L’anxiété avant et pendant les règles : origines et alternatives

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La période des menstruations comprend son lot de désagréments bien connus des adolescentes ainsi que des femmes. Vais-je avoir mal ? Comment ma journée va-t-elle se passer ? Ma protection hygiénique sera-t-elle suffisante pour éviter les taches indésirables ? Ces questions (et bien d’autres), nous sommes nombreuses à nous les poser chaque mois. Certaines femmes redoutent en outre de se sentir anxieuses à l’approche et/ou durant les menstruations. De l’inquiétude légère au trouble dysphorique prémenstruel, en passant par le syndrome prémenstruel, nous évoquons l’anxiété pendant les règles.

De quoi s'agit-il ?

Femme qui souffre d'anxiété pendant ses règles.

Tout d’abord, il est important de préciser que nous nous sentons tous anxieux à certains moments de notre vie, et que ceci est tout à fait normal. Il s’agit en effet d’une émotion voisine de l’inquiétude, que nous ressentons lorsque nous vivons une situation que nous jugeons menaçante. L’anxiété a donc pour objectif de nous préparer à surmonter l’événement problématique de manière optimale.

Cependant, il arrive qu'elle prenne une ampleur trop importante : elle dure dans le temps, devient difficile à supporter et parfois, handicapante pour mener à bien les activités du quotidien. Dans le cadre des règles, vous pouvez ressentir une légère appréhension quelques jours avant leur arrivée ou durant la période de saignements. Toutefois, cette anxiété, pendant les règles, ne doit pas se chroniciser au fil des cycles ni vous perturber outre mesure. Si tel est le cas, nous vous invitons à rencontrer votre médecin traitant, votre gynécologue ou bien, votre sage-femme. Il pourrait effectivement s’agir d’un syndrome prémenstruel ou d’un trouble dysphorique prémenstruel, pathologies qui peuvent être soulagées par divers moyens.

Syndrome prémenstruel

Le syndrome prémenstruel (ou SPM) évoque diverses manifestations somatiques et psychologiques qui apparaissent environ une semaine avant le début des règles, lors de la phase lutéale. Les symptômes du SPM s’estompent ensuite dans les deux premiers jours des menstruations.

Physiquement, on note une sensation de ballonnement ou des douleurs abdominales, une tension ou des douleurs mammaires, des œdèmes, une douleur en région rénale ainsi qu’une prise de poids. Ces symptômes s’accompagnent de bouleversements psychologiques notamment un manque d’entrain, une humeur triste, une impression de faiblesse, de la nervosité ou encore de l’anxiété1.

Mentionnons que les causes du SPM ne sont pas entièrement identifiées. Cependant, la recherche indique que la baisse des hormones consécutive à l’ovulation expliquerait en partie la survenue du SPM2.

Il est à noter que le SPM figure dans le manuel diagnostique des troubles mentaux (DSM-IV).

Trouble dysphorique prémenstruel

Selon le DSM-IV, le trouble dysphorique prémenstruel (ou TDPM) est une forme sévère du SPM. Les médecins le diagnostiquent lorsque le bouleversement psychologique est particulièrement important : une humeur changeante, instable et dépressive, une forte anxiété ainsi qu’un désintérêt pour les activités quotidiennes (travail, loisirs, vie sociale, etc.), pendant les règles.

Les symptômes du TDPM sont relativement similaires à ceux d’autres pathologies psychiatriques, à l’instar de la dépression majeure. C’est la chronologie du trouble qui marque la différence : tout comme le SPM, le TDPM apparaît lors de la phase lutéale et disparaît ensuite pendant la phase folliculaire. Après les règles, les femmes atteintes de TDPM éprouvent une période de répit, sans symptôme.

Bon à savoir : la recherche indique que de nombreuses femmes et adolescentes seraient touchées par le SPM. Selon l’association American College of Obstetricians and Gynecologists, il s’agit de près de 20 à 40 % des femmes. D’autres études signalent que cette valeur atteindrait plutôt 80 à 90 % des femmes en âge de procréer ! Le TDPM est, quant à lui, nettement moins fréquent, touchant entre 3 à 8 % de ces femmes3.

Que faire pour soulager l’anxiété pendant les règles ?

Nombreuses sont les femmes qui considèrent ce trouble comme une fatalité ou un désagrément avec lequel il faut vivre. Pourtant, diverses alternatives existent pour se sentir mieux et ce, qu’il s’agisse d’un mal-être léger et passager, d’un syndrome prémenstruel ou d’un trouble dysphorique prémenstruel.

Adopter une meilleure hygiène de vie

La recherche indique qu’opérer quelques changements dans le quotidien peut s’avérer véritablement bénéfique.

S’adonner à une activité physique ou sportive

Comme chacun le sait, faire de l’exercice permet de se sentir mieux dans son corps et dans sa tête. Ceci s’applique également au syndrome prémenstruel (SPM) ainsi qu’au trouble dysphorique prémenstruel (TDPM). Une revue scientifique signale en effet que la pratique de l’activité physique ou sportive de son choix permettrait de réduire les manifestations de ces troubles. Somatiquement, les chercheurs ont relevé une diminution de la douleur, de la sensibilité mammaire ainsi que de la constipation. Ces derniers ont en outre noté une atténuation de l’anxiété et de l’humeur colérique chez les patientes, pendant les règles4.

Si vous recherchez une activité douce et axée sur le bien-être, n’hésitez pas à découvrir le yoga, le tai chi ou bien le qi-gong. Ces activités s’avèrent prometteuses5.

Accorder une attention particulière à son alimentation

Selon la recherche, certaines modifications du régime alimentaire pourraient concourir à soulager les adolescentes et les femmes atteintes de SPM ou de TDPM. La diminution de la consommation de sel, de sucre, d’alcool et de caféine serait bénéfique6. L’éviction du sel permet notamment de réduire les œdèmes liés à la rétention liquidienne. Les boissons à base d’alcool7 et de caféine8 sont, quant à elles, connues pour potentialiser les angoisses.

Optimiser son sommeil

L’anxiété, la fatigue et l’asthénie sont des symptômes du SPM et du TDPM. Certaines femmes connaissent également des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie).

Il est donc important d’adopter de bonnes habitudes quotidiennes pour bénéficier du meilleur sommeil possible et ainsi, lutter contre la fatigue.

L’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) détaille les bons gestes : se lever et se coucher à horaires réguliers durant la semaine et le weekend, éviter de s’exposer aux écrans avant d’essayer de s’endormir, aménager sa chambre de manière adéquate (absence de luminosité, calme, température n’excédant pas 20°C), être attentif aux premiers signes du sommeil, afin de se coucher au moment opportun9

Consulter un professionnel de santé

Si vous ressentez une forte anxiété à l’approche et/ou pendant vos règles, depuis plus de deux cycles, il est nécessaire de prévoir un rendez-vous avec votre médecin traitant, votre gynécologue ou bien, votre sage-femme. Le professionnel de santé vérifiera, dans un premier temps, que vous ne souffrez d’aucun trouble d’ordre somatique. Il vous prescrira, si besoin, un traitement pour soulager les dysménorrhées, c’est-à-dire les douleurs liées aux règles (à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, d’antalgiques et/ou d’antispasmodiques). Par la suite, il pourra éventuellement attribuer ces désagréments à un SPM ou, plus rarement, à un TDPM.

Si tel est le cas, le professionnel de santé qui vous suit vous proposera plusieurs alternatives thérapeutiques.

Suivre un traitement spécifique

Modifier son hygiène de vie et avoir recours à un traitement naturel

En règle générale, les médecins généralistes, gynécologues et sages-femmes recommandent tout d’abord à leurs patientes d’appliquer les mesures d’hygiène de vie précédemment détaillées (activité sportive, alimentation et sommeil), pour lutter contre l'anxiété pendant les règles. Dans le même temps, ils peuvent proposer une supplémentation, souvent à base de magnésium ou de calcium. En effet, ces substances contribueraient à soulager les symptômes du SPM, notamment les manifestations psychiques10 11.

Suivre un traitement médicamenteux

En cas d’échec de ces mesures ou de symptômes invalidants d’emblée, le professionnel de santé propose un traitement antidépresseur de type inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (fluoxétine, sertraline, citalopram, etc.). Il peut prescrire l’antidépresseur sur une période discontinue, uniquement lors de la phase lutéale12, ou bien continue, sur toute la durée du cycle. En cas d’anxiété prononcée pendant les règles, le médecin ou le gynécologue peut également opter pour un traitement anxiolytique (notamment de l’alprazolam ou de la buspirone13).

Plus rarement, le médecin se tourne vers un traitement hormonal. Cependant, les effets indésirables ne sont pas négligeables et limitent le recours à cette alternative14.

Débuter une psychothérapie

Les généralistes et les gynécologues orientent fréquemment leurs patientes vers un confrère psychiatre. Conformément à ses compétences spécifiques, ce dernier évalue le traitement mis en place et propose un éventuel réajustement. Dans la plupart des cas, il recommande le suivi d’une psychothérapie aux adolescentes ainsi qu'aux femmes atteintes de SPM ou de TDPM.

À cet égard, les approches cognitivo-comportementales semblent particulièrement prometteuses15.


  • 1Vidal (2014) Le syndrome prémenstruel.🔗 https://www.vidal.fr/maladies/sexualite-contraception/troubles-regles/syndrome-premenstruel.html
  • 2Imai A., Ichigo S., Matsunami K., Takagi H. (2015) Premenstrual syndrome : management and pathophysiology. Clinical and experimental obstetrics & gynecology.
  • 3Bianchi-Demicheli F. (2006) Le trouble dysphorique prémenstruel : diagnostic et stratégie thérapeutique. Revue médicale suisse.
  • 4Yesildere Saglam H. & Orsal O. (2020) Effect of exercise on premenstrual symptoms : A systematic review. Complementary therapies in medicine.
  • 5Saeed SA. & al. (2019) Depression and Anxiety Disorders : Benefits of Exercise, Yoga, and Meditation. American family physician.
  • 6Bianchi-Demicheli F. (2006) Le trouble dysphorique prémenstruel : diagnostic et stratégie thérapeutique. Revue médicale suisse.
  • 7Schuckit MA. (2009) Alcohol-use disorders. Lancet.
  • 8Richards G. & Smith A. (2015) Caffeine consumption and self-assessed stress, anxiety, and depression in secondary school children. Journal of psychopharmacology.
  • 9INSV. 10 recommandations de nos médecins du sommeil.🔗 https://institut-sommeil-vigilance.org/10-recommandations-de-nos-medecins-du-sommeil-pour-bien-dormir/
  • 10Parazzini F., Di Martino M. & Pellegrino P. (2017) Magnesium in the gynecological practice : a literature review. Magnesium Research.
  • 11Shobeiri F., Araste FE., Ebrahimi R. & al. (2017) Effect of calcium on premenstrual syndrome : a double-blind randomized clinical trial. Obstetrics and gynecology science.
  • 12Hofmeister S. & Bodden S. (2016) Premenstrual Syndrome and Premenstrual Dysphoric Disorder. American family physician.
  • 13Nazari H. & al. (2016) Premenstrual syndrome : a single-blind study of treatment with buspirone versus fluoxetine. Archives of gynecology and obstetrics.
  • 14Bianchi-Demicheli F. (2006) Le trouble dysphorique prémenstruel : diagnostic et stratégie thérapeutique. Revue médicale suisse.
  • 15Ibid.
Mélanie Manzanares

Rédactrice spécialisée dans le domaine de la santé, ayant obtenu le diplôme d'état infirmier en 2013.