Présentation
La vitamine K figure parmi les plus méconnues de la littérature médicale. Son histoire débute il y a moins d’un siècle et les recherches sont encore en cours.
Il existe 3 formes de vitamine K portant des numéros allants de 1 à 3.
À l’origine de la découverte, il y a le biochimiste danois Henrik Carl Peter Dam. Il découvrit son existence un peu par hasard. En effet, dans les années 1920, il étudia le rôle du cholestérol et mena des expériences dans lesquelles il privait les poulets de matières grasses.
À la suite de cela, les volatiles souffraient d’hémorragies persistantes. Il a alors réintroduit le cholestérol sans pour autant réintroduire les matériaux lipidiques complets.
Cependant, malgré cela, il a constaté que les poulets continuaient à souffrir des mêmes effets secondaires. Il en a donc, logiquement, déduit l’existence d’une autre substance à effet coagulant. Il l’a ainsi nommée Koagulationsvitamin (pouvant librement être traduit de l’allemand par vitamine de la coagulation).
Ce n’est qu’en 1936 que le biochimiste danois parvint à l'isoler à partir de la luzerne. La synthétisation chimique sera quant à elle réalisée dès 1939 par le biochimiste américain Edward Adelbert Doisy.
Les 2 chercheurs partageront ensuite le prix Nobel de médecine en 1943 pour leurs recherches individuelles puis conjointes sur la vitamine K.
Depuis lors, une autre vitamine K a été découverte. Depuis une décennie toutefois, elle fait l’objet de nombreuses recherches et commence à bénéficier d’une certaine mise en lumière dans la littérature médicale.
Rôles
La vitamine K1 joue avant tout un rôle prépondérant et bien connu dans le système de coagulation sanguine. Elle stimule donc certains facteurs de coagulation et évite les hémorragies1.
La vitamine K2 est toutefois moins connue à la fois du grand public et des autorités sanitaires. Il semble cependant certain qu’elle ait un impact non négligeable dans la calcification des tissus mous. Elle facilite l’ostéocalcine. Elle permet donc une croissance osseuse harmonieuse ainsi qu’un effet protecteur contre l’ostéoporose2.
Certaines études récentes tendent à laisser penser que la vitamine K2 pourrait également avoir un rôle sur le système inflammatoire et sur le système cardio-vasculaire.
Propriétés et bienfaits
Prévention de l’ostéoporose
La prévention de l’ostéoporose est l’application de la vitamine K qui a le plus souvent été étudiée au cours des dernières décennies. Il semblerait en effet qu'elle ait un rôle prépondérant dans la préservation de la densité osseuse chez les personnes de plus de 60 ans et les femmes postménopausées.
Dans ce cadre, les chercheurs ont travaillé en deux temps : une recherche sur la vitamine K1 puis une recherche sur la vitamine K2.
Études avec la vitamine K1
C'est d'abord la vitamine K1 qui a été testée sur la préservation de la densité osseuse.
En 2003 et en 2004, des études menées sur des femmes ménopausées3 ont montré que l’action de préservation de la densité osseuse induite par la vitamine D et le calcium était majorée en association avec la vitamine K14.
Cependant, une étude menée en 20085 est arrivée au résultat opposé. Cette étude d’envergure démontre, que la vitamine K1 n’aurait pas ralenti le déclin de la densité osseuse, mais qu’elle possède cependant un effet sur la réduction des possibilités de fracture sur les femmes atteintes d’ostéopénie6.
En bref, l'efficacité de cette vitamine reste limitée.
Études avec la vitamine K2
Par la suite, les scientifiques se sont intéressés au rôle éventuel de la vitamine K2 dans la préservation osseuse des femmes ménopausées.
Les études et méta-analyses réalisées7 démontrent qu’une forte dose de cette vitamine (supérieure à 45 mg par jour) peut effectivement augmenter ou préserver la qualité osseuse des femmes ménopausées8.
Et cela, indépendamment du fait que la vitamine soit absorbée avec de la vitamine D3 ou du calcium.
En améliorant la santé osseuse, la vitamine K2, toujours suivant les résultats de cette étude, réduit le risque de fracture, et ce également chez les personnes souffrant déjà d’ostéoporose.
Conclusion
En conclusion, les chercheurs sont arrivés à un meilleur résultat avec la vitamine K2. D'abord parce qu'elle réduit la perte osseuse et ensuite parce que le risque de fracture est plus fortement réduit.
Cependant, des études mettent aussi en lumière les différences9 de résultats enregistrés sur les femmes occidentales et les femmes d’origine japonaise10. Il semblerait, selon les auteurs de ces analyses, que l’incidence de la consommation de vitamine K soit moins importante chez les femmes occidentales11.
Néanmoins, tous les auteurs s’accordent à dire qu’un apport alimentaire élevé dans cette vitamine est un facteur décisif dans le maintien de la bonne santé12 des os, notamment des femmes après la ménopause13.
Maladie hémorragique du nouveau-né
Le fœtus possède de très faibles réserves en vitamines K. À la naissance, il est donc commun que les pédiatres prescrivent de la vitamine K. Et ce, durant parfois plusieurs semaines pour compenser notamment l’apport insuffisant du lait maternel14.
Système cardio-vasculaire
Figurant parmi les premières causes de mortalité en Occident, les maladies cardio-vasculaires semblent avant tout émaner de la pauvreté nutritionnelle de l’alimentation.
Des études réalisées sur le lien entre les taux de vitamines K et les maladies coronariennes semblent également prouver cette thèse.
Des études menées aux Pays-Bas15 ont démontré un lien inversement proportionnel entre l’apport en vitamines K2 et le risque de décéder d’une maladie coronarienne.
D'abord, les participants qui avaient un apport en vitamine K de compris entre 21,6 et 32,7 µg avaient un risque cardio-vasculaire diminué de 27 %. Ensuite, les participants avec un apport supérieur à 32,7 µg avaient respectivement 57 % de risques en moins au niveau cardio-vasculaire16.
Enfin, une étude menée sur des personnes âgées de 60 à 80 ans a démontré qu’une prise de vitamines K1, à raison de 500 µg pendant plus de 3 ans, a permis de ralentir la progression des calcifications coronaires, responsables d’une partie des décès par maladies cardio-vasculaires.
Cependant, étant donné le caractère réduit de l’étude, des travaux complémentaires17 sont indispensables avant de conclure définitivement un lien probant entre la prise de vitamines K1 et la diminution des accidents cardio-vasculaires.
Correction des carences liées aux maladies
Certaines maladies comme la mucoviscidose ou la maladie de Crohn ainsi que certaines malformations ou dégénérescences du tissu intestinal empêchent l’assimilation correcte de la vitamine K. Dans ce cadre, des injections de cette vitamine permettent toutefois d’apporter aux malades un meilleur confort de vie.
Traitement de l’hypothrobinémie par ingestion d’un raticide
Les produits comme la mort-aux-rats contiennent des molécules affectant la coagulation sanguine. Or, l'absence d'une bonne coagulation peut être source d'hémorragies.
Par conséquent, après l’ingestion accidentelle d’un raticide, un apport massif en vitamine K sert à prévenir les hémorragies.
Posologie
Apports nutritionnels conseillés
Voici apports nutritionnels conseillés18 établis par les autorités :
âge | µg/jour |
De 0 à 6 mois | 2 |
De 7 à 12 mois | 2,5 |
De 1 à 3 ans | 30 |
De 4 à 8 ans | 55 |
De 9 à 13 ans | 60 |
De 14 à 18 ans | 75 |
Homme adulte | 120 |
Femme adulte | 90 |
Dosage en complément alimentaire
À ce jour, la littérature médicale ne possède aucune donnée montrant une éventuelle toxicité d’un apport important en vitamine K sur une population en bonne santé. Dès lors, les experts n’ont pas défini de dose limite pour la complémentation en vitamine K.
Pour la vitamine K2-mk7, la posologie varie entre 90 et 360 mcg pour qu'elle soit efficace (120 à 480% des apports journaliers recommandés).
Utilisation
Aucune recommandation n’a été faite à ce jour. Il est néanmoins important de savoir que la vitamine K, à l’état naturel, est sensible à la lumière, à la chaleur et à l’oxydation de l’air.
Dangers
Précautions d'emploi
La vitamine K est un complément alimentaire tout à fait sécuritaire. Il convient cependant, pour les personnes atteintes d’un trouble de la coagulation, d’éviter de la consommer sans avis médical.
De même, l’alcool peut entraver l’absorption de la vitamine K. Il convient donc de prendre l’avis d’un spécialiste en cas de consommation excessive d’alcool ou d’huile minérale.
L’agence française de sécurité sanitaire a décrété une dose maximale de 25 µg de vitamine K dans les compléments alimentaires multi vitaminés19.
Contre indications
La seule contre-indication connue à ce jour est l’hypersensibilité à la vitamine K. Il faut strictement demander à son médecin lors de traitement anti-coagulant.
Effets secondaires
Même absorbée à des doses élevées, la vitamine K n’a démontré aucun effet indésirable notable.
Interactions
- D'abord, la vitamine K, en supplément fortement dosé, peut réduire l’efficacité de plantes anticoagulantes comme l’ail, le ginkgo biloba ou encore le trèfle rouge ;
- Ensuite, l’effet de la vitamine K peut être diminué par l’ingestion de compléments fortement dosés en vitamines E ;
- La vitamine K, sous forme de compléments, peut également réduire l’effet de certains médicaments anticoagulants20 tels que la warfarine21 ou le Coumadin® ;
- Les compléments de vitamine K voient aussi leur absorption diminuée avec la prise d’antibiotiques sur une longue période ;
- Les médicaments contenant de l’orlistat (dont notamment le Xénical® prescrit contre l’obésité) diminuent l’absorption de la graisse, et par conséquent de la vitamine K qui y est associée ;
- Enfin, la cholestyramine, présente dans des médicaments luttant contre l’excès de cholestérol comme le Questran® provoque une réduction de l’absorption de la vitamine K par l’intestin.
Sources alimentaires
Il existe de nombreuses sources alimentaires de vitamines K. Retrouvez l'ensemble des informations au sein de l'article : La vitamine K, dans quels aliments ?
Informations complémentaires
Vous pouvez en apprendre davantage sur la vitamine K :
Questions fréquentes
Qu'est-ce que la vitamine K ?
La vitamine K est un ensemble de vitamines, essentielles au bon fonctionnement de l'organisme. Elles disposent de nombreux bienfaits.
Pourquoi prendre de la vitamine K ?
Les propriétés de la vitamine K sont nombreuses et variées :
1. Traitement contre l'ostéoporose
2. Renforcement du système cardio-vasculaire
3. Prévention de certaines hémorragies
Quelle dose prendre ?
Pour les compléments alimentaires multivitaminés, la dose maximale est de 25 µg de vitamine K.
Pour les traitements liés à la coagulation sanguine, le complémentation peut être comprise entre 100 et 150 µg de vitamine K.
Quels sont les effets indésirables ?
Si vous présentez un trouble de la coagulation, demandez l'avis d'un médecin avant d'en consommer.
La vitamine K peut entrer en interaction avec certains médicaments (traitements anticoagulants, hypolipémiants...).
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