La sexualité après l’accouchement

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La période du post-partum peut être vue comme un retour de la femme à la réalité quotidienne après avoir vécu une expérience unique (grossesse, dyade mère-enfant) et de mutation profonde (passage de femme à mère).
C’est aussi une période de récupération physique et psychologique et donc une période de fragilité particulière. Quelle sexualité après l'accouchement ?

Une période importante dans la vie et dans la vie sexuelle de la femme

Femme enceinte : sexualité après la grossesse et l'accouchement.

De nombreuses femmes identifient leur grossesse comme le début de leurs difficultés sexuelles ou de leur perte de désir1 2.
Ceci souligne l’importance de la période du post-partum dans la vie sexuelle de la femme, que les difficultés relèvent d’une prise de poids avec préjudice au niveau de l’image corporelle, d’une lésion obstétricale ou d’une modification comportementale du partenaire ou des relations au sein du couple.

Sur le plan de la sexualité, que l’accouchement ait été réalisé par voie basse ou par césarienne, on constate3 :

  • Une baisse du désir sexuel, plus prononcée après avoir donné naissance par voie basse (80% des femmes) que par césarienne (35% des femmes).
  • Une insatisfaction sexuelle dans environ 60% des cas (inconfort, sécheresse vaginale, douleurs vaginales, etc.).
  • Une diminution de la sensibilité vaginale ou de la lubrification vaginale chez 50 à 80% des femmes.

Ces difficultés sexuelles sont anatomiquement ou physiologiquement normales dans les suites immédiates après la naissance d'un enfant. Elles sont heureusement transitoires.

La sexualité durant le post-partum (après l’accouchement) sera d’autant mieux vécue qu’elle aura déjà été un sujet abordé et anticipé par le couple durant la grossesse : Grossesse et sexualité.

Au niveau du couple, les mésententes ou difficultés sexuelles qui ont pu être tues durant cette période ont souvent tendance à se révéler ou à ressurgir après la naissance d'un enfant.

Influence des modifications

Hormonales

Répercussions et particularités

La chute des hormones féminines (estrogènes, progestérone) après l’accouchement s’accompagne d’une fatigue, qui peut être importante et à un retentissement sur la sexualité et le désir (libido) qui sont diminués.

La baisse des estrogènes a également une répercussion sexuelle, en réduisant la lubrification vaginale.

Cette chute hormonale est amplifiée si elle allaite, par la production de prolactine (hormone stimulant la lactation), venant inhiber la production hormonale ovarienne. L’allaitement peut ainsi émousser le désir sexuel et réduire son plaisir.

Par ailleurs la sécrétion d’ocytocine, hormone de l’attachement, favorise la dyade mère-enfant au détriment des relations amoureuses du couple.

Retour de couches et risque de grossesse

Le retour de couche est le retour du cycle menstruel normal après l’accouchement.

Ce retour des règles normales a lieu entre 6 et 8 semaines et jusqu’à 3 mois après la naissance de l'enfant si la femme n’allaite pas, plus tardivement en cas d’allaitement.

Toutefois, l’absence de retour des règles ne signifie pas que des cycles n’ont pas repris et donc l’ovulation. Il est donc important d’envisager une contraception dès la reprise de l’activité sexuelle.

Anatomiques

Dans le cadre de la sexualité après l'accouchement, la première cause anatomique de difficultés sexuelles est la distension et l’étirement des muscles du périnée durant le passage de l’enfant dans la filière génitale, qui s’accompagne d’un étirement des structures nerveuses (neuropathie d’étirement4).

Ces lésions nerveuses temporaires entraînent une diminution de la perception des sensations de plaisir dans la région vulvovaginale.

L’autre raison anatomique est la réalisation d’une épisiotomie (incision du périnée) pour permettre la sortie de l’enfant en évitant la survenue d’une déchirure lorsqu'il a de la difficulté à passer la filière génitale. La gêne ou la douleur ressentie et le temps nécessaire à la cicatrisation de l’incision entraînent un retard à la reprise harmonieuse des rapports sexuels.

Du fait de ces modifications, la reprise de la vie sexuelle peut donner lieu au début à des sensations différentes avec un plaisir moindre ou plus long à survenir.

Sur le plan strictement anatomique, la sexualité peut être reprise 15 jours à 3 semaines après l’accouchement mais en pratique un délai de 3 à 4 mois voire 6 mois s’avère être raisonnable et adapté à la majorité des couples. Le délai moyen de reprise des rapports sexuels est ainsi différent selon les modalités5 :

  • 10 jours après césarienne.
  • 40 jours après naissance par voie basse avec épisiotomie.

Si la femme allaite, ses seins peuvent être tendus, douloureux. Ils sont donc désinvestis de leur investissement érogène au profit de leur fonction nourricière. Les contraintes et petits maux de l’allaitement ne viennent pas non plus renforcer leur potentiel de sensibilité érogène.

Il faut également distinguer les modifications anatomiques secondaires à la grossesse et qui vont se corriger après la naissance des modifications lésionnelles pouvant être séquellaires de l’accouchement, comme par exemple une mauvaise cicatrisation d’épisiotomie ou un relâchement tissulaire des parois vaginales pouvant être à l’origine de troubles sexuels persistants.

Modifications corporelles liées à la grossesse et identité sexuelle ou érotique

La grossesse a modifié le corps de la femme et donc son image corporelle et son identité esthétique et sexuelle6.

On ne fera que citer le gain de poids résiduel après l’accouchement, les modifications des seins, d’éventuelles vergetures, une distension des muscles abdominaux ou périnéaux, la survenue d’hémorroïdes

Ce préjudice corporel vient altérer l’image de son corps pour la femme et peut avoir des conséquences sur la reprise de sa vie sexuelle antérieure à la grossesse. Elle a donc besoin d’un temps de récupération physique après l’accouchement pour se sentir à nouveau désirable et donc retrouver elle-même le désir de reprendre une sexualité satisfaisante. Même si plus de la moitié des femmes ont repris une activité sexuelle entre six et huit semaines après la naissance de l'enfant, on estime ce besoin de « temps pour soi » à environ 2 mois7.

Il n’existe aucune normalité de durée de cette période, certaines personnes ont besoin de plusieurs mois, parfois jusqu’à un an, d’autres de seulement quelques semaines.

Durant cette période, le désir n’est pas absent mais les rapports sexuels peuvent être peu satisfaisants, voire désagréables, et les orgasmes plus difficiles à obtenir.

Toute situation conflictuelle durant cette période ne peut qu’accentuer la difficulté à vivre cette période et à la dépasser.

On conseille de maintenir durant ce temps de récupération une vie intime avec son partenaire, sexuelle et affective, centrée sur une sexualité sans pénétration obligée ni systématique, constitués d’échanges intimes, de massages, de caresses, de confiance et de tendresse.

Reprendre la pénétration après une épisiotomie

  • Attendre en général 3 semaines après l’accouchement pour la reprise de la sexualité avec pénétration.
  • Masser la cicatrice avec une huile végétale pour réduire les adhérences cicatricielles.
  • Utiliser largement un lubrifiant.
  • Ne sacrifiez pas les préliminaires, afin de favoriser votre détente et d’augmenter la lubrification vaginale.
  • Ne vous forcez pas.

Répercussions

Physiologiques de la naissance et de l’arrivée de l’enfant

Son équilibre physiologique est perturbé après l’accouchement :

  • Du fait de la fatigue qu'il a engendré, que celui-ci ait eu lieu par voie basse (travail) ou par césarienne (fatigue post-opératoire).
  • Du fait de la difficulté à avoir un sommeil réparateur de bonne qualité, en raison des réveils du bébé notamment des réveils nocturnes.
  • Du fait des saignements qui peuvent persister jusqu’au retour de couches (retour des règles normales) et générer de la fatigue.
  • Du fait de la persistance de contractions utérines (« tranchées ») durant les jours suivant l’accouchement, contemporaines du retour de l’utérus à sa taille normale. Ces contractions peuvent survenir à nouveau lors des tétées en cas d’allaitement.

Psychologiques

La reprise de la sexualité après l’accouchement se fait dans un contexte multidimensionnel associant8 :

  • La récupération d’une modification corporelle importante.
  • La reprise d’une vie sexuelle harmonieuse et satisfaisante.
  • Un réaménagement majeur de la vie et des relations du couple.

On comprend que la récupération de la fonction sexuelle ne soit pas la priorité majeure de la femme dans les suites immédiates de la naissance de l'enfant, et qu’elle ait besoin d’un temps de récupération pour elle-même. Elle a également besoin d’un temps d’adaptation à la maternité avant de s’autoriser à se laisser aller à son propre plaisir.

La fatigue et l’occupation de la mère par les soins à apporter au bébé et a fortiori l’allaitement au sein, l'éloignent de son partenaire et contribuent à la distanciation envers les relations sexuelles.

Le partenaire peut se sentir exclu et éprouver une certaine jalousie devant la primauté apportée au nourrisson par la mère et devant la dyade mère-enfant. Ainsi, si environ 60% des couples reprennent une sexualité dans le mois suivant l’accouchement, leur satisfaction sexuelle est en revanche souvent diminuée9.

Il importe d’informer le couple de l’existence de ce passage par un moindre intérêt pour les rapports sexuels et de les rassurer sur le caractère normal de cette période d’adaptation et de création du lien d’attachement avec l’enfant, outre de besoin d’attention et de soins fréquents.

Peuvent également apparaître dans le post-partum des problèmes relationnels familiaux ou des difficultés d’acceptation du bébé, par les autres frères et sœurs qui peuvent par exemple se sentir délaissés.

La période qui suit immédiatement l’accouchement n’est ainsi pas une période optimale pour retrouver une sexualité épanouie.

Le « baby blues » ou « post-partum blues »

Le « baby blues » ou « passage à vide » du post-partum touche environ en moyenne 60% (30 à 80% selon les études) des femmes en post-partum10 11.

Il se traduit par une tristesse, un état anxieux, des crises de pleurs, une irritabilité, des troubles du sommeil, une impression d’être incapable de s’occuper de l’enfant, survenant environ entre les 3eet 6ejours après la naissance.12

Il s’agit d’un état transitoire réactionnel à l’accouchement et à la fatigue, pour lequel on évoque comme cause les chutes hormonales importantes survenant après la naissance mais les causes sont multifactorielles (fatigue, chute hormonale, stress de mal faire avec le nourrisson, prise en compte de son rôle maternel, etc.).

Il ne s’agit pas d’une dépression en soi, mais d’une réaction physiologique qui s’amende avec un soutien de l’entourage et une aide psychologique.

Ce « post-partum blues » est en général de courte durée, quelques jours, et s’il se prolonge au-delà de 2 ou 3 semaines, il faut en revanche évoquer la possibilité de survenue d’un passage dépressif ou de dépression du post-partum.

La dépression du post-partum

La dépression du post-partum, plus durable et plus sévère que le baby blues, est une authentique dépression touchant 10 à 15% des accouchées et apparaissant classiquement 4 à 8 semaines après la naissance de l'enfant13.

Elle peut également survenir plus tardivement, dans l’année suivant l’accouchement.

La jeune maman est alors réellement totalement submergée par son impression d’être incapable de s’occuper de son enfant avec évitement du contact, voire phobie de tout contact avec le nourrisson, et souvent agressivité à l’égard des proches.

Une autre forme de dépression plus grave pouvant survenir dans le post-partum est la dépression mélancolique, plus rare mais plus sévère.

La prise en charge de ces dépressions est spécialisée.

Ces états psychologiques ont évidemment un retentissement notable sur la sexualité, après l'accouchement, et il importe de les dépister et de les traiter.

La place primordiale du partenaire

Le rôle du partenaire est essentiel dans cette période souvent difficile pour la femme.

La primauté doit être donnée à la communication et aux échanges dans le couple pour maintenir le lien amoureux, la confiance et aussi l’intimité.

Il importe qu’il comprenne bien que l’importance donnée par la mère à son bébé, que son désintérêt temporaire pour les activités sexuelles, ne sont en rien une perte d’amour envers lui.

Pour que le couple puisse poursuivre sa vie sexuelle, le père doit apprendre à voir sa compagne autant comme une femme que comme une mère.

Quelques recommandations pratiques pour le post-partum

Points essentiels

  • Maintenir la communication au sein du couple.
  • Préserver des moments d’intimité pour échanger, se câliner, se confier.
  • Établir un partage des tâches ménagères et parentales avec son partenaire, afin d’impliquer le père dans la relation parentale.
  • Laisser la femme se réapproprier son corps et retrouver son désir.
  • Prendre soin de son corps, surveiller une éventuelle cicatrisation, traiter des hémorroïdes ou des troubles veineux, prévenir la constipation via son alimentation, etc.
  • Se soucier de la reprise d’une contraception.
  • Traiter une fréquente sécheresse vaginale.
  • Prendre son temps, ne pas brusquer la reprise des rapports sexuels avec pénétration et maintenir une intimité sensuelle.
  • Reprendre progressivement une sexualité, après l'accouchement, d’abord sans pénétration puis avec pénétration douce en suivant son désir et celui de chaque partenaire.
  • Ne pas hésiter à parler de ses difficultés à un thérapeute (sexologue, thérapeute, gynécologue), tant pour recevoir de l’information sur les modifications liées au post-partum et ayant un retentissement sur la sexualité et sur le couple que pour bénéficier de conseils pratiques.

Positions conseillées et recommandations sexologiques pour la reprise de l’activité sexuelle

  • Les « petites cuillères », femme et homme allongés sur le côté, le dos de la femme contre le ventre de l’homme.
  • « L’amazone », homme allongé sur le dos, femme assise à califourchon sur lui et face à lui ou dos à lui.
  • Soyez en position de contrôler les mouvements sexuels et la profondeur de la pénétration, en fonction de votre ressenti agréable ou désagréable, voire douloureux.

Comment aider naturellement la femme dans cette période de récupération ?

Avoir une alimentation équilibrée

Il importe d’équilibrer son alimentation afin d’éviter toute carence.

  • La diversité alimentaire est primordiale : variez les aliments.
  • Manger plus de fruits et légumes.
  • Préférer les graisses végétales aux graisses animales.
  • Limiter les plats industriels.
  • Bénéficier de la richesse en oméga-3 du poisson.
  • Assurer ses besoins d’équilibre en nutriments, vitamines, oligoéléments pour le fonctionnement correct de son organisme et la régulation de son humeur.

Avoir un sommeil aussi réparateur que possible

Le manque de sommeil ou un sommeil de mauvaise qualité nuit à sa capacité de jugement, l’écoute de sa ou son partenaire, et altère la perception des émotions, tout en favorisant l’irritabilité et l’humeur dépressive.

Même si les nuits sont fragmentées par les réveils nocturnes du bébé, il est important pour les temps de sommeil :

  • De respecter au mieux son propre rythme : horaires de coucher et de lever, durée totale de sommeil même s’il est fragmenté.
  • Pratiquer la sieste en même temps que le bébé.
  • Pièce calme.
  • Obscurité.
  • Éviter la télévision dans la chambre, préférer la lecture et la musique douce.
  • Pas d’écrans numériques, dont la lumière bleue inhibe la sécrétion physiologique de mélatonine, hormone du sommeil.
  • Respect de votre durée normale de sommeil (7 à 8 heures en général), que vous pouvez déterminer en repérant la durée au bout de laquelle vous vous levez sans ressentir de fatigue.

Aider naturellement à surmonter la fatigue

Par l’homéopathie

Selon le type prédominant de fatigue :

  • Fatigue surtout d’origine psychique : Kalium phosphoricum 9 CH, 3 granules 3 fois par jour.
  • Fatigue physique : Arnica 9 CH et Rhus toxicodendron 9 CH, 3 granules 3 fois par jour.

Par des compléments alimentaires

  • La mélatonine peut améliorer les troubles du sommeil avec des doses débutées à 0,5 mg et augmentées progressivement jusqu’à l’obtention de l’efficacité souhaitée entre 3 et 5 mg/j.
  • Une supplémentation en magnésium à la dose de 300 à 600 mg/j ou de malate de magnésium à la dose de 1200 à 2400 mg/j.
  • L’apport en magnésium peut être couplé avec un apport en chlorophylle sous forme magnésienne (forme non oxydative mieux assimilée), laquelle a un effet favorable sur la fatigue à la dose de 1 à 2 g/j.
  • Le coenzyme Q10 a montré son efficacité sur la fatigue à des doses de 100 à 300 mg/j, vraisemblablement par son effet anti-oxydant.
  • Le L-tryptophane en prise de 1 g, 20 minutes avant le coucher, peut améliorer l’endormissement et le sommeil.

En cas d’allaitement, il convient néanmoins de vérifier l’absence de contre-indication du produit en demandant au pharmacien ou au pédiatre.

Par la phytothérapie

Le Ginseng (racine), plante chinoise au goût de réglisse, régule les grandes fonctions de l’organisme en favorisant la production d’énergie. On peut le faire cuire 3 heures, puis le consommer en boisson associé à du gingembre et de la vanille à la dose de 2 g par jour en extrait alcoolique.

L’Angélique chinoise (racine) permet de stimuler les activités physiques et de lutter contre la fatigue. Elle se consomme en capsules (1 à 2 g) ou en infusion, mais est le plus souvent associée à la racine d’Astragale dont les propriétés sont comparables.

La rhodiole améliore l’endurance physique, les facultés cognitives (attention, mémoire) et réduit la fatigue liée au stress. Elle se consomme à la dose de 100 à 300 mg, prise en extrait 2 fois par jour.

Les graines de kola (plante africaine) ont un effet stimulant dû à leur richesse en caféine. On les consomme en poudre séchée (2 à 6 g par jour en 3 prises), en décoctions (1 à 3 g de poudre séchée dans 150 ml d’eau, 2 à 3 fois par jour), en extrait ou en teinture dilué dans l’éthanol.

En cas d’allaitement, il convient néanmoins de vérifier l’absence de contre-indication du produit en demandant au pharmacien ou au pédiatre.

Par les fleurs de Bach

Trois fleurs de Bach sont indiquées dans les états de fatigue :

  • Mustard, qui est classiquement indiquée dans les fatigues avec dépression (8 gouttes d’élixir dans une bouteille d’eau de 30 ml à consommer sur une journée).
  • Olive, qui est indiquée dans la fatigue physique et psychique (8 gouttes d’élixir dans une bouteille d’eau de 30 ml à consommer sur une journée).
  • Hornbeam, indiquée dans les états de lassitude avec relâchement musculaire (8 gouttes d’élixir dans une bouteille d’eau de 30 ml à consommer sur une journée).

Aider naturellement à retrouver le désir

Pour retrouver une sexualité épanouie après l'accouchement, il est possible d'essayer les aliments dit aphrodisiaques.

  • Chocolat noir.
  • Huitres, moules.
  • Céleri.
  • Miel, gelée royale.
  • Piment, poivre.
  • Gingembre.
  • Coriandre, girofle.
  • Fenouil.
  • Moutarde.
  • Noix, noisettes, amandes14.
  • Safran, dont l’efficacité semblerait supérieure chez les sujets recevant un traitement antidépresseur (effet antidépresseur propre).
  • Fenugrec en feuilles ou en graines, grâce à la présence de diosgénine intervenant dans la synthèse des hormones sexuelles.
  • Maca, plante péruvienne (« ginseng péruvien ») ressemblant au chou.

En cas d’allaitement, il convient néanmoins de vérifier l’absence de contre-indication du produit en demandant au pharmacien ou au pédiatre.

Par l’homéopathie

Certains traitements homéopathiques ont la réputation de « booster » la libido :

  • Une dose par semaine de Graphites 15 CH à laisser fondre sous la langue, en alternance l’autre semaine avec une dose de Sepia 5 CH, 3 semaines par mois pendant 3 mois.
  • 10 granules par semaine d’Onosmodium virginianum 9 CH ou Caladium seguinum 9 CH 3 granules 3 fois par jour.

Par des compléments alimentaires

Certains compléments alimentaires sont connus pour stimuler le désir, la sexualité après l'accouchement : ginseng (tonifiant naturel), guarana (caféine), maca péruvien, gelée royale.

Par la phytothérapie

On recense environ 120 plantes et épices ayant des vertus bénéfiques sur le désir15 16‌‌.

Parmi celles-ci, certaines sont classiques : l’igname sauvage, l’ail, l’artichaut, le fenouil, la cannelle, la roquette, la grenade, la figue. D’autres plantes médicales traditionnelles sont également recommandées17 18‌‌ :

  • Ginseng rouge et angélique chinoise, pour leurs propriétés à la fois toniques et relaxantes.
  • Schizandra (baie), qui stimule les perceptions sensorielles tout en ayant un pouvoir relaxant antistress.
  • Ginkgo biloba, souvent associé avec le gingembre, qui atténuerait la baisse de désir liée à la prise de médicaments antidépresseurs.
  • Gingembre, qui réactive la vitalité corporelle.
  • Shatavari (racine), qui favorise l’hydratation muqueuse et lutte contre la sécheresse vaginale.
  • Ashwagandha, qui possède de multiples effets toniques et dont la racine a des vertus aphrodisiaques.
  • Tribulus terrestris (ou « Viagra végétal »), plante ayurvédique qui augmenterait la libido en stimulant la sécrétion de testostérone.
  • Trigonella (fénugrec), qui augmenterait également la libido en stimulant la sécrétion de testostérone.
  • Lepidium meyenii (maca), surnommé le « Viagra péruvien », utilisé comme complément alimentaire.
  • Cordyceps sinensis, stimulant sexuel tibétain très utilisé en Chine.
  • Epimède ou Yin Yang Huo, stimulant la production de testostérone.
  • Baies de Goji, stimulant la production de testostérone.
  • Cognassier.
  • Pollen de palmier.
  • Mucuna pruriens.
  • Bourgeon de pommier, stimulant sexuel via la production de testostérone.
  • Sauge sclarée.

Par les fleurs de Bach

Certaines fleurs de Bach sont recommandées pour contrer la baisse du désir19 :

  • Pommier sauvage / Crabapple n° 10.
  • Gentiane / Gentian n° 12.
  • Charme / Hornbeam n° 17.
  • Impatience / Impatiens n° 18.
  • Mélèze /Larch n° 19.
  • Pin sylvestre / Pine n° 24.
  • Hélianthème / Rock rose n° 26.
  • Eau de roche / Rock water n° 27.
  • Châtaignier / Sweetchestnut n° 30.
  • Marronnier blanc / White chestnut n° 35.
  • Églantier / Wild rose n° 37.
  • Saule / Willow n° 38.

Elles s’administrent par voie orale directement dans la bouche ou dans un verre d’eau à boire au long de la journée.

Se faire aider par un sexologue

L’approche sexothérapique comprend plusieurs dimensions20 21‌‌ :

  • Temps informationnel et éducatif sur la sexualité, les réponses sexuelles de la femme et de l’homme, incluant la mise à plat des fausses croyances.
  • Apaisement des tensions relationnelles.
  • Repérage des comportements inadaptés et des facteurs bloquants : bouderies, remarques inappropriées, ruminations anxieuses, angoisse d’anticipation d’un échec, anxiété de performance, craintes douloureuses, etc.
  • Amélioration de la communication entre les partenaires.
  • Recentrage des relations vers l’affectif, la tendresse et sur l’intimité.
  • Conseils de lectures pour redynamiser le potentiel fantasmatique érotique (bibliothérapie).
  • Travail sur « l’ici et le maintenant » et sur les sensations corporelles, notamment en relaxation.

Plutôt que de vouloir lutter de front contre les pensées négatives, la sexothérapie vise à augmenter les sensations et pensées agréables au profit de la redécouverte d’une intimité érotique et sexuelle après l'accouchement, qui s’accompagnera alors d’une distanciation par rapport aux pensées dysfonctionnelles perturbant la sexualité22.

Selon la souffrance exprimée et les caractéristiques de la baisse du désir, la prise en charge sera individuelle ou de couple. Chez les couples n’étant pas en conflit majeur, une prise en charge sexologique basée sur des conseils comportementaux et des suggestions favorisant la reprise d’une communication positive et érotique est souvent suffisante23 :

  • Recréer une intimité spécifique.
  • Préservation de la chambre, comme lieu exclusivement réservé à la sexualité et au sommeil.
  • Création d’un univers érotique : bougies, musique, messages, efforts vestimentaires et sur soi, etc.
  • Redécouverte d’une sexualité centrée sur soi et sur la sensualité partagée et l’échange.
  • Apprentissage de rapports sexuels non centrés sur la pénétration.
  • Communiquer sur ses difficultés, sur ses désirs, sur ses sentiments, ses émotions, son plaisir.

La prise en charge sexologique traitera également les dysfonctions sexuelles éventuellement associées, préexistantes à la grossesse ou apparues durant celle-ci ou après l’accouchement : trouble de l’érection, de l’orgasme, douleurs pendant les rapports, etc.

Trois points importants pour la reprise de la sexualité en post-partum

  • La pratique de la masturbation est un excellent moyen pour la femme de redécouvrir son sexe « sexuel » et le plaisir, de se réapproprier son corps érotique et sensuel.
  • Les exercices de rééducation périnéale permettent de tonifier les muscles du périnée distendus par la grossesse. Elle peut être pratiquée et apprise en sexologie au cours de séances de relaxation et ensuite par la femme durant ses activités quotidiennes.
  • La complicité, la confiance, la tendresse, le respect au sein du couple, sont essentiels pour la reprise d’une sexualité harmonieuse et satisfaisante après l'accouchement, pour les deux partenaires.

Le Sensate Focus

Le Sensate Focus est une technique spécifique à la sexologie. Il peut être justifié dans les couples où la sexualité a toujours été très pénétrocentrée (axée sur la pénétration) dans une période où le besoin de récupération génitale de la femme n’est pas compatible avec la pénétration comme auparavant.

Il consiste à prescrire des pratiques et caresses réciproques, en dehors de toute pénétration, et une reprise progressive des relations sexuelles avec pénétration24.

Le programme thérapeutique suivra donc l’évolution de sa récupération génitale.

Il s’agit d’une focalisant des rapports intimes non plus vers l’objectif de la pénétration mais sur les sensations de plaisir ressenties au présent. On substitue ainsi une focalisation des pensées sur le désir, le plaisir et la montée de l’excitation, sans avoir la pénétration comme objectif.

Le Sensate Focus comprend plusieurs étapes thérapeutiques25 26‌‌ :

  • Focus 1 : caresses réciproques sur tout le corps sauf les zones érogènes (fesses, seins, etc.) et sexuelles (organes génitaux).
  • Focus 2 : inclusion des zones érogènes sans caresse des organes génitaux.
  • Focus 3 : viennent s’ajouter les caresses génitales, la masturbation du partenaire et son orgasme.
  • Dans le cadre du post-partum, les focus 1 et 2 voire 3 peuvent être fondus en un seul selon les couples.
  • Focus 4 : la pénétration est désormais autorisée. Elle doit se dérouler « en pleine conscience » des sensations ressenties, doucement, lentement, en portant une attention aux réactions de la femme qui aura le contrôle (« slow sexe »).

Cette pratique, après l'accouchement, peut être le moment d’une refondation de la sensualité et de la sexualité. Outre la reprogrammation sensuelle, il s’agit également d’une reprogrammation de la communication du couple autour de sa sensualité et de son plaisir.

Méditation de pleine conscience

Elle représente un complément souvent très bénéfique à la prise en charge sexologique.

La pratique régulière de la méditation de pleine conscience favorise la présence dans le moment présent, sans pensée parasite, et permet d’être pleinement conscient de ses perceptions corporelles et des sensations d’excitation sexuelle.

Elle est également efficace pour évacuer le stress et traiter l’anxiété ou la dépression, qui sont de fréquentes conséquences négatives des difficultés sexuelles. Elle libère donc la place pour les pensées érotiques, le lâcher-prise et l’accueil des perceptions sensuelles et sexuelles27.

Dans les périodes comme le post-partum où peuvent exister des baisses de désir ou de la confiance en soi, la méditation peut être un apport notable en développant la bienveillance envers soi et en favorisant l’éloignement des jugements négatifs ou le sentiment de mal-être28 29‌‌.

Bénéficier de massages

Tous les massages peuvent être bénéfiques pour leur action sur la décontraction musculaire, la réduction du stress et la sensation de bien-être corporel qu’ils procurent. Ils peuvent également favoriser la verbalisation d’un problème, d’une anxiété ou d’un conflit30.

Pratiquer le Yoga

Le Yoga a montré son efficacité pour apaiser, améliorer le sommeil et réduire la sensation de fatigue.

Plusieurs formes de Yoga ont été développées spécifiquement pour la période post-natale : Yoga postnatal.

Que conclure ?

  • La période du post-partum est une période physiologiquement et psychologiquement difficile pour la femme qui doit à la fois retrouver un corps désirable et en même temps apprendre la réalité d’être mère.
  • Il importe de distinguer les difficultés sexuelles relevant d’une récupération normale après l’accouchement de problèmes liés à la sexualité, relevant de troubles liés à des modifications corporelles acquises après la grossesse, voire lésionnelles.
  • Bien que la vie puisse sembler centrée sur la mère et son enfant, la place du père est essentielle pour que le couple retrouve ses caractéristiques amoureuses d’avant la grossesse.
  • Le temps demandé par la femme avant de reprendre une vie sexuelle est important à respecter pour qu’elle se réapproprie son corps, se retrouve femme autant que mère et que le désir l’envahisse à nouveau.
  • Une vie sexuelle calme ne signifie pas inexistante.
  • Devenir mère et père doit se conjuguer au fait de continuer à être amants.
  • Il n’existe ni perfection ni modèle, chacune vivra son accouchement et la période qui fait suite de façon différente et individuelle.
  • Des aides thérapeutiques naturelles peuvent aider la jeune mère à récupérer de sa fatigue et à stimuler son désir.
  • Il ne faut pas hésiter à demander aide ou accompagnement à un sexologue ou à un thérapeute de couple pour ne pas laisser un conflit s’enkyster ou simplement pour recevoir des informations sur la sexualité après l'accouchement.

Questions fréquentes

Quelles sont les répercussions de l'accouchement sur la sexualité ?

- Une baisse du désir sexuel
- Une insatisfaction sexuelle
- Une diminution de la sensibilité et de la lubrification vaginale

Quelles solutions ?

- Favoriser la communication au sein du couple
- Privilégier des moments d'intimité
- Prendre soin de son corps
- Traiter une sécheresse vaginale
- Reprendre progressivement une sexualité

Quelles sont les autres recommandations ?

- Avoir une alimentation saine et équilibrée
- Avoir un sommeil réparateur
- L'homéopathie et la phytothérapie
- La pratique du yoga
- Le suivi par un thérapeute


  • 1Leuillet P. Grossesse et post-partum. In Courtois F, Bonierbale M. Médecine sexuelle, Lavoisier Ed., Paris, 2016
  • 2Mignot J et coll. Psycho-sexologie. Dunod Ed., Malakoff, 2013
  • 3Lopès P. Sexualité et grossesse, sexualité et post-partum. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie, Elsevier Ed., Paris, 2014
  • 4Lopès P. Sexualité et grossesse, sexualité et post-partum. In Lopès P, Poudat FX. Manuel de sexologie, Elsevier Ed., Paris, 2014
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Philippe Schwartz

Sexologue, hypnothérapeute et relaxologue. Docteur en médecine. Consulte à Reims