La thérapie IFS Internal Family System : un outil de transformation personnelle

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Dans notre vie de tous les jours, nous sommes influencés au niveau de nos pensées et nos actions par nos petites voix internes. Nous nous disons souvent « tu devrais », « il faut », « ce serait bien », « tu n’es pas capable ». Ces discours intérieurs correspondent à autant d’empreintes de ceux que nous avons entendus de la part de notre famille et de notre environnement. Cela peut avoir tendance à nous bloquer dans nos élans ou bien à nous maintenir dans des schémas comportementaux limitants. Pour aller vers notre plein épanouissement, la Thérapie IFS, Internal Family System, (Système Familial Intérieur) propose une voie thérapeutique, qui réconcilie ces petites voix en nous, pour nous aider à mieux discerner nos besoins et nos véritables envies.

La double approche : systémique et multiple

Mains entremêlées symbolisant la thérapie IFS ou Internal Family System.

La thérapie IFS Internal Family System a été mise au point par le Docteur Richard Schwartz, un psychothérapeute américain. Il s’inspire de deux courants psychothérapeutiques. Le premier est l’approche systémique qu’il a initialement pratiquée comme thérapeute familial. On y considère que le patient s’inscrit toujours dans un système, qui peut par exemple être son milieu familial, son environnement de travail, sa sphère amicale.

Acteur dans chacun de ces systèmes, il est aussi influencé par ce qui s’y joue : chaque personne impliquée dans ce système tient un rôle plus ou moins conscient et plus ou moins librement choisi. Ce rôle se traduit par des façons de penser, d’agir envers autrui, afin de maintenir le fonctionnement et donc la stabilité du système. Si l’un des protagonistes commence à changer de façon de communiquer et d’agir, alors les autres par effet domino vont être amenés à évoluer aux aussi. L’approche systémique permet donc au patient de se considérer dans un ensemble d’interactions plutôt que de se centrer uniquement sur ce qui se passe en lui-même.

Par ailleurs, la thérapie IFS ou Internal Family System s’appuie sur la notion de la multiplicité du psychisme. Cette notion désigne le fait que nous sommes tous constitués de différentes facettes de personnalité. Parfois contradictoires, parfois cachées, ces facettes se révèlent donc plus ou moins selon les situations dans lesquelles nous nous trouvons. Cette désignation est un prolongement de ce que Freud avait déjà mis en évidence avec les termes de Moi, de Surmoi et du Ça pour désigner nos différentes instances psychiques internes.

Au contact de certaines personnes ou en abordant certains sujets, nous allons laisser s’exprimer préférentiellement telle ou telle facette de nous-même. C’est un peu comme si nous possédions des sous-personnalités qui viendraient nuancer notre tempérament prédominant.

Dans la thérapie IFS ou Internal Family System, on observe les discours internes qu’on se tient à soi-même. Chaque discours émane d’un aspect de notre personnalité qui va venir se positionner en réaction à ce qu’autrui dit ou fait, ou bien en réaction à ce qu’un événement réveille en nous. Cela peut amener à des contradictions internes ou des conflits. En conséquence, nous nous sentons parfois tiraillés entre le cœur et la raison, ou encore entre ce que nos parents auraient fait à notre place et ce que notre côté téméraire voudrait réaliser.

La notion de parties

Ces multiples aspects intérieurs de notre personnalité sont appelés des parties.

Richard Schwartz a observé chez ses patients les discours intrapsychiques de ces sous-personnalités. Habitué à l’approche systémique, il s’est rendu compte qu’à l’intérieur du système d’un même patient, les différentes facettes se comportaient comme différents membres d’une même famille. C’est un peu comme si à l’intérieur de nous, une petite voix jouait le rôle de la mère protectrice, une autre celui d’un frère jaloux, une autre celui d’un grand-père dominateur

Nous savons qu’à l’intérieur d’une cellule familiale se mettent en place des schémas comportementaux pour compenser les blessures et les traumas ou pour complaire au modèle déjà installé. Ainsi, dans une famille où un des parents est alcoolique, les enfants se mettront probablement en position de sauveur ou bien d’enfant soumis invisible, afin d’éviter au parent de se voir tel qu’il est et donc d’affronter son problème en face.

Ce type de fonctionnement évolue avec la dynamique des relations mais bien souvent, les rôles ont tendance à étouffer ceux qui sont coincés dedans. Ils se reproduisent alors sans fin, créant des conflits internes pour les personnes qui ne parviennent pas à faire exister leur « vraie » personnalité.

C’est exactement ce genre de problématique qui peut se reproduire à l’intérieur même de notre psyché avec nos sous-personnalités. Chacune de ces sous-personnalités internes ou parties peut adopter un schéma relationnel susceptible d’évoluer, exactement comme cela peut se passer dans le système familial où la dynamique des rôles n’est pas toujours figée.

Dans le cadre de la thérapie IFS ou Internal Family System, et grâce aux outils thérapeutiques, il devient possible de moduler son discours interne pour laisser chaque partie de soi s’exprimer à sa juste mesure. Dans le déroulement d’une séance, le patient va décrire ce que dit ou ressent chacune de ses parties ou sous-personnalités dans la situation évoquée. C’est un peu comme s’il décrivait une scène entre différents personnages interagissant à l’intérieur de lui-même. Cela permet de mettre à distance les émotions et examiner comment les différentes parties interagissent entre elles.

La notion de Self

Le Self désigne la zone de notre conscience qui est sans émotion ni jugement, tranquille, qui nous laisse être nous-mêmes. C’est en quelque sorte une autre partie qui jouerait le rôle d’un leader bienveillant de notre personnalité. Cet aspect est donc sage et libre à la fois, libéré des influences des parties gouvernées par les sous-personnalités.

Le but de la thérapie IFS ou Internal Family System est de parvenir à ce que le patient puisse actionner son Self, pour réconcilier les différentes parties coexistant en lui. Nous pouvons identifier parmi nos petites voix internes la partie critique, la partie en colère, la partie altruiste, la partie courageuse… C’est pourquoi selon la situation vécue, une ou plusieurs parties seront activées.

Les parties ne sont pas là pour se soumettre au Self ni être supprimées : elles ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi. Le seul problème est quand elles sont suractivées ou s’expriment dans des moments inopportuns. Si les émotions qu’elles génèrent ne sont pas régulées par le Self ou par une aide extérieure, alors nous nous sentons en conflit interne et nos émotions sont comme encapsulées. Elles s’accumulent comme autant de poids que nous allons devoir gérer.

Nous allons tenter de minimiser tout cela en mettant en place un système de compensation ; en adoptant une autre pensée et d’autres émotions pour contrecarrer l’effet des premières. Cela finit par être épuisant et cela nous éloigne de nous-même.

Typiquement c’est ce qui peut être illustré par des réactions émotionnelles en cascade comme dans l’exemple suivant.
« En ce moment au travail je me retrouve débordé. Ma partie critique ne veut pas que cette partie fatiguée de moi se signale en demandant de l’aide. Elle pense que ce serait une preuve de faiblesse. Du coup, la partie en colère s’active car ma fatigue augmente vu que je ne fais rien pour me faire aider. Résultat, la partie en colère s’exprime envers mes collègues qui ne comprennent pas mon attitude énervée. Je ne dis pas ce que je ressens et je compense en me mettant en conflit avec les autres. Je me fatigue encore plus. »

La relation entre les parties et le Self

Dans le cadre de la thérapie IFS ou Internal Family System, la relation entre les parties et le Self doit être analysée.

Dans l’exemple précédent, vous voyez l’analogie avec un système familial : quand un des membres se trouve fragilisé, cela devient pesant pour lui et  les autres tentent alors de le protéger. Ils vont lui éviter de souffrir davantage par exemple en induisant un autre comportement chez lui, afin de neutraliser l’émotion difficile.

A terme, cela peut induire des schémas répétitifs au niveau des comportements, les uns se rigidifiant dans un rôle qui contraint les autres. Tout un système s’organise ainsi. Il en va de même donc avec nos parties intérieures ou sous-personnalités. Dans le meilleur des cas, elles peuvent s’harmoniser mais les aléas de la vie engendrent naturellement des périodes de conflit. Nous pouvons alors ressentir en nous des tiraillements, des blocages, ou bien encore le sentiment de ne pas pouvoir agir librement.

Richard Schwartz, dans la thérapie IFS ou Internal Family System a identifié 3 types de parties à l’intérieur de notre système familial intérieur :

  • les exilés ;
  • les managers ;
  • les pompiers.

Les exilés correspondent aux parties qui reçoivent une blessure, un traumatisme. C’est la zone vulnérable qui demande à être protégée, celle qui vit des émotions difficiles qu’on cherche à évacuer. Il peut s’agir de traumas véritables, d’humiliations répétées, de situations dégradantes, vécus pendant l’enfance ou plus tard.

A la manière de ce qui se passerait avec des personnes réelles, ces parties vont se sentir honteuses vis-à-vis des autres parties vivant en nous. Elles sont chargées de culpabilité et pensent qu’elles ne méritent pas d’être aimées. Voilà pourquoi ces parties sont mises à l’écart du système, leur exil permettant aux autres parties de continuer à fonctionner. C’est ce qui se passe quand un traumatisme est relégué au fond de notre conscience et qu’il n’est pas révélé : nous mettons en branle un système de protection pour éviter à la blessure de se réveiller.

Pour que cette protection soit efficace et donc que les exilés restent là où ils sont, les managers interviennent à leur tour. Ils agissent par anticipation pour éviter tout danger nuisible aux exilés. Cette partie correspond aux petites voix en nous qui jouent le rôle du juge, de l’inquiet, du pessimiste, de l’organisateur…

Les pompiers quant à eux se réveillent quand les efforts des managers s’affaiblissent. Il arrive que les blessures des exilés se réveillent et que la protection de la part des managers devienne insuffisante. Les pompiers viennent au secours pour éteindre le feu déclenché par le retour des exilés dans notre conscience. Cela peut se manifester par des accès de colère, des comportements addictifs et de dépendance tels que la boulimie, l’alcoolisme, la prise de drogues

Ces attitudes impulsives échappent au contrôle de la personne et le déconnectent de l’émotion primaire déclenchée par la partie exilée. Parfois ce sont aussi des comportements plus discrets qui visent à anesthésier ce que la personne ressent corporellement et émotionnellement.

Déroulement de la thérapie IFS ou Internal Family System

Lors d’une séance, le thérapeute demandera au patient ce que son Self observe à propos de conflits internes. Il s’agit donc d’adopter un point de vue plus neutre pour examiner ce qui se joue dans chaque partie.

Concrètement, le patient va décrire tout cela comme si les parties étaient des personnes réelles. Il va évoquer ce qu’elles vivent et ressentent, telles des personnes d’une même famille qui interagissent entre elles.  Imaginons que le patient a vécu un conflit au travail. En se plaçant du point de vue de son Self, endroit neutre et bienveillant, il tentera d’identifier les parties qui résonnent en lui et sont activées par cette situation.

Une fois ces différentes parties reconnues, le but du travail est d’examiner comment elles interagissent entre elles. Autrement dit, il s’agit de trouver quelles sous-personnalités sont sous exprimées ou surexprimées au détriment de l’harmonie interne. Les parties exilées vont chercher à se faire plaindre et se faire entendre des autres, qui tentent de les raisonner et les réprimer. Le rôle du Self est de revenir à une conscience de soi plus détachée. Il ne peut pas être joué tant que les protecteurs (managers et pompiers) sont occupés à faire taire la douleur des exilés.

Les séances consistent donc d’abord à reprendre contact avec les parties douloureuses (les exilés) pour qu’elles soient enfin exprimées et entendues. Cette libération de la parole procure de l’apaisement. Par conséquent, les managers et les pompiers se désactivent progressivement au fur et à mesure que les douleurs et blessures sont reconnues et n’ont plus besoin d’être étouffées. Le système interne se réorganise plus harmonieusement.

La thérapie IFS ou Internal Family System considère la relation thérapeute-patient comme égalitaire et collaborative. Le patient n’est pas vu comme faible, victime ou diminué. Il est considéré comme plein de ressources. Le rôle du thérapeute est d’aider la personne à accéder à ces ressources internes pour mieux se comprendre, grâce à l’utilisation des métaphores des parties pour soulager les traumas.

En reprenant la main sur ce qui se joue en lui-même, dans son propre système familial intérieur, il peut alors retrouver la liberté de penser et d’agir, délesté des fardeaux émotionnels du passé. L’approche IFS appartient au courant des thérapies brèves. Le nombre de séances nécessaires peut s’étaler de quelques semaines à quelques mois. Tout dépend bien sûr de la situation de départ mais la durée de la thérapie reste courte dans l’ensemble comparativement aux thérapies purement analytiques.

Indications thérapeutiques

Le système familial intérieur constitue une voie thérapeutique indiquée aussi bien pour les consultations psychothérapeutiques individuelles qu’en famille ou en couple. Les adultes comme les enfants et les adolescents peuvent en bénéficier. Bien sûr, cela demande d’adhérer au principe particulier d’identification des parties en soi. Certaines personnes ont bien du mal à discerner ces parts et à les évoquer de cette façon.

L’avantage principal de la thérapie IFS Internal Family System est qu’elle traite efficacement l’anxiété et donne des résultats prometteurs concernant l’apaisement des traumas émotionnels. Lors des séances, le patient n’a pas besoin de verbaliser son trauma. Il peut justement l’évoquer par le biais de ce que ressent sa part blessée. Dans ce cas, les mots utilisés se référeront à des ressentis corporels et émotionnels, mais il n’y aura pas d’obligation à relater tous les détails souffrants. La charge émotionnelle associée au trauma sera soulagée et le patient pourra alors retrouver un autre regard sur son passé et aborder son présent peut-être autrement.

Cette approche peut également être utilisée à l’intérieur d’autres approches, en tant que complément. Par ailleurs, elle sert aussi d’appui en entreprise pour les situations de médiation, de coaching et de management d’équipes.

La thérapie IFS ou Internal Family System s’avère un outil thérapeutique de choix pour notre développement personnel. Si vous décidez de faire appel à un thérapeute spécialisé dans ce domaine, vérifiez qu’il figure dans les annuaires de praticiens agréés. Rappelez-vous aussi que la réussite de cette méthode, tient essentiellement à la confiance établie entre le patient et le thérapeute, quelle que soit la méthode choisie.

Questions fréquentes

Qu'est-ce que la thérapie IFS ?

Il s'agit d'une thérapie qui vise à prendre conscience des différentes facettes de notre personnalité.

Quelles sont ses caractéristiques ?

- Prendre conscience de ses différentes personnalités
- Relation thérapeute-patient égalitaire
- Mise en œuvre de courte durée
- Favorise le développement personnel

A qui s'adresse-t-elle ?

- Aux adultes, aux enfants et aux adolescents
- Aux personnes présentant de l'anxiété ou des traumas émotionnels
- Méthode adaptée au coaching ou au management d'équipes

Marion Dorval
Marion Dorval, Auteur

Accompagnatrice en expression vocale créatrice. Spécialisée auprès des personnes hypersensibles. Ex enseignante pendant 10 ans.