Spasmophilie : définition et symptômes
La spasmophilie est une affection difficile à définir. En effet, elle n’est pas officiellement reconnue comme une maladie par la communauté scientifique. On parle plutôt de trouble fonctionnel.
Les personnes spasmophiles souffrent d’un dérèglement du système nerveux, entraînant un ensemble de manifestations spasmodiques et d’autres symptômes. Ces symptômes sont très variés, ce qui rend encore plus difficile la définition et le diagnostic de la spasmophilie.
Parmi les manifestations les plus courantes, on trouve :
- Une fatigue intense
- Des tremblements et fourmillements
- Des contractions et crampes musculaires
- Les maux de tête
- Des troubles digestifs (gaz et ballonnements)
- Une irritabilité
- De l’angoisse, de l’anxiété
- Des palpitations
- Des troubles du sommeil
Cette liste n’est pas exhaustive. On parle parfois de spasmophilie pour décrire les crises durant lesquelles elle se manifeste de manière aiguë.
Lors d’une crise, les muscles se contractent de manière violente et incontrôlable, après une phase de tremblements. Cette crise présente de fortes similitudes avec l’attaque de panique ou la crise de tétanie, dont elle est une forme plus légère. Elle se déclenche généralement suite à un événement stressant ou contrariant.
La plupart des sujets atteints de spasmophilie sont jeunes (entre 15 et 45 ans). Ce trouble concerne essentiellement des femmes, et apparaît comme étroitement lié à l’anxiété du patient. Le DSM-4 considère d’ailleurs la spasmophilie et la tétanie comme des symptômes du trouble panique.
Causes
Pendant longtemps, elle était attribuée à une carence en minéraux (notamment le calcium et le magnésium). En effet, ces nutriments interviennent dans la fonction de contraction des muscles, leur insuffisance pouvant entraîner des crampes et autres spasmes. Dans le cas de la spasmophilie, il s’agit d’un déficit d’utilisation, et non d’apport, de ces minéraux.
Toutefois, cette hypothèse est progressivement remise en cause, au profit d’une explication par le terrain psychologique et la vulnérabilité au stress. En effet, à court terme, les crises sont déclenchées par des situations de stress et d’angoisse. Ces situations causent une hyperventilation, qui elle-même entraîne un dérèglement métabolique et neuromusculaire.
Quant à la spasmophilie permanente (symptômes hors crises), elle semble causée par la même vulnérabilité psychosomatique. En effet, l’hyperexcitabilité du système nerveux autonome se rencontre surtout chez des personnes anxieuses ou hypersensibles. Le plus souvent, elle apparaît autour de l’âge de 20 ans, suite à un stress important.
D’autres hypothèses mettent aussi en avant le facteur génétique dans la prédisposition à la spasmophilie. En effet, les personnes atteintes ont souvent un parent spasmophile.
Traitements
Comme pour la plupart des troubles fonctionnels, il n’existe pas de traitement de référence pour en venir à bout. Toutefois, en combinant plusieurs approches, il est possible de réduire les symptômes et de mieux gérer les crises.
Deux stratégies conjointes permettent de limiter les crises : les traitements médicamenteux, et un accompagnement psychothérapeutique. Quelques mesures d’hygiène de vie peuvent compléter ces interventions.
Prise en charge psychothérapeutique
Comme le facteur psychologique est prépondérant dans l’apparition de la spasmophilie, la psychothérapie est le traitement de premier choix. En travaillant sur le terrain anxieux du patient, les symptômes s’estompent progressivement. Dans la plupart des cas, ce travail permet d’éviter le recours aux médicaments.
Plusieurs approches sont possibles. En premier lieu, la thérapie cognitive et comportementale est très efficace pour réduire les crises et l’état d’angoisse associé. Elle permet de corriger les croyances, mécanismes mentaux et comportements qui favorisent le déclenchement des crises.
Pour identifier la cause du trouble anxieux, et éviter un transfert des symptômes, vous pouvez aussi envisager la psychanalyse, ou la thérapie systémique.
Enfin, de plus en plus de patients ont recours à l’hypnose pour soulager la spasmophilie. En effet, l’hypnothérapie intervient sur les deux aspects du problème : d’abord, elle apprend des techniques de relaxation ayant un effet immédiat sur la détente musculaire et psychique. Aussi, elle permet d’accéder à l’inconscient, afin d’identifier et corriger durablement les causes de l’anxiété.
Médicaments
Quand les crises sont fréquentes et invalidantes, des médicaments peuvent être prescrits pour en réduire la fréquence. Ils agissent sur les symptômes, et ne se substituent pas à la thérapie.
Les antidépresseurs sont le traitement le plus fréquemment indiqué. Deux classes peuvent être prescrites :
- Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, comme la paroxétine ou l’escitalopram
- Les antidépresseurs tricycliques (notamment la clomipramine)
Pour le traitement ponctuel et immédiat des crises, des benzodiazépines peuvent aussi être indiqués.
Autres mesures
Enfin, pour limiter les crises au quotidien, ces quelques habitudes peuvent s’avérer utiles:
- Réduire la consommation d’excitants (thé, café) et d’alcool
- Pratiquer une activité relaxante pour mieux gérer le stress (yoga, sport ou méditation)
- Avoir une alimentation équilibrée, éventuellement ajouter des compléments de magnésium
Efficacité de l’hypnose
L’hypnose est une thérapie brève très efficace pour traiter les troubles anxieux, notamment la spasmophilie. Elle permet d’atteindre rapidement un état de détente physique et mentale, mais aussi de gérer les émotions fortes qui déclenchent les crises.
Les études portant spécifiquement sur la spasmophilie sont rares. En effet, ce trouble fonctionnel n’est pas scientifiquement reconnu comme une maladie, mais comme une forme de trouble panique. Pour comprendre l’efficacité de l’hypnose dans le traitement de la spasmophilie, il convient de s’intéresser :
- à l’impact immédiat de l’hypnose sur le système nerveux et la tension musculaire
- à ses bienfaits à moyen-long terme sur les états psychologiques favorisant la spasmophilie (angoisses et anxiété)
Système nerveux
Par exemple, une étude de 19781 s’intéresse aux modifications de l’activité du système nerveux central autonome par l’hypnose. Les résultats de cette expérience sur un petit groupe de femmes montrent que l’hypnose permet d’obtenir immédiatement les effets suivants :
- Abaissement du rythme de la respiration
- Baisse de la conductance cutanée (qui est un indicateur d’excitation du système nerveux)
- Rythme cardiaque plus lent
- Légère baisse de la tension musculaire
Cette étude ne porte pas sur l’impact à long terme des séances d’hypnose sur l’état des patientes. Toutefois, elle montre que l’hypnose a une action immédiate et mesurable sur le système nerveux, ce qui est forcément bénéfique pour les troubles anxieux et la spasmophilie.
Une autre étude, réalisée sur dix patients à l’aide d’un électrocardiogramme2, confirme ces conclusions. Les résultats nous montrent que l’état d’hypnose modifie l’équilibre nerveux de deux manières :
- Par une augmentation de l’activité du système nerveux parasympathique. Le système nerveux parasympathique correspond à un état de relaxation, marqué par une baisse de la tension artérielle et du rythme respiratoire.
- Par une baisse de l’activité du système nerveux sympathique. Le système nerveux sympathique est censé préparer l’organisme à l’action en réponse à un stress, et favorise notamment la contraction des muscles.
Cette action fait de l’hypnose une intervention de choix pour soulager les troubles nerveux, dont la spasmophilie fait partie.
Stress, anxiété et attaques de panique
A plus long terme, il est intéressant de voir comment l’hypnose permet de corriger le stress et l’anxiété. Intervenir sur ces états émotionnels permet de traiter efficacement la spasmophilie.
L’hypnose pour améliorer la gestion du stress a fait l’objet de plusieurs recherches probantes. Par exemple, une étude de 1993 montre que l’hypnose permet de réduire efficacement le stress, en se basant sur deux indicateurs physiologiques : pouls et température de la peau3. D’autres recherches ont montré l'intérêt de la pratique de l’autohypnose4 5. L’intérêt de ces études est qu’elles ne se limitent pas à une évaluation subjective. La plupart mesurent l’intensité des symptômes physiques du stress, comme le rythme cardiaque et la pression artérielle6.
Enfin, pour soulager la spasmophilie, il convient de travailler sur l’anxiété et ses manifestations.
Or l’hypnose est aussi employée pour le traitement des troubles anxieux. Les études à ce sujet sont nombreuses. En collectant de multiples résultats, des méta-analyses permettent notamment d’affirmer que l’hypnose constitue une option thérapeutique efficace pour l’anxiété et les troubles associés7 8.
D’autres études s’intéressent plus spécifiquement aux attaques de panique, dont les symptômes sont très semblables à ceux de la crise de spasmophilie. Là encore, l’hypnose a fait ses preuves. Par exemple, une étude de cas fait état d’un arrêt des crises de panique chez un patient ayant reçu 16 séances d’hypnothérapie. Les séances lui ont notamment permis de retrouver un sentiment de confiance en soi et de contrôle9.
Stratégies thérapeutiques
Pour soulager la spasmophilie, l’hypnothérapie intervient à plusieurs niveaux :
- Une meilleure gestion des émotions, pour comprendre et enrayer le mécanisme de déclenchement des crises
- L’apprentissage de techniques de relaxation en autohypnose, pour mieux gérer le stress
- Un travail de fond sur les origines du trouble anxieux
Gestion des émotions pour limiter les crises
En hypnose, on considère que les crises de spasmophilie sont un moyen pour l’inconscient de réguler des émotions refoulées. Comme un “trop plein” qui aboutirait à un “débordement” physique et psychique.
Une partie importante du travail thérapeutique consiste donc à apprendre l’accueil et le traitement des émotions. Concrètement, l’hypnothérapeute vous fait explorer des situations qui vous permettent d’identifier, localiser et ressentir différentes émotions, au lieu de les contenir. Ainsi, elles n’auront plus besoin de s’exprimer sous forme de crise.
Pour éviter les crises, vous apprendrez aussi à identifier et corriger les mécanismes inconscients qui mènent au déclenchement. Par exemple, une mauvaise respiration (hyperventilation), et des croyances de peur (comme la peur de mourir). L’hypnose est un état modifié de conscience fécond pour l’apprentissage de nouveaux comportements. Elle permet d’abandonner les schémas obsolètes, pour les remplacer par des croyances et comportements plus aidants.
Relaxation et auto-hypnose
Un autre aspect de la thérapie est l’apprentissage de la relaxation. L’hypnose dispose de nombreuses techniques de relaxation, utilisées notamment pour la gestion du stress : visualisations, métaphores, suggestions directes ou indirectes...
Ces techniques installent immédiatement un état de détente, et rétablissent l’équilibre nerveux. Leur répétition, d’abord en séance avec le thérapeute, puis en autohypnose, permet de soulager efficacement l’hypersensibilité nerveuse des spasmophiles.
Travail de fond sur l’anxiété
Enfin, l’hypnose peut aussi vous aider à remonter aux causes profondes de votre trouble anxieux. Par un travail de régression (retour dans le passé) il est possible de faire remonter les souvenirs et les émotions refoulés, parfois traumatiques, qui ont permis à la spasmophilie de s’installer.
Le rôle du thérapeute est alors de vous aider à surmonter ces blocages anciens, en proposant de nouvelles représentations et interprétations. Grâce à la transe hypnotique, cette transformation s’opère en profondeur, à un niveau inconscient. Cela permet de soulager durablement le trouble.
Durée de la thérapie
L’hypnose est une thérapie brève : 1 à 10 séances sont nécessaires pour venir à bout des crises de spasmophilie. Des résultats peuvent apparaître dès les premières séances.
Précautions et contre-indications
L’hypnose est contre-indiquée aux personnes souffrant de troubles mentaux dissociatifs, comme la schizophrénie, la paranoïa et le trouble bipolaire.
Seul un médecin peut poser le diagnostic de spasmophilie.
Questions fréquentes
L'hypnose est-elle efficace pour le traitement de la spasmophilie ?
L'hypnose permet de soulager efficacement et durablement la spasmophilie. Son action bénéfique sur le système nerveux est scientifiquement prouvée.
Comment l'hypnose soulage-t-elle les crises de spasmophilie ?
L'hypnose, pour réduire les crises de spasmophilie, intervient à différents niveaux :
- Régulation des émotions et des comportements
- Relaxation et gestion du stress
- Travail sur les causes de l'anxiété
Quelles sont les précautions à prendre ?
Si vous pensez souffrir de spasmophilie, consultez d'abord un médecin afin d'obtenir un diagnostic.
- 1: Bauer, K. E., & McCanne, T. R. (1980). Autonomic and central nervous system responding: During hypnosis and simulation of hypnosis. International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis, 28(2), 148-163.🔗 https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00207148008409837
- 2: Debenedittis, G., Cigada, M., Bianchi, A., Signorini, M. G., & Cerutti, S. (1994). Autonomic changes during hypnosis: a heart rate variability power spectrum analysis as a marker of sympatho-vagal balance. International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis, 42(2), 140-152.🔗 https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00207149408409347
- 3: Forbes, E. J., & Pekala, R. J. (1993). Psychophysiological effects of several stress management techniques. Psychological Reports, 72(1), 19-27.🔗 https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.2466/pr0.1993.72.1.19
- 4: Smith, M. S., & Womack, W. M. (1987). Stress management techniques in childhood and adolescence: Relaxation training, meditation, hypnosis, and biofeedback: Appropriate clinical applications. Clinical pediatrics, 26(11), 581-585.🔗 https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/000992288702601105
- 5: Soskis, D. A., Orne, E. C., Orne, M. T., & Dinges, D. F. (1989). Self-hypnosis and meditation for stress management: a brief communication. International journal of clinical and experimental hypnosis, 37(4), 285-289.🔗 https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00207148908414483
- 6: Hilgard, E. R., & Morgan, A. H. (1975). Heart rate and blood pressure in the study of laboratory pain in man under normal conditions and as influenced by hypnosis. Acta Neurobiologiae Experimentalis, 35(5-6), 741-760.🔗 https://ane.pl/pdf/3558.pdf
- 7: Evans, B. J., & Coman, G. J. (2003). Hypnosis with treatment for the anxiety disorders. Australian Journal of Clinical & Experimental Hypnosis🔗 https://psycnet.apa.org/record/2003-06952-001
- 8: Hammond, D. C. (2010). Hypnosis in the treatment of anxiety-and stress-related disorders. Expert review of neurotherapeutics, 10(2), 263-273.🔗 https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1586/ern.09.140
- 9: Singh, A. R., & Banerjee, K. R. (2002). Treating Panic Attack with Hypnosis in Combination with rational Emotive Therapy-A case report. SIS Journal of Projective Psychology & Mental Health, 9(2), 105.🔗 https://search.proquest.com/openview/12bb7f27a58af480cae8467866165015/1d