La dépendance au tabac
Composition d’une cigarette
La fumée de cigarette contient environ 4000 substances chimiques, dont 60 sont cancérigènes. Parmi les plus toxiques, citons par exemple :
- Le goudron, qui se colle aux parois des organes respiratoires
- Le benzène, une substance que l’on retrouve aussi dans l’essence
- Le monoxyde de carbone, qui affecte le transport de l’oxygène dans le corps
- L’arsenic, présent dans les pesticides
Certains de ces éléments sont présents naturellement dans la feuille de tabac. Mais la plupart d’entre eux viennent de composés ajoutés par les fabricants pour augmenter l’attrait de la cigarette.
Les mécanismes
Parmi les nombreuses substances qui composent une cigarette, la nicotine est responsable de la dépendance. Présente naturellement dans la plante du tabac, elle imite le fonctionnement d’un neurotransmetteur, l’acétylcholine. La nicotine entraîne la libération de dopamine dans le noyau accumbens (région du cerveau impliquée dans la récompense).
En stimulant le circuit de la récompense, la nicotine rend le corps dépendant, et l’accoutumance s’installe très rapidement.
Conséquences sur la santé
Les effets néfastes de la cigarette sur la santé sont nombreux.
Outre l’altération à court terme de la qualité de vie (essoufflement, vieillissement accéléré, bronchites à répétition), les risques les plus connus du tabagisme sont
- Cardiovasculaires : la nicotine a un effet vasoconstricteur, ce qui augmente le risque d’infarctus, de phlébite ou d’accident vasculaire cérébral.
- Les cancers : en France, un cancer sur trois est imputé au tabagisme. Le cancer du poumon est le plus connu, mais la cigarette augmente aussi les risques de cancer de la bouche, de la gorge, du pancréas ou encore de l’estomac.
Le tabagisme augmente aussi la probabilité d’autre troubles, notamment : infertilité de l’homme et de la femme, impuissance, parodontites, diabète…
Avec 73 000 décès par an, le tabac est la première cause de mortalité évitable en France.
Différents types d'addictions
Il existe trois types de dépendance à la cigarette. Chaque fumeur peut être concerné par un ou plusieurs.
- Physique : elle est due à l’augmentation des récepteurs nicotiniques sur les cellules nerveuses, et concerne surtout les gros fumeurs. L'accoutumance physique se caractérise par des symptômes de sevrage (entre autres : irritabilité, troubles du sommeil et de l’appétit), qui disparaissent généralement en un ou deux mois après l’arrêt.
- Psychologique : elle est présente lorsque vous êtes accro aux effets psychologiques et émotionnels que vous recherchez dans la cigarette. Par exemple, la stimulation, la motivation, ou au contraire la détente et le bien-être.
- Comportementale : c’est lorsque la cigarette est associée à un moment ou à un comportement particulier, ce qui, avec l’habitude, entraîne un conditionnement. Par exemple, la cigarette associée à une activité sociale ou à un repas.
Des tests officiels existent qui permettent de caractériser et quantifier la dépendance : le questionnaire de Fagerström1 évalue l'accoutumance physique à la nicotine ; le test de Horn évalue quant à lui l'accoutumance psychique. Vous pouvez facilement faire ces tests en ligne2 3.
Méthodes d’arrêt
Plusieurs méthodes existent pour arrêter de fumer. Le choix d’une méthode par rapport à une autre se fait en fonction du type de dépendance, et peut être guidé par un médecin ou un tabacologue.
Substituts nicotiniques
Utiles en cas de dépendance physique, les substituts nicotiniques (sprays, patchs, gommes) permettent d’atténuer considérablement l’envie de fumer, tout en réduisant les symptômes de sevrage4 5. Ils augmentent de 50 à 70% les chances d’arrêter.
La posologie doit être adaptée au degré de dépendance. Toutefois, il s’agit d’une solution temporaire, qui ne corrige pas le tabagisme à sa cause, et qui perpétue le comportement addictif.
Médicaments
Des médicaments non nicotiniques existent également pour faciliter le sevrage : les plus répandus sont la varénicline et le bupropion. Ils agissent en remplaçant la nicotine au niveau du cerveau. Malgré leur efficacité, le principal problème de ces traitements est la lourdeur des effets indésirables (troubles du sommeil, nausées et maux digestifs, dépression, voire envies suicidaires)6 7.
Méthodes douces
Certaines plantes, comme le kudzu, le millepertuis ou la valériane, permettent de lutter contre l'accoutumance et d’améliorer l’état nerveux. L’homéopathie et l’acupuncture peuvent aussi aider à arrêter de fumer, mais leur efficacité n’a pas été démontrée8 9. L’avantage de ces procédés est qu’ils ne présentent aucun danger.
Accompagnement psychologique
Plusieurs approches permettent de réguler les émotions et comportements qui alimentent l’addiction à la cigarette (aspects psychique et comportemental de la dépendance).
- La thérapie cognitivo-comportementale permet de mettre en place des stratégies de remplacement et d’évitement du tabac
- La thérapie motivationnelle est une approche centrée sur différents aspects de la motivation de la personne (ses freins et leviers, l’évolution dans le temps de son envie d’arrêter de fumer, la pertinence de celle-ci). A ce jour, les résultats des recherches sur cette approche sont hétérogènes10.
- L’hypnose permet de corriger à un niveau inconscient les croyances, représentations, mécanismes mentaux et comportementaux qui ont permis au tabagisme de naître et de s’installer.
Outre l'hypnose, il existe également d'autres méthodes naturelles pour arrêter de fumer : Accompagnement de l'arrêt du tabac par des méthodes naturelles.
Efficacité de l’hypnose
L’hypnose thérapeutique est une approche intéressante pour tous types d’addiction. Elle intervient à un niveau très inconscient, qui permet de corriger le comportement addictif en profondeur. La cigarette est un des motifs les plus courants de consultation en hypnothérapie.
Plusieurs recherches ont mis en évidence l’efficacité des techniques d’hypnose pour le sevrage tabagique. Arrêter de fumer sous hypnose semble être efficace. Globalement, les études montrent de bons taux d’abstinence (allant de 20 à plus de 30%), et ce plusieurs mois après les séances.
Une étude américaine réalisée en 2007 montre que l’hypnose est plus efficace que les substituts nicotiniques : au bout de six mois, 36% des individus ayant essayé l’hypnose étaient encore abstinents, contre 18% pour le groupe soumis aux patchs11.
Une autre, réalisée un an plus tard sur 286 fumeurs, compare les taux d’arrêt du tabac obtenus avec l’hypnose et ceux obtenus avec de simples conseils : l’hypnose a permis d’obtenir des taux d’arrêt de 26% 6 mois après le traitement et 24% 12 mois après, contre respectivement 16% et 14% pour le groupe ayant reçu les conseils12.
Les résultats de cette étude, comme de beaucoup d’autres, sont à prendre avec des pincettes, car l’hypnose y a été associée à des patchs nicotiniques.
Une méta-analyse datée de 2010, qui porte sur des études comparant l’hypnose à d’autres méthodes d’accompagnement, montre des résultats hétérogènes, qui ne suffisent pas à asseoir la supériorité de l’hypnose sur les autres interventions13.
Pour résumer, l’hypnose pour arrêter de fumer est une méthode pertinente, avec de bons taux d’arrêt. Son efficacité a été vérifiée par de nombreuses études, mais celles-ci mettent plutôt en évidence l’intérêt d’une approche plurielle, combinant conseils, thérapie comportementale, hypnose et patchs pour le sevrage physique14 15.
Stratégies thérapeutiques
L’hypnose intervient sur les trois aspects de la dépendance : psychique, comportementale, mais aussi physique. Elle s’appuie sur vos fonctionnements inconscients pour comprendre et reprogrammer ceux qui nourrissent l’addiction.
Une première étape du travail consiste à interroger le fumeur pour connaître ses croyances sur la cigarette, les raisons qui le poussent à fumer, mais aussi et surtout ses motivations d’arrêt. Cela va permettre au praticien de choisir, parmi les techniques existantes, les plus adaptées.
Les suggestion directes
Il s’agit d’une hypnose “autoritaire”, historiquement l’une des premières techniques utilisées pour le sevrage tabagique. Les suggestions directes du thérapeute peuvent notamment porter sur la nocivité de la cigarette, la liberté acquise au moment de l’arrêt, ou encore l’absence de symptômes de sevrage.
L’intérêt de cette approche est qu’elle programme l’inconscient de la personne à réussir l’arrêt ; mais elle est surtout efficace sur les sujets très réceptifs à l’hypnose.
L’aversion
L’hypnose pour arrêter de fumer peut aussi utiliser le dégoût comme levier. La méthode aversive consiste à associer le tabac à des éléments ou événements négatifs, comme le fait de vomir. Une technique souvent utilisée consiste à fumer une quantité importante de cigarettes en peu de temps (par exemple, un paquet entier sans interruption).
Le dégoût ressenti doit agir comme un électrochoc qui fait passer durablement l’envie de fumer. Cette technique seule ne règle pas la cause du problème ; cependant, elle est intéressante en complément d’autres approches16.
Les métaphores
En fonction des informations recueillies, le thérapeute peut élaborer des métaphores qui vous parlent, et mettent en lumière certains aspects de votre relation au tabac. L’intérêt des métaphores est de s’adresser à l’inconscient par des images simples et percutantes, ce qui permet des prises de conscience, débouchant sur des nouvelles représentations et des nouveaux comportements.
Par exemple, une métaphore autour de la privation de liberté peut être utile pour les personnes motivées par l’indépendance. Les métaphores autour de l’intoxication et de la pollution sont aussi fréquemment utilisées.
L’auto-hypnose
La motivation personnelle étant essentielle à la réussite de l’hypnose pour arrêter de fumer, celle-ci peut aussi être pratiquée seul, grâce notamment à des enregistrements audio (CD ou vidéos en ligne). Toutefois, ces enregistrements ne remplacent pas un accompagnement personnalisé, qui cible les mécanismes particuliers du consultant. On recommande donc de les utiliser en complément, ou pour prolonger les effets des séances.
Séances en groupe
Les séances de collectives sont également une solution envisageable, pour les personnes motivées par une dynamique de groupe. Une étude réalisée sur 85 fumeurs a montré un taux d’abstinence de 19,6% pour les séances de groupe, contre 13,8% pour le traitement individuel17.
Durée de la thérapie
L’hypnose pour arrêter de fumer est une thérapie brève, et très efficace pour vaincre les addictions. Deux à trois séances sont généralement suffisantes. Certains praticiens promettent même un arrêt au bout de la première séance. La durée de la thérapie dépend avant tout du profil et de la motivation du consultant.
Dangers et précautions
L'arrêt du tabac sous hypnose peut être dangereux pour les personnes souffrant de maladies mentales dissociatives (schizophrénie, paranoïa, trouble bipolaire). En effet, l’état modifié de conscience peut provoquer des bouffées délirantes.
Ne commencez ou n’arrêtez un traitement médicamenteux que sur conseil d’un médecin.
Questions fréquentes
L'hypnose est-elle efficace pour l'arrêt du tabac ?
L'hypnose intervient à un niveau inconscient.
Elle permet de corriger rapidement les représentations et les comportements liés à la cigarette. En deux ou trois séances, il est possible d'arrêter de fumer.
Quel type d'hypnose pour arrêter de fumer ?
Il existe plusieurs méthodes :
1. Les suggestions directes
2. La stratégie aversive
3. Les métaphores
4. L'auto-hypnose
5. Les séances en groupe
Ces méthodes peuvent être utilisées conjointement, en fonction de votre profil de fumeur.
L'auto-hypnose fonctionne-t-elle pour arrêter de fumer ?
L'hypnose peut être pratiquée seule à l'aide d'enregistrements audio. Cependant, cela ne peut pas remplacer un accompagnement personnalisé.
Il est recommandé d'utiliser l'auto-hypnose en complément.
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