La graphothérapie pour la rééducation de l’écriture

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Savoir lire, écrire, compter : voilà trois des principaux savoirs que l’école doit apprendre à chacun. Dans notre époque actuelle où l’écrit est principalement utilisé via les écrans, l’écriture manuscrite demeure pourtant indispensable. Former les lettres, de manière fluide, reste un rêve pour bon nombre d’enfants mais aussi d’adultes. La rééducation de l'écriture peut se faire par la graphothérapie. Cette méthode vient en aide aux petits et aux grands.

Qu'est-ce que la graphothérapie ?

Jeune femme en train d'écrire : graphothérapie et rééducation de l'écriture.

Apprendre à écrire, ça se fait à l’école et nulle part ailleurs ! Bien sûr, cela reste un domaine abordé en premier lieu dans le cadre scolaire. Cette activité a sa place dès l’école maternelle. Elle devient la première activité en termes de temps durant l’école primaire : pour rédiger une réponse ou poser un calcul, pour copier une poésie ou une leçon, prendre des notes pour un exposé…

Au lycée et même dans l’enseignement supérieur, la forme manuscrite a encore toute sa place malgré l’usage prépondérant des claviers d’ordinateurs. Son apprentissage s’arrête pourtant en milieu d’école primaire. On considère que l’élève a alors acquis le geste après plusieurs années consacrées à s’entraîner.

Pourtant, de nombreux élèves ainsi que de nombreux adultes, présentent des difficultés pour former les lettres. Ecrire vite et bien, sans avoir mal ni se fatiguer, leur pose problème au quotidien.

La graphothérapie, comme son nom l’indique, est une méthode qui permet la rééducation de l'écriture. Elle transmet les techniques les plus adaptées pour acquérir un geste confortable, efficace, fluide. C’est une véritable rééducation qui permet aux enfants, comme aux adultes, de retrouver les bases perdues ou négligées. Elle se décline aussi sous le nom de graphopédagogie.

Elle s’adresse aux particuliers, comme aux enseignants, pour leur proposer de se rééduquer ou de se former à cette technique. Cette méthode se base sur les recherches en neurosciences appliquées à l’éducation. Elle utilise également les principes et outils dérivés de la rééducation des réflexes archaïques et de la Brain Gym, ainsi que le travail effectué par Danielle Dumont sur les bases des gestes du tracé des lettres en cursive.

L’alliance du travail sur la posture, le geste graphique, les stratégies de copie, est ce qui fait l’efficacité de la graphopédagogie et de cette rééducation de l'écriture. Les propositions des graphothérapeutes pour accompagner leurs élèves scripteurs s’enrichissent continuellement des avancées en neurosciences et psychomotricité.

Les avantages

Qu’est-ce qu’une rééducation en écriture peut apporter de plus que ce qu’un enseignant délivre en classe ?

Nous oublions trop souvent qu’écrire, ça n’est pas seulement tenir un crayon entre les mains et le faire bouger pour tracer des lettres ou des chiffres ! C'est un mouvement qui implique tout le corps. Ainsi, la graphothérapie accorde une grande importance à l’amélioration de la motricité fine.

La rééducation en écriture reprend un à un les éléments fondamentaux qui permettent de mettre en place le geste graphique. Cette fameuse motricité est travaillée essentiellement en maternelle. Cependant, certains enfants ont besoin de plus de temps pour assimiler les mouvements ou bien ils peuvent avoir acquis de mauvais automatismes. Ceux-ci deviennent difficiles à détourner une fois qu’ils ont passé le CP ou le CE1.

Ces formes d’erreurs gestuelles peuvent provenir de troubles spécifiques de l’apprentissage ou encore de réflexes archaïques mal intégrés. Ces réflexes sont des mouvements corporels que l’enfant acquiert durant la grossesse et les premières années de sa vie. Ils favorisent son développement neurocognitif et émotionnel. S’ils sont bien intégrés, ils disparaissent vers 5-6 ans au plus tard pour laisser place à des gestes moteurs plus fins et complexes. En particulier, le réflexe d’agrippement avec les mains doit être intégré pour que l’enfant puisse développer une motricité fine dans la tenue du crayon.

Un graphothérapeute est capable de repérer les origines des difficultés d’un enfant ou d’un adulte. Le fait de travailler en tête-à-tête, sans pression ni objectif scolaire, aide grandement l’enfant à reprendre confiance dans ses capacités. On prend le temps de tout décortiquer au niveau des gestes et des ressentis corporels et émotionnels. On peut évoquer ses difficultés sans crainte de se sentir « nul », moins fort que les autres élèves, ou moins compétent que ses collègues de travail.

L’avantage principal de cette thérapie est de personnaliser entièrement la rééducation de l'écriture, grâce à l’observation minutieuse de tout le procédé mis en œuvre pour écrire et pour copier. Elle va balayer les différents aspects impliqués :

  • posture corporelle ;
  • tenue du crayon ;
  • formation des lettres ;
  • gestion de l’espace, repérage de la latéralité ;
  • stratégie de copie.

Au bout du compte, il devient possible de gagner en aisance donc en rapidité. L’écriture peut enfin être lisible pour le scripteur comme pour le lecteur. Le scripteur a acquis un geste complètement efficient : il écrit et copie vite, bien, facilement.

Quand faire appel à un graphothérapeuthe ?

Votre enfant écrit de manière illisible ? Il a lui-même du mal à se relire ?

Peut-être le voyez-vous tenir son stylo bizarrement, d’une façon qui ne vous semble pas naturelle. Il peut aussi sembler écrire en y mettant beaucoup de force et parfois se plaindre d’avoir mal.

Les conséquences sont rapides et se traduisent souvent en premier lieu par des remarques de l’enseignant qui exige davantage d’efforts. Les cahiers manquent de soin, sont sales. Les contrôles sont mal notés à cause du manque de lisibilité.

L’élève est pénalisé lui-même à plusieurs niveaux : il écrit lentement et a du mal à tenir le rythme de la classe, y compris pour terminer ses évaluations. Il ne parvient pas à prendre des notes correctement. Il ne peut pas se relire et par conséquent, apprendre ses leçons devient très compliqué.

Dès lors le manque de confiance grandit et selon l’âge et l’ancienneté des difficultés, l’élève développe une peur plus ou moins grande. Il redoute plus que tout d’être vu comme incapable d’écrire correctement.

Tous ces signes doivent vous alerter et vous inciter à évoquer ce problème avec ses enseignants, si ce n’est déjà fait. De plus en plus de professeurs se forment à la rééducation en écriture. Ils peuvent déjà proposer des aménagements et des pistes pour soulager l’élève en classe et à la maison. Ils seront également en mesure de vous adresser à un professionnel compétent pour entamer une rééducation graphique.

Et en tant qu’adulte, que faire si mon écriture est toujours aussi illisible ? Il n’est pas trop tard !

La graphopédagogie peut aider également les adultes. Dans notre vie de tous les jours, nous avons encore besoin de noter des informations durant un appel, de laisser un message écrit quand on s’absente…  Si nous sommes des professionnels de l’écriture, auteurs, enseignants, journalistes, l’usage de l’ordinateur peut supplanter celui de la forme manuscrite.

Pourtant, nous sommes appelés à écrire à la main, par exemple pour corriger et annoter nos textes. Taper à l’ordinateur ne fait pas appel aux mêmes mouvements ; ce qui a tendance à scléroser la mobilité de nos mains et nos bras. Une mauvaise posture au niveau des épaules, du bassin ou des pieds devant l’écran peut aussi avoir des répercussions sur la façon dont la main utilise un stylo. Scroller, cliquer, taper, sont des gestes très répétitifs qui finissent par inhiber l’usage de certains muscles et mouvements propres à la forme manuscrite.

Nous perdons alors en souplesse musculaire et en habileté motrice, quand il s’agit de retrouver le papier pour écrire à la main. Voilà pourquoi la rééducation en écriture s’adresse en priorité aux enfants et adolescents mais peut concerner un grand nombre d’adultes. La graphothérapie vient également en aide aux adultes qui ont perdu en motricité fine et en vitesse, après une maladie ou un accident.

Le déroulement

Vous avez pris rendez-vous chez un graphothérapeute pour aider votre enfant ou vous-même. Celui-ci vous demandera d’apporter avec vous des traces écrites pour effectuer un bilan complet. Les cahiers, contrôles, lettres manuscrites sont donc à prévoir.

Avant d’entamer une rééducation en écriture, le thérapeute fait passer à l’enfant (ou à l’adulte) un test appelé test BHK. Ce test est une échelle d’évaluation de la dysgraphie. Il consiste en un texte à recopier durant cinq minutes. Il permet d’évaluer la vitesse ainsi que sa qualité. Le texte à recopier est de difficulté progressive. Il débute par des mots monosyllabiques de niveau CP pour aller vers des phrases de plus en plus longues. La taille des lettres décroît au fur et à mesure qu’on avance dans le texte, afin de mesurer la capacité à discriminer finement les lettres et à les recopier sans erreur.

Outre la vitesse et la lisibilité, ce test cible tout un ensemble de compétences à maîtriser telles que le respect de la taille et de l’orientation des lettres, la capacité à gérer les espaces entre les mots ainsi que les retraits de paragraphes, la netteté du geste.

À l’issue de ce test, le graphothérapeute pourra s’entretenir avec l’enfant sur ses besoins et la façon dont il perçoit ses propres difficultés. Il définira alors un plan de séances progressives. La première séance comporte déjà une mise en pratique avec des exercices.

En général, la rééducation en écriture s’étale sur une petite dizaine de consultations. Chaque séance fait travailler un point spécifique : un geste, un ensemble de lettres ou de motifs graphiques, une posture à acquérir. L’enfant repart avec de petits exercices à effectuer à la maison entre deux séances.

Cet entraînement est indispensable pour que la rééducation porte ses fruits. La présence des parents est donc nécessaire lors des consultations pour prendre connaissance des consignes. Ils devront veiller à ce que ces exercices soient faits régulièrement et correctement avant la séance suivante. En fin de parcours, un bilan est réalisé pour mesurer les progrès effectués.

À  noter : les séances ne sont pas remboursées par la sécurité sociale.

Les bénéfices sont multiples car un enfant qui écrit facilement et rapidement gagne confiance en lui. Il apprend mieux, se sent plus détendu en classe, économise de l’énergie. Tenir un stylo sans effort, se relire aisément, pouvoir apprendre ses leçons copiées du tableau sans se poser de questions ni hésiter sur ce qu’on a écrit, écrire et copier longtemps sans avoir mal : cela paraît évident mais c’est un changement considérable pour un élève. L’écriture est plus lisible après une rééducation mais surtout, l’élève se sent à nouveau capable de réussir. Son estime de soi est restaurée.

Des pistes pour améliorer son écriture

Sachez que la thérapie fait d’abord travailler les gestes sur de grands formats de papier. Il s’agit de tracer de grandes formes, pour petit à petit revenir à un tracé des lettres en tant que telles sur des lignes de cahier. Ainsi, on retrouve de la souplesse dans le geste et on affine progressivement l’habileté motrice nécessaire pour tracer les plus petits éléments.

Le graphothérapeute fait prendre conscience de la position du corps et de la main qui écrit et celle qui n’écrit pas. Il fait aussi observer le rythme et la pression sur le crayon, la gestion de l’espace sur le support.

Voici quelques clés pour commencer vous améliorer ou aider votre enfant, en attendant d’avoir l’avis d’un professionnel :

  • Choix du crayon : il est indispensable de choisir un crayon adapté à la main de votre enfant et à son âge. Evitez les stylos à bille qui ne délivrent un tracé bien net que quand ils sont tenus verticalement. Proscrivez aussi les stylos quatre couleurs : bien que pratique, leur diamètre est trop gros et amène l’enfant à positionner son majeur au-dessus au lieu de le mettre sous le stylo.

Les stylos à encre ne sont pas faciles à manier non plus, car ils demandent de réguler la pression pour que l’encre sorte avec le bon débit. Préférez donc le crayon à papier avec encoche pour placer les doigts au bon endroit. Les criterium bicolores sont aussi intéressants : il faut placer ses doigts sur la partie colorée basse du crayon. Concernant les stylos, les modèles type Twist de Pelikan ou Stabilo Easy original sont idéaux. Ils sont souples et incurvés pour faciliter la prise en main.

  • Prise en main du crayon : trop d’enfants posent leur majeur sur le dessus du crayon. Il doit se trouver en dessous et l’index sur le dessus. Observez comment votre enfant utilise son stylo et aidez-le à refaire la « pince » entre le pouce et l’index, puis à positionner le majeur sous le crayon. Vous trouverez sur les sites des graphothérapeutes agréés de nombreuses vidéos de démonstration du geste correct.
  • Pâte à modeler : c’est l’outil parfait pour retrouver une motricité fine. Malaxer la pâte avec une seule main pour délier les doigts constitue aussi un échauffement avant l’écriture. Votre enfant peut s’entraîner tout seul à muscler efficacement sa main de cette façon.
  • Gymnastique des doigts : faire se toucher alternativement le pouce avec chacun des autres doigts, serrer les poings puis ouvrir la main en étendant les doigts au maximum, jouer du piano dans l’air… Voilà quelques exemples d’exercices pour continuer à délier les doigts.
  • Repérage dans l’espace : vous pouvez faire tracer à votre enfant un huit allongé dans l’air puis l’inviter à le reproduire en grand sur une grande feuille. Demandez-lui de repasser plusieurs fois sur la forme en étant aussi proche que possible du premier tracé. Ce type d’exercice permet de gagner en précision dans le positionnement et dans l’agilité.
  • Posture globale : est-ce que votre enfant semble avachi pour écrire, ou au contraire tout crispé ? Vérifiez qu’il se tient le dos droit mais sans raideur inutile. La main doit rester souple et le reste du corps aussi. C’est en passant d’abord par de grands tracés sur de grandes feuilles que l’enfant pourra écrire sans crispation de petites lettres sur de petites lignes.

Aussi, ne cherchez pas à lui faire recopier plein de fois des lignes en espérant qu’il s’améliorera à la longue. Il y a une aisance motrice à récupérer en amont et cela passe par le fait de mettre son corps en mouvement, en conscience, dans l’espace autour de soi.

  • Ancrage du geste graphique : avant de le faire s’asseoir, faites-le écrire dans l’air quelques lettres, afin qu’il perçoive et mémorise la sensation du tracé. En effectuant cette répétition mimée, il s’imprègne d’un geste fluide et peut le reproduire avec moins d’effort sur une feuille.

Bien écrire, c’est parfois un défi pour les enfants et les adultes ! Nous sommes nombreux à nous plaindre de notre écriture ou de celle des autres. Qu’elle soit illisible ou simplement peu esthétique, nous pouvons cependant remédier à cela en entamant une rééducation de l’écriture. Pour gagner en confort, en vitesse et en lisibilité, la graphothérapie nous offre un moyen simple et efficace de retrouver le plaisir d’écrire et d’être lu sans difficulté.

Questions fréquentes ?

Qu'est-ce que la graphothérapie ?

Il s'agit d'une méthode qui a pour objectif de rééduquer l'écriture.

Comment est-elle mise en œuvre ?

- Évaluation de la dysgraphie, par l'intermédiaire du test BHK
- Échange pour évaluer les besoins de l'enfant ou de l'adulte
- Mise en place de séances progressives

Qui est concerné ?

Les enfants et les adultes peuvent être concernés par cette méthode de rééducation.

Marion Dorval
Marion Dorval, Auteur

Accompagnatrice en expression vocale créatrice. Spécialisée auprès des personnes hypersensibles. Ex enseignante pendant 10 ans.