Présentation
Elle est depuis longtemps utilisée dans les médecines traditionnelles pour traiter des maux divers allant de la toux aux rides, en passant par les douleurs menstruelles. Sa richesse nutritionnelle aussi singulière qu’intéressante attire la curiosité du monde scientifique. L'huile d'onagre est aujourd’hui étudiée pour tous ses bienfaits supposés ou prouvés sur la santé.
Histoire
Originaire d’Amérique du Nord, Au XVIe siècle, elle était utilisée comme plante médicinale par les Amérindiens. Ils en faisaient un usage externe pour soigner la peau, notamment les furoncles et les abcès. En interne, les Amérindiens consommaient son infusion pour calmer la toux, mais aussi les douleurs gastriques.
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu'elle est accidentellement importée en Europe. En effet, les graines de la plante se sont invitées en passagères clandestines dans la terre de lestage des bateaux. Les graines ont germé et la plante s’est ainsi introduite dans les contrées européennes.
Si son utilisation est longtemps restée discrète, depuis les années 2000, elle explose. L’onagre et singulièrement son huile possède aujourd’hui une réputation bien forgée dans les domaines de la cosmétique et de la régulation hormonale.
Description
Plante bisannuelle de la famille des herbacées, elle présente des feuilles velues. Elle s’érige sur une hauteur d’un mètre à un mètre cinquante. Sa floraison parfumée est estivale.
Parfois surnommée « belle de nuit » ou « primevère du soir », la plante possède des fleurs jaunes qui s’ouvrent à la tombée de la nuit. Elles contrastent avec les fruits, dont les graines noires apportent l’huile d'onagre dont on tire les bienfaits médicinaux.
Composition
Bien que l’huile soit la partie la plus utilisée de la « belle de nuit », il n’en reste pas moins qu’elle comporte d’autres attraits.
En phytothérapie
En phytothérapie, toutes les parties de la plante trouvent leur utilisation.
Les feuilles et les racines se consomment cuites. Dans une salade, en entrée ou en plat principal, elles apportent un goût de jambon des plus surprenants.
Les fleurs s’utilisent en infusion, tandis que l’huile sert de remède médicinal pour traiter la plupart des maux féminins. En outre, elle s’avère précieuse dans les produits de beauté, et singulièrement les produits de beauté anti-âge.
Les principes actifs
D’un point de vue tout à fait biochimique, la « belle de nuit » comporte :
- des acides gras complexes (cis-linolénique et cis-gammalinolénique) ;
- des polyphénols ;
- de l’acide palmitique ;
- des esters d’acides triterpéniques ;
- de la lignine ;
- des minéraux ;
- des mucilages ;
- des tanins ;
- des phytostérols ;
- des composés flavoniques ;
- des protéines ;
- etc.
Parmi tous ces composants, c’est principalement l’acide gamma-linolénique contenu dans l’huile qui attire le monde scientifique.
Le profil lipidique
Connue pour sa teneur rare en acide gamma-linolénique, l’huile précieuse de la « belle de nuit » possède une composition lipidique bien plus complexe.
Type d’acide gras | Dénomination | Pourcentage (moyenne) |
Acides gras polyinsaturés | Acide linolénique | 70 - 75 % |
Acides gras polyinsaturés | Acide gamma-linolénique | 8 - 14 % |
Acides gras mono-insaturés | Acide oléique | 5 - 11 % |
Acides gras saturés | Acide stéarique | 2 - 3 % |
Acides gras saturés | Acide palmitique | 5 - 7 % |
L’acide gamma-linolénique
De la famille des omégas-6, l’acide gamma-linolénique est synthétisé par l’organisme à partir de l’acide linoléique. Il arrive cependant souvent que cette synthétisation soit insuffisante pour répondre aux besoins du corps. L’acide gamma-linolénique ne peut alors plus assurer ses fonctions dans l’organisme. Ce déficit entraîne un affaiblissement de l’immunité (notamment en ce qui concerne les allergies et les inflammations) et une déshydratation cutanée.
Ses propriétés
Avec sa composition complexe et exceptionnelle, l’huile de « belle de nuit » possède de nombreuses propriétés médicinales et esthétiques :
- antirides ;
- hydratante ;
- antispasmodique ;
- hépatoprotectrice ;
- calmante ;
- astringente ;
- vasodilatatrice ;
- anti-inflammatoire ;
- anticoagulante ;
- hypocholestérolémiante.
Vertus thérapeutiques
En raison de ses nombreux bienfaits, l’huile d'onagre peut apporter du soulagement dans bien des domaines.
Prévention de l’hypercholestérolémie et des troubles cardiovasculaires
Elle est riche en acides gras insaturés. Cette huile précieuse comporte aussi une quantité intéressante de phytostérols. Ces différents composés sont reconnus pour leur action hypocholestérolémiante et pour leur action cardioprotectrice en limitant la formation de l’athérosclérose. Dans ce sens, elle participe à la prévention des troubles cardiovasculaires et de l’hypercholestérolémie souvent associée.
Réduction des inflammations
Une des particularités est d’être riche en acide gamma-linolénique. Cet acide gras particulier intervient dans la production des prostaglandines de type 1. Ces mêmes prostaglandines régulent la réponse inflammatoire de l’organisme.
L’huile d’onagre permettrait donc d’inhiber, pour le moins partiellement, les mécanismes responsables de l’inflammation, dont les gonflements, les douleurs et les rougeurs.
Soulagement des désordres hormonaux
Les bienfaits de l'huile d'onagre ne s'arrêtent pas là.
L’acide gamma-linolénique présent participe à la production de prostaglandines, qui agissent sur l’équilibre hormonal (et singulièrement l’hormone progestérone). Aussi, il était naturel de voir de quelle manière cette huile précieuse pourrait, ou non, influencer les troubles liés aux changements hormonaux chez la femme.
Le syndrome prémenstruel
Le syndrome prémenstruel impacte le confort de vie d’un nombre significatif de femmes en âge de procréer. Léger, modéré ou sévère, il réduit la qualité de vie des femmes dans la semaine précédant les règles (et parfois plus).
Les scientifiques ont alors pensé que l’effet hormonal des prostaglandines pourrait apaiser les symptômes liés aux changements hormonaux du cycle féminin. Les résultats des études sur le terrain restent cependant mitigés. Toutefois, en consultation de naturopathie, de nombreuses femmes ressentent tout de même un mieux-être.
La ménopause
Bien que les preuves au niveau du syndrome prémenstruel soient donc mitigées, il existe des preuves solides quant aux bienfaits de l’huile d'onagre sur les désagréments de la ménopause. En effet, selon une étude1, cette huile précieuse aurait un impact positif sur les bouffées de chaleur, un effet commun de la ménopause.
La grossesse
L’huile d'onagre a longtemps été utilisée pour aider à tomber enceinte, pour déclencher le travail et favoriser l’accouchement. Cependant, jusqu’à ce jour aucune étude pertinente n’a démontré son influence ni sur la fertilité ni sur le déclenchement de l’accouchement.
De plus, elle possède des propriétés anticoagulantes, ce qui la rend contre-indiquée en cas d’accouchement.
Prévention de l’ostéoporose
L’ostéoporose touche principalement les femmes après la ménopause. Une étude sud-africaine datant de 19982 laisse supposer qu’un complément d’huile d’onagre couplé à des huiles de poissons et du calcium pourrait améliorer la densité osseuse.
Hydratation des peaux sèches ou matures
Elle est traditionnellement utilisée pour protéger et apaiser les peaux sensibles, sèches ou matures.
Les acides gras présents dans cette huile lui confèrent des propriétés hydratantes puissantes. Ils restaurent le film lipidique qui protège la peau des attaques extérieures.
De plus, elle est riche en vitamine E et en acides triterpéniques, tous deux vecteurs de vertus antioxydantes limitant notamment l’apparition des rides et des ridules. C’est pour cette propriété que l’huile d'onagre est communément utilisée dans les cosmétiques, et principalement dans les crèmes anti-âge.
Réduction de l’acné et de l’eczéma
L’acné et l’eczéma sont des affections courantes de la peau. Leurs causes sont généralement plurielles, mais comportent souvent des composantes hormonales ou inflammatoires. Aussi, son utilisation, dans ce cadre, pourrait constituer une alternative naturelle aux traitements actuels.
L’acné
L’acné est un trouble de la peau qui apparaît généralement à l’adolescence, mais peut aussi se manifester à l’âge adulte. Cette maladie de la peau présente des manifestations plurielles allant des points noirs aux nodules en passant par les boutons. Disgracieuse et parfois source de complexe, l’acné est considérée à la fois comme hormonale et inflammatoire.
Si l’huile d'onagre ne constitue pas un traitement en soi, des études ont démontré ses bienfaits dans la réduction du nombre de lésions et de leur gravité3.
L’eczéma
Tout comme l’acné, l’eczéma est une maladie de la peau qui peut être invalidante au quotidien. Source de démangeaison et de complexe, l’eczéma possède des causes multiples. Généralement, un aspect inflammatoire est présent.
Une étude a démontré que son utilisation améliore l’apparence et la sévérité des crises d’eczéma4. Cependant, le déroulement de l’étude n’est pas exempt de reproches et des recherches supplémentaires doivent être menées afin de confirmer ou non les conclusions.
Prévention de la neuropathie diabétique
La neuropathie diabétique est une complication du diabète qui provoque une dégénérescence graduelle des nerfs. En plus d’être invalidante, cette complication est également très douloureuse pour les malades.
Des études menées dans les années 1990 ont donné des résultats positifs sur le traitement de cette pathologie. Néanmoins, en raison de l’insuffisance de données probantes, les auteurs d’une synthèse sur l’utilisation de l’acide gamma-linolénique dans le traitement de la neuropathie diabétique recommandent l’usage de l’huile de primevère du soir comme adjuvant des autres traitements, lorsque ceux-ci ne sont pas suffisants, dans le cas des neuropathies diabétiques modérées.
Réduction des symptômes de l’arthrite rhumatoïde
Même si certaines données restent contradictoires, une méta-analyse de 20115 pointe vers un effet bénéfique des huiles riches en acide gamma-linolénique dans le traitement de l’arthrite rhumatoïde. Elle rassemble trois études contradictoires où le placebo était de l’huile d’olive, ce qui est de nature à fausser les résultats. Les chercheurs ont donc amalgamé les résultats obtenus par les huiles riches en acide gamma-linolénique, à savoir l'huile de bourrache et d’onagre, pour affirmer que ces dernières pouvaient réduire les symptômes de l’arthrite rhumatoïde.
Par ailleurs, une étude plus réduite6 a démontré une réduction significative et cliniquement pertinente des symptômes après 6 mois d’utilisation de l’acide gamma-linolénique. Il semble également que la réduction des symptômes s’intensifie après 12 mois d’utilisation continue.
En raison des propriétés des acides gamma-linoléniques, celle-ci est également testée dans le phénomène de Raynaud et le syndrome de Sjögren sans toutefois encore présenter des résultats pertinents.
Allégations santé
Les autorités européennes ont accepté les allégations santé suivantes :
- aide à maintenir le confort des menstruations ;
- contribue à maintenir la santé de la peau et des tissus.
Dosage et utilisation
Il n’existe à ce jour aucune posologie officielle sur l’utilisation de l’huile d’onagre comme complément alimentaire. Un consensus semble cependant se dégager avec une supplémentation de 1 à 3 grammes répartis aux principaux repas. Elle sera alors ingérée avant la nourriture.
Différentes formes
En complément alimentaire
Elle existe en bouteille en verre, utile notamment pour la consommation culinaire ou comme huile de massage. En complément alimentaire, il est commun de la retrouver dans des capsules molles.
Huile d'onagre bio
La plante peut être issue de l'agriculture biologique et être certifiée bio.
Précaution d’emploi
Il s'agit d'un complément alimentaire sécuritaire. Cependant, certaines précautions d’usage sont à observer, en cas de doute, un conseil médical est requis.
Précautions générales
Comme tous les compléments alimentaires, l’huile d’onagre est déconseillée chez les enfants de moins de 12 ans et chez les femmes enceintes et allaitantes.
Contre-indications
Elle peut théoriquement être utilisée par toute la population. Toutefois, le complément alimentaire ne doit pas être consommé sans avis médical dans certaines populations :
- enfants de moins de 12 ans ;
- adolescents de 12 à 16 ans (posologies adaptées) ;
- femmes enceintes ou allaitantes ;
- personnes épileptiques (études contradictoires) ;
- personnes sous anticoagulants ou traitements associés.
Effets indésirables
À dosage thérapeutique, l’utilisation d’un complément alimentaire à base d’huile d'onagre ne provoque pas d’effets secondaires. Toutefois, avec une consommation à forte dose, l’huile d’onagre peut provoquer :
- légères nausées ;
- maux d’estomac ;
- céphalées ;
- selles molles.
Interactions
À ce jour, il existe deux interactions possibles avec certains médicaments :
- les corticostéroïdes pourraient réduire son efficacité sur l’eczéma ;
- elle pourrait augmenter les effets secondaires des médicaments anticoagulants ou antiplaquettaires en raison de ses propriétés anticoagulantes et antiplaquettaires.
Informations complémentaires
Vous pouvez en apprendre davantage à ce sujet :
Questions fréquentes
Qu'est-ce que l'huile d'onagre ?
L'huile d'onagre est une huile végétale, reconnue pour son action sur le système hormonal.
Pourquoi en consommer ?
- Prévention des troubles cardiovasculaires
- Activité anti-inflammatoire
- Favorise l'équilibre hormonal
- Améliore la densité osseuse
- Traitement de certaines affections cutanées et de la
neuropathie diabétique
Quelles sont les mises en garde ?
Elle est contre-indiquée chez la femme enceinte, allaitante, les enfants, les personnes épileptiques et prenant des anticoagulants.
- 1: Farzaneh, F., Fatehi, S., Sohrabi, M. R., & Alizadeh, K. (2013). L’effet de l’huile d’onagre orale sur les bouffées de chaleur ménopausiques: un essai clinique randomisé.
- 2: Kruger MC, Coetzer H, et al. Calcium, gamma-linolenic acid and eicosapentaenoic acid supplementation in senile osteoporosis. Aging (Milano) 1998 Oct;10(5):385-94.🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9932142
- 3: Kapoor, S., & Saraf, S. (2011). Thérapies à base de plantes topiques un choix alternatif et complémentaire pour lutter contre l’acné. , (6), 650‐9.
- 4: Morse, N. L., & Clough, P. M. (2006). Une méta‐analyse d’essais cliniques randomisés, contrôlés par placebo de l’huile d’onagre Efamol® dans l’eczéma atopique.
- 5: Cameron M & al. Herbal therapy for treating rheumatoid arthritis. Cochrane Database Syst Rev. 2011 Feb 16;2:CD002948.🔗 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21328257
- 6: Laposata, M. (1996). Traitement à l’acide gamma‐linolénique de la polyarthrite rhumatoïde. Un essai randomisé contrôlé par placebo.