Hibiscus : bienfaits et danger

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L’Hibiscus Sabdariffa est une plante couramment consommée en infusion et traditionnellement utilisée à travers le monde pour ses propriétés diurétiques et hypotensives. Elle permet d'apaiser les troubles gastro-intestinaux, l’hypersudation ou le diabète.

Présentation

Hibiscus : bienfaits et danger de cette plante.

Plante herbacée originaire d'Afrique, sa culture s’est répandue en Asie.
Il existe plusieurs centaines d'espèces, l’hibiscus sabdariffa est celle que l’on trouve le plus couramment dans le commerce, et celle qui a été le plus étudiée par la recherche.
Ce sont les calices de la fleur, qui sont traditionnellement utilisés dans de l’eau, afin de libérer ses principes actifs.

L’infusion est consommée aussi bien chaude que froide, elle a une saveur acidulée. Sa consommation présente de nombreux bienfaits santé, tels que la diminution de la tension artérielle, une potentielle diminution de la glycémie sanguine, et un effet sur la sensation de satiété pouvant aider à la perte de poids.

L’Hibiscus est utilisé dans les médecines traditionnelles de nombreux pays. Son infusion est consommée au Nigéria, en Thaïlande ou au Mexique pour ses propriétés hypotensives, mais aussi pour apaiser les troubles gastro-intestinaux, l’hypersudation, le diabète, la toux ou l’absence d’urine 1 2.

Dans la médecine populaire ouest-africaine, il semble être utilisé comme aphrodisiaque.

Les fleurs rouges ont parfois été utilisées comme colorant. En effet, les anthocyanes, contenues dans les fleurs, sont des flavonoïdes aux propriétés antioxydantes. Ce sont les pigments violets de la plante qui donnent sa couleur à l’infusion lorsqu’ils se dissolvent dans l’eau.

A forte dose, il peut être toxique.

Propriétés et vertus

Antioxydant

Un extrait aqueux de la plante permet d’augmenter le potentiel antioxydant trouvé dans le plasma, avec notamment une augmentation du taux d’acide ascorbique (vitamine C) 3.

Les anthocyanines peuvent agir comme piégeur de radicaux libres et activer des enzymes de détoxication. Une étude menée in vitro et sur des rats a montré que cette capacité anti-oxydante pourrait être intéressante pour aider le corps dans l’élimination des médicaments 4.

Anti-inflammatoire

Dans une étude, il a été constaté une réduction de 17 % d’un marqueur de l’inflammation après la consommation d’un extrait de calice, riche en anthocyanines et en composés phénoliques (acides hydroxycitrique et chlorogénique) 5.

Antibactérien

Des études in-vitro ont montré que l’hibiscus pourrait aider à lutter contre certaines infections bactériennes. C'est le cas notamment pour la bactérie Escherichia coli, qui est impliquée dans de nombreux désordres gastro-intestinaux 6. Une étude a montré qu’un extrait pouvait être aussi efficace que certains médicaments généralement utilisés 7.

Hypertension

Il est utilisé traditionnellement pour apaiser l’hypertension. Il a été montré que l'Hibiscus Sabdariffa a la capacité d’atténuer la contractilité cardiaque en réponse à l'adrénaline 8 9.

Dans une étude réalisée avec des rats, il a été constaté une réduction de la pression artérielle, ainsi qu'une prévention de l'hypertrophie cardiaque (qui a été notée dans le groupe de contrôle). Après 10 semaines, la surface des vaisseaux sanguins cardiaques a augmenté de 59 à 85,9% 10. La réduction de la taille cardiaque peut être liée à l'inhibition de l'ECA (enzyme de conversion de l'angiotensine) 11. Ce phénomène a été observé avec les inhibiteurs pharmaceutiques de l'ECA 12. Mais cette action bénéfique pourrait aussi être induite via des mécanismes liés à l'oxyde nitrique 13.

Chez l’être humain, des réductions de la pression artérielle diastolique et systolique ont été notées, particulièrement chez les personnes ayant une pression artérielle élevée.

Dans une étude menée avec 65 personnes préhypertensives et légèrement hypertensives, une infusion de 240 ml, prise 3 fois par jour, durant 6 semaines a permis de diminuer la pression artérielle d’environ 5 % 14.

Une méta-analyse de 2015, reprenant les résultats de plusieurs études effectuées avec 890 participants, a montré qu'il est efficace pour diminuer à la fois la pression artérielle diastolique et systolique 15.

Des patients, âgés de 30 à 80 ans, souffrant d’hypertension légère à modérée, ont bu tous les jours avant le petit-déjeuner, pendant 4 semaines, 510 ml d'une infusion de 10 g de pétales séchés, soit 9,6 mg d'anthocyanes.

Il est apparu une réduction de 11% de la pression artérielle systolique (139,05 à 123,73 mmHg) et de 12,5% de la pression artérielle diastolique (90,81 à 79,52 mmHg) chez les personnes souffrant d'hypertension diagnostiquée et ne prenant pas d'autres antihypertenseurs 16.

Dans une autre étude l’hibiscus a été comparé au Lisinopril, un médicament utilisé pour abaisser la tension artérielle. La réduction de la tension artérielle, avec 250 mg d'anthocyanes, était inférieure à celle observée avec 10 mg de Lisinopril 17.

Chez des diabétiques de type II, la consommation d’infusions, pendant 30 jours, a pu réduire la tension artérielle systolique de 16,1%, alors que le groupe témoin buvant du thé noir a connu une augmentation de 7,3% 18.

Calculs rénaux

L’hibiscus présente d'autres bienfaits. Il possède des effets diurétiques et natriurétiques (excrétion de sodium), qui seraient dus à une modulation de l’activité de l’aldostérone 19.

L’effet diurétique varie en fonction de la dose ingérée 20 et a montré une action de réduction du dépôt de calcium, à l’origine de la formation des calculs rénaux chez le rat, d’une manière comparable au médicament de référence 21.

Chez l’être humain, 1,5 g de fleurs séchées et infusées, bues deux fois par jour, ont permis une augmentation de l'uricosurie (excrétion d'acide urique dans l'urine), d’autant plus importante chez les personnes ayant eu un calcul rénal 22 .

Cholestérol

Il a une action modérée sur le cholestérol, qui a été démontrée dans des études sur l’animal et l’être humain.

5 à 15% de l'alimentation sous forme d'extrait éthanolique d'Hibiscus Sabdariffa pendant 4 semaines, chez des rats, a permis une diminution des lipides totaux (12,3%) et des triglycérides (48%) 23 24.

Son mécanisme d’action sur le cholestérol n’est pas encore élucidé. Il pourrait être lié à l'activation de l'AMPK, une enzyme qui active l'absorption et l'oxydation du glucose et des acides gras, notée dans les hépatocytes et la réduction de SREBP-1 (une protéine médiatisant la synthèse hépatique des acides gras) 25.

Une autre étude a en effet montré que l'absorption des triglycérides était significativement réduite chez le rat avec un régime alimentaire à 5% d’Hibiscus Sabdariffa. Celui-ci réduisant l'absorption apparente des acides gras de 95,1% à 91,4% 26.

Chez des personnes hypercholestérolémiques, 12 semaines d'extrait standardisé à 10 mg (capsules) ou 20 mg (via une infusion) d'anthocyanines totales ont pu réduire les triglycérides sériques 27 28.

Des participants, présentant un diabète de type II, ont bu une infusion de 2 g d’Hibiscus Sabdariffa, deux fois par jour pendant un mois. Il a été noté une augmentation du bon cholestérol (HDL) de 16,7%, une diminution du cholestérol total de 7,6% et du mauvais cholestérol (LDL) de 8% 29.

Protection hépatique

Une étude menée avec 19 personnes en surpoids a montré qu’un extrait de la plante, administré durant douze semaines, a amélioré la stéatose hépatique dont ils souffraient.

Une étude sur des hamsters a montré qu'il réduit l’accumulation de graisses dans le foie 30.

Il peut aider à retrouver une fonction hépatique normale. Son mécanisme d’action diminue le stress oxydatif et atténue le dysfonctionnement mitochondrial induit 31.

Glycémie

En ce qui concerne le diabète et le contrôle de la glycémie, l’hibiscus semble avoir des bienfaits modérés. Ses mécanismes d’action ne sont pas compris, et les études sur l'être humain ne sont pas probantes.

Chez des rats diabétiques, des doses de 100 à 200 mg par kilo, par jour, ont pu réduire le pic de glucose à jeun d'environ 60 à 65% et considérablement réduire l'augmentation de l'insuline sérique 32.

Dans une autre étude, un extrait éthanolique à 200 mg / kg a été associé à la prévention de 57% de l'augmentation de la glycémie, de l'atténuation partielle de l'augmentation des lipides, du cholestérol et de l'indice d'athérogénicité, avec une efficacité similaire à celle de 10 mg par kilo de Lovastatine 33.

L’hibiscus inhibe légèrement les enzymes d'absorption des glucides (alpha-glucoside). Cependant, sa synergie avec Morus Alba (mûrier blanc) peut créer un produit efficace pour inhiber l'absorption des glucides.

Chez l’être humain, 100 mg d'extrait (19% d'anthocyanines sambubiosides), pendant un mois, a permis de réduire 7% de la glycémie 34.

Il n’est pas à ce jour un traitement efficace pour lutter contre le diabète de type 2, cependant il a montré son efficacité dans le cadre du traitement du syndrome métabolique 35 36.

Perte de poids

Il réduit l’accumulation de graisses dans le foie et permet de prévenir l’obésité induite par un régime riche en gras37. Dans une autre étude sur des rats, il a été constaté une diminution de la consommation de nourriture, avec une supplémentation en hibiscus 38.

Dans certaines études, la perte de poids liée à la consommation d’extraits semble être étroitement liée à sa toxicité, car il est toxique à des doses élevées.

La diminution de l’appétit n’est pas citée dans les études sur l’être humain.

36 participants en surpoids ont reçu un extrait d'hibiscus. Après 12 semaines, il est apparu une réduction du poids corporel, de la graisse corporelle, de l'indice de masse corporelle et du rapport hanche / taille.

Anxiété

Une étude sur des rats a montré des bienfaits anxiolytiques d’un extrait aqueux et à l’éthanol d’Hibiscus sabdariffa 39.

D’autres espèces semblent pourtant avoir aussi des effets anxiolytiques et antidépresseurs (Rosa-sinensis et Tiliaceus) 40 41.

Cancer

Il est riche en polyphénols, des composés qui présentent des propriétés antioxydantes et immuno-modulatrices.

Des essais in-vitro montrent des résultats prometteurs sur les cellules cancéreuses de différentes parties du corps, telles que le plasma 42, la prostate 43, ou l’estomac 44 45.

Différentes formes

Le calice d’Hibiscus Sabdariffa se consomme principalement en infusion ou en tisane.

Les fleurs séchées se trouvent facilement dans le commerce en vrac, en sachet ou en poudre.

On trouve également des extraits en poudre, gélules, comprimés ou sous forme liquide.

Le produit peut être choisi en fonction de sa teneur en anthocyanes. 10 mg d'anthocyanines semblent être efficaces, soit 1 g d'un extrait à 1% ou 500 mg d'un extrait à 2%.

Dosage et posologie

Selon une étude, la meilleure manière de l’infuser serait à température ambiante ou à 26 degrés pendant 4h30 46.

Cependant, des infusions à 80 - 90 degrés, durant 15 minutes, permettent aussi une libération des principes actifs.

  • Hypertension : 1,25 g de la plante infusée dans 240 ml d'eau bouillante, trois fois par jour.

Pour les extraits, il convient de se référer aux conseils du fabricant, car les dosages en principes actifs peuvent varier selon les méthodes d’extraction.

Des doses élevées sont associées à une toxicité chez le rat, et il serait prudent de ne pas dépasser les doses indiquées.

Principes actifs

De nombreux composés constituent les principes actifs de la fleur 47.

  • L’acide d'hibiscus
  • L’acide hydroxycitrique
  • L’anthocyanine delphinidine
  • L'anthocyanine cyanidine
  • La quercétine
  • Le kaempférol
  • La myricétine
  • La daidzéine
  • Le tiliroside
  • L’acide chlorogénique
  • L’acide 5-O-caféoylshikimique
  • L’acide coumaroylquinique
  • Le tétra-O-méthyljeediflavanone
  • Le N-féruloyltyramine
  • Le digallate de méthyle
  • La vitamine C

Ses effets

Précautions

Des effets toxiques sont apparus à une dose équivalente à 2,2 g d'extrait pour un être humain de 70 kilos, et des doses plus élevées ont entrainé une toxicité chronique.

Une toxicité testiculaire, avec un effet néfaste sur la morphologie des spermatozoïdes, a été associée à des doses importantes d'Hibiscus Sabdariffa chez le rat 48 49 50 . Aucune étude n’a été menée chez l’Homme pour l’instant.

Contre-indications

Il n’existe pas de contre-indications quant à sa consommation.

Interactions médicamenteuses

Les fleurs, consommées sous formes d’infusion ou d’extrait, peuvent interagir avec l’hydrochlorothiazide 51, un diurétique utilisé pour traiter la tension artérielle élevée.

En cas de prise de diurétiques, il convient de demander conseil à un professionnel de santé.

L’association de l’hibiscus avec certaines plantes pourrait créer une synergie aux effets antidiabétiques augmentés, par l'inhibition de l'enzyme alpha-amylase :

  • Morus alba (mûrier blanc)
  • Chrysanthemum indicum 
  • Aegle marmelos

Questions fréquentes

Qu’est-ce que l’hibiscus ?

L’Hibiscus Sabdariffa est une plante originaire d'Afrique dont les pétales sont couramment consommés en infusion.

Pourquoi en prendre ?

- Activités antioxydante, antiinflammatoire, antibactérienne et diurétique
- Réduction de la tension artérielle
- Régulation du taux de cholestérol et de la glycémie
- Favorise la perte de poids
- Activité anti-cancéreuse

Quelles sont les mises en garde ?

A forte dose, il peut être toxique. Les fleurs peuvent interagir avec certains diurétiques.


Marianne Buclet
Marianne Buclet, Auteur

Naturopathe Site internet : www.mariannebuclet.com