Présentation
Astragalus Membranaceus, aussi appelée Radix Astragali, fait partie des légumineuses (ou fabacées), c’est-à-dire la famille des pois et fèves. On utilise essentiellement sa racine. L’astragale est l’une de ces plantes qui a un effet presque exhaustif sur l’organisme, tant et si bien qu’on la considère parfois comme une plante adaptogène. Utilisée traditionnellement en Chine et dans la pharmacopée chinoise, elle est parmi les plantes les plus largement utilisées pour dynamiser le “qi”. Il s’agit de cette force de vie et d’énergie qui circule dans l’organisme, et qui est au cœur de la médecine traditionnelle asiatique.
Parmi ses usages traditionnels, on retrouve le traitement des déficiences de la rate et des poumons. On l’utilise largement pour traiter les infections respiratoires (rhume, grippe…) Elle est aussi indiquée pour traiter la fatigue chronique, la transpiration nocturne, l’oedème… Des indications très diverses complétées par de nombreuses études scientifiques.
Propriétés et vertus
Principes actifs
La racine d’astragale contient des :
- polysaccharides (des sucres complexes) ;
- saponosides triterpéniques spécifiques, les astragalosides ;
- flavonoïdes, des pigments anti-oxydants (formononétine, calycosine, astragaline... );
- lignanes, stérols, acides aminés, oligo-éléments…
Une profusion métabolique qui attribue des propriétés formidables et très diverses à l’astragale1.
En effet les bienfaits de l'astragale sont nombreux et variés.
Modulation du système immunitaire
Ce potentiel a été notamment documenté dans le cas des déficiences immunitaires. Dans une étude menée dans les années 80 sur un très petit groupe de personnes, des chercheurs ont étudié l’effet de l’astragale sur des cellules immuno-déprimées, in vitro. L’effet était salutaire dans la grande majorité des cas : les lymphocytes T retrouvaient leur potentiel immunitaire2.
Une autre étude menée sur 14 personnes a suggéré que son administration pendant 2 mois augmentait significativement la capacité des cellules sanguines à stimuler les interférons3. Ceux-ci sont des molécules essentielles à la réaction immunitaire, notamment contre les agents pathogènes.
Dans le cas de l’hépatite B, l’action de l’astragale en complément au vaccin a largement stimulé la réponse immunitaire4. Chez des patients atteints de myocardite virale (inflammation cardiaque), elle a permis de stimuler l’activité des cellules tueuses naturelles (ou lymphocytes NK) ainsi que celles des interférons. Une activité qui régule certaines déficiences immunitaires et qui, dans le cas de la myocardite, a en outre provoqué une amélioration de l’état général des patients5.
Immunothérapie contre le cancer
Dans une étude clinique réalisée sur 120 personnes atteintes d'une tumeur maligne, l’administration intraveineuse d’astragale (en plus de la chimiothérapie), a limité la diminution des globules blancs et des plaquettes, et a augmenté la quantité d’immunoglobulines, des anticorps6.
L'astragale permet notamment d'augmenter l'action des anticoagulants.
Dans une autre étude menée sur des cellules de souris atteintes d’un carcinome rénal, l’administration d’astragale augmente l’effet des interleukines recombinantes 2, sans augmenter leur toxicité7. Ces interleukines sont efficaces pour stimuler la réponse immunitaire mais sont toxiques à haute dose. L’ajout d’astragale est donc une piste formidable en guise de complément thérapeutique. Une observation confirmée dans des lignées cellulaires de mélanome8.
Une autre étude a montré que les polysaccharides tirés de l’astragale étaient probablement à l’origine de ses effets modulatoires sur le système immunitaire9.
Action anti-cancéreuse
L’action de l’Astragalus Membranaceus sur le cancer ne s’arrête pas à l’immunothérapie. Plusieurs études ont été réalisées sur des cellules de cancer colorectal. Elles suggèrent que les saponines de l’astragale agissent sur des voies de signalisation actives dans beaucoup de cancers. Ces voies favorisent la prolifération des cellules cancéreuses et leur migration, tandis qu’elles inhibent leur mort programmée, ou apoptose. En court-circuitant ces voies, l’astragale stimule donc naturellement l’élimination des cellules tumorales10. C'est le cas pour le carcinome du poumon11, l’ostéosarcome12, le cancer du sein13, gastrique14 ou du foie15. Une action semblable à celle de la chimiothérapie, avec moins d’effets secondaires. Ces bienfaits sont aussi attribués à la formononétine dans une autre étude16.
L’astragale semble également agir sur l’angiogénèse, selon une étude encore une fois effectuée sur des cellules cancéreuses du côlon17.
Il s’agit de la formation de vaisseaux sanguins, permettant notamment d’irriguer et de développer les tumeurs.
Complément à la chimiothérapie
Une méta-analyse a compilé l'impact bénéfique de l’astragale en tant que complément à la chimiothérapie pour des patients atteints de cancer du poumon18. On observe en effet une augmentation de la réponse au traitement, du taux de survie, et une amélioration de l’état de santé général. Comme vu précédemment, l’effet sur le système immunitaire est aussi bénéfique. Enfin, elle limite la baisse des globules blancs, la toxicité observée sur les plaquettes et les vomissements, parmi les effets secondaires de la chimiothérapie. Des effets bénéfiques, qui nécessitent de plus amples recherches afin d'obtenir des preuves encore plus tangibles. Des observations similaires ont été réalisées par des chercheurs sur des patients atteints de cancer colorectal19.
L’astragale est intéressante pour les traitements du cancer, agissant à de nombreux niveaux différents et montrant une faible toxicité. Une piste très attrayante dans le cadre de l’oncologie en général.
Promesses anti-diabétiques
Les polysaccharides de l’astragale arborent une action multiple contre le diabète, notamment au niveau immunitaire dans le cas du diabète de type 1. Cette forme de diabète est une pathologie auto-immune : l’organisme lutte contre les cellules qui produisent l’insuline. Dans une étude menée sur des rats, l’astragale a permis de mettre en évidence une diminution de la mort des cellules qui produisent l’insuline20. Chez des souris aussi, son administration a limité le développement de ce type de diabète21.
Toujours chez des souris, un extrait d’astragale a freiné les symptômes associés au diabète (glycémie et cholestérol trop élevés) et a amélioré la sensibilité à l’insuline22. Des observations également réalisées sur des rats, avec en prime une perte de poids23. Un effet sur le diabète de type 2 (lié à un taux de sucre dans le sang trop élevé, donc souvent lié à l’hygiène de vie en général) relié probablement aux polysaccharides, aux saponines et aux flavonoïdes de la racine d’astragale. Son rôle dans le traitement du diabète semble multiple : augmentation de la résistance à l’insuline, immunomodulation, régulation du métabolisme des glucides et des lipides, protection des cellules bêta du pancréas (qui produisent l’insuline)...24 Une action complète et prometteuse.
L’astragale aurait en outre des effets protecteurs vis-à-vis des reins dans le cas de la néphropathie diabétique, l’une des complications du diabète25. De même pour la rétinopathie diabétique, une complication parfois constatée au niveau des yeux26.
Protection cardiovasculaire
Ce sont les saponines de l’astragale, et en particulier l’astragaloside IV, qui montrent d’étonnantes propriétés protectrices du système cardiovasculaire27.
L’hypertrophie du myocarde est une pathologie caractérisée par une augmentation du volume cardiaque, et peut entraîner des complications sérieuses. L’astragaloside agit sur trois des mécanismes de l’hypertrophie : elle diminue l’inflammation, elle régule la production d’énergie dans les cellules du myocarde, et elle module le métabolisme du calcium. C’est aussi ce dernier qui est en jeu dans le cas de certains dommages cardiaques. Des chercheurs ont observé que l’astragaloside limitait la surcharge de calcium, réduisant par là-même la mort cellulaire et les dommages sur l’architecture de ces cellules.
C’est encore une fois la capacité de l’astragaloside IV à réguler le métabolisme du calcium qui est mise en évidence dans le traitement de la fibrose cardiaque. L’astragaloside régule l’absorption du calcium, exerce un fort effet antioxydant et restreint donc les deux caractéristiques de la fibrose : l’inflammation et la prolifération excessive des fibroblastes, des cellules présentes en nombre dans le coeur.
Du côté de la maladie coronarienne, l’astragale produit un effet vasodilatateur sur les artères conduisant aux coeurs, et protège les cellules vasculaires des dommages oxydatifs.
L’action de l’Astragalus Membranaceus se mobilise sur de nombreuses voies métaboliques complexes. On observe une activité antioxydante notable, ainsi qu’une capacité impressionnante à réguler le métabolisme du calcium, minéral capital dans le fonctionnement cardiovasculaire.
Propriétés antimicrobiennes
L’astragale a démontré une activité antibactérienne in vitro sur les souches suivantes : Escherichia coli, Salmonella enteritidis, Shigella et Campylobacter28. Toutes sont des bactéries causant des diarrhées.
Une autre étude réalisée in vitro suggère que les polysaccharides d’Astragalus Membranaceus sont actifs contre Staphylococcus Aureus et Streptococcus29. Un extrait d’astragale a aussi combattu avec succès le parasite Toxoplasma Gondii, responsable de la toxoplasmose30.
Du côté des virus, des chercheurs ont mis en évidence son efficacité contre le virus de l’herpès31. Enfin, elle serait en mesure de favoriser la guérison de l’hépatite B virale, et d’inhiber la réplication du virus32.
Une plante anti-âge ?
La télomérase fait l’objet de nombreuses recherches depuis plusieurs années. Il s’agit en effet d’une enzyme qui agit au niveau moléculaire : lors de la réplication de l’ADN (et donc de la multiplication cellulaire) dans l’organisme, elle ajoute à l’extrémité des chromosomes des télomères. Ce sont des copies de l’ADN initial. La télomérase, en permettant aux chromosomes dupliqués de garder leur longueur, limite le vieillissement cellulaire.
Le cycloastragénol, un dérivé de l’astragaloside IV, a montré des capacités épatantes à activer la télomérase chez des souris. Ainsi, cela a rallongé les télomères, et amélioré certains indicateurs de la durée de vie de ces souris. À savoir notamment la tolérance au glucose, la santé osseuse et la tonicité de la peau33.
Plus prometteur encore, l'augmentation de l’activité de la télomérase a été observée sur un essai randomisé en double aveugle mené sur 117 seniors34.
Les astragalosides ont aussi leur rôle à jouer. Des chercheurs ont montré qu’ils avaient une action bénéfique sur les cellules vieillissantes des souris35. En outre, ils inhibent la formation des produits de la glycation, l’un des principaux mécanismes du vieillissement. Une observation réalisée sur des rats36. L'astragale représente un espoir réel dans la recherche sur le vieillissement.
Effet sur le cholestérol
On a déjà vu quelques effets sur les lipides dans le cadre du diabète. Une étude réalisée sur des hamsters suggère que l’effet de l’astragale sur le cholestérol est plus complet.
On observe une diminution du mauvais cholestérol et des triglycérides, ces lipides complexes qui font courir un risque cardiovasculaire lorsqu’ils sont présents en excès dans l’organisme. En outre, l’extrait de polysaccharides d’astragale diminue l’absorption du cholestérol37.
Action anti-fatigue
C’est l’une des premières indications de l’astragale en médecine traditionnelle chinoise. L’administration d’extrait d’astragale à des rats (par ailleurs soumis à un entraînement physique) a occasionné un impact positif. Baisse de l’acide lactique dans les muscles, augmentation du glycogène (réserve d’énergie)... On observe une augmentation générale des performances, associée à une diminution des signes de fatigue physique38.
Dans un essai randomisé en double aveugle, des chercheurs ont étudié l’effet de l’astragale sur la fatigue spécifique observée après un accident vasculaire cérébral. Des améliorations significatives sur tous les indicateurs de fatigue et de qualité de vie ont été recensées39.
Maladies respiratoires
L’action anti-inflammatoire de l’astragale trouve un retentissement important dans l’asthme. En plus d’une diminution de l’inflammation, elle réduit la réaction allergique parfois liée à la maladie et limite la production de mucus. L’astragaloside IV est aussi mis en avant pour son rôle actif dans la fibrose pulmonaire40.
Maladies neurodégénératives
Les polysaccharides de l’astragale ainsi que la calycosine ont montré une activité antioxydante et neuroprotectrice dans la maladie de Parkinson41. Plusieurs voies métaboliques sont concernées par l’action des extraits d’astragale, et mettent en évidence des conséquences variées dans un modèle parkinsonien de souris. C'est-à-dire une diminution de l’inflammation et une limitation voire inversion des dommages constatés sur les neurones. Enfin, on observe une augmentation du nombre de neurones sains, c'est-à-dire capables de tirer parti des signaux hormonaux classiques.
Les différentes formes
En poudre, gélules, extraits liquides
L’astragale se présente sous de nombreuses formes : poudre, comprimés, gélule, extraits liquides, racine séchée pour infusion, teinture-mère… Les titrages en composés actifs varient également. En effet, certains compléments alimentaires mettent en avant les astragalosides, d’autres les flavonoïdes, d’autres les polysaccharides… Il existe aussi des extraits quasiment purs de cycloastragénol ou d’astragaloside IV.
Enfin, elle peut aussi être administré sous forme d’injection par un professionnel.
Existe-t-elle en bio ?
L'astragale est une plante, elle peut donc être issue de l'agriculture biologique.
Posologie
Dosages
Il n’existe pas de recommandation officielle quant au dosage quotidien recommandé. Les thérapeutes conseillent généralement:
- poudre brute d'astragale: 3 à 7 grammes par jour (en 2 ou 3 fois)
- extrait titré de 20 à 30% de polysaccharides: 1000 à 1500 mg par jour
- décoction: 15 à 30 grammes par litre. Boire 0,5 à 1 L
Utilisation
Il est opportun de consulter un pharmacien, ou un naturopathe aguerri en médecine chinoise.
Dangers
Précautions d’emploi
En l’absence de recommandations officielles, il convient d’appliquer le principe de précautions pour les femmes enceintes ou allaitantes lorsqu’il s’agit de compléments alimentaires à base d’astragale. De même pour les enfants de moins de 12 ans. Si vous souffrez d’une maladie auto-immune, elle pourrait dans certains cas aggraver vos symptômes : il est mieux de rester prudent.
Effets secondaires
Peu d’effets secondaires ont été reportés. Cela se borne à quelques irritations cutanées, des démangeaisons, un écoulement nasal, et des nausées et diarrhées.
Interactions médicamenteuses
Les personnes sous traitement immunosuppresseurs doivent être prudentes, car l’astragale peut en diminuer les effets. Par ailleurs, elle ralentit l’élimination du lithium : attention si vous en prenez.
Questions fréquentes
Qu'est-ce que l'astragale ?
L'astragale est une plante, dont la racine est traditionnellement utilisée en médecine chinoise.
Pourquoi prendre de l'astragale ?
L'astragale dispose des bienfaits suivants :
1. Régulation du système immunitaire
2. Aide à la lutte contre le cancer
3. Action anti-diabétique
4. Protection du système cardiovasculaire
5. Activité antimicrobienne
6. Ralentissement du vieillissement
7. Diminution du cholestérol
8. Action bénéfique sur les maladies respiratoires et neurodégénératives
9. Amélioration des performances physiques
Quelle dose prendre ?
Il est recommandé de prendre 3 à 7 grammes d'astragale par jour.
Quels sont les dangers ?
Elle est contre-indiquée pour les femmes enceintes, allaitantes, les enfants de moins de 12 ans et pour les personnes souffrant de maladies auto-immunes.
Si vous prenez du lithium, l'astragale est reconnue pour ralentir son élimination. Elle peut aussi diminuer les effets des immunosuppresseurs.
Demandez l'avis d'un médecin avant d'en consommer.
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