Présentation
Définition
Le phosphore fait partie des minéraux dont la connaissance est la plus ancestrale. Dans le corps humain, il est présent à raison de 700 grammes environ, ce qui en fait un des principaux constituants minéraux après le calcium. D’ailleurs, tout comme le calcium, il est majoritairement situé dans les os. Le phosphore est réparti à 80 % dans le squelette, 10 % dans les muscles et 10 % dans le sang et les tissus mous.
Historique
C’est en 1669 que H. Brandt découvre le phosphore. Pendant une analyse d’urine, il détecte 15 composés chimiques dont le phosphore, mais aussi le soufre, le fer, le cuivre et le zinc. Ce n’est cependant qu’en 1737 que cette découverte est rendue publique.
En 1769, J. G. Gahn en découvre des traces dans des os. Il l’extrait au moyen d’acide sulfurique. Aujourd’hui, le procédé a nettement changé. Le phosphore est extrait de roches chauffées à haute température. Ce procédé est plus efficace et plus économique.
Son absorption au sein de l'organisme
Le phosphore bénéficie d’une excellente absorption intestinale. En fonction de sa concentration, son absorption varie de 50 à 80 %. Son transport est passif et subit une régulation au niveau rénal. Sa concentration sanguine, appelée phosphorémie, est en relation avec la concentration en calcium.
La concentration du minéral dans le sang se fait sous l’influence de trois hormones :
- l’hormone parathyroïde (PTH),
- la calcitonine,
- la vitamine D.
Concrètement, la PTH et la calcitonine font baisser le taux alors que la vitamine D le fait augmenter.
Quels sont ses rôles?
Les rôles du phosphore dans l’organisme sont variables et nombreux. Les principaux se répartissent comme suit :
- préservation de l’ossature (par maintien de l’hydroxyapatite),
- constitution des membranes cellulaires (par les phospholipides),
- libération énergétique (par fabrication d’adénosine triphosphate),
- maintien de l’équilibre acido-basique.
Besoins nutritionnels
Les besoins de l’organisme en phosphore sont relativement importants, mais peuvent être facilement couverts. Les apports nutritionnels conseillés se répartissent ainsi1 :
Catégorie de population | Référence nutritionnelle en mg/jour |
Enfants de 1 à 3 ans | 360 |
Enfants de 4 à 6 ans | 450 |
Enfants de 7 à 9 ans | 600 |
Adolescents de 10 à 14 ans | 830 |
Adolescents de 15 à 18 ans | 800 |
Adultes | 700 |
Femmes enceintes | 800 |
Femmes allaitantes | 850 |
Seniors (> 75 ans) | 800 |
La carence
Dans les pays industrialisés, les carences dans le minéral sont très rares. Elles sont par contre fréquentes dans les pays frappés par la malnutrition. Mais même dans ces pays, la carence reste exceptionnelle chez l’adulte en bonne santé.
Outre la dénutrition, les facteurs qui entraînent la carence en phosphore sont :
- surdosage de calcium,
- traitement de longue durée avec un antiacide à base de sels d’aluminium,
- intoxication alcoolique chronique2.
La carence dans le minéral se traduit par de nombreux symptômes, pas forcément caractéristiques. Les plus observés sont :
- perte d’appétit,
- faiblesse musculaire,
- troubles de la coordination,
- anémie,
- rachitisme chez l’enfant,
- ostéomalacie chez l’adulte.
Le surdosage
À moins d’une complémentation sauvage et fortement dosée, le surdosage en phosphore est rarissime. En effet, le système de régulation est très bien organisé et la tolérance à l’excès de ce minéral plutôt large.
Toutefois lors d’une supplémentation massive au long court, l’hyperphosphorémie peut induire des conséquences telles que :
- perturbation du métabolisme du calcium,
- déminéralisation osseuse,
- formation des calcifications rénales3.
Les experts ont donc fixé un dosage maximal sécuritaire à 2,5 g de phosphore par jour (aliments et compléments inclus).
Le diabète phosphoré
Le diabète phosphoré est une pathologie rarissime. Elle est héréditaire et porte alors le nom complet de diabète phosphaté familial chronique. Cette pathologie se traduit par une fuite importante du phosphore au niveau des reins. À terme, elle provoque alors l’ostéomalacie, une déminéralisation massive des os.
Phosphores et phosphates
Les termes phosphore et phosphate sont souvent utilisés de façon synonymique. Pourtant, leur réalité chimique est différente. Le point sur la question.
Les phosphores solides
Les phosphores solides purs existent sous trois formes :
- blanc,
- noir,
- rouge.
Le phosphore blanc est le plus toxique. L’exposition est généralement fatale. Il se retrouve notamment dans la mort-aux-rats. C’est d’ailleurs une importante cause d’empoisonnement humaine. Les personnes qui en ingèrent présentent des nausées et de la somnolence avant de succomber. Le phosphore blanc provoque aussi des brûlures et des intoxications cutanées. Il attaque alors le foie, le cœur et les reins.
Les phosphates
Les phosphates sont les formes sous lesquelles le minéral est présent dans l’organisme. Ils sont donc indispensables à la vie humaine. Cependant, aujourd’hui les phosphates sont également présents dans certains engrais et sous forme d’additifs alimentaires.
Les additifs alimentaires
Il existe de très nombreux additifs réalisés à partir de dérivés de ce minéral. C’est le cas notamment dans le fromage, les charcuteries et dans un certain nombre de plats préparés. À l’heure actuelle, ces additifs sont légalement autorisés et font l’objet d’une évaluation régulière4.
Les additifs à base de phosphore les plus utilisés sont :
- acide orthophosphorique (E338),
- orthophosphate de calcium (E341),
- diphosphate (E450),
- triphosphate (E451),
- polyphosphate (E452).
Propriétés
Le phosphore a de multiples bienfaits sur la santé. Voici ses principales utilisations.
Traitement des carences
La carence dans ce minéral, ou taux de phosphore bas, est rare en Occident. Les exceptionnels cas sont dus à des traitements médicamenteux. Malheureusement, cela reste différent dans les pays plus précarisés où la dénutrition est répandue.
Dans ce cas, une supplémentation dans le minéral peut être indiquée pour éviter les effets néfastes de la carence chronique. Suivant la nature de la carence, le phosphore sera employé seul ou avec d’autres minéraux comme le calcium, le potassium ou le magnésium.
Correction du rachitisme hypophosphorémique
Dans les pays atteints par la malnutrition, certains enfants souffrent de rachitisme. Une carence dans ce minéral peut engendrer ce type de phénomène. Dans ce cas, une supplémentation permet de rétablir une constitution squelettique harmonieuse.
Correction de l’hypercalciurie
L’hypercalciurie entraîne, à terme, la formation de calculs. La supplémentation en phosphore permet d’augmenter la quantité de phosphates dans les urines. Par ricochet, la présence plus importante de phosphates empêche la cristallisation du calcium.
Prévention de l’ostéoporose
Le phosphore est, avec le calcium, un des principaux constituants de la masse osseuse. Un régime riche en minéraux, dont le phosphore, présente de nombreux bienfaits pour la santé: en effet, il assure le maintien d’une meilleure densité osseuse. De plus, ce minéral maintient un meilleur équilibre acido-basique, il empêche la déperdition d’ions.
Allégations santé
En 2012, les autorités sanitaires européennes ont accordé au minéral dosé à plus de 105 mg pour 100 g de produit certaines allégations santé5. Il peut prétendre contribuer à :
- la croissance des enfants,
- le développement osseux des enfants,
- un métabolisme énergétique normal,
- un fonctionnement normal des membranes cellulaires,
- le maintien de la santé des os et des dents.
Les différentes formes
En complément alimentaire, le phosphore est disponible sous forme de gélules, de comprimés et sous forme liquide.
Posologie et usage
Le phosphore est un minéral naturellement présent dans l’alimentation. Cependant, l'utilisation et le dosage du phosphore doivent être réglementés.
Dosage
D’une manière générale, ce minéral est présenté sous forme de gélules ou de comprimés. Parfois, il est associé au calcium (notamment dans les pathologies osseuses). La norme ou dosage sécuritaire a été fixé à 2,5 g de phosphore journalier chez les adultes. Cet apport regroupe à la fois l’alimentation et les compléments.
Utilisation
L'utilisation du phosphore est également réglementée.
Ce minéral ne doit pas être consommé avec des antiacides à base de sels d’aluminium. Il est également recommandé de ne pas le consommer au même repas qu’un complément au magnésium.
Précautions
Les compléments à base de ce minéral nécessitent quelques précautions d’emploi.
Précautions d’emploi
Le phosphore comporte les précautions d’emploi suivantes :
- tenir hors de portée des jeunes enfants,
- ne pas dépasser la dose indiquée,
- conserver le produit à l’abri de la lumière, de la chaleur et de l’humidité,
- déconseillé aux enfants de moins de 10 ans,
- femmes enceintes ou allaitantes, consulter un professionnel de santé.
Contre-indications
La supplémentation dans ce minéral est contre-indiquée chez les :
- personnes souffrant de troubles rénaux,
- enfants,
- personne présentant des troubles cardiovasculaires sévères,
- femmes enceintes (sans avis médical),
- personnes prenant des anticoagulants de type warfarine.
Effets secondaires
À dose thérapeutique, le phosphore ne comporte pas d’effet secondaire. Des cas de nausées, de diarrhées et de céphalées ont toutefois été rapportés lors de l’utilisation de doses plus importantes.
Interactions
Ce minéral peut interagir avec certaines molécules :
- magnésium,
- calcium,
- antiacides à l’aluminium,
- anticoagulants de type warfarine.
Sources alimentaires
Il existe de nombreuses sources alimentaires de phosphore. Retrouvez l'ensemble des informations au sein de l'article : Où trouver le phosphore dans notre alimentation?
Questions fréquentes
Qu'est-ce que le phosphore?
Le phosphore est un élément minéral majeur. Au sein de l'organisme, il est présent sous forme de phosphate. Il joue un rôle essentiel dans la constitution des os.
Pourquoi se supplémenter en phosphore?
Les bienfaits du phosphore sont nombreux et variés:
- Prévention de la carence en phosphore
- Traitement de l’hypercalciurie (élimination importante du calcium dans les urines)
- Maintien d'une meilleure densité osseuse
Quelles sont les mises en garde?
Le phosphore est déconseillé chez les femmes enceintes, allaitantes et les jeunes enfants. Il est également contre-indiqué chez les personnes souffrant de troubles rénaux, cardiovasculaires et prenant des anticoagulants.
- 1: A. Martin et al. Apports nutritionnels conseillés pour la population française. Ed Lavoisier, Tec & Doc. 2001.
- 2: M-A. Piquet. Alcoolisme : prise en charge nutritionnelle. CND. 2002 ; 37 (2) : 136-140.
- 3: MS. Calvo & al. Public health impact of dietary phosphorus excess on bone and cardiovascular health in the general population. Am J Clin Nutr. 2013; 98(1):6-15.🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23719553
- 4: European Food Safety Authority (Efsa). Assessment of one published review on health risks associated with phosphate additives in food. EFSA Journal 2013; 11(11): 3444.
- 5: EU Register on nutrition and health claims, EFSA, 2014🔗 https://ec.europa.eu/food/safety/labelling_nutrition/claims/register/public/?event=register.home