Définition
SIFO est un acronyme anglo-saxon qui signifie «Small Intestinal Fungal Overgrowth » ou « surpopulation fongique de l’intestin grêle ». Le SIFO est défini comme une prolifération excessive et pathologique de micro-organismes fongiques (champignons microscopiques) au niveau de l’intestin grêle, associée à des symptômes gastro-intestinaux1.
Le microbiote humain est constitué surtout de bactéries (environ 1014cellules) mais aussi d’Archaea, de virus, d’Eucaryotes et de champignons microscopiques. Chez un individu en bonne santé, les différents micro-organismes cohabitent dans un équilibre dynamique entre eux et avec l’hôte. Dans certaines situations, l’équilibre est rompu.
Les champignons représentent un quart des espèces présentes dans le microbiote, mais moins de 0,1% en nombre. Le « mycobiote humain », c’est-à-dire l’ensemble des champignons microscopiques qui colonisent le corps humain, comporte 150 genres et 390 espèces, dont seulement 221 sont présentes dans l’intestin.
La composition du mycobiote varie d’un individu à l’autre. Les plus courants sont les genres Candida (chez 80% des personnes testées), Malassezia (chez 25% des personnes), Aspergillus (24%), Debaryomyces (21%), Penicillium (20%), Cladosporium (18%), Trichosporon (9%), Galactomyces (9%), Saccharomyces (6%) et Cryptococcus (4%).
Le mycobiote est impliqué dans des fonctions de digestion. Il interagit aussi avec les bactéries intestinales et le métabolisme de l’hôte. Il semble très sensible aux conditions environnementales, surtout l’alimentation.
Ainsi, les Candida sont présents chez quasiment tous les humains au niveau de la muqueuse gastro-intestinale. On les trouverait dans l’intestin de 96% des nouveaux-nés2.
Candida albicans est la plus fréquente des espèces de Candida associées à la muqueuse gastro-intestinale, tandis que d’autres espèces de Candida comme Candida tropicalis / guilliermondii / krusei, et Glabrata sont moins fréquentes.
Presque toutes les infections fongiques à Candida chez l’humain sont endogènes, c’est-à-dire que leur réservoir est l’intestin.
On observe normalement les Candida sous forme de levure, c’est-à-dire une forme libre, en suspension, encore appelée « planctonique ». Cette forme est commensale : elle vit en bonne entente avec l’hôte humain. Dans certaines conditions, Candida est capable de s’intégrer à des biofilms et de causer des dommages aux muqueuses digestives.
Certains Candida, comme Candida albicans, peuvent changer de forme pour adopter une forme mycélienne pathogène, les mycélia étant de longs filaments analogues à ceux des champignons dans le sol. A ce stade, Candida albicans peut traverser la muqueuse digestive par « translocation », c’est-à-dire par voie transcellulaire, passer dans le sang, coloniser l’ensemble de l’organisme.
La candidose devient alors « systémique » et c’est une maladie potentiellement grave. Les Candida relarguent un grand nombre de toxines, appelées « mycotoxines », qui causent bon nombre de symptômes3.
Par souci de simplification, bien que ce soit réducteur, la suite de l’article parlera indifféremment de SIFO ou de candidose intestinale.
Symptômes
Les troubles digestifs
Le SIFO se manifeste en premier lieu par des troubles digestifs, comme des éructations, des ballonnements, de l’indigestion, une sensation d’estomac trop plein, des nausées, des diarrhées et des flatulences.
Affections fréquemment associées
En cas de SIFO, les affections fréquemment associées sont les suivantes :
- des compulsions sucrées, envies irrépressibles de consommer des aliments ou des boissons sucrées ;
- des mycoses vaginales pour les femmes;
- des intolérances alimentaires ;
- une prise de poids inexpliquée ou une impossibilité de perdre du poids, malgré un régime alimentaire ;
- une fatigue importante ;
- certaines affections gastro-intestinales : ulcères gastriques, colites ulcératives, maladie de Crohn4.
La candidose systémique
La candidose systémique peut avoir deux origines, aux mécanismes très différents. Elle peut être une conséquence du SIFO.
- une origine exogène : ce sujet ne fait pas partie du présent article. Dans ce cas, c’est une maladie nosocomiale (du milieu hospitalier) connue et redoutée. Un cathéter, une opération chirurgicale constituent des voies de contamination facilitées entre le milieu extérieur et le sang ou les organes. Cette forme de candidose touche des personnes immunodéprimées, en traitement du cancer, atteintes du VIH, de diabète compliqué ou d’autres affections.
- une origine endogène, c’est-à-dire la contamination du sang par l’intestin grêle, qui est une conséquence du SIFO5.
Cette affection, autrefois uniquement décrite en milieu hospitalier chez des personnes immunodéprimées, se rencontre de plus en plus dans la population générale, avec des atteintes plus ou moins profondes et des symptômes plus ou moins graves. Ces symptômes peuvent être les suivants, en plus de ceux cités précédemment:
- une fatigue importante ou asthénie ;
- de la dépression, des angoisses ;
- un brouillard cérébral, des difficultés de concentration ;
- des douleurs articulaires ;
- une faiblesse immunitaire ;
- une candidose de la bouche*, couramment appelée « muguet », qui peut aussi s’étendre à l’oropharynx et à l’œsophage ;
- des mycoses unguéales, c’est-à-dire au niveau des ongles des pieds ou des mains*,
- des mycoses au niveau de la peau ou des poils*,
- des atteintes du système neuro-endocrinien,
- des atteintes de différents organes : reins, foie, poumons, etc.
- de la fièvre liée à une infection massive du sang par des Candida ou candidémie. Cette affection est grave et peut être mortelle. Elle se rencontre surtout en milieu hospitalier chez des personnes extrêmement fragilisées.
*Les symptômes qui touchent seulement la bouche, l’oropharynx, l’œsophage, la peau ou les ongles peuvent être liés à une infection superficielle.
Les mycoses vaginales et digestives ont pour réservoir l’intestin dans la plupart des cas.
Enfin, SIFO (Small Intestinal Fungal overgrowth) et SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth) peuvent coexister, avec des symptômes parfois similaires6.
Prévalence
Dans le monde, la prévalence du SIFO est inconnue. 96% des nouveaux-nés sont porteurs du Candida au niveau de l’intestin7.
25 % des personnes souffrant du « syndrome de l’intestin irritable » ou IBS pour « Irritable Bowel Syndrom » en anglais, pourraient être atteintes de SIFO.
En France, la prévalence du syndrome de l’intestin irritable est de l’ordre de 10% de la population8, soit plus de 6 millions de français, ce qui, en retenant le pourcentage de 25%, porterait le nombre de cas de SIFO à environ 1,5 millions de personnes. Ce chiffre est tout à fait indicatif et mériterait de plus amples investigations.
Causes médicales
L’immunosuppression ou la fragilité immunitaire
Les candidoses intestinales sont fréquentes chez les personnes immunodéprimées : personnes hospitalisées dans des unités de soins intensifs, personnes souffrant de pathologies lourdes et chroniques, personnes sous antibiothérapie longue, personnes atteintes du SIDA.
Elles sont décrites aussi chez des enfants souffrant de malnutrition9.
La prématurité chez les bébés
La prématurité associée à un faible poids de naissance expose les nouveaux-nés aux infections à Candida.
Le diabète de type 1 et 2
Les personnes diabétiques sont plus sujettes aux candidoses intestinales.
Certaines maladies endocriniennes
L’hypothyroïdie, la maladie d’Addison, des maladies où les productions hormonales sont en sous-régime, sont des facteurs prédisposants aux infections à Candida.
L'utilisation de certains médicaments
L’utilisation d’antibiotiques est connue pour favoriser la candidose. En effet, levures et bactéries sont en compétition pour l’espace dans l’intestin grêle. Suite à une antibiothérapie qui décime les bactéries, la place est libre pour les micro-organismes fongiques.
Les corticoïdes sont des anti-inflammatoires qui agissent en inhibant la réaction immunitaire, ce qui expliquerait le développement des Candida : une immunité inhibée suppose que le système immunitaire laisse en paix les Candida.
L’utilisation prolongée d’inhibiteurs de la pompe à protons est un facteur causal identifié.
Les traitements du cancer, chimiothérapie et radiothérapies, favorisent aussi les candidoses.
Enfin, la pilule contraceptive serait également un facteur favorisant.
La dysmotilité de l’intestin grêle
Tout comme dans le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth), la motilité de l’intestin grêle est perturbée en cas de SIFO. La vidange périodique de l’intestin grêle ne se faisant pas correctement, les levures s’installent.
Causes de terrain
Une alimentation riche en glucides fermentescibles
Les micro-organismes fongiques se nourrissent des aliments fermentescibles apportés par le bol alimentaire. Ainsi, elles peuvent fermenter :
- les sucres simples, à une molécule de sucre, appelés monosaccharides, comme le fructose, contenu dans le sucre de table, le sirop de glucose-fructose (très présent dans les produits transformés), le miel, les fruits ;
- les sucres à 2 molécules appelés disaccharides, comme le lactose, sucre du lait contenu dans le lait, le yaourt, les fromages peu fermentés.
- les sucres contenant un petit nombre de molécules appelés oligosaccharides (Fructo-oligosaccharides et Galacto-oligosaccharides), contenus dans les céréales comme le blé, l’orge, le seigle, les légumineuses (petits pois, lentilles, pois chiches, haricots blancs et rouges, cacahuètes) certains légumes (poireaux, ail, oignon, échalote, betterave,etc).
- les polyols (mannitol, maltitol, xylitol, sorbitol) contenus dans certains fruits (pommes, poires, mangue etc) et légumes (champignons, chou-fleur) et dans les sucreries et chewing-gums.
Une alimentation riche en glucides favorisera donc le SIBO. Et l’alimentation moderne est particulièrement riche en glucides fermentescibles.
Le stress
Le stress agit défavorablement de différentes manières.
Il réduit l’afflux sanguin au niveau de l’intestin : celui-ci, moins bien oxygéné, fonctionne et se répare moins bien. Les cellules se contractent ce qui élargit les lésions existantes.
Il réduit la production d’acide chlorhydrique dans l’estomac, ce qui ne permet plus de détruire aussi efficacement les bactéries et champignons du bol alimentaire.
Il modifie la motilité intestinale, en agissant sur le nerf vague et provoque l’arrivée dans l’intestin d’aliments insuffisamment digérés, qui vont favoriser les pullulations bactérienne et fongique.
Il affecte la croissance des bactéries bénéfiques, Lactobacilles et Bifidobactéries et favorise le développement de bactéries et levures pathogènes. En effet, il diminue la production de mucus protecteur qui empêche l’adhésion des micro-organismes pathogènes.
De plus, il diminue l’immunité intestinale (diminution des immunoglobulines de type IgA).
Diagnostic
Il existe différentes méthodes pour diagnostiquer le SIFO :
- Le test salivaire est une méthode empirique. Il consiste à cracher dans un verre rempli d’eau claire, le matin à jeun et observer le comportement du crachat. S’il coule en formant des filaments, cela traduit probablement la présence d’un biofilm. Ce test donne une indication mais n’est pas fiable à 100%. En effet, le biofilm peut être fongique, ou bactérien, ou mixte.
- L’analyse des selles après coproculture est un test pratiqué par de nombreux laboratoires d’analyses médicales mais il est peu fiable. En effet, Candida est présent normalement chez la plupart des individus.
- Le fécalogramme est une analyse des selles plus précise que le précédent test, qui quantifie les populations relatives de bactéries et champignons. Mais il n’est pas non plus fiable à 100%.
- Le test urinaire de détection d’acides organiques ou « MOU » pour Métabolites Organiques Urinaires. Le principe est le dosage dans les deuxièmes urines du matin, de produits de dégradation des sucres par les Candida, comme le tartarate. Ce test est pratiqué par certains laboratoires (Eurofins, Barbier,etc) et est représentatif d’une candidose chronique.
- Le dosage sanguin des anticorps anti-candida (IgA, IgM ou IgE ou les 3) est un test pratiqué en routine par de nombreux laboratoires d’analyses médicales et caractérise la candidose systémique.
Un test positif signifie que les filaments mycéliens du candida ont traversé la barrière intestinale et ont fait réagir le système immunitaire, d’où la détection d’anticorps. La fiabilité du test n’est pas de 100%. En effet, une personne saine peut avoir un test positif. Une personne immunodéprimée peut être infectée et produire peu d’anticorps. Ce test coûte une vingtaine d’euros et n’est pas remboursé par la sécurité sociale.
- Le diagnostic différentiel par rapport au SIBO en présence de signes évocateurs. Le diagnostic du SIBO se fait par des mesures de gaz respiratoires.
- Le questionnaire de Crook (1984) qui s’intéresse aux symptômes et à l’histoire du patient.
- L’aspiration par endoscopie et l’analyse du liquide jéjunal (le jéjunum étant la partie médiane de l’intestin grêle) est le test le plus fiable et pour certains auteurs, le seul. Malheureusement, ce test est invasif.
Médicaments
Les traitements médicaux courants sont des antifongiques appartenant à deux classes différentes :
- les polyènes : nystatine et amphotéricine B
- les azoles : fluconazole, itraconazole, voriconazole
Malheureusement, depuis quelques années, un nombre croissant de cas de résistance à ces traitements ont été observés19.
Les Candida associés à des biofilms semblent plus résistants que ceux sous forme de levures20.
Outre les médicaments, il existe également de nombreux traitements naturels pour traiter la candidose intestinale.
Approches et traitements naturels de la candidose intestinale
L’alimentation, traitement naturel, est la toute première de ces mesures, pour diminuer l'infection liée à la candidose intestinale. La micronutrition, l’utilisation de probiotiques, la phytothérapie, la mycothérapie, les soins d’hygiène complètent l’approche alimentaire.
Si besoin, la gestion du stress, l’exercice, le sommeil sont pris en compte.
L'alimentation
Plusieurs approches alimentaires peuvent être testées. Toutes visent une réduction des sucres dont se nourrissent les micro-organismes fongiques.
Le régime anti-candida est notamment reconnu pour améliorer les symptômes de cette infection.
Le régime FODMAP
Le régime FODMAP peut aussi être conseillé pour son efficacité sur le syndrome de l’intestin irritable, dont un pourcentage significatif est corrélé au SIFO. Son avantage est qu’il fonctionne aussi en cas de SIBO (Small Intestinal BacterialOvergrowth). Il peut être suivi pendant 4 à 6 semaines maximum.
Ainsi, pendant 4 à 6 semaines, il faudra éviter les « FODMAP » ou « Fermentescible Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides and Polyols », c’est-à-dire tous les aliments suivants :
- Oligosaccharides : blé, orge, seigle, légumineuses (petits pois, lentilles, pois chiches, haricots blancs et rouges, cacahuètes), certains légumes (poireaux, ail, oignon, échalote, betterave), etc.
- Disaccharides : lait, yaourts, crème, fromages peu fermentés.
- Monosaccharides : sucre de table, le sirop de glucose-fructose (très présent dans les produits transformés), miel, fruits.
- Polyols (mannitol, maltitol, xylitol, sorbitol) contenus dans certains fruits (pommes, poires, mangue etc) et légumes (champignons, chou-fleur) et dans les sucreries et chewing-gums.
Il est possible de consommer des protéines animales (viande, poisson, œufs), des fromages affinés plus de 6 mois, type comté ou parmesan, des céréales sans gluten (riz, sarrasin, millet, quinoa, tapioca, sorgho), certains fruits et légumes peu fermentescibles, des oléagineux (noix, noisettes, amandes), etc…
La micronutrition
La micro-nutrition, traitement naturel, est également recommandée en cas de candidose intestinale.
Les micronutriments conseillés en cas de SIFO sont en lien avec le fonctionnement du système immunitaire, pour accroître la réponse de ce dernier et diminuer l’inflammation.
Cependant, les Candida et autres microorganismes fongiques ont aussi besoin de micronutriments, comme le zinc, le cuivre, le fer pour leur métabolisme. Il y a compétition entre l’hôte et ses pathogènes pour les micronutriments, d’où des carences fréquentes chez les personnes atteintes de SIFO. La supplémentation est parfois à double tranchant : se renforce-t-on ou renforce-ton l’ennemi ? Du point de vue de la recherche, il vaut mieux se supplémenter.
La vitamine C
A des doses de l’ordre de 500 mg / jour, elle favorise l’action des globules blancs.
La vitamine D
La vitamine D3, à des doses de l’ordre de 2000 UI / jour module la réaction inflammatoire induite par C. albicans.
La vitamine A
Elle fonctionne avec la vitamine D et joue un rôle dans l’intégrité des muqueuses. Elle peut être apportée par l’alimentation sous forme de caroténoïdes (pro-vitamine A).
Le zinc
Il aide à cicatriser la muqueuse intestinale et joue un rôle capital dans le fonctionnement des défenses immunitaires. La dose recommandée est de 45 mg /jour.
La L-glutamine
Elle aide à réparer la muqueuse intestinale, à des doses de l’ordre de 3 grammes / jour.
Le magnésium et les vitamines du groupe B : B2, B5, B6, B9
Ils aident dans le métabolisme énergétique des cellules et la gestion du stress.
Les acides gras oméga-3
Ils ont un effet anti-inflammatoire et sont conseillés sous forme de compléments alimentaires, surtout si l’alimentation est carencée en oméga-3.
Le sélénium
La dose recommandée est de 200 microgrammes/ jour.
Les enzymes digestives
Chez les personnes dont la fonction enzymatique du pancréas est déficiente, la supplémentation en enzymes pancréatiques de synthèse (amylases, lipases, protéases) est favorable.
Les probiotiques
La souche probiotique Lactobacillus acidophilus produit du peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée) qui inhibe la croissance du Candida albicans, l’espèce de Candida la plus fréquente à l’origine de la dysbiose fongique.
La souche Saccharomyces boulardii inhibe la croissance de C. albicans sous forme filamenteuse et la formation de biofilms.
L’aromathérapie ou utilisation des huiles essentielles
L'aromathérapie est également un traitement naturel efficace pour soigner la candidose intestinale.
De nombreuses huiles essentielles ont une activité anti-candida et anti-fongique dans un sens plus large. Beaucoup sont aussi anti-bactériennes, ce qui peut représenter un intérêt pour les cas de SIFO et SIBO combinés. Voici une liste non-exhaustive des huiles essentielles présentant une activité anti-fongique et anti-candida:
- Origan compact (Origanumcompactum)
- Origan vulgaire (Origanum vulgaris)
- Thym vulgaire (Thymus vulgaris)
- Clou de girofle (Eugenia caryophyllus)
- Cannelle de Ceylan (Cinnamomum verum)
- Sarriette (Saturejahortensis)
- Menthe poivrée (Menthapiperita)
- Tea tree (Melaleucaalternifolia)
- Ajowan (Trachyspermumcopticum)
- Carvi (Carum carvi)
- Geranium Bourbon (Pelargoniumgraveolens)
- Citronnelle (Cymbopogoncitratus)
- Basilic (Basilicum ocimum)
- Eucalyptus globulus (Eucalyptus globulus)
- Lavande vraie (Lavandulaangustifolia)
- Coriandre (Coriandrumsativum)
- Cèdre du Liban (Cedruslibani)
- Armoise de Judée (Artemisia judaica)
- Citronnelle de Ceylan (Narduscymbopogon)
Ces huiles essentielles, pour soigner l’intestin, doivent être prises par voie orale. Cependant, elles peuvent être caustiques pour les muqueuses gastriques et intestinales fragilisées et ne doivent pas être ingérées pures. Les spécialistes recommandent à minima des gélules gastro-résistantes ou, mieux, des formes émulsifiées ou des huiles essentielles intégrées à certains compléments.
Les cures sont de courte durée : 15 jours à 3 semaines maximum. A renouveler éventuellement après une période d’arrêt. Les exemples suivants sont donnés à titre indicatif.
Exemples :
ADP, Laboratoire BioticsResearch (huile d’origan micro-émulsionnée) 1 cp 2 à 3 fois par jour pendant 15 jours.
HE 3D Origan (Diluée à 10%, buvable Dispersée par des liposomes Dynamisée par des ions métalliques, et de l'eau de mer), Phytofrance, etc
Ces huiles essentielles sont contre-indiquées chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 12 ans.
La phytologie
L'utilisation de plantes (ou phytologie) est également recommandée dans le traitement naturel de la candidose intestinale.
Les plantes antifongiques
Certaines de ces plantes luttent contre les micro-organismes fongiques, dont Candida, et contre des bactéries pathogènes. Leur utilisation est intéressante car SIBO et SIFO peuvent coexister. D'autres sont vraiment spécifiques à la dysbiose fongique. La liste citée ci-après n’est pas exhaustive.
L’ail (allium Sativa)
L’allicine, substance contenue dans l’ail, est conseillée en cas de SIFO, pour ses propriétés anti-antifongiques, anti-biofims et antioxydantes. Son action est sélective.
La dose recommandée est de 2, 75 g d’ail cru par jour ou 8,5 g de poudre d’ail séché par jour, de préférence cru.
L’ail peut être utilisé sous forme de macérat alcoolique.
Le clou de girofle (Syzygium aromaticum)
Le clou de girofle contient des huiles essentielles riches en eugénol et, administré sous forme de poudre d’épices ou de compléments alimentaires, a un effet anti-Candida.
La réglisse
La réglisse (Glycyrrhizaglabra L.) a une action globale antifongique contre différentes espèces de Candida.
Elle contient différentes substances actives intéressantes dans le traitement de la candidose : la glabridine et le licochalcone A sont des substances antifongiques. Elles pourraient aussi potentialiser l’action de la nystatine pour inhiber la croissance de C. albicans.
Le licochalcone A inhibe de façon significative la formation des biofilms. Le licochalcone A et la glabridine empêchent la transformation de Candida de la forme levure vers la forme hyphe (filaments mycéliens) de C. albicans.
L’acide glycyrrhizique ne semble pas avoir d’effet antifongique.
L’huile de coco, riche en acide caprylique
L’huile de coco pure et vierge a des effets inhibiteurs in-vitro contre la plupart des espèces de Candida, avec une efficacité comparable à celle du fluconazole.
L’extrait de pépins de pamplemousse
L’Extrait de Pépins de Pamplemousse a des effets antibiotiques à large spectre, antifongiques, anti-protozoaires. Il est réputé très efficace mais son utilisation en cas de SIFO est controversée par certains auteurs car il n’est pas spécifique.
Dosage habituel : 10 à 30 gouttes, 3 fois par jour pendant 15 jours
Les plantes contenant de la berbérine
L’hydraste du Canada (Hydrastis canadensis), appelée Goldenseal root en anglais. La dose journalière doit être de 0,6 g/ jour minimum.
L’épine-vinette (Berberis vulgaris) ; Mahonia aquifolium, ou raisin des montagnes, Oregangrape root en anglais ; Yerbamensa (Anemopsiscalifornica) sont d’autres plantes riches en berbérine.
Elles ont des vertus antiseptiques et agiraient contre la dysbiose et la candidose. Cependant, elles ont peu de sélectivité.
L’extrait de pépins de raisin (grape seed extract)
L’extrait de pépins de raisins est riche en bioflavonoïdes aux propriétés puissamment anti-oxydantes, anti-inflammatoire et anti-fongique. Il a une action anti-Candida. En association avec un antifongique, l’amphotéricine, il renforce l’efficacité de ce dernier.
La propolis
Elle a des vertus antibactériennes, antifongiques, antibactériennes, antivirales, immunostimulantes et anti-inflammatoires. Elle est active contre plusieurs espèces de Candida et contre les biofilms. Elle répare le mucus intestinal, régule positivement la composition du microbiote.
La grenade (Punicagranatum)
La peau de la grenade contient des substances actives antibactériennes, anti-parasitaires et anti-fongiques. De plus, elle n’affecte pas les bactéries commensales « amies », comme les Lactobacilles ou les Bifidobactéries.
Traditionnellement, la peau de grenade est consommée sous forme de décoctions ou d’infusions. Elle peut être consommée sous forme de jus maison (laisser la peau blanche) ou sous forme de compléments alimentaires.
Le thé vert
Les polyphénols de thé vert, en particulier l’épigallocatéchine gallate, ont des effets antifongiques, contre Candida albicans. Ils préviennent la formation des biofilms fongiques et luttent de façon efficace contre les biofilms installés.
La dose efficace recommandée est de 300 mg de catéchine par jour, soit 5 à 6 tasses de thé vert par jour. Attention cependant à la chélation du fer et du magnésium à ces doses.
Il existe des compléments alimentaires à base de thé vert.
D’autres plantes viennent en complément des premières :
- Les plantes immunomodulatrices, comme l’Echinacée, l’Astragale, le Lapacho, etc
- Anti-inflammatoires, comme le Curcuma, le Cassis etc, trouvent leur place dans le traitement naturel de la candidose intestinale, en complément de plantes antifongiques.
- Les plantes drainantes du système hépato-biliaire, comme le chardon-Marie, l’artichaut, le radis noir, le Pissenlit, le Boldo, la fumeterre aident à réguler le fonctionnement de ces organes, surchargés et fortement sollicités par le relargage des toxines fongiques. Ces plantes sont incontournables dans l’accompagnement du SIFO.
- Les plantes qui agissent sur les troubles intestinaux, comme la mélisse qui agit sur les spasmes (et aussi calmante nerveuse), le noyer qui a une action anti-diarrhéique.
La mycothérapie
Certains champignons alimentaires, sous forme de poudres ou d’extraits de mycélium (les filaments dans le substrat) ou de sporophores (la partie visible et comestible du champignon) peuvent être également consommés. La mycothérapie est un traitement naturel intéressant pour traiter la candidose intestinale.
Le Shiitaké (Lentinulaedodes)
Ce champignon contient différentes substances actives : des polysaccharides, les bêta-glucanes, des terpénoïdes, des stérols et des lipides. Il a des propriétés immunomodulatrices, anti-cancer, anti inflammatoires, anti-oxydantes et anti-infectieuses contre virus, bactéries, champignons et parasites.
Il a des propriétés anti-fongiques contre plus de 10 espèces fongiques dont Candida albicans.
Agaricus Blazei
L’agaricus Blazei ou « Agaric du Brésil » encore appelé « Champignon du soleil » ou « Champignon-Dieu » aurait des propriétés anti-candida, liées à son effet sur le système immunitaire.
L'exercice
L’activité physique agit sur la motilité du système gastro-intestinal, la transpiration permet d’évacuer des toxines, la respiration module l’acidité du corps, par évacuation de CO2.
La gestion du stress
Des techniques respiratoires comme la cohérence cardiaque sont bénéfiques.
L’acupuncture, la méditation, l’hypnose, l’EMDR, le yoga accompagnent efficacement les protocoles nutritionnels et phytothérapiques.
Protocole à suivre en cas de SIFO
Dès le début du protocole et pendant toute sa durée, gérer le stress par des techniques de relaxation et mettre en place une activité physique adaptée.
- Première phase : retirer de l’alimentation les toxiques, additifs, médicaments non indispensables. Commencer à modifier son régime alimentaire en limitant les sucres rapides, le gluten, les laitages, les excès de graisses saturées et de viandes. Apporter des aliments riches en acides gras polyinsaturés, en oméga-3, en polyphénols, en légumes cuits à la vapeur douce. Au besoin, se supplémenter pour combler les carences induites par le SIFO (vitamine D3 entre autres).1 mois au moins.
- Deuxième phase : adopter le régime « anti-candida » et faire une cure de plantes, huiles essentielles ou champignons antifongiques. Cette phase dure environ 1 mois. Soutenir le foie par des plantes hépato-protectrices. Ajouter une plante anti-inflammatoire comme le curcuma. En cas de réaction de « die-off », réduire ou suspendre temporairement le traitement, prendre du charbon actif, prendre des bains de Salmanoff.
- Troisième phase : prendre des probiotiques ciblés. Réparer l’intestin par la micronutrition : glutamine, zinc, vitamines B. Réintroduction très progressive et individualisée des aliments glucidiques. Soutenir les fonctions enzymatiques si besoin.
- Quatrième phase : drainage du foie par des plantes cholérétiques/ cholagogues.
- Stabilisation : régime nutritionnel de croisière individualisé.
Questions fréquentes
Qu'est-ce que la candidose intestinale?
La candidose intestinale ou SIFO se manifeste par une prolifération excessive et pathologique de micro-organismes fongiques au niveau de l’intestin grêle. Cette infection fongique est associée à des troubles gastro-intestinaux.
Quels traitements naturels privilégier?
- L'aromathérapie
- La phytologie et la mycothérapie
- Une supplémentation en micronutriments et probiotiques
Quelles sont les autres alternatives?
- Manger équilibré et réduire l'apport en sucre
- Adopter un régime alimentaire anti-candida : éviction des aliments fermentés, contenant des glucides et du gluten
- Pratiquer la relaxation et une activité sportive
- 1: Erdogan et al., 2015, Small Intestinal FungalOvergrowth, Current Gastroenterology Reports🔗 https://doi.org/10.1007/s11894-015-0436-2
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- 3: Basmaciyan, Louise, Bon, Fabienne, Paradis, Tracy, Lapaquette, Pierre, Dalle, Frédéric, 2019, “Candida Albicans Interactions With The Host:Crossing The Intestinal EpithelialBarrier”, Tissue Barriers, Vol. 7, 2019, doi: 10.1080/21688370.2019.1612661
- 4: Kumamoto CA. Inflammation and gastro intestinal Candida colonization. CurrOpinMicrobiol. 2011;14(4):386–391. doi:10.1016/j.mib.2011.07.015
- 5: Yiqing Tong, Jianguo Tang, 2017, Candida albicans infection and intestinal immunity, Microbiological Research, Volume 198, 2017, Pages 27-35, ISSN 0944-5013🔗 https://doi.org/10.1016/j.micres.2017.02.002
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