalo-rachidien ;
- les cellules notamment le cytoplasme, les membranes et les mitochondries.
Cuisson
Comme acide aminé, l’asparagine subit la réaction de Maillard lorsqu’elle est exposée à une haute température. Cette réaction chimique se produit notamment au moment de la cuisson et porte parfois le nom de phénomène de glycation.
La réaction de Maillard est visible à l’œil nu, puisque c’est elle qui est responsable du brunissement des aliments. Cette réaction conduit également à la formation de composés organiques toxiques. Il s’agit notamment de l’acrylamide, mais aussi du furane et de nombreuses molécules glycotoxiques, à la fois cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques3.
L’acide aminé n’est toutefois concerné par la réaction de Maillard que lorsque la cuisson atteint ou dépasse la barre des 120° Celsius.
Bienfaits
Très souvent utilisée au Japon comme complément alimentaire, elle semble avoir deux types de bienfaits définis. Il s’agit d’une part de renforcer la résistance à la fatigue physique et d’autre part d’améliorer la sensibilité à l’insuline de l’organisme. Décryptage.
Résistance à la fatigue
Elle est souvent recommandée aux sportifs pour mieux résister à la fatigue physique. A priori, l’acide aminé peut augmenter l’endurance grâce à son intervention dans la production d’énergie.
Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont étudié sa capacité à augmenter la résistance physique chez les rats. Une étude comparative avec un placebo4, menée sur 32 rats de laboratoire, a pu déterminer que le groupe consommant de l’asparagine était plus endurant à l’effort physique. Selon l’étude, les rats qui en ont consommé ont présenté un taux d’acide lactique significativement inférieur aux rats ayant consommé de l’eau.
C’est sur cette base que les scientifiques ont conclu qu’elle augmente la production d’énergie et retarde l’apparition de l’épuisement du glycogène dans le foie.
Régulation du glucose
Le diabète, et singulièrement le diabète de type-2, est de plus en plus présent dans la société. Certains le comparent même à une forme d’épidémie. Cette forme de diabète résulte de la résistance progressive de l’organisme à l’insuline. Dans cette situation, l’asparagine est de plus en plus souvent présentée comme une alliée pour améliorer la sensibilité à l’insuline.
Dans un essai clinique mené sur des rats, des scientifiques ont observé qu’une supplémentation permettait une meilleure absorption et un meilleur stockage du glucose au niveau des muscles. Il en résultait un taux glycémique sanguin moins élevé.
Les chercheurs ont alors émis la conclusion que l’ajout de l’acide aminé dans l’alimentation pouvait modifier la réactivité de l’organisme et sa sensibilité à l’insuline. Cette meilleure sensibilité à l’insuline permettait de stocker correctement le glucose, évitant ainsi une élévation anormale de son taux dans le sang5.
Danger
L’asparagine est un acide aminé non essentiel. C’est-à-dire que le corps fabrique, de manière endogène, la quantité dont il a besoin. Les carences sont donc très rares, pour ne pas dire inexistantes. Cependant, les surdosages, quant à eux, existent. Ils peuvent alors provoquer des effets néfastes sur certaines maladies. Panorama.
Prolifération cancéreuse
Bien qu’elle soit indispensable au bon fonctionnement du corps, il semble qu'elle soit également un facteur favorisant la prolifération cancéreuse. En effet, une étude parue dans la revue « nature »6 démontre qu'elle a une influence sur la progression du cancer mammaire chez la souris.
L’hypothèse sur laquelle se sont basés les scientifiques est que certaines cellules cancéreuses sont dépendantes de l’asparagine pour proliférer. Des souris, atteintes d’une forme sévère de cancer mammaire, ont donc suivi un régime pauvre dans l'acide aminé ou ont reçu un traitement visant à en empêcher la synthèse. Il en résulte que le cancer de ces souris a cessé d’évoluer. Sa privation, puisqu’elle n’est pas essentielle en apport exogène, constitue donc une nouvelle piste thérapeutique dans le traitement du cancer, et singulièrement du cancer mammaire de triple négatif.
Cependant, si cette étude permet de déduire un lien de cause à effet entre la privation d’asparagine et le ralentissement, voire l’arrêt, de la prolifération cancéreuse ; il n’est en aucun cas question d’en déduire que la consommation de cet acide aminé peut favoriser la survenue du cancer du sein.
Aggravation de la malaria
La malaria, aussi appelée paludisme, est une maladie générée par le Plasmodium. Tous les ans, cette infection touche plusieurs centaines de millions de personnes et provoque le décès d’environ 500 000 d’entre elles. Elle est transmise par la piqûre d’un moustique de type anophèle.
Les scientifiques ont démontré que le Plasmodium, le parasite responsable du paludisme, est particulièrement riche en asparagine. La survie du parasite à l’intérieur de l’organisme humain, mais aussi sa multiplication serait alors dépendante de l’acide aminé. Une étude menée sur des souris a d’ailleurs démontré qu’en bloquant sa synthèse, le cycle de vie du Plasmodium est ralenti et il ne peut pas atteindre le foie, son organe de prédilection lorsqu’il s’introduit à l’intérieur de l’organisme.
Suite à cette étude, les scientifiques ont conclu que sa quantité et la progression du Plasmodium dans l’organisme sont intrinsèquement liées. Ils estiment dès lors que limiter sa synthèse dans l’organisme pourrait aider à traiter la malaria, à l’heure où la maladie est de plus en plus résistante aux médicaments communément indiqués7.
Posologie
L’asparagine est un acide aminé non essentiel pour l’organisme. Par conséquent, il n’existe à ce jour aucun apport journalier indispensable recommandé. Par ailleurs, il est très peu étudié en tant que complément alimentaire. Il est donc difficile d’établir une posologie universelle.
Cependant, les fabricants tendent à recommander un dosage de 1500 mg par jour. Il faut toutefois toujours se référer aux indications du produit ou à un avis d’un professionnel de la santé.
Formes galéniques de l’acide aminé
Sous forme de complément alimentaire, elle se présente généralement sous la forme de poudre ou de capsules (gélules) à avaler. Afin d’être parfaitement assimilée par l’organisme, elle doit se présenter sous la forme de L-asparagine. Dans de nombreux cas, elle est combinée à d’autres acides aminés.
Précaution d’emploi
Comme tous les compléments alimentaires, et même s’il s’agit d’une substance naturelle, elle est soumise à certaines précautions d’emploi. Ce complément est notamment déconseillé chez les enfants de moins de 12 ans et chez les femmes enceintes ou allaitantes sans un avis médical.
Contre-indications
En tout état de cause, et en raison de ses actions sur l’organisme, elle ne peut être utilisée par les personnes diabétiques (avec ou sans traitement à l’insuline), les personnes atteintes par le paludisme et les personnes souffrant ou ayant souffert récemment d’un cancer.
Effets secondaires
L’asparagine n’a, à ce jour, causé aucun effet secondaire important.
Interaction
À ce jour, elle ne possède pas d’interaction avec des médicaments ou des plantes. Un avis médical est néanmoins requis avant toute consommation, à plus forte raison en association avec les médicaments antipaludiques ou destinés à réguler la glycémie.
Asparagine : sources dans les aliments
Il s'agit d'un composé nutritionnel commun. Par conséquent, la plupart des aliments en contiennent une dose variable. Contrairement aux idées reçues, et malgré son nom, l’acide aminé n’est pas forcément très présent dans l’asperge.
Les aliments les plus richement pourvus sont :
Aliment | Poids | Asparagine (mg) |
Pomme de terre | 1 kg | 940 |
Viandes et fruits de mer | 1 kg | 400 |
Amandes | 1 kg | 340 |
Céréales (blé et seigle) | 1 kg | 173 |
Chicorée et café soluble | 1 kg | 120 |
Asperge | 1 kg | 26 |
Questions fréquentes
Qu'est-ce que l'asparagine ?
Acide aminé non essentiel, il participe notamment au bon fonctionnement cérébral.
Pourquoi en prendre ?
- Meilleure résistance à la fatigue physique
- Amélioration de la sensibilité à l'insuline
Quelles sont les mises en garde ?
Son utilisation est déconseillée chez les enfants, les femmes enceintes, les personnes atteintes de paludisme, de diabète et de cancer.
- 1: Newburg DS, FIllios LC ; Dev. Neuroscience 1982 - 5, p : 332 - 344.
- 2: Ruzzo EK and al. “Deficiency of asparagine synthetase causes congenital microcephaly and a progressive form of encephalopathy” Neuron. 80 (2) : 429 - 41.
- 3: Lewis, R.J. Sr. “Sax’s dangerous properties of industrial materials. 11th edition. Wiley-Interscience, Wiley & Sons, Inc. Hoboken, NJ. 2004, p 310.
- 4: Marquezi ML and al. “Effect of aspartate and asparagine supplementation on fatigue determinants in intense exercise” . Int J. Sport Nutr Exerc Metab 2003 March, 13 (1) : 65-75.
- 5: Lancha AH Jr. and al. “The effect of 5 days of aspartate and asparagine supplementation on glucose transport activity in rat muscle”. Cell Biochem Funct. 2009.
- 6: Abigail S. Krall, Shili Xu, Thomas G. Graeber, Daniel Braas & Heather R. Christofk “Asparagine promotes cancer cell prolifération through use as an amino acid exchange factor”, 2016.🔗 https://www.nature.com/articles/ncomms11457
- 7: Viswanathan A and al. “Asparagine requirement in Plasmodium berghei as a target to prevent malaria transmission and liver infections” Nat commun. 2015 ; 6 : 8775.