Présentation
Le Docteur Laurent Schwartz est oncologue à l’AP-HP (Assistance Publique des Hôpitaux de Paris) et chercheur à l’École Polytechnique. Il a rédigé divers ouvrages traitant du cancer et de traitements alternatifs potentiels. Ses théories et découvertes sont essentiellement basées sur les travaux du médecin Otto Heinrich Warburg, qui a reçu le prix Nobel de médecine en 19311.
Découvertes de Warburg
Otto Heinrich Warburg a étudié les mécanismes de la respiration cellulaire et de la fermentation du glucose dans le cadre du cancer.
Il part du constat que les cellules cancéreuses sont particulièrement friandes de glucose. Otto Heinrich Warburg émet l’hypothèse que, contrairement aux cellules saines, ces cellules ne parviendraient pas à brûler le glucose : il finirait ainsi par fermenter, et ce, même en présence d’oxygène. C’est ce que l’on appelle « l’effet Warburg »2.
Selon le médecin, la fermentation du glucose est à associer à un dysfonctionnement des mitochondries. En effet, ces dernières ne transformeraient plus le glucose en énergie : elles le stockeraient. Ainsi, la tumeur prendrait de l’ampleur, et les métastases pourraient apparaître.
C’est notamment à cette découverte que l’on doit la tomographie par émission de positions, plus couramment appelée TEP ou PET scan. Au cours de cet examen, on injecte au patient du glucose faiblement radioactif qui vient s’agréger de manière importante aux organes touchés par le cancer.
Protocole
Convaincu que le cancer est une maladie métabolique, le Dr Schwartz a expérimenté divers traitements et régimes dans le but de contrer le dysfonctionnement mitochondrial.
Pour une efficacité optimale, il recommande de lier plusieurs stratégies thérapeutiques :
- la prise en charge conventionnelle prescrite par l’oncologue,
- le suivi d’un régime cétogène (c’est-à-dire une alimentation qui apporte moins de 50 g de glucides par jour, mais qui est riche en graisses et protéines),
- et un traitement à base d’acide lipoïque et d’hydroxycitrate (issu de la plante Garcinia).
La supplémentation en acide lipoïque et en hydroxycitrate a montré des résultats probants sur des souris, face à des divers types de cancers. Le Dr Schwartz a également prescrit ce traitement à patients en phase terminale, et il a pu constater, dans certains cas, une amélioration. Il demande toutefois que des essais cliniques soient menés pour explorer les hypothèses formulées.
Bienfaits et cancer
Acide lipoïque
L’acide lipoïque ou alpha-lipoïque est synthétisé par l’homme, et présent dans toutes les cellules de l’organisme. On le retrouve dans l’alimentation, en faible quantité, notamment dans la composition des épinards, des brocolis et des abats.
Pour profiter de ses propriétés, il est donc nécessaire de se complémenter. En France, l’acide lipoïque est considéré comme étant un complément alimentaire. En revanche, dans d’autres pays, à l’instar de la Belgique, il porte le statut de médicament.
Propriétés générales
L’acide lipoïque est un antioxydant puissant, il potentialise d’autres molécules antioxydantes également, à l’instar des vitamines C et E et du glutathion.
En outre, diverses recherches ont pointé du doigt le rôle de l’acide alpha-lipoïque dans la prévention et le traitement des neuropathies diabétiques. Il est aussi considéré comme un agent chélateur efficace dans le cadre des intoxications aux métaux néfastes pour la santé.
Effets
Le Docteur Schwartz a étudié le rôle de l’acide lipoïque sur l’enzyme pyruvate déshydrogénase (ou PDH). Il activerait cette enzyme, ce qui aurait pour conséquence de relancer la combustion du pyruvate au niveau mitochondrial3. Le pyruvate est une substance résultant de la dégradation du glucose.
En 2004 déjà, aux Etats-Unis, des chercheurs s’étaient penchés sur cet aspect de l’acide alpha-lipoïque. Ils ont effectué des tests in vitro sur des hépatocytes provenant de rats. Selon eux, l’acide lipoïque permettrait effectivement de stimuler l’enzyme PDH, ce qui conduirait à une augmentation de l’oxydation du pyruvate4.
Plus récemment, d’autres chercheurs ont confirmé, via des expérimentations in vitro et in vivo, que l’acide lipoïque réduirait la prolifération des cellules cancéreuses ainsi que la production de lactate. Il induirait même l’apoptose5.
Il est important de signaler que des études in vitro ont dorénavant lieu sur des cellules cancéreuses d’origine humaine. Dans le cadre du cancer du sein par exemple, l’acide alpha-lipoïque serait en mesure d’enrayer la prolifération cellulaire et d’enclencher l’apoptose6.
Il aurait aussi démontré l’efficacité de son action contre l’expansion métastatique, notamment grâce à l’inhibition de la cytokine TGFβ7. Face aux cellules cancéreuses du col de l’utérus et du colon, l’acide lipoïque aurait également démontré son efficacité8.
Hydroxycitrate
L’hydroxycitrate ou acide hydroxycitrique est une substance que l’on trouve dans la composition de végétaux tels que le garcinia (variété cambogia ou gummi-gutta) et l’hibiscus. Le garcinia était réputé dans le cadre des médecines ancestrales, toutefois, l’hydroxycitrate incarne une découverte contemporaine. Il est commercialisé sous forme de complément alimentaire.
Propriétés générales
On connait généralement l’acide hydroxycitrique au travers de son rôle dans le processus de la perte de poids. En effet, diverses recherches ont démontré qu’il favoriserait l’élimination des graisses et lutterait contre la synthèse des lipides, par l’inhibition de l’enzyme ATP (adénosine triphosphate) citrate lyase. Il combattrait également la sensation de faim, en augmentant le taux de sérotonine7.
En outre, une étude in vivo a souligné l’intérêt de l’hydroxycitrate face à la sclérose en plaques. Faisant preuve d’un effet anti-inflammatoire, cet acide agirait positivement sur les lésions nerveuses engendrées par cette pathologie8. Ces résultats prometteurs devront toutefois être confirmés par des études conduites sur l’homme.
Action sur le cancer
Couplé à un régime hypocalorique, l’acide hydroxycitrique permettrait de renforcer l’effet des chimiothérapies, inhibant ainsi le développement tumoral. Ces résultats ont été observés in vivo.
En outre, les chercheurs précisent qu’ils concernent uniquement les cellules tumorales autophages (c’est-à-dire les cellules qui vont dégrader une partie de leur cytoplasme à l’aide de lysosomes), et que la présence de lymphocytes T est essentielle au processus11.
Association des deux acides
En 2010, le Dr Schwartz réalise une série de tests préliminaires in vitro et in vivo. Il souhaite alors évaluer son hypothèse, à savoir : la combinaison de l’acide lipoïque et de l’hydroxycitrate présenterait un potentiel antitumoral.
Chaque molécule a tout d’abord été testée de manière isolée sur des cellules cancéreuses d’origine murine (provenant de rongeurs) et humaine. Elles auraient ainsi révélé une efficacité relative.
Puis, elles ont été combinées et auraient alors montré un effet cytotoxique majeur, allant jusqu’à la mort cellulaire. De plus, les chercheurs n’ont relevé aucun signe de toxicité notable12. Selon le Dr Schwartz, ce sont des résultats très encourageants, qui doivent être complétés par des essais cliniques.
Il a poursuivi ses travaux et a conservé l’acide lipoïque et l’hydroxycitrate en tant que base du protocole. Il a toutefois testé plusieurs associations avec d’autres substances, à l’instar de la capsaïcine9, ou de spécialités médicamenteuses, telles que la Metformine (un antidiabétique oral) et le Diclofénac (un anti-inflammatoire)10, dans le but de potentialiser les effets anti-cancéreux.
En 2014, il retranscrit les résultats observés des suites de l’administration du protocole à onze patients. Ces personnes se trouvent alors en stade terminal de leur maladie, après l’échec des traitements conventionnels : le Dr Schwartz les prend en charge à titre compassionnel. Leur espérance de vie est comprise entre deux et six mois.
Finalement, l’association de l’acide lipoïque et de l’hydroxycitrate semble avoir freiné la progression de la maladie pour la majorité des patients. Deux personnes ont même recommencé un traitement de chimiothérapie, en parallèle du protocole prescrit. Néanmoins, les chercheurs font état de deux décès15.
Les différentes formes
Acide alpha-lipoïque : gélules, poudre ou voie intraveineuse
L’acide alpha-lipoïque peut être administré par voie intraveineuse ou orale. En France, on le trouve essentiellement sous forme de compléments alimentaires.
Ils peuvent également porter la dénomination « sodium R-lipoate ». Il s’agit alors d’un sel de sodium : cette forme assurerait la stabilité de la molécule, ainsi qu’une meilleure absorption.
Hydroxycitrate : gélules, capsules
Ce complément alimentaire est sous forme de gélules. Il est le plus souvent extrait du végétal Garcinia cambogia. Afin de profiter pleinement de ses bienfaits, il est recommandé de choisir un produit bio issu de l’agriculture biologique, disposant d’un taux de concentration minimum de 60%.
Posologies et dosages
Acide lipoïque
Le Dr Schwartz préconise un dosage de 600 mg par jour, durant trois semaines, en voie intraveineuse lente.
A l’issue de cette période, il recommande d’effectuer un relais par voie per os de 1800 mg par jour, soit 900 mg le matin puis 900 mg le soir.
Il n’indique pas la durée précise du traitement par voie orale, mais il précise qu’il doit être quotidien.
Hydroxycitrate
Le Dr Schwartz recommande trois prises (matin, midi et soir) de 800 mg par jour de Garcinia à 60% d'hydroxycitrate (soit 1440 mg d'HCA) . Comme pour l’acide lipoïque, il indique que ce traitement doit être suivi quotidiennement.
Dangers
Effets secondaires
Au cours des diverses études réalisées, les chercheurs n’ont relevé que peu d’effets néfastes sur la santé. Selon le Dr Schwartz, c’est effectivement un des points forts du protocole proposé.
Toutefois, les éléments suivants ont été recensés :
- perte de poids peu conséquente,
- désordres gastro-intestinaux,
- céphalées,
- et un sentiment d’euphorie.
Précautions d'emploi
Le protocole du Docteur Schwartz a effectivement montré des effets bénéfiques dans la prise en charge de divers types de cancers. Néanmoins, le médecin juge que des essais cliniques doivent avoir lieu pour confirmer les éléments constatés.
Dans ses écrits, il précise que l’acide lipoïque et l’hydroxycitrate sont proposés au titre de traitement d’appoint. Ces molécules ne sont donc pas en mesure de remplacer les traitements conventionnels (chimiothérapie, radiothérapie ou hormonothérapie).
En outre, il insiste sur la nécessité d’évoquer le protocole avec le médecin référent du patient. En effet, cela permet de vérifier la compatibilité du traitement métabolique avec la situation de la personne, et de bénéficier de conseils personnalisés.
Questions fréquentes
Qu'est-ce que sont l'acide lipoïque et l'hydroxycitrate ?
Ce sont deux molécules qui, lorsqu'elles sont associées ensemble, présenteraient une activité antitumorale.
Pourquoi associer ces deux molécules ?
L'association de ces molécules permettrait de limiter la prolifération de certaines cellules cancéreuses.
Quelle dose prendre ?
Pour l'acide lipoïque : 600 mg par jour pendant 3 semaines, par voie intraveineuse lente
Pour l'hydroxycitrate : 800 mg trois fois par jour (matin, midi et soir)
Quels sont les dangers ?
Aucun effet indésirable majeur.
Quelques effets secondaires ont été signalés :
1. Perte de poids sans gravité
2. Troubles intestinaux
3. Etat d'euphorie
4. Céphalées
- 1: The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1931. NobelPrize.org.🔗 https://www.nobelprize.org/prizes/medicine/1931/summary/
- 2: Liberti MV., & Locasale JW., (2016) The Warburg Effect: How Does it Benefit Cancer Cells? Trends in biochemical sciences.
- 3: L. Schwartz, (2016) Cancer un traitement simple et non toxique. Editions Thierry Souccar.
- 4: Walgren JL., & al., (2004) Effect of R(+)alpha-lipoic acid on pyruvate metabolism and fatty acid oxidation in rat hepatocytes. Metabolism.
- 5: Feuerecker, B., Pirsig, S., Seidl, C., Aichler, M., Feuchtinger, A., Bruchelt, G., & Senekowitsch-Schmidtke, R. (2012). Lipoic acid inhibits cell proliferation of tumor cells in vitro and in vivo. Cancer biology & therapy.
- 6: Na MH., & al., (2009) Effects of alpha-lipoic acid on cell proliferation and apoptosis in MDA-MB-231 human breast cells. Nutrition research and practice.
- 7: Tripathy J., Tripathy A., Thangaraju M., Suar M., Elangovan S., (2018) α-Lipoic acid inhibits the migration and invasion of breast cancer cells through inhibition of TGFβ signaling. Life sciences.
- 8: Damnjanovic I., Kocic G., Najman S., Stojanovic S., Stojanovic D., Veljkovic A., Conic I., Langerholc T., Pesic S., (2014) Chemopreventive potential of alpha lipoic acid in the treatment of colon and cervix cancer cell lines. Bratisl Lek Listy.
- 9: Semwal RB., Semwal DK., Vermaak I., Viljoen A., (2015) A comprehensive scientific overview of Garcinia cambogia. Fitoterapia.
- 10: Goudarzvand, M., Afraei, S., Yaslianifard, S., Ghiasy, S., Sadri, G., Kalvandi, M., Azizi, G. (2016). Hydroxycitric acid ameliorates inflammation and oxidative stress in mouse models of multiple sclerosis. Neural regeneration research.
- 11: Pietrocola F., Pol J., Vacchelli E., et al., (2016) Caloric Restriction Mimetics Enhance Anticancer Immunosurveillance. Cancer Cell.
- 12: Schwartz L., & al., (2010) A combination of alpha lipoic acid and calcium hydroxycitrate is efficient against mouse cancer models: preliminary results. Oncology reports.
- 13: Schwartz L., & al., (2013) Tumor regression with a combination of drugs interfering with the tumor metabolism: efficacy of hydroxycitrate, lipoic acid and capsaicin. Investigational new drugs.
- 14: Da Veiga Moreira J., Hamraz M., Abolhassani M., Schwartz L., Jolicœur M., & Peres S. (2019). Metabolic therapies inhibit tumor growth in vivo and in silico. Scientific reports.
- 15: Schwartz L., & al., (2014) Metabolic treatment of cancer: intermediate results of a prospective case series. Anticancer research.