Comment le corps humain lutte contre les virus et bactéries?
Le système immunitaire est très complexe et les explications suivantes en donnent un aperçu simplifié.
Qu'est-ce que qu'un virus?
Un virus est une structure « abiotique », littéralement « non vivante ». C’est un parasite obligatoire, qui doit coloniser un hôte et utiliser sa machinerie cellulaire pour se reproduire.
Le virus doit d’abord traverser les barrières de l’hôte. Puis il rentre dans ses cellules, s’intègre au matériel génétique et commencer à se répliquer, en utilisant les enzymes et les matériaux de construction de l’hôte. Ainsi, un seul virus donne naissance à des milliers de nouveaux virus, qui iront infecter d’autres cellules saines.
Les virus existaient bien avant notre ère. Au fil de l’évolution, les humains ont construit des mécanismes sophistiqués, à plusieurs niveaux pour les combattre.
Les 3 niveaux de défense
Notre système immunitaire comporte trois de niveaux de défense, qui sont impliqués dans la lutte anti-virale1.
Le premier niveau de défense
Il est constitué par nos « barrières » physiologiques, la peau, avec son film hydrolipidique protecteur, et les muqueuses :
- la muqueuse digestive, depuis la bouche jusqu’à l’anus en passant par l’intestin grêle, principale zone de contact entre notre environnement et notre milieu intérieur
- la muqueuse respiratoire : trachée, bronches, poumons
- la muqueuse génitale
- la muqueuse urinaire
A ces barrières physiques s’ajoutent des barrières chimiques : des secrétions acides qui inhibent la croissance bactérienne (peau, vagin, estomac), du mucus qui tapisse les voies digestives et respiratoires,des enzymes comme le lysozyme (salive, larmes, mucus des voies respiratoires), des défensines, qui sont des peptides anti-microbiens à large spectre (peau, muqueuses).
Les bactéries intestinales « amies », comme les Lactobacilles et les Bifidobactéries interviennent dans la régulation et l’élimination des pathogènes.
La qualité de nos barrières dépend de la qualité des cellules qui les constituent et de la qualité du mucus. Leurs membranes sont constituées d’acides gras saturés et insaturés et de cholestérol, qui sont fournis par notre alimentation. Une membrane de qualité, fluide et résistante à la fois, doit contenir ces molécules dans des proportions physiologiques, et des antioxydants : vitamines C, E et A. Le zinc aide à la cicatrisation. Le mucus et les protéines antibactériennes nécessitent entre autres du zinc et de la cystéine. Si le premier niveau de défense échoue, un second intervient.
L'immunité innée
C’est celle du nourrisson qui sort du ventre de sa mère. C’est aussi celle que notre corps met en œuvre face à un agent infectieux qu’il rencontre pour la première fois.
Ce mécanisme intervient tout de suite après la pénétration de l’agent infectieux (de 0 à 4 heures), il n’est pas spécifique : il fonctionne pour tous les types de virus ou d’autres agents infectieux (bactéries, levures, parasites). La réaction est d’abord locale, sous l’épithélium du lieu de pénétration du virus, par exemple les voies respiratoires, puis généralisée.
L’immunité innée utilise plusieurs armes :
- La phagocytose, qui utilise des globules blancs : les phagocytes (de phagein en grec, qui signifie « manger »). Il en existe plusieurs types.
- Les NK (Natural Killer), ou cellules tueuses naturelles, qui tuent par contact direct.
- Les protéines anti-microbiennes, comme les défensines et les interférons, qui empêchent les virus de se répliquer.
- La réaction inflammatoire avec le recrutement de globules blancs.
- La fièvre.
Des phagocytes sont résidents, présents dans les tissus sous-muqueux. Certains sont fixes, d’autres patrouillent en permanence et en cas d’infection virale, ils reconnaissent les virus, y adhèrent, les avalent et les « digèrent » après les avoir arrosés de substances chimiques comme l’hypochlorite (eau de Javel) ou le peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée). L’emploi et la protection face à ces substances corrosives requièrent du fer, du cuivre et de la vitamine C.
Les NK reconnaissent les cellules infectées par des virus et les détruisent.
Avant de digérer l’ennemi, certains phagocytes en découpent un morceau et le présentent à leur surface comme un drapeau. Ce drapeau est appelé «antigène». Des cellules spécialisées viennent reconnaître le drapeau : soit l’ennemi est connu, soit il ne l’est pas. Cette information est transmise à d’autres globules blancs qui enclenchent les processus de l’immunité adaptative.
La phagocytose produit beaucoup de radicaux libres, qui sont toxiques et destructeurs pour les lymphocytes (ceux qui viennent récupérer l’information présentée par les phagocytes) et les cellules environnantes. Fort heureusement, il existe des systèmes anti-oxydants protecteurs, comme le glutathion, qui contiennent du sélénium et ont besoin de vitamine C pour se régénérer.
Parallèlement à cela, l'organisme génère une réaction inflammatoire, qui lutte contre l’envahisseur et amène des renforts sur le site de l’infection. Les phagocytes produisent des messagers chimiques de l’inflammation, les
« cytokines », dont l’interféron gamma, qui vont circuler dans tout le corps.
Les vaisseaux sanguins autour du site de l’infection se dilatent et laissent passer les globules blancs recrutés sur le champ de bataille, un exsudat de protéines se forme, un œdème ou gonflement se produit, la douleur apparaît par compression des terminaisons nerveuses. La fièvre apparaît : la chaleur a pour fonction d’augmenter le métabolisme de l’hôte, donc de détruire les virus plus rapidement.
Certaines molécules appelées « prostaglandines » pro inflammatoires et
« leucotriènes » sont produites lors de l’inflammation pour favoriser la dilatation des vaisseaux et attirer les globules blancs. Elles provoquent la douleur et sont fabriquées à partir d’acides gras oméga-6.
L’inflammation est nécessaire mais doit rester sous contrôle et s’arrêter une fois que l’infection est maîtrisée. En effet, une inflammation excessive peut endommager les tissus de l’hôte, par exemple les alvéoles pulmonaires, s’il s’agit d’un virus qui affecte les voies respiratoires, et altérer la captation de l’oxygène.
L’immunité dite « acquise » ou « adaptative »
L’immunité adaptative implique d’autres cellules immunitaires spécialisées, les lymphocytes T, les lymphocytes B et des médiateurs chimiques : les anticorps.
En cas d’infection virale, sous l’effet des cytokines circulantes, les lymphocytes B se multiplient dans les organes lymphoïdes et fabriquent des anticorps qui sont relargués dans le sang. Ces anticorps se fixent aux antigènes spécifiques exprimés par une cellule infectée par un virus, formant un complexe immun. Les macrophages reconnaissent le complexe immun et phagocytent la cellule infectée par le virus. Ce mécanisme s’appelle la réaction immunitaire à médiation humorale.
L’action des lymphocytes T correspond à l’immunité à médiation cellulaire. Des cellules dites dendritiques font le lien entre le système inné et le système adaptatif.
Elles captent des protéines issues de l’agent infectieux, migrent vers les ganglions lymphatiques et présentent des fragments de ces protéines aux récepteurs de lymphocytes T immatures, naïfs.
Les lymphocytes T se différencient alors en différents types cellulaires :
- Th1 : agents infectieux intracellulaires comme les virus,
- Th2 : agents extra cellulaires comme les parasites,
- Th17 :bactéries et levures extracellulaires nécessitant une réaction inflammatoire forte,
- T régulateurs ou Treg pour arrêter la réaction immunitaire. Ce sont les lymphocytes T « tueurs » ou cytotoxiques qui détruisent les cellules infectées par des virus.
Enfin, une partie des lymphocytes B et T deviendront des cellules « mémoire ». En cas de nouvelle invasion, la réponse immunitaire sera rapide, ciblée et efficace.
L’immunité adaptative est spécifique et très efficace mais elle est plus lente que l’immunité innée. Elle intervient au bout de 96 h, soit 4 jours pour un agresseur inconnu. Elle entre en jeu soit de façon naturelle, à la suite d’une infection virale, soit à la suite d’une vaccination.
La multiplication des lymphocytes nécessite de la glutamine, du zinc.
Enfin, la balance Th1, Th2, Th17, Treg peut être régulée par des bactéries intestinales. En effet, au niveau des plaques de Peyer, tissus lymphoïdes associés à l’intestin, des lymphocytes T immatures vont se différencier en Th1, Th2, Th17, Treg. L’immunité et l’intestin sont en lien étroit.
Système immunitaire affaibli: quelles sont les causes?
Le système immunitaire peut s'affaiblir. Les situations de dérégulation immunitaire sont des risques accrus d’infection virale et de complications.
Quels sont les facteurs qui peuvent contribuer à son affaiblissement?
Une immunodépression
Cet état concerne principalement les personnes suivantes :
- Les personnes présentant une immunodéficience d’origine génétique
- Les personnes atteintes du VIH (SIDA)
- Les personnes atteintes de cancers évolués et/ou sous traitements du cancer (chimio et radiothérapie)
- Les personnes atteintes d’infections chroniques sévères
- Les personnes hospitalisées en soins intensifs
- Les personnes prenant certains médicaments immunosuppresseurs : corticoïdes, traitement anti-rejet suite à une greffe d’organes, autres médicaments
- Les personnes ayant subi un stress aigu
- Les personnes dénutries suite au grand âge ou à une maladie
Un niveau d’inflammation trop élevé
Il s’agit de l’inflammation dite « de bas-grade », qui est silencieuse, asymptomatique. Les personnes pouvant se trouver dans cette situation sont celles qui présentent une des affections suivantes (liste non exhaustive) :
- Les personnes atteintes de dysbiose sévère et d’hyperperméabilité intestinale « ou leakygut »2
- Les personnes obèses, avec un Indice de Masse Corporelle (IMC) supérieur à 35 ou 403
- Les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires4
- Les personnes atteintes de diabète
- Les personnes atteintes d’arthrose
- Les personnes atteintes de maladies neuro-psychiatriques
- Les personnes souffrant de dépression
L’inflammation de bas grade est mesurable par une prise de sang dosant la protéine-C réactive ultrasensible ou CRP-US.
Des valeurs de CRP-US < 1 mg/l sont considérées comme basses, des valeurs comprises entre 1 et 3 mg/l sont considérées comme moyennes et des valeurs supérieures à 3 mg/l sont considérées comme élevées.
Un autre indicateur est le dosage de cytokines inflammatoires (TNF-alpha, interleukine 1 bêta, interleukine 6) mais les dosages de ces substances ne sont pas courants.
Le ratio oméga-3/ oméga-6 est un autre indicateur qui peut être mesuré.
Les oméga- 6 et 3 sont des acides gras. Les oméga-6 sont précurseurs de médiateurs inflammatoires, appelés prostaglandines pro-inflammatoires, alors que les oméga-3 (EPA et DHA) sont précurseurs de prostaglandines anti-inflammatoires.
Les oligo-éléments et vitamines pour renforcer son immunité
Afin de fonctionner de manière efficace et équilibrée, le système immunitaire a besoin de « matériaux de construction », de « briques », qui constituent ses barrières, ses médiateurs chimiques, ses cellules spécialisées et les armes qu’elles utilisent. Ce sont les micronutriments (oligo-éléments, acides aminés et vitamines) qui vont permettre au système immunitaire de lutter plus efficacement contre les virus et bactéries.
Pour renforcer ses défenses immunitaires, il est indispensable d'adopter une alimentation riche, saine et variée : renforcer ses défenses immunitaires par l'alimentation.
Les apports journaliers recommandés (AJR) cités pour chaque micronutriment sont ceux de la Directive européenne 1990/496 remplacée par le Règlement 1169/2011.
L’état du statut en micronutriments des Français est extrait de différentes études :
- l’étude Nationale Nutrition et Santé, (ENNS) : « situation nutritionnelle en France selon les indicateurs d’objectif et repères du Programme national nutrition Santé (PNNS) de 2007 ;
- l’étude du « Val de Marne » de 2004 ;
- l’étude SUVIMAX de 2006.
La vitamine D3 ou cholécalciférol
Les AJR au niveau européen sont de 5 µg ou 200 UI / jour. Les apports recommandés par les autorités sanitaires en France sont de 400 UI/ jour.
Un taux normal de cholécalciférol se situe dans une fourchette de 40 à 60 ng/ ml de sang et selon certains auteurs, un taux optimal serait même de 60 à 70 ng/ml. La carence est définie pour des valeurs de 20 à 30 ng/ml et la carence sévère pour des valeurs inférieures à 20 ng/ml.
Au sortir de l’hiver, les Français sont très majoritairement carencés en vitamine D, du fait du manque de soleil. Les carences sévères ne sont pas rares, y compris chez des personnes jeunes. Les carences les plus sévères s’observent surtout dans la partie nord du pays et chez les personnes âgées.
Une étude de 2016 indique que 80% des français ont des taux de cholécalciférol inférieurs à 30 ng/ml et 35% des français des taux inférieurs à 20 ng/ml.
La vitamine D métabolise le calcium. Cependant, c’est LA vitamine de l’immunité.
L’exposition progressive et raisonnable au soleil, de mi-avril à mi-octobre, 30 minutes/ jour de 11h00 à 15h00 (surtout le visage, le thorax, l'intérieur des avant-bras) permet en théorie d’assurer une concentration de vitamine D3 sanguine suffisante sur les mois d’été. Une étude de 2019 montre qu’un adulte peut capter 1000 UI de vitamine D en été suite à une exposition de 10 à 15 minutes, 22% du corps étant exposé.
Les personnes qui ont la peau foncée ont besoin de plus de soleil pour synthétiser de la vitamine D, la peau claire étant une adaptation aux hautes latitudes peu ensoleillées. Chez les personnes âgées dont la peau s’affine, la synthèse cutanée du cholécalciférol diminue. Il faut signaler aussi que la crème solaire bloque sa synthèse par la peau.
Par ailleurs, elle peut être dosée suite à une simple prise de sang. Le dosage coûte une trentaine d’euros et n’est pas remboursé par la Sécurité Sociale.
Rôles
C’est une vitamine liposoluble, synthétisée à partir du cholestérol. Elle coordonne plus de 300 réactions métaboliques liées au système immunitaire inné et adaptatif. Elle modifie l’expression de gènes dans les globules blancs, avec soit un rôle inducteur ou inhibiteur, son action est globalement immunomodulatrice.
Ces gènes sont impliqués dans la différenciation des globules blancs, l’apoptose ou « suicide » cellulaire des cellules anormales, le contrôle d’autres gènes, la réponse au stress, le cycle cellulaire. Une augmentation du taux de cholécalciférol sanguin améliore l’expression des gènes, quel que soit le niveau de départ.
Sources et supplémentation
Les principaux aliments qui contiennent du cholécalciférol, sont l’huile de foie de morue, le saumon cuit, le hareng mariné, le maquereau, la sardine à l’huile, les huîtres, le jaune d’œuf, le beurre.
Certaines plantes contiennent un précurseur de la vitamine D3, l'ergocalciférol ou vitamine D2. La contribution de l’alimentation aux apports totaux en vitamine D est faible, de l’ordre de 10%.
Dans certains cas, la vitamine D est soit mal absorbée, soit mal métabolisée :
- en cas de dysbiose intestinale
- en cas de troubles hépatiques
- en cas d’insuffisance hépato-biliaire
- en cas de prise de certains médicaments
- chez les personnes obèses (elle est séquestrée dans les tissus adipeux).
- chez les personnes suivant des régimes hypocaloriques, pauvres en matières grasses.
Enfin, la vitamine D3, micronutriment, participe à la prévention des virus et infections virales avec syndromes respiratoires aigus sévères. Des doses quotidiennes de l’ordre de 1200 UI à 2000 UI, sont beaucoup plus efficaces que des doses importantes (100 000 UI) prises de façon ponctuelle.
Des doses quotidiennes allant jusqu’à 10 000 UI / jour seraient sans danger.
La dose adaptée à chaque individu dépend du résultat du dosage sanguin. Pour une personne atteinte d’une infection virale et présentant une carence, la supplémentation est vivement recommandée, quotidiennement, pendant quelques semaines, aux doses supérieures.
Les suppléments contenant de la vitamine D doivent être pris à un repas contenant des graisses car elle est liposoluble.
Les suppléments sont déconseillés dans certaines situations rares :
- surdosage en vitamine D ;
- hypercalcémie ;
- calculs rénaux.
La vitamine A ou rétinol
Rôles
Les AJR au niveau européen sont de 800 µg / jour. Elle est nécessaire au métabolisme de la vitamine D. Elle intervient aussi dans l’immunité liée aux muqueuses.
Sources alimentaires
Les aliments les plus riches sont l’huile de foie de morue, le foie bio, les œufs bio, le beurre bio.
Les sources de bêta-carotène, précurseur de la vitamine A, sont les tomates, les choux, les carottes, certains légumes verts (épinards, brocolis), les abricots, les potirons, les melons, la patate douce.
Compléments alimentaires
Il est préférable de prendre du béta-carotène, plutôt que de la vitamine A car cette dernière peut avoir des effets toxiques, si elle n’est pas accompagnée d’antioxydants protecteurs.
Les compléments riches en vitamine A ne sont pas recommandés pour les femmes enceintes.
Les oméga-3 et le ratio DHA/ acide arachidonique
C’est le ratio DHA / acide arachidonique qui est important.
L’acide arachidonique, acide gras de la famille des oméga-6, est le précurseur des prostaglandines pro-inflammatoires et l’acide docosahexaénoïque(DHA) celui de prostaglandines anti-inflammatoires. Il est important de maintenir un ratio proche de 1 / 4.
Le ratio oméga-3/ oméga-6 devrait être de 1 pour 4 à 1 pour 2.
Or, avec un régime occidental standard, il est de 1 pour 10 à 1 pour 25. Autrement dit, les Français ont une alimentation inflammatoire.
Micronutriments, les omégas 3 et 6, aux propriétés anti-inflammatoires, permettent de combattre efficacement virus et bactéries.
Sources alimentaires
Les aliments contenant des oméga-3, EPA (acide eicosapentaénoïque) et DHA (acide docosahexaénoïque) sont les petits poissons gras : sardines, harengs, maquereaux, anchois, saumon bio ou sauvage, le thon (mais ce dernier est très chargé en mercure et ne devrait pas être consommé plus d’une fois par mois).
Les poissons sont malheureusement contaminés par les métaux lourds, il n’y a pas de solution parfaite.
Les aliments riches en acide linolénique, comme les huiles de lin, de colza, de cameline, les graines de lin et de chia, certaines noix, sont des précurseurs de EPA et DHA. Cependant, la réaction de conversion a un faible rendement, aggravé par l’âge, la carence en zinc ou de fortes consommations de graisses saturées ou trans.
Afin d'optimiser le rapport oméga-3/ acide arachidonique, il est donc recommandé de :
- Consommer des aliments riches en EPA et DHA et en
en acide linolénique : petits poissons gras 3 fois par semaine. - Diminuer les produits riches en acide arachidonique et en graisses saturées : viande, charcuterie, fromage, beurre.
- Diminuer son apport en oméga-6 : huiles de tournesol, maïs, et produits transformés.
La supplémentation en gélules d’huiles de poissons est possible mais les graisses oméga-3 sont très sensibles à l’oxydation. Dans l’aliment entier, ces graisses sont protégées. Dans les compléments alimentaires, ce n’est pas toujours le cas. La qualité et le degré d’oxydation sont très variables selon le fabriquant et il faudra toujours associer des antioxydants, de préférence via l’alimentation (bêta-carotène, vitamines E et C, sélénium).
L’acide gamma-linolénique, contenu dans les huiles d’onagre et de bourrache, est aussi un précurseur de prostaglandines anti-inflammatoires.
Compléments alimentaires - posologie
EPA+DHA, 1g /3 fois / jour
Le DHA et l’EPA sont contre-indiqués en association avec les anti-coagulants ou en cas d’intervention chirurgicale ou dentaire.
Le zinc
Les AJR au niveau européen sont de 10 mg / jour. 80% des français ne reçoivent pas par l’alimentation les apports recommandés.
Rôles
Le zinc est indispensable pour la réplication, la transcription et la traduction des gènes en protéines, pour toutes les cellules, y compris les globules blancs qui doivent se multiplier très fortement en cas d’infection. Le zinc, micronutriment, est un antiviral, actif contre les virus.
De plus, il agit à plusieurs niveaux du cycle de réplication viral : inhibition du déshabillage viral, inhibition de la transcription de l’ADN viral, inhibition de la traduction de l’ARN viral en protéines, inhibition de la transformation des protéines virales.
Sources dans les aliments
Les aliments les plus riches en zinc sont les huîtres, le germe de blé, le foie de veau bio, le bœuf à braiser, les moules, le crabe, la langouste, les champignons shiitaké, les graines de courge rôties. Le zinc d’origine animale est mieux absorbé.
Les céréales complètes bloquent son absorption.
Compléments alimentaires
Les doses standards sont de 10 à 20 mg/ jour en prévention. Des doses supérieures à 50 mg ne sont pas recommandées en principe.
Les formes de zinc les plus biodisponibles sont celles où le zinc est couplé avec des acides aminés : bisglycinate de zinc, gluconate de zinc, citrate de zinc. Il est préférable de les prendre en-dehors des repas car le zinc est difficile à assimiler. Eviter le sulfate de zinc.
La vitamine E ou tocophérol
Les AJR au niveau européen sont de 12 mg/ jour. 40 à 90 % des
des français ne reçoivent pas par l’alimentation les apports recommandés (Etude du val de Marne).
Rôles
La vitamine E est un anti-oxydant qui protège les membranes cellulaires. Elle est utile à la régénération de la vitamine C. Elle stimule les cellules Natural Killer, protège les macrophages et les lymphocytes T.
Sources alimentaires
Elle est contenue dans : l'huile de germe de blé, les noisettes, les sardines, les amandes, les graines de tournesol, les noix du Brésil, l'avocat.
Il n’est pas nécessaire de se supplémenter si les apports alimentaires sont corrects.
La glutamine
La glutamine est un acide aminé non essentiel, fabriqué par notre organisme. C’est l’acide aminé le plus répandu dans l'organisme.
Rôles
La glutamine est le carburant préféré des cellules à division rapide comme les entérocytes, et les cellules immunitaires comme les lymphocytes, les monocytes et les macrophages. Elle sert aussi à la réparation de la muqueuse intestinale et de la muqueuse pulmonaire et c’est un matériau de construction des muscles.
Suite à une infection virale aiguë, l'organisme va puiser de la glutamine dans les muscles et dans l’intestin afin d'alimenter les globules blancs, induisant une fonte musculaire et une perméabilité et une fragilisation accrues de l’intestin. Ainsi le « leakygut » peut être une conséquence d’une attaque virale.
Posologie
La supplémentation en glutamine, micronutriment, est conseillée en prévention des virus et infections virales chez les personnes fragiles, à raison de 3 fois 1 g / jour, 10 minutes avant les repas.
En cas d’infection virale aiguë, la dose peut être de 3 g de glutamine 3 fois par jour.
Précaution d’emploi : les fortes doses de glutamine sont à proscrire chez les personnes atteintes d’un cancer des globules blancs.
Les aliments contenant de la glutamine sont ceux d’origine animale.
Le glutathion
Le glutathion est un tripeptide formé à partir des acides aminés suivants : glycine, acide glutamique et cystéine.
C’est un antioxydant majeur, qui protège les globules blancs des radicaux libres qui pourraient les détruire. Il permet la régénération de la vitamine C depuis sa forme oxydée. Il est impliqué dans les mécanismes de détoxification.
Compléments alimentaires
Il ne sert à rien de prendre du glutathion, il serait digéré et découpé en ses 3 peptides. L’organisme a besoin de cystéine, cet acide aminé doit être apporté soit par l’alimentation, soit sous forme de N-acétylcystéine dans des compléments alimentaires. La N-acétylcystéine (ou NAC) est un précurseur du glutathion. C’est aussi un antidote du paracétamol et un fluidifiant des secrétions bronchiques.
Sources alimentaires
La cystéine est essentiellement présente dans la viande, les œufs, les produits laitiers, l’ail, l’oignon, les poivrons rouges.
Contre-indications : la N-acétyl-cystéine est contre-indiquée chez les personnes atteintes de cancer, car les cellules cancéreuses peuvent l’utiliser.
En raison de rares cas d’encombrements bronchiques, la NAC est déconseillée aux enfants de moins de 2 ans.
Le sélénium
Les AJR au niveau européen sont de 55 µg / jour.
Selon l’étude SUVIMAX de 2006, 85% des hommes et 75% des femmes seraient déficitaires en sélénium. Ceci serait dû au fait que le sélénium vient du sol, capté par les végétaux que nous consommons et les sols français sont pauvres en sélénium.
Rôles
Le sélénium a un rôle immunomodulateur. Micro-nutriment, il régule l’inflammation excessive : il permet de lutter efficacement contre bactéries et virus. En effet, il fonctionne avec le glutathion. La glutathion peroxydase est une enzyme qui contient du sélénium et qui permet de lutter contre les radicaux libres, notamment ceux produits par les phagocytes.
Dans les aliments
3 noix du Brésil par jour suffisent à couvrir les besoins en sélénium.
Le sélénium est également présent dans les huîtres, le thon, les abats de poulet, l'espadon, les harengs, les sardines et les noix.
La vitamine C
Les AJR au niveau européen sont de 80 mg/ jour. Elle n’est pas stockée par l’organisme.
Rôles
Elle contribue à consolider les barrières : elle promeut la synthèse du collagène, la différenciation des kératinocytes, la synthèse des lipides, la différenciation et la migration des fibroblastes. Enfin, elle protège les membranes cellulaires des radicaux libres.
Elle est impliquée dans la prolifération, la mobilité des globules blancs, la réaction de Fenton pour la production d’eau hydrogénée, l’activation des lymphocytes, la synthèse d’interféron, la synthèse d’anticorps. Micronutriment, elle combat les virus : elle présente une action antivirale directe. Elle aide à l’élimination et l’évacuation des neutrophiles hors d’usage par les macrophages, elle diminue les dommages subis par les tissus.
Les taux de vitamine C baissent très fortement 24h après le début d’une infection.
Compléments alimentaires
Sous forme de compléments, il est conseillé de prendre la vitamine C en fin de repas, à raison de 500 mg/ jour en prévention, sous forme de gélules de préférence aux comprimés à croquer.
En cas d’infection, les doses sont à augmenter, à raison de 125 mg toutes les heures. En cas d’infection sévère, des injections à très forte dose (de l’ordre de 20g) sont la formule la plus efficace.
Sources
Elle est présente en abondance dans le persil, les agrumes, les baies d’acérola, le kiwi, le chou cru, le poivron rouge, les fruits et les légumes.
Le fer
Les AJR au niveau européen sont de 14 mg / jour. Les carences en fer sont rares chez les hommes mais fréquentes chez les femmes en âge de procréer, surtout en cas de règles abondantes ou de grossesse.
11% des femmes en âge de procréer (30 ans et plus) ont des réserves en fer trop faibles (ferritinémie trop basse). 18% des femmes en âge de procréer (18-29 ans) ont des réserves en fer trop faibles.
Rôles
Le fer est un micronutriment à double tranchant. Il est utile dans le transport de l’oxygène dans le corps via l’hémoglobine. Il est utile pour le fonctionnement des globules blancs dans la lutte anti-virale mais son excès est très toxique car le fer est puissamment pro-oxydant.
Le fer libre est pro-oxydant et participe à la réaction de Fenton : il oxyde la vitamine C et produit des radicaux libres extrêmement oxydants et toxiques pour les cellules, dont il attaque les lipides et l’ADN.
Dans la lutte antivirale, les globules blancs utilisent ce principe pour tuer les cellules infectées par les virus. Il faut donc du fer. Mais ce fer ne doit pas être libre. Dans la viande ou au sein de notre organisme, il est emprisonné dans l’hémoglobine ou dans des protéines de transport (la transferrine) ou de stockage (la ferritine).
Par conséquent, il n’est pas recommandé de prendre du fer sous forme de compléments (qui contiennent du fer libre) mais plutôt sous forme d’aliments, sauf en cas de carence sévère.
Une alimentation riche en fer
Les aliments riches en fer dit « héminique » ou ferreux (Fe2+), d’origine animale, sont le boudin noir, le foie de veau, la viande rouge, la volaille, le poisson, les palourdes.
Les produits contenant du fer « non héminique » ou ferrique (Fe3+) sont les végétaux suivants : algues wakamé, dulse et spiruline, soja, lentilles, pois chiches, haricots blancs, sésame.
Si le fer est d’origine végétale, il vaut mieux consommer au même repas des produits riches en vitamine C (poivron rouge, chou cru, persil, épinards crus, kiwi, fruits rouges, agrumes, etc), pour favoriser son assimilation.
Le fer d’origine animale est 3 à 4 fois mieux absorbé que celui d’origine végétale.
Pour les personnes carencées, il est conseillé d’éviter le café ou le thé au même repas que les aliments riches en fer. Le calcium bloquant l’absorption du fer, il est préférable de ne pas consommer de produits laitiers au même repas que des aliments riches en fer. Enfin, les céréales complètes sont riches en acide phytique qui bloquent l’absorption du fer.
Le cuivre
Les AJR au niveau européen sont de 1 mg / jour. Les carences en cuivre sont rares.
Rôles
Le cuivre est nécessaire au fonctionnement des macrophages pour la digestion des agents infectieux. Il intervient dans la différenciation et la prolifération des lymphocytes T. Micronutriment, il a des propriétés anti-infectieuses intrinsèques ; il combat les virus. Il fait partie d’une enzyme de détoxification des radicaux libres, la superoxyde dismutase.
Il n’est pas recommandé de le prendre sous forme de complément car il est pro-oxydant mais sous forme d’aliments.
Source dans les aliments
Les aliments les plus riches en cuivre sont le foie de veau, les huîtres, les crustacés (crabe, langouste, homard), les calamars, les palourdes, le chocolat noir à plus de 70% (quelques carrés par jour), les lentilles (2 à 3 fois/ semaine).
Les probiotiques
Le microbiote intervient dans la modulation du système immunitaire. En effet, l’intestin grêle est la principale zone de contact entre le milieu intérieur et l’extérieur et c’est à ce niveau que se situent 80% de nos défenses immunitaires. Les lymphocytes T immatures « apprennent » à distinguer le soi du « non-soi » au contact du contenu de l’intestin grêle.
L’intestin peut être fragilisé suit à une infection virale car l’organisme y prélève de la glutamine utile pour la prolifération des globules blancs. Suite à cette fragilisation de la barrière intestinale, des bactéries pathogènes présentes dans l’intestin grêle peuvent traverser la barrière intestinale par translocation et rejoindre le sang puis atteindre les poumons, où elles occasionnent de la surinfection.
La supplémentation en probiotiques est donc recommandée suite à une infection virale, à la fois pour rééquilibrer le microbiote et limiter les pathogènes et consolider l’intestin. La dose efficace minimale est de 10 milliards de Lactobacilles et Bifidobactéries / jour/ 1 mois.
Pour lutter efficacement contre les virus et bactéries, il est parfois nécessaire de se supplémenter en micronutriments ou oligo-éléments (vitamines, minéraux, acides aminés et gras...) et d'adopter une alimentation riche et variée.
Questions fréquentes
Qu'est-ce que la micronutrition?
La micronutrition est un domaine de la nutrition qui s'intéresse aux micronutriments et leurs impacts sur la santé.
Est-il nécessaire de se supplémenter en micronutriments?
Les micronutriments sont indispensables au bon fonctionnement du corps humain. Présents en faible quantité dans les aliments, il est parfois nécessaire de se supplémenter en minéraux, acides aminés et gras, oligo-éléments ou vitamines.
Quels micronutriments privilégier pour lutter contre les virus et bactéries?
- Vitamines C, D, A et E
- Oligo-éléments : zinc, cuivre, fer, sélénium
- Minéraux : magnésium, calcium, sodium
- Probiotiques
- Omégas 3 et 6
- Glutamine, glutathion
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