Présentation
L'ortie (Urtica) appartient à la famille des Urticacées. Il existe une trentaine d'espèces, dont cinq en France. En Europe de l'Ouest, les espèces les plus courantes sont : Urtica dioica, qui mesure de 50 cm à 1 m, et Urtica urens, plus petite. L'ensemble des parties de ces plantes (feuilles, tiges et racines) sont utilisées en phytothérapie.
La grande ortie (Urtica dioica L.), d'origine eurasiatique, est l’espèce la plus répandue ; c'est celle qui a été également la plus étudiée. Elle est présente dans de nombreux compléments alimentaires. Urticante, il est néanmoins possible de la consommer. Elle peut être également employée comme engrais. Ses fibres sont utilisées par les industriels.
La plante entière contient de nombreux nutriments et micronutriments ; elle apporte des bénéfices pour la santé bien connus. La racine de l'ortie présente des bienfaits particuliers.
En effet, elle peut être intéressante pour les hommes qui présentent des troubles de la miction, liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Antioxydante, elle présenterait les vertus suivantes :
- activités antiépileptique et antivirale ;
- protection de la sphère cardio-vasculaire ;
- activité anticancéreuse potentielle.
Par ailleurs, elle favoriserait le bon fonctionnement du système nerveux. Les études sont à ce jour peu nombreuses.
Propriétés et vertus
Anti-oxydante
Les graines et les racines de la plante ont une activité anti-oxydante significative.1
L'activité antioxydante de l'extrait hydroalcoolique de la racine s'élève à 78,9%. Cette valeur est plus élevée que pour les BHA (ButylHydroxyAnisole), les BHT (ButylHydroxyToluène) et les alpha tocophérols, dont l'activité antioxydante est comprise entre 50 et 70%.
L’association d'Urtica dioica et de Malva neglecta potentialise cette activité.
Neuroprotection
La maladie d'Alzheimer se caractérise par des altérations des monoamines (neurotransmetteurs), une augmentation du stress oxydatif et des dysfonctionnements métaboliques.
Les effets de la racine d'ortie (Urtica dioica) sur la mémoire, l'amnésie et le stress oxydatif ont été évalués.
Son administration a permis de normaliser certains déficits de la mémoire. Ses effets anti-oxydants ont également permis de diminuer le stress oxydatif induit par l'administration de la Scopolamine. Par ailleurs, la production d'ATP (énergie cellulaire) a été normalisée après son ingestion.
Elle présente également un effet anti-inflammatoire, qui peut être intéressant pour le traitement de certaines maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer.2
Hypertrophie bénigne de la prostate
La racine d'ortie présente également d'autres bienfaits.
Elle permet de soulager les troubles de la miction, associés à une hypertrophie bénigne de la prostate.
De très nombreuses études, sans contrôle placebo, ont montré son efficacité pour soulager les symptômes de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Six essais cliniques contre placebo, réalisés auprès de 1 076 personnes, ont montré que sous forme d'extrait, elle peut soulager les troubles urinaires liés à cette affection. 3 4 5 6
Associée à d'autres plantes, elle a montré une efficacité accrue. Ainsi, une association avec le palmier nain (Sabal serrulata) permet de potentialiser ses effets. La prise concomitante de ces plantes est tout aussi efficace que le Finastéride, traitement de référence de l'hypertrophie bénigne de la prostate. Par ailleurs, la prise de cette supplémentation pendant un an n'a pas entraîné d'effets secondaires. 7 8 9 10 11 12 13
Associée au Pygeum (Pygeum africanum), une autre plante utilisée en cas d'hypertrophie bénigne de la prostate, la racine d’ortie a présenté de nombreux bienfaits. Après 56 jours de traitement, des diminutions significatives des symptômes ont été constatées.14 Cependant, cinq patients ont signalé des effets secondaires. 15
Antiépileptique
L'extrait d'acétate d'éthyle, issu de la racine de la plante, a montré un effet antiépileptique.16 Des recherches sont nécessaires, afin de déterminer les composants responsables des effets anticonvulsivants observés.
Infections virales
150 extraits de plantes ont été analysés dans une étude in vitro, afin de déterminer leur efficacité pour lutter le rotavirus rhésus (RRV). La racine d'Urtica dioica a démontré la plus forte activité antivirale. 17
Tension artérielle
Elle est utilisée dans la médecine traditionnelle du Maroc comme remède anti-hypertension. En effet, elle peut produire des réponses hypotensives, en raison d'un effet vasorelaxant. 18
Cellules cancéreuses
Les lectines végétales, présentes dans la racine d’ortie, sont capables de lier les glucides à la surface des cellules et ainsi potentiellement traiter le cancer. Les résultats d'études in vitro sont prometteurs, cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires.
Leucémie
Dans le cadre de la leucémie myéloïde aiguë, son administration a induit l'apoptose (mort) des cellules cancéreuses in vitro. 19 20
Prostate
L'activité d'un extrait méthanolique, contenant 20 % de racine d'ortie, a été évaluée. Un effet antiprolifératif a été observé sur les cellules prostatiques. Cet effet antiprolifératif a été observé à la fois dans un modèle in vivo et dans un système in vitro. 21
Cancers digestifs
Elle a également montré des capacités inhibitrices et apoptotiques in vitro sur des cellules cancéreuses, gastriques et colorectales, tout en n’ayant aucun effet toxique significatif sur les cellules normales. 22
Certification bio
Elle peut bénéficier du label bio.
Dosage et posologie
De nombreuses formes sont disponibles en complément alimentaire : extraits normalisés ou non, formes liquides ou solides. Nous vous conseillons de respecter les posologies indiquées par les fabricants.
- Décoction : 1,5 g de racines séchées pour 150 ml d'eau froide. Porter à ébullition, faire bouillir pendant une minute, retirer du feu, puis laisser reposer pendant 10 minutes. Boire une tasse (150 ml), trois à quatre fois par jour.
- Hypertrophie bénigne de la prostate : 240 mg d’extrait d’ortie et 320 mg d’extrait de palmier nain par jour.
Principes actifs
Plusieurs principes actifs ont été identifiés dans la racine d’ortie :
- des polysaccharides ;
- une lectine, 23 24 l’agglutinine. Elle semble avoir un impact sur les cellules cancéreuses.
Des composés phénoliques dont :
- des lignanes,25 (+)-néoolivil, (-)-sécoisolaricirésinol, alcool déhydrodiconiférylique, pinorésinol et 3,4-divanillyltétrahydrofurane isolariciresinol ;
- des stérols ;
- des tanins.
Une analyse phénolique a fait apparaître de nombreux composants dans l’ortie entière, cependant, ceux-ci peuvent varier en fonction des parties de la plante, ainsi qu'en fonction des régions de récolte 26 :
- Acide syringique
- Myricétine
- Quercétine
- Kaempferol
- Acide fumarique
- Rutine
- Acide ellagique
- Isorhamnétine
- Acide paracoumarique
- Férulique
- Naringine
Les effets indésirables
Précautions
En cas d'œdèmes, il convient de consulter un médecin.
Contre-indications
Il n’existe pas de contre-indications connues à ce jour.
Interactions médicamenteuses
Aucune interaction médicamenteuse connue.
Questions fréquentes
Racine d'ortie : comment l'utiliser ?
- Décoction : 1,5 g de racines séchées pour 150 ml d'eau bouillante. Boire 3 à 4 tasses par jour.
- Pour l'Hypertrophie bénigne de la prostate : 240 mg d’extrait d’ortie et 320 mg d’extrait de palmier nain par jour.
Pourquoi en prendre ?
1. Activités anti-oxydante, anti-virale et anti-épileptique
2. Neuroprotection
3. Soulagement des troubles de la prostate
4. Remède contre l'hypertension
Quelles sont les mises en garde ?
Il est déconseillé d'en consommer si vous souffrez d’œdèmes.
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