Tisanes, décoctions, gélules, poudres… quelles différences?

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La phytothérapie propose de multiples formules pour consommer les plantes. Traditionnellement, on utilisait les infusions, décoctions et les macérations dans l’alcool. Aujourd’hui, nous avons accès à une grande diversité de formulations. Comment les plantes sont-elles préparées ? Comment s’y retrouver en termes de naturalité, d’efficacité et de coût ?

L’extraction, pilier de la phytothérapie

Ce qui différencie les différentes formules, c’est leur mode de préparation. Le but premier de la phytothérapie est d’extraire les principes actifs des végétaux. L’efficacité d’une préparation est assujettie aux molécules qui ont été extraites.

Lorsque l’on met une plante à infuser, la tisane concentre des molécules. Ici, l’eau sert de solvant d’extraction. Mais les principes actifs recueillis sont forcément ceux qui sont solubles dans l’eau. C’est pour cette raison qu’on retrouve très peu d’huiles essentielles ou d’acides gras dans les tisanes.

Afin de pouvoir extraire des principes actifs solubles dans les graisses, on utilise traditionnellement l’alcool. Celui-ci à l’avantage de pouvoir extraire à la fois des molécules hydrosolubles et liposolubles. On obtient donc un spectre beaucoup plus large de principes actifs avec l’alcool.

Désormais, il existe aussi de nombreux autres solvants plus ou moins recommandables, qui permettent d’extraire les 2 types de molécules.

La dose fait l’efficacité

S’assurer que les principes actifs des plantes sont bien présents dans une formule, c’est bien. Mais les prendre à la bonne dose, c’est mieux. Chaque préparation a sa posologie. Si l’on prend l’exemple des infusions, la dose efficace est d’une cuillère à soupe par tasse de plante sèche. Cela représente entre 3 et 9 grammes selon les plantes médicinales. Sachant qu’un sachet de tisane classique en contient 2 grammes, vous imaginez que les résultats ne seront pas forcément au rendez-vous.

Naturel ou pas ?

Enfin, le critère de la naturalité est aussi à prendre en compte. Tisanes, ampoules, teintures mères peuvent être considérées comme naturelles. En effet, elles n’utilisent que l’eau ou l’alcool comme solvants. De plus, elles ne contiennent pas d’additifs chimiques. Mais concernant les extraits en gélules ou en comprimés, on ne sait pas forcément les solvants qui ont été utilisés. Seul le label bio permet de le savoir : il n’autorise que l’eau et l’alcool.

Bien évidemment, il faut aussi lire les étiquettes : gélules et comprimés contiennent souvent des additifs chimiques.

Les infusions

C’est un moyen naturel pour bénéficier du pouvoir des plantes. Il est adapté aux parties peu dures (feuilles, fleurs). Après avoir retiré l’eau du feu avant ébullition, on fait infuser 10 minutes et on filtre. La dose thérapeutique efficace à infuser est de 1 cuillère à soupe de plante sèche par tasse (3 à 10 g selon les plantes), 2 à 3 fois par jour.

Ce mode de préparation est très intéressant pour recueillir tous types minéraux. C’est aussi le cas pour le silicium : solubilisé dans l’eau, il est plus assimilable que dans les poudres. Par contre, il faut éviter les infusions pour les plantes dont les actifs principaux sont très peu solubles dans l’eau: millepertuis, ginseng, olivier, basilic sacré, chardon marie, cimifuga, tribulus, shatavari, yam, soja et sauge. Pour le ginkgo, les molécules réputées pour la mémoire ne se retrouveront pas dans la tisane. Par contre, celles pour la circulation sanguine y seront.

A moins que l’on se serve des plantes de son jardin, il est difficile d’avoir de la lisibilité sur la qualité des plantes sèches en vrac ou en sachets. Il faut privilégier les petits producteurs français ou les marques avec une charte qualité exemplaire.

Les décoctions

Ce qui est valable pour les infusions est valable pour les décoctions. Simplement, le mode de préparation est un peu différent, car il est adapté aux parties dures : racines, écorces, aubiers. Il consiste à infuser à feu doux pendant 10 à 20 minutes.

Les ampoules

Le plus souvent, les ampoules contiennent un extrait aqueux de plante. Cela signifie que le fabricant a fait l’infusion ou la décoction en amont, avant de les mettre dans des ampoules.

Pour connaître la teneur en plantes, il faut regarder « l’équivalent plantes sèches ». Le plus souvent, une ampoule correspond à 2 grammes de plante sèche. Etant donné qu’une infusion recèle 3 à 9 grammes selon les plantes, il faut prendre le plus souvent 2 ampoules pour avoir un équivalent d’infusion ou décoction! Les ampoules reviennent donc très cher, surtout qu’on a besoin de répéter cette dose 2 à 3 fois par jour.

Extraits hydro-alcooliques et teintures mères

Teintures mères et extraits hydro-alcooliques utilisent le même procédé : l’extraction des principes actifs se fait lors d’une macération de la plante avec de l’eau et de l’alcool. Ces préparations recueillent donc l’ensemble des molécules. La différence entre les différents produits réside dans la quantité de plante mise à macérer, ainsi que dans les proportions d’eau et alcool. Pour la teinture mère, qui est réservée à la pharmacie, ces quantités sont normées.

Poudres et gélules de poudre

On trouve souvent des plantes sous forme de poudre. Aussi, la majorité des gélules proposées sur le marché contiennent de la poudre brute. Après le séchage, la plante est broyée pour ensuite être mise en sachet, pot, gélules ou comprimés.

Cette forme est la plus économique, mais elle a des inconvénients. En effet, on a aucune idée de la qualité de la plante, ni de sa concentration en principes actifs. D’autre part, cette formulation est souvent celle qui est le moins assimilable.

Extraits en gélules ou comprimés

Les extraits concentrent les actifs des plantes en utilisant un solvant. Alors que les extraits bio n’autorisent que l’eau et l’alcool, les autres peuvent utiliser des solvant divers, plus ou moins recommandables. Ne les cherchez pas dans l’étiquette des compositions, la loi autorise à ne pas les mentionner, car ils se retrouvent à l’état de traces dans le produit final. Les choisir en bio permet de s’assurer qu’aucun solvant problématique n’a été utilisé.

Lorsque vous voyez un extrait 4 :1, cela signifie qu’il a fallu 4 grammes de plantes sèche pour réaliser 1 gramme d’extrait. Autrement dit, cet extrait est 4 fois plus concentré qu’une poudre simple. Il faut donc prendre moins de gélules.

Aussi, il existe les extraits dits « standardisés » ou « titrés » en une ou plusieurs molécules. Cela signifie que l’on est sûr d’avoir un certain dosage en principe(s) actif(s). Ce sont eux qui sont généralement utilisés lors des études cliniques. En effet, la science considère que l’efficacité d’une plante est en grande partie liée à la présence de ces principes actifs. Cette formulation a l’avantage de garantir une qualité de la plante initiale et un dosage normé pour espérer avoir des bienfaits sur la santé. Ce qui n’est pas le cas des poudres ou des extraits non standardisés en actifs.

Extraits glycérinés

Il existe un autre solvant bien connu des amateurs de gemmothérapie : la glycérine. En plus de l’eau et de l’alcool, la glycérine est utilisée comme solvant. Son avantage est de pouvoir extraire des molécules hydrosolubles et liposolubles, comme l’alcool. Mais sa spécificité fait qu’elle extrait et concentre plus facilement certains actifs que l’alcool. Hormis la gemmothérapie, une préparation disponible en pharmacie utilise la glycérine : ce sont les EPS. Disponibles sous forme liquide, ils coûtent beaucoup lus cher qu’une teinture mère, mais ils sont un peu plus concentrés en actifs.

En conclusion

La phytothérapie est une discipline complexe qui nécessite un long apprentissage pour cerner les bienfaits et contre-indications des plantes. Mais elle l’est tout autant en ce qui concerne les différentes préparations. Les anciens faisaient les choses simplement. Une plante est efficace en tisanes: ils la prenaient selon cet usage, parties tendres en infusion et parties dures en décoction. Une plante n’est pas efficace en tisane : ils la prenaient dans un vin ou une liqueur, pour extraire les principes actifs non hydrosolubles.

Mais aujourd’hui, l’offre de produits s’est considérablement diversifiée, et il est difficile d’y voir clair. Pire, on peut voir des extraits aqueux en ampoules de ginkgo avec mémoire noté sur la boîte, alors que les principes actifs pour la mémoire ne sont pas extractibles par l’eau. Parfois, le marketing vous fera croire à un produit naturel alors qu’il est rempli d’additifs.

Alors voilà ce qu’il faut avoir à l’esprit quand on choisi sa préparation en phytothérapie : quel est le solvant (eau, alcool, glycérine, autres) et y a-t-il des additifs chimiques.

Afin de ne pas se tromper, la tisane reste l’incontournable, mis à part pour les plantes invoquées plus haut. Elle peut se prendre en ampoules pour plus de praticité. Pour les plantes non compatibles avec les tisanes ou si vous jugez cette préparation trop contraignante au quotidien, optez pour les extraits hydro-alcooliques ou les extraits en gélules. Si vous voulez être sûr de la qualité de la plante initiale et de la présence de molécules actives, alors optez pour un extrait titré en principe actif. Le problème de ce dernier est que le solvant d’extraction n’est pas mentionné, alors qu’il peut être problématique. Le site nutrascan.com analyse les solvants utilisés pour de nombreux produits du commerce. Sachant qu’un produit bio ne peut utiliser que l’eau et l’alcool comme solvant, c’est un moyen simple pour s’assurer de la naturalité d’un extrait bio titré en actifs.

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Rédaction Doctonat