Caractéristiques
L’extrait de pépins de pamplemousse (ou EPP), offre une action antiseptique hors du commun. Les chercheurs ont mis en évidence son action efficace à large spectre contre de nombreux pathogènes : bactéries, champignons, virus, parasites…
Selon l’ouvrage de référence d’Allan Sachs1, il s’agit d’un élément sûr (sauf allergie), puissant et sans effet sur les microbes naturels de l’organisme. Un remède irrésistible et aux indications nombreuses, parmi lesquelles les infections:
- respiratoires (rhume, pharyngite, sinusite…) ;
- urinaires ;
- digestives (mauvaise haleine, aphte, gingivite…) ;
- cutanées (acné, eczéma…) etc.
En outre, ses polyphénols (avec en tête la naringine et l’hespéridine) lui confèrent une puissante activité antioxydante. Cette liste déjà impressionnante est pourtant non exhaustive.
Interactions médicamenteuses: quel mécanisme?
Le pamplemousse contient des substances (notamment la bergamotine et la naringine) qui interfèrent avec les cytochromes p450 et les glycoprotéines P. Ces deux éléments sont essentiels au métabolisme de nombreux médicaments que l’on ingère.
Les cytochromes P450 sont des enzymes présentes essentiellement dans le foie et dans les intestins. Ils sont nécessaires à la bonne absorption des traitements médicamenteux : ils les oxydent, afin de les rendre directement efficaces.
Le pamplemousse inactive les cytochromes P450 et conséquemment, en diminue l’activité. Cela fait courir à l’organisme un risque important de surdose. Par-là même, le pamplemousse augmente drastiquement le risque d’effets secondaires et/ou indésirables.2
En outre, l’action du pamplemousse sur la glycoprotéine P semble accentuer son effet inhibiteur des cytochromes.3
Parfois même, le pamplemousse augmente la biodisponibilité des molécules, et fausse le dosage recommandé par les professionnels de santé.
Il est important de noter que ces observations ont été pour l’essentiel effectuées dans le cas du jus de pamplemousse. Toutefois, le principe de précaution doit s’appliquer à la globalité des éléments du pamplemousse, qu’il s’agisse de la peau ou des pépins.
L'extrait de pépins de pamplemousse est donc souvent pointé du doigt, il comporte de nombreuses contre-indications, et à raison : il dérègle les dosages des traitements, en règle générale. Cela peut donc avoir des conséquences sévères.
Quels médicaments concernés?
Un chercheur Canadien, David Bailey, étudie depuis des années les interactions médicamenteuses du jus de pamplemousse.4 Par extension, cela concerne l’extrait de pépins de pamplemousse. Une liste très longue de médicaments menacée par le “grand méchant pamplemousse” a été largement publiée. Toutefois l’ANSM (agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé) s’est penchée sur le sujet et a publié une liste plus réduite mais fiable des médicaments concernés :
- les statines (atorvastatine, simvastatine), des médicaments qui luttent contre l’excès de cholestérol ;
- certains médicaments contre les troubles cardiovasculaires (vérapamil, lercanidipine, dronédarone, aliskiren, ticagrelor, ivabradine) comme l’hypertension ou l’arythmie ;
- les immunosuppresseurs (ciclosporine, tacrolimus, sirolimus…) prescrits notamment pour éviter les rejets de greffe ;
- certains médicaments contre les troubles de l'érection (avanafil, vardénafil);
- des antidépresseurs (buspirone, sertraline);
- des médicaments anticancer (régorafénib, olaparib);
- d’autres médicaments tels que la carbamazépine (anti-épileptique), l’halofantrine (antipaludique), la levasidone (traitement de la schizophrénie), le naloxegol (laxatif).
Les noms cités ci-dessus sont les dénominations communes internationales (DCI) des médicaments. On connait souvent mieux leurs noms commerciaux, que l’on connaît souvent mieux.5 En cas de doute et si vous prenez un traitement médicamenteux quel qu’il soit : demandez conseil à votre médecin ou votre pharmacien avant d’utiliser l’extrait de pépins de pamplemousse, car les contre-indications sont nombreuses.
Recommandations
Premièrement : ne confondez pas EPP et huile essentielle de pamplemousse: ce sont deux produits différents.
Il existe de très nombreuses références d’extrait de pépins de pamplemousse sur le marché. Toutes sont différentes, en termes d’extraction, de concentration, et même de fruit : c’est parfois le pomelo qui est initialement exploité, tandis qu’il doit bien s’agir du pamplemousse (Citrus Grandis).
Choisissez un EPP de Citrus Grandis, extrait sans solvant chimique (plutôt avec une glycérine d’origine végétale). Il doit être aussi concentré que possible et tiré des pépins, et non de la pulpe ou du péricarpe du pamplemousse.
Préférez un contenant foncé, afin de garantir une conservation optimale.
En conclusion, l’extrait de pépins de pamplemousse offre une mine de bienfaits pour l’organisme des humains, mais aussi des animaux. S’il convient de bien le choisir, il est ensuite aisé de l’utiliser pour en profiter, notamment en cure pour l’hiver !
Afin d'utiliser l'extrait de pépins de pamplemousse de manière sécuritaire, vous pouvez vous référer à notre guide :
Extrait de pépins de pamplemousse: quelle posologie?
- 1: The Authoritative Guide to Grapefruit Seed Extract, Allan Sachs, 1997.
- 2: Rôle des cytochromes P450 dans les interactions médicamenteuses et environnementales rencontrées à l’officine, Amélie Mathis. Thèse de pharmacie, 2012.🔗 http://docnum.univ-lorraine.fr/public/BUPHA_T_2012_MATHIS_AMELIE.pdf
- 3: McCloskey, Zaiken, Couris. Clinically Significant GrapefruitJuiceYDrug Interactions. Nutrition Today, Volume 43, Number 1, January/February, 2008.🔗 https://pdfs.semanticscholar.org/62b9/f23d8596b605285b7ef9d1e01b4211d08bc7.pdf
- 4: Bailey DG, Dresser G, Arnold JM. Grapefruit-medication interactions: forbidden fruit or avoidable consequences?. CMAJ. 2013;185(4):309–316. doi:10.1503/cmaj.120951🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3589309/
- 5: ANSM - Thesaurus des interactions médicamenteuses, Septembre 2019.🔗 https://www.ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/0002510e4ab3a9c13793a1fdc0d4c955.pdf