Comment différencier les Vitamines C liposomales : les vraies, les fausses et les mauvaises ?

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Vous avez entendu parlé des bienfaits prometteurs de la vitamine C liposomale . Encore faut-il pouvoir pouvoir consommer un tel produit. Ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir fabriquer une liposomale de qualité. Pire, beaucoup n'hésitent pas à estampiller leur produit "liposomal" alors qu'il n'en est pas. Cette enquête vous guide et vous explique les critères nécessaires pour consommer le bon produit.

En préambule

Notre enquête

Cet article est le fruit d'une longue enquête rigoureuse sur le monde fermé des produits liposomaux. Il y a effectivement de gros enjeux technologiques et financiers. Nous sommes pris en étau entre le secret industriel pour les réelles liposomales et les tromperies cachées de ceux qui veulent s'engouffrer sur ce marché très porteur.

Nous savons pertinemment que certains laboratoires modifieront leurs propos quand ils auront pris connaissance de cette enquête. La supercherie peut aller très loin dans le commerce, et les fraudes françaises ne sont pas si actives.

Nous savons aussi que les blogs qui "traitent" de ce sujet reprendront notre article. C'est toujours comme ça sur internet: quelqu'un fait un vrai travail de rédaction et les autres s'approprient le contenu, le remettent en forme et le déforment. Du coup, l'internaute qui cherche des réelles information est noyé par les moteurs de recherche. C'est pourquoi nous vous invitons à partager cet article aux personnes qui souhaitent de vraies informations sur ce sujet.

Le contexte

Les liposomes ont été découverts en 19651. Le brevet déposé suite à cette découverte est tombé dans le domaine public 20 ans après. Cela signifie 2 choses :

  • chaque laboratoire peut fabriquer des liposomes
  • l’appellation liposomal peut être utilisée en nom commercial, sans que cela soit pour autant un procédé liposomal.

La technologie liposomale a pris un essor considérable dans le domaine des médicaments et des compléments alimentaires. Pour ces derniers qui sont beaucoup moins réglementés, on trouve sur le marché différentes préparations de qualité variable. Beaucoup ne sont même pas des préparations liposomales, puisque cette appellation peut être utilisée comme nom commercial ne reflétant pas un procédé. Dans cet article, vous aurez les secrets de fabrication

Identifier une formule liposomale

Il y a plusieurs critères pour s'assurer que ce soit bien de la vitamine C liposomale. Plus ces critères sont nombreux, plus ils penchent en faveur d'une liposomale de qualité.

Tests de caractérisation

Pour identifier une formule liposomale de qualité, il existe différentes analyses à réaliser par un laboratoire indépendant. Ce sont des tests qui évaluent les caractéristiques des liposomes. En effet, des liposomes de qualité doivent être:

  • de la bonne taille: entre 50 et 400 nanomètres maximum2 3
  • bien encapsulés: que le principe actif soit bien à l'intérieur du liposome
  • stables: que les liposomes conservent leurs caractéristiques après ouverture ou ingestion

Test de la taille des liposomes

Le test  DLS

C’est un graphique qui répartit les particules selon leur diamètre : il donne donc une idée de l’homogénéité des liposomes de la solution.


Test DLS de la vitamine C liposomale Sanus-Q qui montre une répartition majoritaire entre 150 et 320 nm

Il donne une répartition de la taille des particules présentes dans une solution. La majorité du spectre doit être comprise entre 100 et 400 nanomètres*.

Ce test est facile à mettre en œuvre.

Microscope TEM

On peut aussi mesurer la concentration et la taille des particules par le microscope à transmission électronique (TEM). L’image donne aussi une idée de l’uniformité des liposomes présents dans la solution.

Différents types de formules analysées au microscope. Celle de droite (Lipolife) présente les liposomes les plus petits et homogènes. Celle du centre a uniquement 3 gros liposomes.

Tests d’encapsulation

Test de saponification

Faire un test de saponification permet de mesurer la teneur de principe actif encapsulée dans les liposomes.

1/ On réalise un test sans saponification : on mesure la quantité de principe actif qui doit être proche de zéro s’il est bien encapsulé dans le liposome.

2/ On réalise un autre test avec saponification, qui casse les liposomes et laisse donc échapper le principe actif. La teneur de principe actif libéré doit être conforme à celle annoncée sur les ingrédients de l’étiquette.

Ce test donnerait une idée assez fiable du taux d’encapsulation et est simple à réaliser. Néanmoins, il ne s’inscrit pas totalement dans une démarche scientifique.

Les autres tests

Vérifier scientifiquement l’encapsulation est un process très compliqué. Nous nous sommes rapprochés du laboratoire européen de Pau spécialisé dans l’analyse des microparticules. La méthodologie est complexe à mettre en œuvre. Il est nécessaire d’avoir la composition exacte ainsi que la quantité de chaque ingrédient. Or les laboratoires ne communiquent pas sur la totalité de leur formule. Il est donc impossible pour nous de mettre en place de tels tests.

Tests de stabilité

A température ambiante

Le laboratoire d’analyses mesure la teneur en principe actif de la solution liposomale (ou le contenu de la gélule) mis à l’air libre et à température de 30°. Après saponification, si le résultat s’approche de la teneur initiale, cela signifie qu’il n’y a pas de déperdition de produit, et donc que les liposomes sont stables. Concernant la vitamine C c’est encore plus évident : elle est très volatile. Il ne reste quasiment plus de vitamine C au bout de 6 mois dans une brique de un jus d’orange non ouverte. Si le taux de vitamine C est quasiment le même 3 mois après l’exposition à l’air libre, cela témoigne de la stabilité et de l’encapsulation correcte des liposomes.

A pH acide

Faire des tests de stabilité à pH acide donne une idée de comment vont se comporter les liposomes dans l'estomac. En effet, celui-ci a un pH qui varie de 2 à 5 selon les moments. Si les liposomes conservent leur distribution (taille et nombre objectivés par le test DLS), alors on peut dire qu'ils restent stables malgré les acides gastriques. Et donc qu'ils vont pouvoir être assimilés dans l'intestin.

Les études scientifiques

Les études concernant l’assimilation

Certains laboratoires ont testé leur produit en terme d’assimilation dans le sang (LivOn, Empirical labs, Lipolife).

Ces études ont démontré que leur vitamine C était mieux assimilée par l’intestin et donc que la concentration sanguine obtenue était plus haute que celle obtenue par les gélules classiques. Tout l’intérêt de la forme liposomale est là : dépasser les seuils de concentration plasmatique de la vitamine C pour qu’elle soit thérapeutiquement très efficace.

Etude d'assimilation de Empirical labs

Les études cliniques

2 laboratoires ont testé leur produit dans des études cliniques. Cette approche permet de mesurer l’efficacité du produit sur une problématique donnée.
LivOn a testé son produit sur la peau avec des résultats très concluants. Seul problème : ils n’ont pas fait le test en parallèle avec de la vitamine C classique. Cela aurait permis de comparer forme liposomale et classique.
Goldman a fait une étude française très bien conduite. Elle met en évidence que l’apport d’1 gramme par jour de son produit permet d’éviter les risques post opératoires d’algoneurodystrophie. La forme classique, testée aussi à 1 g, ne prévient pas ce trouble.

Analyse qualitative

Hormis les tests et études mentionnés, on peut considérer que l'impact thérapeutique significatif d'un produit valide en partie ses propriétés. Ainsi, les retours positifs des consommateurs et des prescripteurs est aussi à prendre en compte.

Il existe donc une autre voie pour valider scientifiquement un produit ou une méthode : c’est l’analyse qualitative. Elle prend racine dans les retours que font les utilisateurs, les thérapeutes, ainsi que  la réalité thérapeutique. Cette analyse qualitative est beaucoup plus subjective et demande un nombre incalculable de retours objectivés par plusieurs personnes compétentes + des études statistiques. On en est loin aujourd’hui.

Cependant, c’est une méthode qui permet de vérifier l’efficacité d’un produit. Nous expérimentons depuis 2012 différents produits, nous avons collecté de nombreux témoignages et vérifié l’intérêt particulier de certains produits liposomaux par rapport à la vitamine C classique.

Critères sans fondements

Ces critères sont ceux colportés par certains laboratoires ou bien par des blogs qui se copient tous les uns les autres. Pourtant, les éléments ci-dessous ne déterminent absolument pas la qualité finale d'un produit liposomal.

La pureté de la lécithine

Un article sur alternativesanté de Michel Dogna, datant de 2016, stipule que la lécithine utilisée doit être la plus purifiée possible. Autrement dit qu’elle se rapproche de la phosphatidylcholine pure à 96%. C’est d’autant plus curieux qu’il recommande une recette maison à partir d’une lécithine simple… Selon lui, 50% de phosphatidylcholine est trop peu.

Or personne n’utilise de la phosphatidylcholine aussi pure pour faire ses liposomes. De plus, vous ne trouverez nulle part l’indication de pureté de la lécithine : c’est une information que les laboratoires gardent pour eux.

Pour avoir une bonne qualité de liposomes, il faut que la lécithine soit suffisamment dosée en phosphatidylcholine. Selon les informations de 3 laboratoires sérieux, un dosage de 30 à 50% de phosphatidylcholine est utilisé. Cette proportion est suffisante :

  • Pour avoir des liposomes de haute qualité pour la voie orale (en complément alimentaire).
  • Pour éviter d’avoir recours à des processus de purification par hydrolyse qui utilisent des solvants

En réalité chez Mr Dogna et les sites perroquets, il y a une confusion entre la pureté en phospholipides et la pureté en phosphatidylcholine. Les fabricants qui travaillent bien utilisent une lécithine déshuilée, proche de 98% de phospholipides qui contient 50% de phosphatidylcholine.

Pour la forme injectable, il faut que la lécithine soit la plus pure possible (96 voire 99%). Pour obtenir ce grade de phosphatidylcholine liquide, il faut hydrolyser et purifier la lécithine. C’est un processus coûteux réservé pour la forme injectable, qui n’a pas d’intérêt pour la voie orale.

Lécithine de soja ou tournesol?

La lécithine de tournesol est un argument commercial pour les marques. Mais il ne concerne en rien la qualité ou l’assimilation du produit. A ce jour, il n’y a aucune étude ou rapport indiquant que l’origine de la lécithine a une incidence sur la qualité des liposomes.

La lécithine de  soja à un inconvénient car elle contient des phyto-oestrogènes qui sont contre indiqués en cas de cancer hormo-dépendant. Concernant l’aspect allergène du soja, sa lécithine ne contiendrait pas de protéines responsables de l’allergie. Il pourrait éventuellement en rester à l’état de traces.

Test de solubilité dans l’eau 

Dire que les vraies liposomales liquides ou les gélules ne se dissolvent pas bien au contact de l’eau est un argument commercial.

Ceci est incompatible avec la manière dont les liposomes agissent dans l'eau. Les liposomes ayant des groupes de tête hydrophiles, un liposome correctement formé ne repousserait pas l'eau par sa nature même. D’autre part, les liposomes sont de la taille du nanomètre et donc invisibles à l’œil nu.

Les associations non liposomales comme les vitamines C + phospholipides (ou autre corps gras) ou l’ascorbylpalmitate (une vitamine C liée à un corps gras) sont, tout ou partie, insolubles dans l’eau. Cet argument est non seulement faux mais peut être vrai pour les fausses liposomales !

La réalité est que moins la solution liposomale a d’eau (comme dans les liposomales en gélules), moins elle se mélange à l’eau. Mais cela ne démontre rien.

Absence d’eau

Le laboratoire LivOn a vivement réagi en 20134 à la sortie d’une soi-disant liposomale en gélules, celle du laboratoire Mercola. Parmi les critiques, l’absence d’eau dans le produit est un des arguments avancés qui inspirent la méfiance de LivOn. 

Or l’absence d’eau dans la composition des gélules n’est pas un critère déterminant. En effet, pour mettre une solution liquide en gélule, il faut passer par une technique de micro-encapsulation. Le but est de passer d’un liquide à une forme solide pour pouvoir être mis en gélule. L’eau étant évaporée, il est normal qu’elle ne figure pas sur l’étiquette.

Cet argument a été repris en cœur dans différents blogs, mais il est sans fondements. Cela dit en passant, le produit Mercola n’est pas liposomal pour d’autres raisons.

Forme cristalline

Une autre idée reçue qui circule est que pour les formes sèches (gélule ou poudre), la consistance de la matière devrait être onctueuse. Elle ne devrait donc pas se présenter comme une poudre sèche ou des micro-cristaux.

Or, la forme proposée dans ses liposomales sèches dépend du support utilisé dans la micro-encapsulation. Il faut nécessairement un support pour recueillir les liposomes et éliminer l’eau. Il est donc normal d’avoir des textures sèches et granuleuses pour les liposomales en gélules ou en poudre.

Repérer une fausse liposomale

Les fausses liposomales peuvent être mises à jour part les tests de caractérisation présentés plus haut. Dans certains cas, on peut facilement dépister une supercherie rien qu’en analysant l’étiquette. Voici les éléments qui ne trompent pas.

Type de vitamine C utilisée

En regardant la forme de vitamine C utilisée sur le complément alimentaire, on peut facilement dépister certaines fausses liposomales.

La vitamine C utilisée pour faire des liposomes ne peut être de forme :

  • Ascorbyl palmitate : c’est de la vitamine C liée à de l’acide palmitique, un corps gras. Cette vitamine C graisseuse a des caractéristiques solubles dans les graisses comme les liposomes, mais ce ne sont pas des liposomes.

Elle est obligatoirement de forme :

  • Acide ascorbique : la forme naturelle de la vitamine C
  • Ascorbate de sodium ou de potassium : la vitamine C est liée respectivement à du sodium ou du potassium. Ce sont les formes dites « tamponnées » de l’acide ascorbique

L’utilisation d’émulsifiants

Les émulsifiants ne sont pas nécessaires, la lécithine en elle-même joue ce rôle. Ainsi, lorsque la composition stipule des émulsifiants supplémentaires, tout porte à croire que le produit est une simple émulsion et non une forme liposomale.

Parmi les émulsifiants utilisés, on retrouve le plus souvent : des triglycérides, des acides gras, des sels de magnésium d’acides gras (stéarate), de l’huile de tournesol.

Une teneur en lécithine/phospholipides trop basse

Pour les gélules ou les forme liquides le ratio lécithine / vitamine C est de (20-30) / (70-80).

La lécithine (ou les phospholipides issus de lécithine) doit être le second ingrédient de la formule. Si elle est relayée à la fin de la composition, ou si sa teneur est seulement de quelques milligrammes, cela signifie qu’il  y en a clairement pas assez pour faire un produit liposomal. Elle est soit ajoutée pour justifier l’étiquette liposomes, soit en tant qu’émulsifiant.

Le cas des liposomales en gélules

Pour fabriquer une liposomale en gélule, il faut d'abord avoir une base de liposomes liquides de qualité. Mais il faut aussi appliquer une technique de micro-encapsulation pour rendre les liposomes sous forme sèche. Il y a donc 2 process très techniques pour faire une liposomale en gélules.

Comment est-il possible que l’on voit autant de liposomales en gélules/ poudre fleurir sur le marché ? La réponse est simple : elles n’en sont pas. Il y a 2 méthodes pour faire comme si son produit était liposomal : l’émulsion ou la micro-encapsulation de liposomes vides.

L’émulsion

Une émulsion est un mélange homogène de deux liquides qui ne se mélangent pas naturellement (l’eau et l’huile par exemple). La stabilité du mélange est obtenu avec l’ajout d’un émulsifiant ou émulsionnant.

Par exemple : la mayonnaise est une émulsion de moutarde et d’huile obtenue avec l’œuf comme émulsifiant.

Dans le cas des liposomales, le principe actif est mélangé avec un peu d’eau et d’huile avec un émulsifiant : la lécithine. Non il n’y a pas d’erreur : la lécithine utilisée pour faire les liposomes est un émulsifiant que l’on utilise pour faire des émulsions. C’est donc très facile de mettre lécithine (ou phospholipides ou phoshatidylcholine) sur l’étiquette et de passer une émulsion pour des liposomes ! Parmi les autres émulsifiants possibles, on retrouve aussi: huile végétale, triglycérides, acides gras, sels de magnésium d’acides gras.

Micro-encapsulation de liposomes vides

Plus élaboré, on peut acheter des liposomes liquides vides, c’est-à-dire sans principe actif à l’intérieur. On leur applique le procédé de micro-encapsulation. Comme tout procédé d’atomisation, les  liposomes sont pulvérisés en fines gouttelettes sur le support au contact d'un courant d'air chaud qui fait évaporer l'eau. Lors de la pulvérisation, on ajoute le principe actif. Ce que l’on obtient est au final est un mélange de liposomes vides + le principe actif encapsulés dans le support. 

Repérer une mauvaise liposomale

Voyons maintenant un élément qui indique une qualité médiocre. Mais les éléments qui déterminent une qualité de liposomes sont ceux exposés dans le chapitre pour caractériser une formule liposomale , à savoir les analyses et tests.

La sonication

La sonication est une méthode qui permet d’obtenir des liposomes. Cette technique peut se passer de solvants comme l’alcool. Mais, cette technique a une faible efficacité d’encapsulation et une reproductibilité quasi impossible. De plus, la contamination par la sonde en titane est avérée5 6.

Ainsi, les laboratoires qui utilisent l’argument de la sonication pour éviter les solvants incitent à la méfiance quant à la qualité de leur préparation.

Fabrication maison et industrielle

Si vous voulez savoir comment sont fabriquées les liposomales par les industriels, rendez vous sur notre article: comment fabriquer de la vitamine C liposomale ?. Cet article traite aussi de la liposomale "maison".

Cet article explique donc comment s'assurer de bien avoir affaire à une liposomale. Il donne des clés pour dépister les fausses liposomales ou celles de mauvaise qualité.

La rédaction
La rédaction, Auteur

Rédaction Doctonat