Composition métabolique
La propolis est l’une des composantes de la célèbre apithérapie. Cette dernière regroupe les différents traitements alternatifs fournis par les abeilles ! Le miel, la gelée royale, le pollen en font partie aussi.
La propolis est un matériau changeant. Dur et cassant lorsqu’il est froid, il devient souple et collant lorsqu’on le chauffe. C'est une matière composée de corps gras : cires, résines et baumes. Les abeilles récupèrent en effet ces composés sur les arbres qui les sécrètent naturellement. La propolis contient également du pollen, des huiles essentielles, des stéroïdes et de très nombreux composés phénoliques.
Parmi ceux-ci, on cite souvent l’acide cinnamique et un dérivé de l’acide caféique (ou CAPE). Toujours dans les polyphénols, on retrouve une grande quantité de flavonoïdes : rutine, quercétine, kaempférol, apigénine, acacétine, pinocembrine, tectocrysine, catéchine, lutéoline… La propolis contient enfin des acides gras, des acides aminés, des protéines, des minéraux, des terpènes, des glucides… Il est intéressant de noter que la composition de propolis varie naturellement en fonction des régions du globe où elle est produite.
Quelle action sur la maladie?
Comme vu précédemment, la propolis est riche en substances très variées. Ces substances agissent en synergie à plusieurs niveaux pour jouer un rôle important contre le cancer.
Arrêt du cycle cellulaire
Les cancers sont notamment caractérisés par une prolifération cellulaire incontrôlable. La consommation de propolis, ou le traitement de souches cellulaires avec cette substance entraîne de façon générale une mort cellulaire plus importante.
Activation des mécanismes immunitaires
La propolis déclencherait dans un premier lieu une activation immunitaire, notamment les lymphocytes T. Ceux-ci permettent d’éliminer les cellules cancéreuses et de réduire la progression des tumeurs. Par ailleurs, une étude menée sur des rats montre que l’administration de propolis augmente le nombre de lymphocytes NK, naturellement programmés pour détruire les cellules cancéreuses1.
Mort cellulaire
Certains flavonoïdes, comme la génistéine, la quercétine, ou encore l’apigénine, empêchent l’ADN de se répliquer. Ces composés peuvent moduler la réplication à différents moments du cycle cellulaire, multipliant les occasions de stopper la prolifération des cellules malignes. Une piste retrouvée dans des lignées cellulaires de cancer de l’oesophage. La génistéine est aussi impliquée dans l’arrêt du cycle cellulaire dans le cas du cancer du sein.
L’action de la propolis s’exerce aussi sur les cyclines, ces protéines qui régulent le cycle cellulaire. Des chercheurs ont montré que la propolis brésilienne inhibait efficacement l’expression de ces protéines sur des cellules cancéreuses de la prostate.
Des dérivés d’acide cinnamique ont par ailleurs dévoilé des effets destructeurs sur des tumeurs de souris.
L’arsenal phénolique de la propolis permettrait aussi d’inhiber des enzymes dont la surexpression est liée à une grande nocivité. C’est le cas de la cooxygénase 2 (ou COX 2), que l’on retrouve en excès dans certains cancers et qui a un rôle inflammatoire2. Le CAPE, dérivé de l’acide caféique, inhibe l’expression de COX-2. C’est aussi le cas de la xanthine oxydase, rendue inefficace par la propolis3.
En résumé, de très nombreuses études montrent un extraordinaire potentiel pour la propolis, dans les cancers du colon, du pancréas, de la vessie, du col de l’utérus… La propolis est capable d’arrêter le cycle cellulaire dans les tissus cancéreux, et diminue significativement la prolifération cellulaire maligne et la prolifération du cancer.
Activation de l’apoptose
Des chercheurs ont aussi mis en évidence le rôle de l’artépilline C. Ce composé phénolique détruit les tumeurs et inhibe la croissance cellulaire dans la leucémie. Par ailleurs, elle mobilise le système immunitaire pour accélérer la destruction des cellules néfastes, et stimule l’apoptose4. Cette dernière est aussi appelée “suicide cellulaire” : il s’agit d’un mécanisme naturel de mort des cellules, que l’on cherche à mobiliser dans les tumeurs malignes.
La quercétine aussi mobilise l’apoptose en activant l’une de ses voies les plus connues, celle des caspases. Ces enzymes sont initialement dormantes, mais lorsqu’elles sont stimulées, elles entraînent le suicide de la cellule. Il est important de noter que la quercétine n’entraîne pas d’apoptose dans les cellules saines !5 On observe aussi l’activation des caspases dans des lignées cancéreuses du sein, avec l’utilisation de propolis turque6.
Des chercheurs Taïwanais ont mis en évidence les propolines, des flavonoïdes de la propolis qui induisent l’apoptose dans des cellules cancéreuses humaines. Les propolines sont aussi cytotoxiques pour ces cellules7.
Une capacité à empêcher les métastases
On appelle métastase la migration de cellules tumorales d’un endroit vers un autre dans l’organisme. Or la propolis a montré des capacités à limiter les métastases dans cancers installés. C’est surtout le CAPE qui est à l’origine de ses propriétés antimétastatiques.
Des chercheurs ont administré du CAPE a des souris atteintes de cancer du côlon. Cette administration diminue significativement le métastase de ces cellules vers les poumons8. Toujours chez des souris, le CAPE limite aussi la métastatisation des cellules cancéreuses du sein vers le poumon9.
Il semble que le CAPE inhibe l’expression des métalloprotéases. Ces enzymes jouent un rôle capital dans la formation des métastases. Le rôle de CAPE dans le fonctionnement de ces enzymes a été décelé dans le fibrosarcome10 et dans le cancer de la bouche11.
Un rôle inhibiteur de l’angiogénèse
Lors de la formation des cancers, on observe aussi la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. Ceux-ci se forment afin d’alimenter la tumeur : on appelle cela l’angiogénèse.
Un polyphénol en particulier semble avoir un rôle important dans la lutte contre l’angiogénèse : l’artépilline C. Ce composé inhiberait notamment la formation des cellules endothéliales, qui forment la paroi des vaisseaux12.
Le CAPE jouerait aussi un rôle pour limiter la formation de vaisseaux. Des chercheurs l’ont suggéré grâce à une étude réalisée notamment sur des cellules de veaux et de poulet13. Le CAPE permettrait également de limiter la formation de facteurs de croissance endothéliaux. Par conséquent, il limite la formation de vaisseaux nouveaux autour des tumeurs, comme des chercheurs l’ont mis en évidence pour le cancer du sein14.
Par ailleurs, la recherche a mis en évidence l’effet de la propolis sur l’angiogénèse dans le cancer de la vessie15.
Prévention de la formation des tumeurs
Les études ont aussi permis de mettre en évidence un potentiel chimiopréventif, c’est-à-dire permettant de réduire le risque d’apparition d’une tumeur. La propolis empêcherait par exemple le développement de lésions précancéreuses dans le cancer du colon. Cela a été observé chez des rats16.
Par ailleurs et toujours chez des rats, la chrysine exerce une activité préventive dans la formation des cellules cancéreuses du foie17. De la même manière, la propolis et en particulier l’artépilline C ont montré leur efficacité pour limiter le développement du cancer, et plus particulièrement des cellules cancéreuses du poumon chez des souris mâles.
Enfin, le CAPE empêche le développement des cancers de la peau chez des souris, à l’aide d’une application locale. Celle-ci diminue aussi la taille des tumeurs déjà présentes sur la peau de ces souris18.
Ces résultats dans leur intégralité nécessitent de plus amples recherches cliniques mais offrent des pistes prometteuses.
Propolis et chimiothérapie : quels effets?
Les traitements contre le cancer, la chimiothérapie et la radiothérapie, ont souvent des effets secondaires importants. La propolis, puissant antiseptique et activateur immunitaire, permet d’armer naturellement le corps face à ces attaques nécessaires. Dans le cas de la chimiothérapie, la propolis a aussi montré son efficacité pour diminuer l’un des effets secondaires.
Le bain de bouche à base de propolis permet de diminuer les mucosités et les aphtes dans la bouche19. C’est aussi un effet secondaire de la radiothérapie, et la propolis a de même fait ses preuves. C’est également le cas en application locale, à l’intérieur de la bouche20.
La propolis limite par ailleurs les dommages que la radiothérapie peut infliger à l’ADN des tissus touchés. Cela s’observe notamment dans le cancer du sein21.
Quelles précautions?
Il n’existe pas de recommandation officielle en termes de dosages pour la propolis. On conseille donc de suivre les instructions sur l’emballage du fabricant.
La propolis est réputée pour être plutôt sûre. Toutefois, il existe un risque d’allergie, d’autant plus si vous êtes allergique aux pollens ou aux piqûres d’abeille. Il convient de demander conseil à votre pharmacien ou votre naturopathe, et naturellement de cesser toute prise de propolis en cas de réaction allergique.
En l’absence de données officielles, le principe de précaution doit s’appliquer pour les femmes enceintes, qui allaitent, ou les jeunes enfants : mieux vaut éviter toute consommation de propolis.
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