La glutamine : effets secondaires et danger

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Populaire dans le monde du culturisme, c'est un acide aminé aux multiples vertus. Indispensable dans le développement de la musculature, il prend également part à la bonne santé de l’intestin et à la gestion du sommeil. Cependant, même s'il est un actif naturel omniprésent dans l’organisme, une supplémentation demande de la vigilance. Le point sur les effets secondaires et danger potentiel de la glutamine.

Particularités

Glutamine et cancer : quel danger et quels effets secondaires ?

La glutamine est un acide aminé dit non essentiel, car il est synthétisé par l’organisme à partir de l’acide glutamique et l’ammoniac. Dans le corps, il se distribue à 90 % dans les muscles et à 10 % dans les intestins, les reins et les cellules immunitaires. Les autres organes en contiennent à des quantités négligeables.

À quoi sert-elle ?

Elle comporte des rôles essentiels pour l’organisme :

  • participe à la biosynthèse des protéines ;
  • maintient l’intégrité des tissus de la muqueuse intestinale ;
  • régule l’équilibre acido-basique ;
  • participe au métabolisme de l’azote1 ;
  • remplit le cycle de l’acide citrique2 ;
  • prend part à la production d’énergie mitochondriale3.

Quand l'utiliser ?

En médecine, elle est principalement utilisée pour les personnes souffrant de cachexie. Elle est également intégrée dans la nourriture parentérale chez les personnes gravement blessées ou après un traumatisme grave ou une opération chirurgicale.

Sur des applications plus naturelles, elle est aujourd’hui aussi recommandée pour protéger la paroi intestinale et traiter la stomatite aphteuse. Elle est alors utilisée dans les cas de syndrome du côlon irritable ou d’intestin poreux.

En dehors de ces applications liées à des pathologies, elle est principalement utilisée dans le milieu du sport. Pour favoriser le développement musculaire et la récupération, elle est très appréciée dans le secteur de la musculation et particulièrement du culturisme.

Les précautions d’utilisation

Bien que la glutamine soit un acide aminé naturellement présent dans l’organisme, une supplémentation n’est jamais anodine et peut représenter un danger et certains effets secondaires. Son utilisation demande quelques précautions. Voici les différents points de prudence.

Qui peut en consommer ?

En raison du manque de preuve quant à son innocuité en supplément alimentaire, elle est déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes. Elle est également déconseillée aux enfants de moins de 6 ans.

En tout état de cause, l’acide aminé ne peut être consommé par les personnes bipolaires pendant les périodes maniaques. Les personnes souffrant d’une insuffisance rénale ou hépatique doivent solliciter l’avis d’un professionnel de la santé avant toute supplémentation.

Quels sont les effets secondaires de la glutamine ?

À ce jour, aucun effet secondaire notable n’est documenté. Toutefois, il semble que la prise de quantités importantes puisse engendrer des nausées. Dans tous les cas si un symptôme inhabituel se manifeste pendant une cure, prenez contact avec un professionnel de la santé.

Quelles sont les interactions médicamenteuses ?

La glutamine est plus facilement absorbée par l’organisme lorsqu’elle est utilisée en concomitance avec de la vitamine B12

De manière théorique, elle pourrait diminuer les effets des antiépileptiques, l’avis d’un professionnel de la santé est requis.

Glutamine et cancer, que sait-on vraiment ?

Parfois encensée et parfois diabolisée, elle entretient un rôle ambivalent avec le cancer. Quels sont ses bienfaits et ses méfaits face au cancer ? Et, faut-il vraiment l’éviter pendant la maladie ? Toutes les réponses actuellement connues de la science.

Quels sont les rôles de l’acide aminé sur les cellules cancéreuses ?

La glutamine est impliquée dans le processus de fabrication d’énergie des cellules. Si cela est vrai pour toutes les cellules, ça l’est d’autant plus pour les cellules cancéreuses, très gourmandes en énergie4, 5 à 10 fois plus que les cellules saines.

Il est raisonnable de penser que priver le corps de l’acide aminé pourrait alors ralentir ou faire décroitre les cellules cancéreuses. Malheureusement, dans les faits, c’est loin d’être aussi simple.

En effet, si des démonstrations de laboratoire démontrent bel et bien que sa privation conduit à l’apoptose des cellules cancéreuses, celles-ci montrent également de très bons moyens de défense. Non contentes de pomper littéralement la glutamine disponible, les cellules cancéreuses sont aussi capables de transformer certains composés en cet acide aminé 5, ou même de « voler » celle disponible dans les cellules saines voisines6.

De plus, en priver totalement le corps est un non-sens complet. D’une part, il est essentiel à la vie ; et d’autre part, il se retrouve dans un nombre significatif d’aliments. Un vrai casse-tête pour les scientifiques.

Quels sont les bienfaits de l’acide aminé en cas de cancer ?

Les cellules cancéreuses ne sont pas les seules à être dépendantes de la glutamine. En effet, elle est également indispensable au système immunitaire et à la santé intestinale. Deux composantes essentielles au corps pour lutter contre les cancers.

Par ailleurs, des études sérieuses montrent également qu'elle peut jouer un rôle pour améliorer le bien-être des personnes atteintes d’un cancer. Elle est capable de prévenir la stomatite aphteuse, une inflammation buccale sérieuse souvent consécutive à un traitement par chimiothérapie7.

De plus, en restaurant la barrière intestinale, elle prévient également les diarrhées causées par les traitements. D’une part, l’acide aminé limite l’augmentation de la perméabilité intestinale8 ; et d’autre part, il réduit la fréquence et la durée des épisodes de diarrhée9.

Faut-il l'éviter pendant un cancer ?

Son rôle, pendant un cancer, est ambivalent. D’une part, elle sert de carburant aux cellules cancéreuses ; et d’autre part, elle permet à l’organisme de mieux résister et préserve son intégrité.

Si les modèles en laboratoire sont séduisants, il est impossible d’empêcher l’absorption alimentaire de l’acide aminé. De plus, les cellules cancéreuses seraient capables de contourner cet écueil. Par ailleurs, la glutamine permet de lutter contre certains effets secondaires des traitements.

S’il est utopique de l’ôter de l’alimentation, le recours à une supplémentation doit toujours être pris en accord avec le corps médical.


  • 1Brosnan John T. “Le transport d’acides aminés interorganes et sa régulation”. J Nutr, 133 : 2068S-2072S, juin 2003.
  • 2Yuneva M. et al. “Une carence en glutamine mais pas en glucose induit une apoptose dépendante de MYC dans les cellules humaines”. The Journal of Cell biology, 2007, 178 (1) : 93-105.
  • 3Aledo JC, "Dégradation de la glutamine dans les cellules à division rapide : déchet ou investissement”. BioEssays, 26 (7) : 778-785.
  • 4Yang L et al., Metabolic shifts toward glutamine regulate tumor growth, invasion and bioenergetics in ovarian cancer, Mol Syst Biol., 2014🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24799285/
  • 5Tardito S et al., Glutamine synthetase activity fuels nucleotide biosynthesis and supports growth of glutamine-restricted glioblastoma, Nat Cell Biol, 2015🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26595383/
  • 6Zhang J et al., Cancer cell metabolism: the essential role of the nonessential amino acid, glutamine, EMBO J., 2017🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28420743/
  • 7Sayles C et al., Oral Glutamine in Preventing Treatment-Related Mucositis in Adult Patients With Cancer: A Systematic Review, Nutr Clin Pract., 2016🔗 https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1177/0884533615611857
  • 8Daniele B et al., Oral glutamine in the prevention of fluorouracil induced intestinal toxicity: a double blind, placebo controlled, randomised trial, Gut., 2001🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1728161/
  • 9Sun J et al., Glutamine for chemotherapy induced diarrhea: a meta-analysis, Asia Pac J Clin Nutr., 2012🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22705427/
Caroline Thomas
Caroline Thomas, Auteur

Rédactrice spécialisée. Naturopathe certifiée, spécialiste en techniques de santé naturelle. Coach en nutrition certifiée.