Présentation
La lithiase urinaire est l’expression médicale utilisée pour désigner les calculs urinaires, c’est-à-dire la présence dans l’appareil urinaire qui comprend les reins, la vessie, l’uretère, de petites pierres formées par l’agglomération anormale de matières. Ces dernières sont présentes naturellement dans l’organisme ou produites par des bactéries. L'alimentation joue définitivement un rôle dans la prévention et la rémission de cette maladie. 12345
Les différents types
Il existe deux types, qui représentent 70 à 80% des lithiases urinaires : les calculs d'oxalate ou de calcium.
Oxalate
Ils contiennent de l'oxalate en abondance. Ce dernier est un cristal composé de calcium et d’ailleurs à l’origine de la lithiase rénale. Il est question d’oxalate dans 30 à 60% des cas. Les personnes présentant ce type de calcul urinaire doivent avoir une alimentation pauvre en oxalate. Les aliments qui en contiennent le plus sont le chocolat, les asperges, le cresson, la rhubarbe, le thé, le café, la betterave rouge, l’oseille et le persil.
Calcium
Les calculs riches en calcium sont la conséquence d’un apport excessif en calcium, probablement dû à une consommation de produits laitiers importante. Pour un adulte bien portant, les recommandations en matière de calcium s’élèvent à 900 mg par jour.
Ils peuvent être également la résultante d’un excès de protéines et notamment d’origine animale. L’excès de sel peut constituer aussi un élément favorisant l’élimination du calcium dans le sang. Ils peuvent être dus à une perte du calcium osseux. Cette perte doit être repérée et prise en charge, afin de prévenir le développement d’une éventuelle ostéoporose. Dans ce sens, les lithiases calciques vont permettre de prévenir le développement ultérieur d’une pathologie osseuse.
Les protéines dans tout ça ?
Les apports en protéines, selon les recommandations de l’ANSES, sont de 0,8 à 1 g/kg/jour, en limitant les viandes à 150 grammes par jour, tout en limitant la consommation de sel. Le sel doit se limiter à la cuisson et ne pas être à disposition à table. La consommation de produits transformés généralement riches en sel n’est pas conseillée de façon quotidienne.
Régime alimentaire et calcul urinaire: les objectifs
Objectif principal
Les objectifs de prise en charge nutritionnelle sont équivalents pour les deux types de calculs. L’objectif principal reste l’obtention d’une diurèse abondante, afin de diluer convenablement les urines.
Objectifs secondaires
Avoir une bonne hydratation
En cas de calcul urinaire, en plus d'une alimentation adaptée, une bonne hydratation est aussi primordiale. Ainsi, il est conseillé de boire 2 litres d'eau par jour. Si vous pratiquez une activité physique ou si vous avez de la fièvre, il est recommandé de s'hydrater davantage.
La consommation régulière de jus d’agrumes (orange, pamplemousse, citron …) semble réduire le risque de cristallisation. Ces aliments sont d'autant plus, de bons pourvoyeurs de vitamine C, antioxydant de taille. Attention, la supplémentation en acide ascorbique, via un complément alimentaire, n'est pas recommandée. En effet, la vitamine C se transforme en oxalate dans l'organisme. L'apport maximal en vitamine C s'élève à 500 mg par jour, soit largement comblé par l'alimentation. 6
Connaitre ses besoins nutritionnels
L’évaluation des besoins nutritionnels de chacun et des apports énergétiques totaux permet la cohérence des apports et permet d'éviter les excès ou les carences. L’alimentation des personnes souffrant de calcul urinaire ne diffère pas d’un individu lambda. La ration quotidienne doit être normolipidique et normoglucidique. Autrement dit, l’enrichissement par les graisses et les glucides n’est pas nécessaire.
Avoir un apport en fibres suffisant
En cas de calcul urinaire, l'alimentation doit être riche en fibres. Les fibres contribuent à diminuer la calciurie ; le taux de calcium dans le sang. Il réduit par conséquent le risque de lithiase urinaire. Les apports recommandés par l’ANSES se situent entre 25 à 30 g de fibres par jour, dont 15 g de fibres insolubles.
La lithiase urique
Son taux de prévalence est de 10 à 15%. Les calculs d'acide urique sont souvent associés au syndrome métabolique ou au diabète. Ils sont favorisés par une consommation excessive de protéines, un régime alimentaire riche en purines et une surconsommation de boissons sucrées. Ils ont tendance à augmenter le taux d’acide urique dans l’organisme, en raison de leurs composés chimiques.
Les mesures diététiques consisteront à revenir à une consommation mesurée de ces aliments. Les conseils sont :
- Comme pour les calculs calciques, une hydratation suffisante tout au long de la journée est indispensable. Le but est de favoriser la diurèse, afin qu’elle soit abondante.
- La consommation de bicarbonate permet de compenser les taux élevés d’acide urique dans l’organisme. Le bicarbonate a un effet alcalinisant sur l’organisme. En ce sens, les eaux minérales riches en bicarbonate, comme Vichy Célestins ou Vichy Saint-Yorre, sont recommandées. Dans un contexte de maladies cardiaques ou rénales aggravées, les eaux précédemment citées ne sont pas conseillées.
- L’alcool constitue un élément favorisant l’augmentation des taux d’acide urique dans l’organisme. Eviter sa consommation, semble par conséquent, limiter la survenue de calculs d’acide urique.
- La consommation régulière d’agrumes semble être bénéfique.
La cystinurie
La cystinurie concerne 1% des cas. Elle est due à une anomalie du transport des acides aminés, unités constituant les protéines. Cette anomalie entraine une élimination de cystine dans les urines. La cystine n’étant pas soluble dans l’eau, elle cristallise et forme petites pierres.
Pour ce type de calcul urinaire, outre l'alimentation, l'hydratation doit être surveillée :
- Il est tout d'abord recommandé de s'hydrater davantage. Il est recommandé de boire 3 à 3,5 litres d’eau par jour. Le but étant de diminuer la concentration de cystine dans les urines.
- Les eaux minérales sont à éviter. Il est conseillé de favoriser des eaux faiblement minéralisées : Evian, Volvic, Mont Roucous ou Thonon.
- Les boissons sucrées acidifient l’organisme. Elles sont donc à limiter le plus possible.
Le processus ? La cystine se dissout lorsque le pH des urines se situe entre 7 et 8, soit lorsqu'il est neutre. L’objectif est donc d’alcaliniser les urines, en consommant des eaux riches en bicarbonate (Vichy Saint-Yorre, Hépar…).
Diminuer la méthionine
Pour les personnes souffrant de calcul urinaire, l'alimentation doit être pauvre en méthionine. Acide aminé essentiel, la méthionine est le précurseur de la cystine. Il est présent dans les aliments suivants : le parmesan, le gruyère ou dans les fromages affinés.
Il est aussi présent dans les œufs, la viande de cheval, le foie, dans la morue séchée, le caviar et les écrevisses. En ce sens, il est conseillé de limiter la consommation de viande à 150 g/jour.
Zoom sur les apports en sel
La limitation de la consommation de sel permet également de limiter la survenue de ces pathologies. L’assaisonnement de façon modérée est possible, tout comme le salage des eaux de cuisson. Cependant, l'ajout de sel dans les plats est déconseillé. La consommation accrue d’aliments naturellement salés comme les charcuteries, le fromage ou certaines conserves n'est pas recommandée.
- Selon le PNNS, la consommation de charcuterie ne doit pas dépasser 150 grammes par semaine.
- Pour les fromages, il est recommandé d'en consommer 30 à 40 g par jour.
- Les boîtes de conserve, contenant des légumes, sont riches en sel. L'astuce est de vider cette eau et de rincer abondamment les légumes, avant de les cuisiner ou de les consommer.
L'importance du calcium
En cas de calcul urinaire, l'apport en calcium au sein de l'alimentation doit être surveillé.
Les apports calciques ne doivent pas être inférieurs à 600 mg par jour. En effet, les carences peuvent favoriser la formation de lithiase. Le calcium des produits laitiers est de meilleure qualité et a pour avantage d’être bien absorbé par l’organisme. Cela dit, les produits allégés dépourvus en vitamine D ne sont pas conseillés. Choisir des produits laitiers à base de lait demi-écrémé semble être un bon compromis. Voici quelques équivalences pour 300 mg de calcium :
- 2 yaourts de 125 ml non allégés ;
- 30 g de gruyère ou 80 g de camembert ;
- 250 ml de lait demi-écrémé ou 200 g de fromage blanc non allégé.
Les eaux minérales, Contrex, Hépar ou Courmayeur, contiennent jusque 500 mg de calcium par litre et peuvent constituer un bon complément d’apport en calcium.
Le saviez-vous ?
L’association d’aliments contenant de l’acide oxalique avec des aliments contenant du calcium diminue l’absorption de l’acide oxalique et par la même occasion celle du calcium. Pour éviter les carences calciques, il est donc recommandé de consommer du lait ou des produits laitiers le matin, où les associations entre ces deux composants seront moindres.
Les aliments en détail
Aliments autorisés
Tubercules : pommes de terre, patate douce
Légumes : surgelés, au naturel ou en compote. Artichauts, aubergines, avocats, carottes, céleri branche ou rave, choux (chou-fleur, choux de Bruxelles, Romanesco, brocolis, choux vert, blanc, rouge), citrouille, concombres, courgettes, endives, épinards, fenouil, haricots verts, plats d’Espagne, beurre, navets, oignons, poireaux, poivrons, radis, salsifis, tomates, petits pois, salades
Aromates : aneth, basilic, cerfeuil, ciboulette, coriandre, estragon, menthe, origan, persil, romarin, sauge, thym
Champignons : cèpes, shiitakes, girolles, mousserons…
Fruits : abricots, ananas, banane, cassis, cerises, citrons, dattes, figues, fraise, framboises, grenades, groseilles, kaki, kiwi, mangue, melon, myrtilles, pamplemousse, pastèque, pêche pomme, raisins, tomate
Fruits secs : dattes, abricots, pruneaux, figues, raisins, bananes, mangue, ananas, pommes, cranberries, myrtille, goji
Oléagineux : amandes, noix (brésil, pécan, cajou…), noisettes, pistaches, arachides…
Légumineuses : haricots (flageolet, azukis, blancs de Vendée, rouges), lentilles (vertes, corail), pois, fèves, pois cassés, pois chiche
Céréales avec gluten (complètes) : blé, seigle, orge, avoine, triticale, épeautre, kamut, farines infantiles sans trace de lait, céréales Picot (en pharmacie)
Céréales sans gluten : millet, amarante, quinoa, riz, sarrasin, sorgho, teff, maïs, tapioca (farine, semoule, flocons)
Graines : graines de lin, de sésame, de tournesol, de pavot, de courge, pignons de pin
Boissons végétales : lait de soja, d’amande, d’avoine, de châtaignes, de coco, lait de chanvre, de graines de tournesol ou de sésame, lait d’épeautre, de kamut, de millet, de noisette, de noix, d’orge, de quinoa et de riz
Produits laitiers : lait 1/2 écrémé, yaourt, faisselles, fromage blanc, fromage frais, lait de vache, de chèvre, de brebis et de jument, petits suisses
Crèmes végétales : soja, avoine, amande, riz, noix de coco
Algues : laitue de mer, kombu, haricot de mer, wakamé, dulse avec des crudités, nori, spiruline
Condiments : gomasio, vinaigre de cidre, levure de bière, épices, moutarde, cornichons, câpres
Graines germées : de légumineuses, de céréales, alfalfa, radis, brocoli, poireaux, moutarde, courge, persil, cresson, roquette, chou chinois, navet
Matières grasses : huiles de noix, de chanvre, de colza, de lin, de cameline, de germe de blé, d'olive, de tournesol, de carthame et de sésame
Protéines concentrées végétales : seitan, tofu, tempeh, humus
Viandes blanches : veau, porc, lapin, volaille (poulet, poule, dinde, canard, pintade, pigeon), jambon blanc
Poissons maigres : cabillaud, colin, églefin, limande, merlan, sole, thon en boîte
Poissons gras : hareng, maquereau, truite, sardine, saumon
Crustacés : huîtres, moules, coquilles Saint-Jacques, calamars, crevettes, langoustine, langouste, homard
À limiter
Condiment : sel
Viande rouge : bœuf, cheval, agneau (2x/semaine maximum) Abats : foie Produit laitier : fromage Produit sucré : chocolat Légumes : asperges, cresson, de la betterave rouge, épinards, blette, brocoli, oseille, persil
Fruit : rhubarbe Boisson : thé, café Œufs Produits de la mer : écrevisses, caviar, morue séchée
À éviter
Produits transformés et industriels : plats préparés, conserves, pain de mie, desserts, pizzas, mayonnaise et ketchup…
Sucre : chocolat noir à croquer ou à cuire, poudre de cacao, boudoirs Picot, sucre blanc, roux, confiture, gelée, miel, confiture, sirop d'érable, sirop d'agave
Additifs alimentaires : édulcorants, conservateurs, exhausteur de gout, parfums de synthèse
Charcuterie : viande fumée, séchée ou salée, jambon cru, bacon, lardons, saucisses sèches, saucisson, viande des Grisons, ainsi que les hot-dogs et certaines saucisses
Matières grasses : huile de coco, margarine, graisses animales, beurre, crème fraîche, chantilly, margarines, sauces industrielles, fritures, huile d'arachide, huiles raffinées, huile de coco, graisses et huiles chauffées à plus de 110 / 120 degrés
Sucre : pâtisseries, viennoiseries, biscuits, caramel, pâtes à tartiner, entremets, glace
Céréales petits déjeuner : Corn Flakes, riz soufflé, Cocoa krispies…
Les aliments allégés : produits laitiers
Boissons : boissons sucrées
Alcools : vin, bières, alcools forts
Questions fréquentes
Quel régime alimentaire adopter en cas de calcul urinaire ?
- Limiter la consommation de viande, de calcium et de sel
- Adopter une alimentation riche en fibres
- Augmenter la consommation de poissons gras
Quels sont les aliments à éviter ?
- Les aliments riches en oxalate : le chocolat, les asperges, la rhubarbe, le thé, le café, la betterave, l'oseille…
- Limiter la consommation de viande rouge
- Eviter les eaux minérales et les boissons sucrées
Quelles sont les autres recommandations ?
- Une hydratation suffisante
- La consommation de jus d'agrumes
- Ne pas boire d'alcool
- 1: Diététique et lithiase rénale : Le rôle de l'urologue - Mots clés : lithiase rénale, Calcium, Eau, Protéine, Sel Auteurs : O. Traxer, E. Lechevallier, C. Saussine Référence : Prog Urol, 2008, 18, 12, 857-862
- 2: Règles diététiques et calculs urinaireshttp://urofrance.org/nc/lurologie-grandpublic/fiches-patient/resultats-de-la- recherche/html/regles-dietetiques-et-calculs-urinaires.html
- 3: Preventive fluid and dietary therapy for urolithiasis: An appraisal of strength, controversies and lacunae of current literatureMayank Mohan Agarwal, Shwaran K. Singh, Ravimohan Mavuduru, and Arup K. MandalAuthor information Copyright and License information DisclaimerDepartment of Urology, Postgraduate Institute of Medical Education and Research, Chandigarh, IndiaFor correspondence: Dr. Mayank Mohan Agarwal, Department of Urology, Nehru Hospital, Postgraduate Institute of Medical Education and Research, Chandigarh 160012, India E-mail: ni.oc.oohay@22_knayamrd
- 4: Eating, Diet, & Nutrition for Kidney StonesCan I help prevent kidney stones by changing what I eat or drink?
- 5: Taylor EN, Fung TT, Curhan GC. DASH-style diet associates with reduced risk for kidney stones. Journal of the American Society of Nephrology. 2009;20(10):2253–2259.
- 6: U.S. Department of Health and Human Services and U.S. Department of Agriculture. Dietary guidelines for Americans. Eighth Edition. 2015-2020. health.gov/dietaryguidelines/2015/guidelines External link. Published December 2015. Accessed April 18, 2017.