Spiruline et thyroïde : quels sont les effets et dangers?

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La spiruline est une microalgue appartenant à la famille des cyanobactéries Arthrospira. Particulièrement réputée pour sa richesse nutritionnelle, la spiruline peut apporter de nombreux bienfaits aux personnes souffrant de problèmes thyroïdiens. Point complet sur la spiruline, la thyroïde et l’iode.

Fonctionnement thyroïdien

Une supplémentation en spiruline peut être intéressante pour les personnes souffrant troubles de la thyroïde.

La thyroïde est une glande endocrine qui se situe à l’avant du cou. Elle produit les hormones appelées T3 (la tri-iodothyronine) et T4 (la tétra-iodothyronine, également nommée thyroxine). Ces substances sont essentielles au fonctionnement des organes (système nerveux, tube digestif, cœur…) et elles participent à plusieurs processus physiologiques, notamment la croissance et le maintien du capital osseux.

Notons que la production d’hormones thyroïdiennes est régulée par l’hypophyse, qui se trouve au sein du cerveau. L’hypophyse sécrète donc sa propre hormone, appelée thyréostimuline ou TSH. Cette dernière va agir directement sur la thyroïde, ajustant ainsi la production de T3 et de T4.

Parfois, ces mécanismes dysfonctionnent et les hormones peuvent être sécrétées excessivement ou insuffisamment. Dans le premier cas, il s’agit d’hyperthyroïdie et dans le second, d’hypothyroïdie. La spiruline peut être intéressante pour lutter contre ces pathologies.

Hyperthyroïdie

Elle se manifeste notamment au travers des symptômes suivants : une agitation généralisée, une tachycardie, une hyperthermie mal tolérée, des insomnies, des troubles de l’humeur (irritabilité souvent), des diarrhées, une perte de poids, une faiblesse musculaire pouvant s’accompagner de douleurs…

Hypothyroïdie

La symptomatologie de l’hypothyroïdie correspond à un ralentissement global du métabolisme de l’organisme : asthénie, bradycardie, constipation, prise de poids inexpliquée, œdèmes, perte de mémoire, de la concentration et de l’humeur (à l'instar de la dépression), frilosité

Il est à noter que la thyroïdite de Hashimoto est une pathologie auto-immune responsable de la majorité des cas d’hypothyroïdie.

Rôle de l’iode

L’iode est un oligo-élément nécessaire à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Il est peu présent au sein de l’organisme, ainsi, les apports doivent provenir de l’alimentation (citons par exemple, le sel de table iodé, les algues comme l’ascophylle noueuse, le poisson…).

Il faut souligner que l'adoption d'une alimentation équilibrée suffit à apporter l’iode utile au bon fonctionnement thyroïdien. Ainsi, pour un adulte, les besoins quotidiens en iode sont évalués à 150 µg.

Quelles sont les contre-indications et interactions ?

La spiruline est une microalgue, de ce fait, on peut penser à tort, qu’elle provient des eaux salées de mer ou d’océans. Pourtant, la spiruline a la particularité de croître en eaux douces (lacs ou mares).

En outre, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a rédigé un rapport concernant le risque d’apport excessif en iode en lien avec la consommation d’algues. Mentionnons que cet organisme indique que la spiruline dispose d’une teneur quasi nulle en iode1.

Il se veut également très rassurant sur les risques que pourrait induire la prise de spiruline : si l’on n’excède pas le dosage conseillé, la consommation de cette microalgue semble très sécuritaire.

Ainsi, la spiruline n’interfère pas avec les traitements couramment prescrits dans le cadre des pathologies thyroïdiennes. Si l’on se supplémente déjà en iode, on ne risque donc pas de surdosage en consommant cette microalgue.
En définitive, spiruline, thyroïde et iode forment un trio compatible.

Impact de la spiruline sur la thyroïde

Jusqu'ici, les recherches menées sur la spiruline n’ont pas mis en évidence d’effet direct sur la thyroïde ou bien sur la sécrétion des hormones thyroïdiennes. En revanche, elle pourrait contribuer à améliorer les symptômes des pathologies thyroïdiennes.

Soulagement des pathologies thyroïdiennes

Apport en vitamines

Vitamines B

Selon l’ANSES, pour 100 g de spiruline séchée ou déshydratée, on trouve environ les quantités suivantes de vitamines :

  • Vitamine B1 (ou Thiamine) : 2,38 mg
  • B2 (ou Riboflavine) : 3,67 mg
  • B3 (ou Niacine) : 12,8 mg
  • B5 (ou acide pantothénique) : 3,48 mg
  • B6 : 0,36 mg
  • B9 (ou folates)2 : 94 µg

Les vitamines B (notamment B2, B3 et B6) sont connues pour être utiles à la synthèse hormonale, ainsi la spiruline incarne un complément intéressant dans le cadre de l’hypothyroïdie.

En outre, il faut tout de même souligner que la spiruline apporte majoritairement de la pseudo-vitamine B12, non assimilable par l’organisme : c’est à ce motif que l’ANSES ne la cite pas dans la composition de l’algue. Vous pouvez obtenir plus d’informations sur les apports réels en vitamine B12 de la spiruline.

Vitamine K1

Pour 100 g de spiruline, on compte 25,5 mg de vitamine K1. Elle favorise notamment le maintien d’un bon capital osseux. Ainsi, cet aspect est intéressant pour les personnes souffrant d’hyperthyroïdie et sujettes à l’ostéoporose.

Vitamines A, C et E

La spiruline dispose d’une teneur en :

  • provitamines A, essentiellement du bêta-carotène à raison de 342 µg pour 100 mg,
  • vitamine C, estimée à 10,1 mg pour 100 mg
  • et vitamine E, soit 5 mg pour 100 mg.

Ces vitamines forment un complexe antioxydant puissant, qui, par conséquent, est utile pour lutter contre le stress oxydatif au niveau thyroïdien. Elles permettent de combattre la fatigue, qui s’illustre généralement dans le cadre de l’hypothyroïdie mais également dans celui de l’hyperthyroïdie.

Apport de minéraux

La spiruline est source de divers minéraux. Ainsi, pour 100 g d’algue séchée ou déshydratée, on compte notamment :

  • 120 mg de calcium,
  • 6,1 mg de cuivre,
  • 28,5 mg de fer,
  • 195 mg de magnésium,
  • 1,9 mg de manganèse,
  • 118 mg de phosphore,
  • 1360 mg de potassium,
  • 1050 mg de sodium
  • et 2 mg de zinc3.

L’ANSES confirme également la présence de sélénium, de fluor et de chrome dans la composition de la spiruline.

L’organisme précise toutefois que cette teneur en minéraux est susceptible de varier de manière importante en fonction du milieu dans lequel la spiruline pousse, si elle est sauvage, ou des modalités de production, dans le cas où elle serait cultivée. Si l’on décide de supplémenter en spiruline, il convient donc d’être vigilant quant au choix du produit.

D'une façon générale, l’hypo et l’hyperthyroïdie peuvent entraîner une perte d’appétit, susceptible d’être à l'origine de carences en vitamines et en minéraux. La richesse de la composition de la spiruline peut toutefois contribuer à prévenir d’éventuels déficits, liés à des troubles de la thyroïde.

Propriété antioxydante

Plusieurs minéraux contenus dans la spiruline sont connus pour leur propriété antioxydante. Tout comme les vitamines citées précédemment, ils permettent de lutter contre le stress oxydatif au niveau thyroïdien. Il s’agit notamment du manganèse4, du zinc5 et du sélénium6.

Maintien de l’ossature

La composition de la spiruline est riche de plusieurs oligo-éléments qui participent à maintenir un capital osseux optimal : le calcium7, le cuivre8, le magnésium9, le phosphore10, le manganèse, le zinc et le fluor11. L’apport de tels minéraux est bénéfique pour chacun, mais dans le cadre de l’hyperthyroïdie, il permet de prévenir une éventuelle ostéoporose secondaire.

Action sur le système nerveux et sur les muscles

Certains minéraux contribuent au bon fonctionnement du système nerveux et des muscles, à savoir le magnésium, le potassium et le sodium. Or, des douleurs musculaires surviennent fréquemment (faiblesse, raideurs, contractions…) dans le cadre de l’hypo ou de l’hyperthyroïdie. La spiruline permet de diminuer l'impact néfaste des troubles de la thyroïde sur l'organisme.

Spécificité du fer

À ce jour, plusieurs publications scientifiques ont mis en avant la corrélation entre une carence en fer et une altération de la fonction thyroïdienne, pouvant tendre vers l’hypothyroïdie.

En effet, une étude menée auprès de 7672 américains a montré qu’un déficit en fer, au même titre qu’une carence en iode, pourrait perturber le fonctionnement de la thyroïde. Les chercheurs précisent que les mécanismes doivent être davantage éclaircis12.

D’autres chercheurs ont aussi remarqué le lien entre hypothyroïdie et anémie ferriprive, auprès de femmes enceintes13 et d’enfants népalais14.

Il semble donc primordial d’être vigilant quant aux apports quotidiens en fer, lorsque l’on souffre d’une pathologie thyroïdienne. Notons que la spiruline est riche en fer, assimilable par l’organisme.À cet égard, elle incarne un aliment ou bien un complément de premier choix pour prévenir les carences.

Le magnésium

En plus de sa contribution au maintien du capital osseux et musculaire, le magnésium est un excellent allié dans la lutte contre la fatigue et l’anxiété15. Cet oligo-élément, présent dans la spiruline, est intéressant pour prévenir l'anxiété qui peut survenir dans le cadre de l’hypo ou de l’hyperthyroïdie.

Le sélénium

Le sélénium est impliqué dans l’activation de l’hormone thyroïdienne T3. Une revue scientifique récente a mis en avant les effets positifs d’une supplémentation en sélénium pour les personnes atteintes de pathologies thyroïdiennes auto-immunes. Les chercheurs estiment en outre que la prise de sélénium est un bon moyen pour préserver la santé de la thyroïde16.

Le chrome

Le chrome joue un rôle dans le maintien d’une glycémie normale. Des chercheurs ont passé en revue différentes recherches à ce sujet, et pensent que le chrome permettrait de diminuer la résistance à l’insuline17.

Cet aspect est intéressant car il est fréquent que les personnes diabétiques soient également atteintes par des troubles thyroïdiens, et inversement. Ces pathologies ont donc une influence réciproque.

Les chercheurs recommandent d’ailleurs de faire effectuer des analyses de la fonction thyroïdienne aux patients diabétiques18. Ce constat est posé pour le diabète de type II mais il est également valable pour le diabète de type I19.

Lorsqu’une hyperthyroïdie est diagnostiquée chez un patient diabétique, on observe davantage d’hyperglycémies, et ce, malgré le suivi du traitement antidiabétique. En revanche, si c’est une hypothyroïdie qui survient, on notera des hypoglycémies plus fréquentes.

La spiruline dispose d’une teneur en chrome, elle est donc particulièrement indiquée afin de maintenir un taux de glycémie optimal.

Contribution au métabolisme lipidique

En plus de la prise de poids, l’hypothyroïdie peut conduire à la dyslipidémie.

Un essai clinique récent (randomisé, en double aveugle et sous contrôle placebo) a démontré la pertinence d’une supplémentation en spiruline face à la dyslipidémie. Une dose de 4,5 g de l’algue a été administrée à des patients en surpoids durant six semaines.

Couplée à de l’activité physique, la prise de spiruline a permis une réduction significative de l’IMC (Indice de Masse Corporelle) et des taux de cholestérol total, de cholestérol LDL et enfin, des triglycérides. En revanche, les chercheurs ont noté une augmentation du taux de « bon cholestérol », le HDL20.

Confort digestif

Souvent, le transit intestinal est perturbé lorsque l’on souffre d’hypo ou d’hyperthyroïdie. Selon une récente étude in vivo, la supplémentation en spiruline permettrait d’améliorer la qualité de la flore intestinale21. Ainsi, la spiruline pourrait contribuer à réguler le transit et soulager les sensations d’inconfort.
La spiruline permet de soulager les symptômes liés à certains troubles de la thyroïde.

Détoxification de l’organisme

Il faut souligner que le dysfonctionnement de la thyroïde peut survenir des suites d’une intoxication aux métaux nocifs. En outre, la recherche a mis en évidence le rôle protecteur de la spiruline lors de ces intoxications22.
Une supplémentation peut donc être également utile dans ce cadre.

Quelle posologie et quelle utilisation?

L’ANSES recommande un dosage maximal de 5 g de spiruline par jour. Notons que cette limite est fixée compte tenu de l’apport en bêta-carotène, qui, à cette dose, est compris entre 7 et 8,5 mg. Effectivement, il est recommandé de ne pas en consommer plus de 7 mg par jour23.

Précautions d’usage

Dans l'éventualité où vous seriez atteint d’une pathologie de la thyroïde, n’hésitez pas à évoquer la possibilité d’une supplémentation en spiruline avec votre médecin.
Il est recommandé de demander conseil à un professionnel de santé.


  • 1ANSES, (2018) Avis relatif au risque d’excès d’apport en iode lié à la consommation d’algues dans les denrées alimentaires.
  • 2Ciqual, site de l'ANSES🔗 https://ciqual.anses.fr/#/aliments/11086/spiruline-(spirulina-sp.)-sechee-ou-deshydratee
  • 3Ibid.
  • 4Li L., & Yang, X. (2018) The Essential Element Manganese, Oxidative Stress, and Metabolic Diseases : Links and Interactions. Oxidative medicine and cellular longevity.
  • 5Prasad A. S. (2014). Zinc is an Antioxidant and Anti-Inflammatory Agent: Its Role in Human Health. Frontiers in nutrition.
  • 6Wang, N., Tan, H. Y., Li, S., Xu, Y., Guo, W., & Feng, Y. (2017). Supplementation of Micronutrient Selenium in Metabolic Diseases: Its Role as an Antioxidant. Oxidative medicine and cellular longevity.
  • 7Tarantino U., & al., (2017) Clinical guidelines for the prevention and treatment of osteoporosis: summary statements and recommendations from the Italian Society for Orthopaedics and Traumatology. Journal of Orthopaedics and Traumatology.
  • 8National Research Council (US), (2000) Committee on Copper in Drinking Water.
  • 9Al Alawi, A.M., Majoni, S.W., & Falhammar, H. (2018). Magnesium and Human Health: Perspectives and Research Directions. International journal of endocrinology.
  • 10Goretti Penido M., & al. (2012) Phosphate homeostasis and its role in bone health. Pediatric nephrology.
  • 11Saltman PD., & al. (1993) The role of trace minerals in osteoporosis. J Am Coll Nutr.
  • 12Luo J., & al. (2017) Association of Iodine and Iron with Thyroid Function. Biological trace element research.
  • 13Li S., & al. (2016) The Relationship between Iron Deficiency and Thyroid Function in Chinese Women during Early Pregnancy. Journal of nutritional science and vitaminology.
  • 14Khatiwada, S., Gelal, B., Baral, N., & Lamsal, M. (2016). Association between iron status and thyroid function in Nepalese children. Thyroid research.
  • 15Kirkland, A. E., Sarlo, G. L., & Holton, K. F. (2018). The Role of Magnesium in Neurological Disorders. Nutrients.
  • 16Ventura, M., Melo, M., & Carrilho, F. (2017). Selenium and Thyroid Disease : From Pathophysiology to Treatment. International journal of endocrinology.
  • 17Hua, Y., Clark, S., Ren, J., & Sreejayan, N. (2012). Molecular mechanisms of chromium in alleviating insulin resistance. The Journal of nutritional biochemistry.
  • 18Hage, M., Zantout, M. S., & Azar, S. T. (2011). Thyroid disorders and diabetes mellitus. Journal of thyroid research.
  • 19Orzan, A., Novac, C., Mihu, M., Tirgoviste, C. I., & Balgradean, M. (2016). Type 1 Diabetes and Thyroid Autoimmunity in Children. Maedica.
  • 20Hernández-Lepe MA., & al. (2019) Hypolipidemic Effect of Arthrospira (Spirulina) maxima Supplementation and a Systematic Physical Exercise Program in Overweight and Obese Men: A Double-Blind, Randomized, and Crossover Controlled Trial. Marine drugs.
  • 21Hu J., (2019) Dose Effects of Orally Administered Spirulina Suspension on Colonic Microbiota in Healthy Mice. Front Cell Infect Microbiol.
  • 22Zhai, Q., Narbad, A., & Chen, W. (2015) Dietary strategies for the treatment of cadmium and lead toxicity. Nutrients.
  • 23ANSES, (2017) Avis relatif aux « risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la spiruline ».
Mélanie Manzanares

Rédactrice spécialisée dans le domaine de la santé, ayant obtenu le diplôme d'état infirmier en 2013.