Saule blanc (Salix alba): bienfaits, posologie et contre-indications

Présentation

Histoire de cette plante en phytothérapie

Selon toute vraisemblance, son histoire commence au plus profond de la nuit des temps. Ses premières traces d’utilisation thérapeutique nous ramènent à 500 ans avant notre ère, en Asie et en Amérique du Nord. Il y servait alors d’antipyrétique et d’analgésique.

Au 1er siècle, le célèbre médecin-botaniste grec, Dioscoride suggère son utilisation pour soulager les douleurs lombaires. Plus tard, ses applications se diversifient et les Grecs anciens l’utilisent pour abaisser la fièvre et calmer les douleurs, de manière générale.

Au Moyen-Âge, il garde sa célébrité, mais on l’utilise différemment. Il devient un anti-vomitif et semble aussi être utilisé pour diminuer la libido.

Ce n’est qu’au XIXe siècle qu'il commence vraiment à être exploité à sa juste valeur. En 1829, le pharmacien français Pierre-Joseph Leroux isole son principe actif : la saliciline. En 1838, Rafaele Pira produit pour la première fois de l’acide salicylique à partir de l’écorce de l’arbre. Il faut encore attendre 20 ans pour qu’un chimiste allemand synthétise ce composé.

Ce n’est cependant qu’en 1897 qu’une forme stable d’acide acétylsalicylique est produite par un employé de la célèbre firme pharmaceutique Bayer. L’aspirine est née. C’est elle qui est la plus populaire et la plante tombe en désuétude. Mais, depuis la fin du XXe siècle, il fait son grand retour dans les pharmacies naturelles en raison des effets secondaires de l’aspirine.

Un peu de botanique

Le saule blanc est originaire d’Europe. Au fil du temps, de nombreux arbres ont été importés en Asie et en Amérique où ils s’épanouissent aussi facilement. Souvent niché sur des sols humides, dont il est friand, il atteint souvent une hauteur de 25 mètres.

D’un point de vue strictement botanique, il appartient au genre des Salix. Son représentant le plus populaire est le saule pleureur, indissociable des tableaux romantiques.

Si cet arbre est si connu, c’est que son écorce est riche en dérivés salicylés dont les propriétés médicinales ont traversé les âges.

Composition

L’écorce du saule blanc est avant tout renommée pour sa teneur, comprise entre 1 % et 11 % de dérivés salicylés (dont essentiellement de la saliciline). Pourtant, ce composé n’est pas le seul à valoir le détour.

En effet, elle est également très bien pourvue en flavonoïdes :

• quercétol ;
• lutéoline ;
• isoquercitroside ;
• glycosyl naringétol ;
• isosalipurposide.

Elle contient aussi jusqu’à 20 % de tanins catéchiques et quelques composés phénoliques comme la vimaline, le syringoside ou encore le picéoside.

Aspirine

Son écorce et l’aspirine comportent un principe actif similaire d’un point de vue chimique. Cependant, même si son action est plus rapide, l’acide acétylsalicylique, présent dans l’aspirine, provoque des effets secondaires (parfois graves) qui ne se produisent pas avec l’écorce.

Vertus du saule blanc

Il est considéré comme une aspirine végétale. Grâce à son écorce riche en dérivés salicylés, cette plante médicinale est recommandée pour soulager les douleurs et pour traiter les états fébriles. Exempt des effets secondaires de l’aspirine, il redevient un produit phare des pharmacopées occidentales. Explications.

Douleurs lombaires

Le traitement des lombalgies est la plus ancienne des utilisations documentées de cet arbre. En effet, il s’agissait déjà de la principale indication de Dioscoride, au 1er siècle.

Depuis, les scientifiques se sont penchés sur le sujet et plusieurs études ont été menées pour vérifier la pertinence de cette application. Elles confirment l’efficacité de l’extrait pour soulager les douleurs lombaires.

Une première étude datant de 2000¹‌ détermine que l’extrait de saule présente des bienfaits supérieurs au traitement « placebo ». Les résultats démontrent que 39 % des personnes traitées n’ont plus ressenti aucune douleur après le traitement.

Une autre étude, datant de 2001²‌, démontre qu’un extrait, dosé à 240 mg de saliciline, se révèle aussi efficace qu’un traitement anti-inflammatoire classique. Avec cependant une nette différence au niveau du prix et des effets secondaires, et ce, en faveur de l’extrait naturel. Elle peut donc être qualifiée de plante anti-inflammatoire.

Arthrose

L’arthrose fait également partie des pathologies dans lesquelles son utilisation est la plus recommandée. Dès lors, de nombreuses recherches ont été menées afin d’en établir la pertinence ou non.

Des études réalisées en 1996³‌, 2001⁴‌ et 2008⁵‌ établissent très clairement que l’extrait d’écorce de l’arbre soulage efficacement les douleurs liées à de l’arthrose et notamment de la gonarthrose et de la coxarthrose. Par ailleurs, les chercheurs mettent également en évidence le peu d’effets secondaires liés à l’utilisation du produit.

Arthrite rhumatoïde

En 1996, les résultats d’une étude de faible ampleur mettent en évidence des bienfaits réels, mais modérés, du saule blanc sur les douleurs de l’arthrite rhumatoïde. Toutefois, aucune autre étude n’a, à ce jour, pu confirmer ces résultats. Dès lors, il est trop tôt que pour conclure à l’efficacité réelle de l'écorce de l’arbre dans cette pathologie.

Fièvre, céphalées, règles douloureuses, tendinites et autres pathologies douloureuses

Tout semble indiquer qu'il peut être utilisé dans les indications usuelles de l’aspirine. La Commission E ainsi que l’ESCOP reconnaissent d’ailleurs son efficacité pour faire baisser la fièvre et soulager les douleurs rhumatismales et les céphalées. Il est enregistré dans la liste des plantes médicinales de la pharmacopée française.

Propriétés thérapeutiques reconnues

• Troubles digestifs - stomachique : dyspepsies hypersthéniques, hyperchlorhydrie gastrique, diarrhées chroniques, douleurs à l'estomac
• Génital : douleurs pelviennes, péristaltisme génital, éréthisme génital (anaphrodisiaque)
• Système nerveux - sédatif : anxiété, angoisse, insomnie
• Hémostatique : hémorragies
• Traitement des douleurs articulaires aiguës
• Fièvres intermittentes et états grippaux

Usages populaires

L'utilisation populaire du saule blanc est variée :

• Digestif - tonique, fortifie l'appareil digestif: diarrhées chroniques, gastralgie, dyspepsie, acidité gastrique.
• Troubles de la circulation sanguine: hémorragies excessives, hémoptysie, veines variqueuses.
• Reins - diurétique: rhumatisme aigu et chronique.
• Génital: leucorrhée, éréthisme génital, dysménorrhée, prostatorrhée.
• Système nerveux - sédatif, analgésique, antispasmodique: hystérie, hyperesthésie, insomnie, névralgie faciale.
• Peau - astringent: dermatoses, plaies, antisudorifique.
• Fébrifuge.

Différentes formes

En complément alimentaire

Il est disponible en gélules, teinture-mère et sous forme liquide.

Il est également possible de le consommer en tisane.

Saule blanc bio ?

Il s'agit d'un arbre. Il peut donc être cultivé en agriculture biologique et être certifié bio.

Dosage

La posologie du saule blanc dépend de sa forme galénique. En effet, l’extrait peut être utilisé sous forme de gélules, d’extraits fluides, de plante sèche ou de teinture-mère.

Les dosages dépendant des formes galéniques :

• en infusion/tisane : 2 à 3 g infusés dans 250 ml d’eau, 3 x par jour ;
• en teinture-mère : 2,5 ml mélangés à un verre d’eau, 3 x par jour ;
• en extraits fluides : 15 à 30 gouttes, 3 x par jour ;
• en gélules : 200 mg, 3 à 5 x par jour.

Usages populaires:

• Décoction - fébrifuge, troubles digestifs : 30 à 60 g d'écorce par litre d'eau bouillante. Laisser infuser pendant 10 minutes. Boire 2 à 3 tasses par jour avant les repas.
• Poudre d'écorce - astringente, tonique : prendre 8 à 10 g de poudre, avant chaque repas, dans une boisson appropriée (tisane).
• Infusion - troubles digestifs : 3 à 5 g de feuilles par tasse d'eau bouillante. Laisser infuser pendant 10 minutes. Boire 3 tasses par jour avant les repas.
• Usage externe - compresses - cicatrisation (plaies, ulcères variqueux): faire macérer 100 g d'écorce dans 1 litre d'eau pendant 15 minutes. Faire bouillir ensuite pendant 10 minutes, puis laisser infuser 10 minutes. Imbiber les compresses de la macération, et les appliquer directement sur les zones à traiter.

Utilisation

Idéalement, les extraits de salix alba doivent être consommés au moment des repas.

Précaution d’emploi

Comme tous les compléments alimentaires, il possède quelques précautions d’emploi.

Précautions générales

Les extraits de salix alba sont déconseillés chez les enfants de moins de 12 ans et chez les femmes enceintes et allaitantes.

Contre-indications

En raison de sa proximité biochimique avec l’aspirine, il présente certaines contre-indications. Le salix alba ne peut être consommé par les personnes :

• allergiques à l’aspirine ;
• sous traitement anticoagulant ;
• souffrant de problèmes d’estomac tels que les gastrites, les ulcères ou les reflux.

Effets secondaires

De manière générale, et à dose thérapeutique, il n’engendre pas d’effets secondaires. Toutefois, de rares cas de nausées et de diarrhées ont été rapportés.

Interactions

A priori, il ne possède pas d’interaction connue. Toutefois, en raison de sa proximité biochimique avec l’aspirine, il est conseillé de demander un avis médical avant d’utiliser un tel complément, avec un traitement anticoagulant ou antiplaquettaire.

Questions fréquentes