Présentation
La définition du colostrum peut être la suivante : c’est le liquide qui est sécrété par les glandes mammaires de la femme, lors de la fin de la grossesse ou bien après la naissance du bébé. Lorsque l’on décide d’allaiter, le colostrum est donc le premier lait que le nouveau-né va absorber.
On le reconnait aisément à sa couleur jaunâtre, liée à la présence de bêta-carotène. Il est d'ailleurs surnommé « l’or liquide ». En effet, la recherche médicale a mis en avant les nombreux bienfaits du lait maternel ainsi que du colostrum. L’Organisation Mondiale de la Santé préconise le « démarrage précoce » de l’allaitement maternel, directement après la naissance, de telle sorte que le nouveau-né puisse bénéficier des « facteurs de protection » du colostrum1.
Le colostrum n’est pas sécrété en abondance, toutefois, une faible quantité suffit à apporter tous les nutriments nécessaires au nouveau-né, notamment des protéines, des vitamines, des minéraux mais aussi et surtout des composants immuno-protecteurs.
En somme, ce processus de démarrage de la lactation se retrouve chez l’ensemble des mammifères femelles. Ainsi, plusieurs laboratoires élaborent des compléments alimentaires à base de colostrum bovin, afin de permettre au plus grand nombre de bénéficier de ses propriétés présumées. Notons que le colostrum d’origine bovine est celui qui présente le plus de similarités avec le colostrum humain.
Renseignons-nous maintenant sur les bienfaits du colostrum humain et bovin, son dosage mais également ses éventuels dangers.
Quelles vertus attribue-t-on au colostrum d’origine humaine ?
Les bienfaits du colostrum pour les nouveau-nés et les bébés sont essentiellement liés à la richesse de sa composition. Mentionnons que le lait maternel et le colostrum contiennent les mêmes éléments : c’est la quantité de chaque substance qui diffère.
Stimuler le système immunitaire
Le colostrum est particulièrement connu pour sa teneur en composants immuno-protecteurs. C'est pourquoi certains le surnomment « le vaccin naturel».
Ainsi, il est particulièrement riche en leucocytes (plus précisément en macrophages et lymphocytes T) et en immunoglobulines (majoritairement les IgA, mais aussi les les IgG et les IgM).
Le colostrum dispose également d’une teneur élevée en protéines, qui contribuent à activer le système immunitaire. Parmi ces protéines, on retrouve essentiellement la lactoferrine, efficace contre divers agents infectieux (bactéries, virus et infections fongiques).
En outre, il contient d’autres éléments qui jouent un rôle en faveur des défenses immunitaires :
- les oligosaccharides : ce sont des prébiotiques qui permettent la construction d’une flore intestinale saine, capable de lutter contre les agents infectieux1 ;
- les diverses enzymes (on en dénombre environ 40)2 ;
- et les micro-ARN3.
Optimiser la croissance et le développement du nourrisson
Le colostrum est particulièrement riche en facteurs de croissance. Il faut souligner que ces substances ont un impact positif sur la maturation des intestins et des systèmes nerveux, vasculaire et endocrinien4.
Contribuer à la santé du système digestif
Le colostrum a la particularité d’être très digeste pour le nouveau-né. Il aide ainsi à la mise en place du transit intestinal et à l’évacuation du méconium5.
À la naissance, les cellules intestinales du bébé sont particulièrement perméables. Cependant, le colostrum contient une quantité notable de ce que l’on appelle l’inhibiteur de la trypsine sécrétoire pancréatique. Cette substance va favoriser la maturation de la paroi intestinale6.
De surcroît, la recherche a démontré que l’absorption exclusive de colostrum puis de lait maternel permet de limiter la survenue de l’entérocolite nécrosante chez les prématurés. En effet, les chercheurs ont noté l’apparition du trouble chez 3,4% des nouveau-nés allaités artificiellement contre 1% chez les nourrissons qui bénéficient du lait maternel7.
Un concentré de vitamines et de minéraux
Tout comme le lait maternel, le colostrum s’avère riche en vitamines ainsi qu'en minéraux. Ces nutriments sont essentiels au bon fonctionnement mais aussi au bon développement de l’organisme des tout-petits.
La teneur en nutriments du lait maternel et du colostrum peut varier d’une femme à une autre, selon l’alimentation adoptée ainsi que les réserves de son organisme.
Mentionnons que le colostrum et le lait maternel assurent au nourrisson un apport nécessaire en vitamines, à l’exception des vitamines D et K, pour lesquelles une supplémentation est nécessaire8.
Le colostrum contiendrait plus de vitamines A, E et K que le lait mature, c’est-à-dire celui que la mère synthétise au bout d’un mois d’allaitement.
Propriétés du premier lait d'origine bovine
De nombreux compléments alimentaires contiennent du colostrum d’origine bovine. Si certains chercheurs émettent des réserves, d’autres sont convaincus de ses bienfaits.
Renforcer ses défenses immunitaires
Composition du colostrum bovin
Tout comme son analogue humain, il regorge d’éléments immuno-protecteurs tels que :
- des immunoglobulines, présentes en grande quantité ;
- la lactoferrine, une glycoprotéine à l’action antibactérienne mais également antivirale ;
- plusieurs enzymes comme la lactoperoxydase ou le lysozyme qui luttent essentiellement contre les infections bactériennes ;
- des cytokines, notamment des interleukines, l’interféron-γ et le facteur de nécrose tumorale α ;
- et des micro-ARN spécifiques à l’immunité9.
Découvertes scientifiques
Plusieurs essais cliniques se sont intéressés à ses effets face aux agents infectieux. Selon une première recherche, l’administration quotidienne de 60 g de colostrum bovin, durant 8 semaines, permettrait à l’organisme d’être plus résistant face aux infections des voies respiratoires supérieures10. Il faut souligner que d’autres essais cliniques sont parvenus à la même conclusion11.
En outre, il lutterait contre les infections à Escherichia Coli, qui engendrent des diarrhées. Deux essais cliniques menés auprès d’enfants constatent une diminution de la fréquence des selles liquides à la suite de l’administration du colostrum12 13.
Toutefois, une étude récente indique que son administration ne semble pas augmenter les concentrations sériques des immunoglobulines IgA et IgG, des lymphocytes et des neutrophiles. Ainsi, les chercheurs préconisent la poursuite des essais cliniques, afin d’identifier les mécanismes à l’œuvre dans les bienfaits constatés14.
Préserver la sphère digestive
On soupçonne le colostrum bovin d’avoir la capacité de protéger le tube digestif.
En effet, la recherche souligne son potentiel préventif dans le cadre d’un traitement à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (ou AINS). Il est vrai que les AINS peuvent causer des lésions au niveau gastrique ou intestinal. La supplémentation en colostrum permettrait d’éviter que les parois du tube digestif deviennent trop perméables à la suite de la prise des AINS15.
Il aurait également des effets bénéfiques pour les patients ayant subi une chirurgie abdominale. Il lutterait ainsi contre les agents infectieux et les endotoxines. Il favoriserait aussi la cicatrisation des muqueuses16.
De surcroît, de nombreux chercheurs pensent que le colostrum bovin pourrait s’avérer utile face à certains troubles gastrointestinaux comme les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (ou MICI) ou le syndrome du grêle court. Son efficacité serait liée à la richesse de sa composition. La recherche doit se poursuivre afin de confirmer les effets prometteurs constatés17.
Améliorer les performances sportives
Plusieurs chercheurs ont formulé l’hypothèse que la supplémentation en colostrum bovin pourrait optimiser les performances des sportifs, professionnels ou bien amateurs. Cet effet pourrait être lié à sa richesse en nutriments, mais il est toutefois sujet à controverse.
Dans le cadre d’une première étude, randomisée et contrôlée, 29 cyclistes ont absorbé 10 g de colostrum bovin par jour pendant 5 semaines. À l’issue des tests effectués, les chercheurs ont finalement constaté une amélioration de la course et de la ventilation18.
Un second essai clinique, (randomisé, en double aveugle et sous contrôle placebo) mené auprès de 35 joueurs de hockey, rend également compte de performances améliorées. Le groupe test a reçu 60 g de colostrum bovin durant 8 semaines19.
Selon l’analyse d’une revue scientifique, la supplémentation en colostrum bovin induirait une meilleure récupération après l’effort. C’est pour cette raison que les résultats sportifs des études précédentes sont optimisés20.
Traiter certains troubles dermatologiques
Selon une étude récente, le colostrum bovin pourrait induire la différenciation des kératinocytes chez l’homme. Les kératinocytes sont les cellules qui constituent très majoritairement notre peau, mais aussi nos cheveux et nos ongles. Dans le cadre de certains troubles cutanés, la différenciation de ces kératinocytes peut être altérée : son administration contribuerait à restaurer l’intégrité de la barrière cutanée21.
Pour équilibrer un diabète de type II ?
Un essai clinique a été conduit auprès de 16 hommes et femmes atteints de diabète de type II. Durant 4 semaines, ils ont ainsi absorbé 5 g de colostrum bovin matin et soir. Finalement, les chercheurs ont observé une diminution de la glycémie postprandiale (c’est-à-dire après le repas), du taux sérique de cholestérol total ainsi que des triglycérides22. Cependant d’autres études sont requises dans l’objectif de confirmer ces bienfaits.
Les différentes formes
En complément alimentaire, le colostrum d’origine bovine est disponible sous forme de poudre, de gélules ou de comprimés.
Posologie
À l’heure actuelle, les autorités sanitaires n’ont formulé aucune recommandation concernant le dosage à suivre lors d’une supplémentation en colostrum bovin.
Dans les recherches que nous avons évoquées précédemment, les dosages sont assez hétérogènes, allant de 10 g à 60 g par jour. Notons que la durée des cures oscille entre 5 et 8 semaines.
Si vous envisagez de vous complémenter, n’hésitez pas à solliciter un professionnel de santé : il saura vous conseiller de manière adéquate.
En outre, soyez vigilant dans le choix du produit et veillez à prendre connaissance des recommandations du laboratoire fabriquant.
Nous en savons plus sur les bienfaits et le dosage du colostrum, intéressons-nous maintenant aux dangers potentiels d’une telle supplémentation.
Contre-indications et risques pour la santé
Les différentes recherches consultées indiquent que la prise de colostrum bovin semble être sécuritaire. En règle générale, aucun effet indésirable ne survient.
Toutefois, il convient d’être vigilant et d’éviter de se supplémenter en colostrum bovin en cas d’intolérance ou d’allergie aux protéines de lait de vache.
Par mesure de précaution, les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les jeunes enfants ne devraient pas se supplémenter sans avis médical.
Selon une revue scientifique récente, l’état actuel de la recherche ne permet pas d’affirmer avec certitude que le colostrum bovin est bénéfique pour la santé des personnes de plus de 35 ans. Les chercheurs signalent que les études existantes peuvent présenter des biais. Il apparaît donc nécessaire que la recherche se poursuive, afin que chacun puisse bénéficier d’informations étayées sur le colostrum bovin, ses bienfaits, son dosage et ses dangers éventuels.
Questions fréquentes
Qu'est-ce que le colostrum?
Le colostrum est le premier lait, sécrété par les glandes mammaires de la femme, lors de la fin de la grossesse ou lors de la naissance du nouveau-né.
Pourquoi le colostrum est-il important pour le nouveau-né?
- Stimulation du système immunitaire
- Favorise la croissance du nourrisson
- Facilite la maturation de la paroi intestinale
Colostrum d'origine humaine et bovine : quels bienfaits pour la santé?
- Renforcement des défenses immunitaires
- Protection des parois digestives
- Amélioration des performances sportives
- Traitement de certaines affections cutanées
- Régulation de la glycémie
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