Présentation
La rutine est également appelée rutoside en raison de sa découverte dans la rue fétide.
Comme tout flavonoïde, elle est un pigment donnant la couleur brune aux fruits, céréales et plantes.
De nombreuses études cliniques ont mis en évidence son potentiel biologique : anti-inflammatoire, antioxydante, neuroprotectrice, nephroprotectrice, et hépatoprotectrice.
Elle trouve son intérêt dans les stratégies anti-âge, la prise en charge du diabète et ses conséquences neurologiques, les troubles circulatoires…
Ses dérivés synthétiques, oxérutine, sont utilisés dans les médicaments à visée vaso-protectrice et anti-thrombotique.
Propriétés et bienfaits
Circulation sanguine
L’insuffisance veineuse se caractérise par la sensation de jambes lourdes, gonflées avec apparition de varices. Elle résulte d’une faible tonicité des valvules qui n’assurent plus leur rôle de remonter le sang. Une stase sanguine s’installe avec le risque de développer à terme thrombose, plaies variqueuses, ulcères.
La rutine permet de réduire la perméabilité vasculaire. Ainsi la consommation de rutine par des femmes enceintes a permis de réduire significativement les symptômes liés à l’apparition des varices1.
Une autre étude2 a montré que la rutine agit en inhibant l’adhésion des monocytes à la barrière endothéliale des veines. Par cette activité elle diminue la perméabilité veineuse et les réponses inflammatoires dégradant la fonction veineuse.
Par ses propriétés sur la circulation, elle peut s'avérer utile pour la couperose.
En effet, toute lésion conduit à une agrégation plaquettaire qui peut former un thrombus si les lésions sont nombreuses et répétées. Or la rutine réduit l’agrégation plaquettaire en inhibant l’activité des cycloxygénases3.
Cependant, une autre étude4 a analysé la mise en contact de rutine avec du venin de serpent qui perturbe l’homéostasie du sang en augmentant l’agrégation plaquettaire. Il s’avère que in vitro l’effet anti-agrégatation de la rutine est peu significatif mais elle atténue l’hémorragie locale.
Enfin, l’équipe de Choi JH5 a démontré que la rutine diminue l’activité de la thrombine, protéine pro-coagulante tandis qu’elle prolonge l’activité de la prothrombine. Ces résultats suggèrent que la rutine présente un intérêt comme agent anti-thrombotique et exercerait un effet protecteur vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires.
Maladies cardiovasculaires
Un des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires est l’oxydation du LDL-cholestérol. Cette oxydation se produit dans la paroi vasculaire et conduit à la formation de plaques d’athérome.
Or la rutine, un flavonoïde antioxydant, est capable de réduire cette oxydation6.
Seule ou associée à de la curcumine et administrée à des rats hyperlipidémiques, elle conduit à une baisse du cholestérol total et des triglycérides. Tandis que le HDL-c s’élève et l’inflammation diminue7.
Lorsque des poulets sont supplémentés avec 1 g de rutine / kg, de nouveau, le cholestérol total, le LDL-c et les triglycérides diminuent alors que l’activité de la SOD (superoxyde dismutase), de la catalase et de la glutathion peroxydase, augmente. L’expression des gènes lipidiques dans le foie s’exprime significativement moins8.
Diabète
En raison de l’augmentation du stress oxydatif au cours du diabète, plusieurs études se sont penchées sur l’intérêt de la rutine.
En effet, le stress oxydatif majore les complications de l’hyperglycémie.
Ainsi l’apport de 100 mg de rutine / jours pendant 45 jours à des rats diabétiques, a réduit la glycémie à jeûne, à augmenter le taux d’insuline. L’analyse histologique du pancréas a révélé un rôle protecteur de la rutine9 en particulier des cellules béta.
Une des conséquences du diabète est l’atteinte cardiaque avec hypertrophie et hyperlipidémie. Les propriétés antioxydantes de la rutine ont été étudiées sur la souris supplémentée avec 60 mg de rutine / kg10. La rutine améliore la fonction cardiaque, réduit la lipidémie et la glycémie. Tandis que la densité capillaire est augmentée au niveau des tissus myocardiaques.
Par ailleurs, la rutine est capable d’inhiber la glycation de l’hémoglobine et la formation de protéines glyquées à un stade précoce comme avancé11,12.
De même, la rutine active des métalloprotéinases rénales réduisant la formation de métabolites et de protéines glyquées au niveau des reins, améliorant ainsi leur filtration. Enfin, une autre étude confirme non seulement la réduction de la glycémie, de l’hémoglobine glyquée avec une meilleure tolérance au glucose mais aussi exerce un effet hépatoprotecteur contre la nécrose hépatique13.
Concernant les conséquences de l’hyperglycémie sur la rétinopathie, la supplémentation de 100 mg de rutine / kg pendant 5 semaines, le facteur neutrophique et le facteur de croissance nerveux (NGF) étaient améliorés soit une meilleure protection des dommages causés par la glycation14.
Obésité
Augmenter la dépense énergique en activant la combustion du tissu gras brun est une méthode recherchée dans le cadre de la réduction du poids. Or une supplémentation en rutine extraite du mulberry réduit le tissu adipeux, augmente la dépense énergétique de repos, améliore la régulation de la glycémie chez la souris15.
Un des facteurs de la prise de poids est la régression du nombre de mitochondries dans les cellules musculaires. Or la rutine augmente la taille des mitochondries et l’expression de l’ADN. La complémentation en rutine aiderait ainsi à augmenter la dépense énergétique et ainsi la perte de poids16.
Une dysbiose intestinale induit une inflammation responsable de prise de poids. La consommation de rutine associée à de l’inuline réduit les médiateurs de l’inflammation diminuent, rééquilibre le microbiote et entraîne une perte de poids17.
Une autre a constaté la perte de poids après 28 jours de supplémentation en rutine18.
Troubles neurologiques
Lorsque des rats ont reçu une supplémentation en rutine avant d’être placés en situation de stress physique et psychologique, les troubles des fonctions locomotrices, l’anxiété, le stress oxydant et le cortisol étaient significativement moindres que le groupe non traité19.
Récemment, une nouvelle étude20 confirme l’effet neuroprotecteur de la rutine après que des rats exposés à du fluorure soient supplémentés en rutine. Elle a permis la réversibilité des troubles du comportement induits par la toxicité du fluorure. Elle serait médiée par une amélioration du statut antioxydant via l’activation de l’acétylcholinestérase permettant ainsi la réduction de la lipoperoxydation, la neuro-protection et ainsi de l’apoptose des neurones.
Lors d’un traumatisme crânien, l’apoptose neuronale est importante. L’apport de rutine diminue le stress oxydant ainsi que l’apoptose par la modulation du monoxyde d’azote21.
Dans le cas de démence, l’apport de rutine22 par ses propriétés anti-inflammatoires, protége les neurones de la lipoperoxydation, améliore le statut oxydant et prévient ainsi les troubles cognitifs.
Par ailleurs, la rutine inhibe la formation des plaques de béta-amyloïde et leur cytotoxicité. Ce serait le fait d’une stimulation des enzymes catalase, SOD, glutathion peroxydase, activité réduite dans la maladie d’Alzheimer23. Elle améliore également la durée de vie des cellules du tronc cérébral.
Antioxydant et anti-âge
En raison de ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoire, l’application d’une crème de jour enrichie en rutine durant 4 semaines par des femmes âgées entre 30 et 50 ans24. Comparativement au groupe placebo la synthèse de collagène était activée tandis que celle des métalloprotéases était diminuée avec un stress oxydant moindre. D’autre part, sous l’effet de la rutine, l’élasticité de la peau était améliorée et le nombre de rides et leur profondeur s’estompait.
Rutine en complément alimentaire
La rutine est un flavonoïde naturellement présent dans de nombreuses variétés de fruits et légumes.
A partir de celle-ci est obtenue la troxérutine par des réactions d’estérification. Cette dernière est une forme semi-synthétique utilisée dans les préparations médicales destinées à traiter les insuffisances veineuses.
La quercétine est la forme aglycone de la rutine, également présente dans les plantes. Il s’agit d’une forme active dont les propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires semblent supérieures à la rutine selon les études in vitro et in vivo. Par contre elle aurait une toxicité supérieure expliquant qu’elle n’entre pas dans la fabrication des médicaments mais elle est retrouvée dans les compléments nutritionnels.
Cependant la rutine reste le bioflavonoïde le plus employé dans les compléments alimentaires.
Ses origines botaniques sont principalement :
- Sophora japonica
- Ruta graveolens
Elle est proposée seule ou associée avec de la vitamine C ou d’autres flavonoïdes (raisin, pamplemousse) afin de renforcer son action circulatoire.
En pratique
Posologie
200 à 500 mg de rutine / jour
Le traitement se suit entre 3 à 6 mois.
Précautions d’emploi
Femmes enceintes et allaitantes : se limiter à une dose correspondant à une prise naturelle de rutine soit environ 40 mg/ jour.
Contre-indications
- Anti-coagulants
- Hypotension
Effets secondaires
Rarement troubles gastro-intestinaux
Interactions médicamenteuses
Aucune interaction connue
Rutine dans les aliments
Aliments riches en rutine | mg / 100 g (ml) |
Oignon | 34,7 |
Sarrasin | 12,6 à 36 |
Asperge | 30 |
Brocoli | 3 |
Pomme | 2,1 à 7,2 |
Thé | 2 |
Laitue | 1,4 |
Vin rouge | 0,4 à 1,6 |
Tomate | 0,8 |
Jus de raisin | 0,7 à 0,9 |
Questions fréquentes
Qu'est-ce que la rutine?
La rutine est un pigment donnant la couleur brune à certains végétaux. Il dispose de nombreux bienfaits pour l'organisme.
Pourquoi en prendre?
Les propriétés de la rutine sont les suivantes :
1. Contrôle de la glycémie
2. Prévention de certaines maladies cardiovasculaires
3. Amélioration de la fonction cardiaque
4. Régulation du microbiote et perte de poids
5. Rôle neuroprotecteur
6. Action antioxydante
Quelles sont les mises en garde?
La rutine est déconseillée pour les femmes enceintes et allaitantes. Elle peut entrer en interaction avec certains traitements: des anticoagulants ou des hypotenseurs.
- 1: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17253454
- 2: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22721984
- 3: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6329230
- 4: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30307940
- 5: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25777266
- 6: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15070159
- 7: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30679022
- 8: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30583506
- 9: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22375253
- 10: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28826911
- 11: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16443355
- 12: 🔗 https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0531513102009494
- 13: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30138894
- 14: 🔗 https://www.jimmunol.org/content/194/1_Supplement/48.21
- 15: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28049156
- 16: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26402699
- 17: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22445961
- 18: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29180336
- 19: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24905301
- 20: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29908257
- 21: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24484907
- 22: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22441036
- 23: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22445961
- 24: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27220601