Présentation
Le chitosan, ou chitosane, est un polysaccharide dérivé de la chitine. Ces substances proviennent essentiellement des exosquelettes des crustacés ou des endosquelettes des céphalopodes. Toutefois, elles peuvent être également issues de carapaces d’insectes ou encore des parois de champignons.
La désacétylation permet d'obtenir le chitosan. Afin que ce processus soit efficace, le degré d’acétylation doit être inférieur à 50%. S’il est supérieur, on considère que la substance reste de la chitine : ses propriétés ne sont donc pas les mêmes.
Le chitosan est populaire et fait souvent parler de lui dans le cadre de programmes de perte de poids. Effectivement, cet aspect du chitosan a été plébiscité puis discrédité. Son efficacité est donc à nuancer. Toutefois, on lui attribue d’autres bienfaits.
Propriétés et bienfaits
Contribution à la perte de poids
Une propriété controversée
Bien souvent, on connaît le chitosan au travers de sa réputation : contribuer au maintien ou à la perte de poids. L’explication avancée est la suivante : l’organisme humain n’est pas en mesure de digérer le chitosan, il est donc évacué par les voies naturelles. Or, il serait en mesure de capter une petite quantité de lipides environnants, qui finirait par être éliminée dans le même temps.
Néanmoins, cet aspect du chitosan est controversé. En effet, la Commission Européenne et l’European Food Safety Authority (EFSA) considèrent que les compléments alimentaires à base de chitosan ne peuvent pas bénéficier d’une telle allégation santé, notamment en raison du mécanisme invoqué1.
Conclusions scientifiques
De nombreuses recherches scientifiques ont étudié cette propriété potentielle du chitosan. On donnera ici les conclusions de trois de ces études. Elles sont concordantes et révèlent une faible perte de poids, des suites de la supplémentation en chitosan.
Tout d’abord, des chercheurs ont passé en revue les essais cliniques (randomisés et sous contrôle placebo) effectués sur des groupes d’adultes en surpoids ou obèses, ayant duré au minimum un mois. Quinze études ont été recensées, ce qui représente 1219 personnes testées. Finalement, les chercheurs évaluent une perte de poids moyenne de 1,7 kg à attribuer à la supplémentation en chitosan. C’est selon eux, un résultat contrasté, valable sur le court terme2.
Puis, un nouvel essai clinique a eu lieu auprès de 96 personnes, également en situation de surpoids ou d’obésité. Les patients ont été répartis en deux groupes. On a administré 5 gélules de 500 mg de chitosan par jour aux personnes du premier groupe. Les patients du second groupe ont quant à eux absorbé des gélules placebos. Ces traitements ont été suivis pendant trois mois.
Une attention particulière a été portée au maintien des habitudes de vie des personnes testées, afin que l’essai soit réellement révélateur. En effet, l’adoption d’une alimentation saine et équilibrée, couplée à de l’activité physique et sportive, potentialiserait les effets du chitosan. Les chercheurs ont noté des résultats concluants pour le groupe qui a été supplémenté en chitosan, notamment une perte de poids allant jusqu’à 3 kg et une réduction de l’Indice de Masse Corporelle (IMC)3.
Plus récemment, une autre méta-analyse a été conduite. Elle s’est intéressée à 14 essais cliniques, randomisés et contrôlés par l’administration d’un placebo, menés auprès de patients en surpoids ou obèses. Les chercheurs ont estimé la perte de poids moyenne à 1,01 kg.
Le chitosan pourrait également avoir un impact bénéfique sur la maladie de Crohn.
Par ailleurs, ils ont observé d’autres bienfaits, notamment sur les valeurs de la pression artérielle4.
Sphère cardiovasculaire
Pression artérielle
Le chitosan semble avoir un effet hypotenseur.
L’étude évoquée dernièrement a souligné son potentiel dans la régulation de la pression artérielle. Les patients du groupe à qui on a administré du chitosan auraient montré une pression artérielle moins élevée que celle des personnes ayant absorbé des placebos. En moyenne, la pression systolique aurait diminué de 2,68 mm Hg, et la pression diastolique aurait reculé de 2,14 mm Hg5. Cet aspect est particulièrement intéressant, car une pression artérielle élevée correspond à un facteur de risque cardiovasculaire.
Un autre essai clinique fait également part de résultats encourageants. Celui-ci concerne des personnes atteintes de « pré hypertension ». Elles ont été réparties en deux groupes. On a donné aux patients du premier groupe un sel de table traditionnel, tandis que les personnes du second groupe ont reçu du sel complémenté en chitosan. Pour les deux groupes, la dose maximale à consommer chaque jour correspondait à 3 g. La pression artérielle a été contrôlée avant et après le programme. Il s’est déroulé sur 56 jours. Elle a finalement diminué chez les patients ayant absorbé du chitosan. Les chercheurs indiquent même que dans 77,3% des cas, la valeur systolique était inférieure à 130 mm Hg. En revanche, dans l’autre groupe, on a recensé uniquement 10,5% de personnes avec une pression systolique inférieure à 130 mm Hg6.
Cholestérol HDL
Dans le cadre d’une étude effectuée auprès de personnes en bonne santé, une supplémentation d’un mois en chitosan aurait engendré une augmentation du taux de cholestérol HDL7. Cet effet serait intéressant, puisque le HDL contribue à l’élimination du cholestérol, évitant ainsi le stockage excédentaire.
Cholestérol LDL
Le chitosan a pour propriété de diminuer le taux de cholestérol néfaste à savoir le LDL. L’EFSA a validé cette conclusion8.
En effet, on a observé ce bienfait lors d’un essai clinique mené auprès de 116 personnes obèses, disposant d’un IMC supérieur à 31,7. Un groupe a absorbé 3200 mg de chitosan, et l’autre a reçu des gélules placebos, chaque jour pendant trois mois. A l’issue du traitement, le taux de LDL a réduit de 5,6% chez les personnes complémentées en chitosan.
En outre, les chercheurs se sont intéressés au mécanisme à l’œuvre dans cette diminution du LDL. Les résultats de cette étude ne permettent pas de le définir clairement. Néanmoins, les scientifiques n'ont pas observé de réduction au niveau des marqueurs sériques de l’absorption du cholestérol ni d’augmentation des marqueurs de synthèse du cholestérol ou d’acides biliaires9.
Santé bucco-dentaire
Il disposerait de diverses propriétés utiles au maintien d’une bonne santé bucco-dentaire. Il entre également dans la composition de nombreux dispositifs utilisés par les chirurgiens dentaires10.
Dans le cadre d’extractions dentaires chez des patients qui suivent un traitement anti-agrégant plaquettaire (autrement dit, un médicament qui fluidifie le sang), le chitosan se serait avéré très efficace en tant qu’agent hémostatique. Administré par le biais d’un tampon, le chitosan permettrait de réduire la durée de compression et le temps nécessaire à l’arrêt du saignement. De plus, les chercheurs ont noté une meilleure cicatrisation, comparativement aux patients pour qui on a utilisé un tampon hémostatique classique. Les patients ayant été exposés au chitosan lors de leurs soins dentaires ont également signalé moins de douleurs11.
En outre, il aurait démontré son effet antifongique dans le cadre de la stomatite prothétique, luttant ainsi contre le Candida albicans12.
Enfin, des chercheurs ont intégré du chitosan à un dentifrice contenant des ions étain. La combinaison de ces deux substances permettrait d’atténuer les dommages de l’érosion ou de l’abrasion de l’émail. Ce dentifrice s’avérerait être un bon moyen de prévention face à l’absorption d’aliments ou de boissons acides, susceptibles d’endommager l’émail13.
Insuffisance rénale
Le chitosan a fait l’objet de plusieurs études visant à déterminer son potentiel face à l’insuffisance rénale.
Une première recherche s’est intéressée aux effets du chitosan sur des rats insuffisants rénaux chroniques, ayant subi une néphrectomie. Administré durant un mois, il aurait permis une diminution de la créatinine ainsi que du taux d’indoxyl sulfate, deux indicateurs de l’insuffisance rénale. Les chercheurs ont également noté l’action antioxydante du chitosan dans cette situation14.
Une seconde étude s’intéresse aux effets du chitosan chez des patients dialysés. Une supplémentation de trois mois permettrait de réduire les taux d’indoxyl sulfate et de phosphore, comparativement aux valeurs initiales. Finalement, les chercheurs concluent que le chitosan pourrait incarner un traitement potentiel pour les patients dialysés atteints d’hyperphosphorémie15.
Ces résultats prometteurs ne sont pas négligeables. Toutefois, ils nécessitent d’être davantage étudiés.
Lutte contre les agents infectieux
Dans le cadre d’une étude in vitro, le chitosan aurait montré son efficacité face à plusieurs agents infectieux :
- des bactéries Gram négatif, notamment Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa,
- des bactéries Gram positif, à l’instar du staphylocoque aureus,
- et des virus, par exemple l’herpès virus simplex HSV-1.
Les chercheurs ont également noté une activité antifongique16.
Des essais cliniques complémentaires sont néanmoins nécessaires afin de confirmer ces conclusions.
Les différentes formes
En gélules, capsules ou en poudre
Le chitosan est un complément alimentaire, que l’on trouve sous forme de gélules, capsules ou poudre.
Il convient d’accorder une attention particulière au choix du produit, notamment en termes de taux de désacétylation et de poids moléculaire. Il doit effectivement être désacétylé au maximum et disposer d’un faible poids moléculaire. Toutefois, ces informations n’apparaissent que très rarement sur les emballages des compléments alimentaires. On conseille donc de choisir un vendeur spécialisé de confiance.
On commercialise aussi des dentifrices et du sel de table contenant du chitosan.
Existe-t-il en bio ?
Le chitosane est une molécule, elle ne peut donc pas être certifiée bio.
Posologie et dosages
Lorsque l’on prend connaissance des études portant sur le chitosan, on s’aperçoit que le dosage quotidien est compris entre 2000 mg et 3200 mg. En outre, l’EFSA recommande la prise de 3000 mg par jour, en ce qui concerne la régulation du taux de cholestérol LDL17.
On conseille de répartir la dose journalière en deux prises, à absorber avant les repas.
Les gélules ou capsules sont à avaler avec un grand verre d’eau. En cas de supplémentation avec de la poudre, il convient de la mélanger à un grand verre d’eau également.
La durée du programme de complémentation est variable. Dans les recherches évoquées, elle a lieu durant un à trois mois. Dans tous les cas, il est judicieux de se rapprocher d’un professionnel de santé : il pourra déterminer la posologie et la durée de la supplémentation adaptée à chaque situation.
Précautions et effets indésirables
Effets secondaires
Les effets secondaires du chitosan sont rares et d’une fréquence faible.
Il s’agit essentiellement de diarrhées. En effet, le chitosan correspond à une fibre, il a donc tendance à favoriser le transit intestinal. On rapporte aussi quelques cas de nausées.
Contre-indications du chitosane
Il est contre-indiqué chez la femme enceinte ou allaitante et chez les enfants de moins de 12 ans.
On le déconseille également aux personnes atteintes d’une allergie alimentaire aux crustacés, poissons ou mollusques.
Le chitosan n’entre pas dans le cadre d’un régime végétarien.
Interactions médicamenteuses
Il est aussi soupçonné de perturber le fonctionnement de certains médicaments. Il convient d’être vigilant et de se renseigner sur ce point si l’on suit un traitement.
Sources dans les aliments
Le chitosan est un dérivé de la chitine, que l’on obtient au terme d’un processus de transformation chimique ou enzymatique. Ainsi, on ne le trouve pas directement dans l’alimentation. En revanche, la chitine peut provenir :
- des carapaces de crustacés (majoritairement le crabe et les crevettes),
- des squelettes internes de céphalopodes (calmar ou seiche),
- de parois de certains champignons,
- et des enveloppes d’insectes.
Questions fréquentes
Qu'est-ce que le chitosan ?
Le chitosan est un polysaccharide, une molécule qui provient essentiellement de la carapace des crustacés ou de la coquille des mollusques.
Pourquoi prendre du chitosan ?
Les bienfaits du chitosan seraient nombreux et variés :
1. Faciliterait la perte de poids
2. Protection du système cardiovasculaire
3. Maintien d'une bonne santé bucco-dentaire
4. Adjuvant au traitement de l'insuffisance rénale
5. Action anti-infectieuse
Quelle dose prendre ?
Il est recommandé de prendre entre 2000 mg et 3200 mg de chitosan par jour.
Quels sont les dangers potentiels ?
Le chitosan est déconseillé chez la femme enceinte, allaitante, les enfants de moins de 12 ans et les personnes présentant une allergie alimentaire.
Il peut entrer en interaction avec certains médicaments.
Demandez l'avis de votre médecin, avant d'en consommer.
- 1: EFSA Panel on Dietetic Products, Nutrition and Allergies, (2011) Scientific Opinion on the substantiation of health claims related to chitosan and reduction in body weight (ID 679, 1499), maintenance of normal blood LDL-cholesterol concentrations (ID 4663), reduction of intestinal transit time (ID 4664) and reduction of inflammation (ID 1985).🔗 https://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/2214
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- 8: EFSA Panel on Dietetic Products, Nutrition and Allergies, (2011) Scientific Opinion on the substantiation of health claims related to chitosan and reduction in body weight (ID 679, 1499), maintenance of normal blood LDL-cholesterol concentrations (ID 4663), reduction of intestinal transit time (ID 4664) and reduction of inflammation (ID 1985).🔗 https://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/2214
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