L’anxiété scolaire : origines, manifestations et alternatives

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L’école n’est malheureusement pas synonyme de moments agréables pour tous les enfants. En effet, il arrive parfois que la scolarité génère de l'angoisse scolaire chez certains élèves. Focus sur l’anxiété scolaire, ses origines, ses manifestations ainsi que sur les moyens à notre disposition pour en venir à bout.

Qu’est-ce que c'est ?

Crayons représentant l'anxiété scolaire à l'école.

C'est une émotion normale, proche de la peur, que chacun peut ressentir de manière transitoire face à une situation jugée inquiétante. Considérons par exemple un enfant qui joue au parc, accompagné de ses parents. Pleinement occupé par son jeu, il s’éloigne de ses parents puis les perd de vue. L’anxiété s’empare de l’enfant, jusqu’à ce qu’il croise à nouveau le regard de ses parents. Il est maintenant rassuré et reprend le cours de son activité.

Toutefois, il n’est pas rare qu'elle dépasse ce cadre. Elle survient sans motif apparent, devient persistante et/ou envahissante au point d’entraver le quotidien de l’enfant. Parfois, il s’avère qu'elle a un lien avec l’école. Dans ce cas de figure, il est nécessaire de solliciter un avis médical.

Quelle en est la cause ?

À l’heure actuelle, les classifications de pathologies ne font pas de l’anxiété scolaire un diagnostic à part entière. En revanche, on remarque que cette forme apparaît comme une composante d’autres troubles. On la retrouve également dans d’autres contextes (angoisse de performance scolaire, traumatisme survenu à l’école ou dans la sphère familiale…). Ainsi, elle est complexe à définir : elle est propre à chaque enfant et liée à son vécu.

Le trouble de l’anxiété de séparation

Le DSM IV (le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) signale un rejet de l’école dans le cadre des troubles anxieux de l’enfance et de l’adolescence reliés à l’angoisse ou l'anxiété de séparation.

Un enfant, qui en est atteint, est submergé par l’inquiétude lorsqu’il est question de quitter ses figures d’attachement (le plus souvent, il s’agit des parents). Il craint qu’en son absence, un événement malheureux survienne et le sépare définitivement de ces derniers.

Dans ce contexte, se rendre à l’école devient très délicat. Le trajet depuis le domicile et l’arrivée à l’école occasionnent des pleurs, un accès de colère, un refus catégorique où l’enfant s’agrippe à sa mère/à son père… Il est à noter que l’enfant peut anticiper la séparation et présenter des angoisses, alors même qu’il est à la maison1.

Un trouble phobique

La CIM 10 (la Classification Internationale des Maladies, 10ème version) intègre l’anxiété scolaire aux troubles anxieux phobiques. Selon la CFTMEA (la Classification Française des Troubles Mentaux de l’Enfant et de l’Adolescent), la phobie scolaire incarne un diagnostic à part entière.

La phobie scolaire évoque une véritable terreur de l’école, associée à l’impossibilité de s’y rendre.

Mentionnons que certains professionnels de santé préfèrent employer le terme refus scolaire anxieux2.

L’angoisse de performance

L’anxiété de performance scolaire ne figure pas comme diagnostic au sein des diverses classifications. Cependant, les auteurs l’évoquent au travers d’autres troubles.

Cette forme correspond à une forte appréhension liée aux situations d’évaluation. Les personnes atteintes par ce trouble redoutent l’échec tout, en étant obnubilées par l’idée qu’elles ne sont pas capables de réussir3.

Durant la scolarité et les études, les enfants, les adolescents et les jeunes adultes sont régulièrement soumis à des évaluations afin de rendre compte de leurs acquis. Parfois, elle est liée à la production de performances : elle nuit à la santé de l’élève ainsi qu’à sa réussite.

Un traumatisme

Quelquefois, l’élément déclencheur de l’anxiété scolaire est un événement traumatisant, survenu à l’école ou non. Il peut ainsi s’agir d’un déménagement associé ou non à la fréquentation d’un nouvel établissement scolaire, une maladie grave ou le décès d’un proche, des difficultés relationnelles avec un camarade ou un professeur, une situation de harcèlement, de racket4

Comment se manifeste-t-elle ?

L’anxiété scolaire est responsable d’un mal-être psychologique pouvant aller jusqu’à un état de détresse. Les enfants atteints sont généralement agités et peuvent même subir des crises de panique. Certains parviennent à verbaliser ce qui les angoisse, alors que d’autres non. L’inquiétude de ces enfants est telle qu’ils en viennent à présenter de réels troubles physiques : maux de tête, sudation, vertiges, contractures musculaires, douleur abdominale, nausées, vomissements, diarrhées…

Dans la plupart des cas, une stratégie d’évitement de l’école se met en place. Certains enfants refusent tout bonnement de s’y rendre en s’opposant fermement à leurs parents5.

Que faire pour lutter contre l’anxiété scolaire ?

Reconnaître cette forme et réagir de manière adéquate est essentiel pour préserver la santé de l’enfant et éviter l’absentéisme scolaire au long cours. Selon la recherche, le fait de manquer l’école sur le long terme présente un certain nombre de risques : isolement de l’enfant, aggravation d’une éventuelle pathologie psychiatrique, entrée en dépression… De surcroît, le refus scolaire bouleverse l’organisation et l’équilibre de la famille.

Consulter rapidement

Face à une anxiété scolaire handicapante et/ou durable, il est nécessaire de consulter dans les meilleurs délais. Rencontrer tout d’abord le pédiatre ou le médecin traitant de l’enfant est une bonne initiative. En effet, ce dernier vérifiera que les manifestations physiques sont uniquement attribuables à l’état anxieux, écartant une pathologie sous-jacente. S’il le juge nécessaire, le généraliste prescrit un traitement médicamenteux à l’enfant, visant à soulager cet état anxieux. Enfin, il oriente la famille vers un pédopsychiatre.

Le pédopsychiatre met en place le suivi de l’enfant ou de l’adolescent et accompagne les parents. Il évalue son état psychologique, puis, pose un diagnostic. Le pédopsychiatre précise s’il est nécessaire d’instaurer, de poursuivre ou bien d’arrêter un traitement médicamenteux. Il propose également une psychothérapie selon des modalités précises (individuelle et/ou familiale, thérapie cognitivo-comportementale ou analytique). Parfois, le pédopsychiatre préconise une hospitalisation afin d’opérer une rupture entre le patient et son environnement habituel6.

Il est à noter qu’une anxiété scolaire très prononcée peut amener les parents et l’enfant à se rendre directement aux urgences.

Communiquer avec l’équipe éducative

La prise en charge de l’enfant ou de l’adolescent anxieux ne saurait se limiter aux mesures citées précédemment. Il est effectivement primordial qu’un échange s’établisse entre la famille, les soignants et l’établissement scolaire7‌. À terme, l’objectif est que l’enfant ou l’adolescent fréquente l’école le plus sereinement possible, si possible avec un rythme classique. Pour y parvenir, certains aménagements sont requis et nécessitent une collaboration avec l’établissement scolaire.

Accorder une attention particulière aux habitudes quotidiennes

Les professionnels de santé recommandent également aux parents de veiller à ce que leur enfant maintienne de bonnes habitudes de vie.
À cet égard, l’alimentation doit être variée et équilibrée, afin que l’enfant ou l’adolescent ne souffre d’aucun déficit. La recherche indique que les boissons contenant de la caféine seraient susceptibles d’accroître l’anxiété scolaire, notamment chez les plus jeunes8. Attention aux sodas et aux boissons énergisantes !

Il faut aussi encourager la pratique d’une activité sportive. Bon pour la santé d’une manière générale, le sport lutte contre les symptômes de la dépression chez les enfants et les adolescents9.

Enfin, ces derniers peuvent présenter des difficultés à trouver le sommeil et à le conserver tout au long de la nuit. En tant que parent, il est donc important de prêter attention aux habitudes de sommeil de l’enfant ou de l’adolescent. Les experts préconisent de limiter l’exposition aux écrans dans les heures qui précèdent le coucher, d’être vigilant quant à l’aménagement de la chambre (prédominance de l’obscurité, calme, température comprise entre 18 et 20°C), d’instaurer des rituels chez les plus petits et d’inciter les plus grands à mettre en place une routine de sommeil10.


  • 1Figueroa A., Soutullo C., Ono Y. & Saito K. (2012) Separation anxiety. In Rey JM (ed), IACAPAP e-Textbook of Child and Adolescent Mental Health.
  • 2Denis H. (2005) Le refus scolaire anxieux : prise en charge par une équipe multidisciplinaire. Enfances & Psy.
  • 3Beaucage B. (1997) L’anxiété de performance ou la réussite à tout prix. Vies à vies.
  • 4Denis H. (2005) Le refus scolaire anxieux : prise en charge par une équipe multidisciplinaire. Enfances & Psy.
  • 5Ibid.
  • 6Service de pédopsychiatrie du CHU d’Angers. Troubles anxieux et troubles de l’adaptation chez l’enfant et l’adolescent.🔗 http://www.pedopsychiatrie-angers.fr/cours-fichiers/Troubles%20anxieux%20et%20de%20l%20adaptation.pdf
  • 7Kawsar MDS., Yilanli M., Marwaha R. (2020) School Refusal. StatPearls.
  • 8Richards G. & Smith A. (2015) Caffeine consumption and self-assessed stress, anxiety, and depression in secondary school children. Journal of psychopharmacology.
  • 9McMahon EM. & al. (2017) Physical activity in European adolescents and associations with anxiety, depression and well-being. European child & adolescent psychiatry.
  • 10Site du Réseau Morphée, le sommeil de 0 à 18 ans.🔗 http://sommeilenfant.reseau-morphee.fr/
  • 11Figueroa A., Soutullo C., Ono Y. & Saito K. (2012) Separation anxiety. In Rey JM (ed), IACAPAP e-Textbook of Child and Adolescent Mental Health.
  • 12Denis H. (2005) Le refus scolaire anxieux : prise en charge par une équipe multidisciplinaire. Enfances & Psy.
  • 13Beaucage B. (1997) L’anxiété de performance ou la réussite à tout prix. Vies à vies.
  • 14Denis H. (2005) Le refus scolaire anxieux : prise en charge par une équipe multidisciplinaire. Enfances & Psy.
  • 15Ibid
  • 16Service de pédopsychiatrie du CHU d’Angers. Troubles anxieux et troubles de l’adaptation chez l’enfant et l’adolescent.🔗 http://www.pedopsychiatrie-angers.fr/cours-fichiers/Troubles%20anxieux%20et%20de%20l%20adaptation.pdf
  • 17Kawsar MDS., Yilanli M., Marwaha R. (2020) School Refusal. StatPearls.
  • 18Richards G. & Smith A. (2015) Caffeine consumption and self-assessed stress, anxiety, and depression in secondary school children. Journal of psychopharmacology.
  • 19McMahon EM. & al. (2017) Physical activity in European adolescents and associations with anxiety, depression and well-being. European child & adolescent psychiatry.
  • 20Site du Réseau Morphée, le sommeil de 0 à 18 ans.🔗 http://sommeilenfant.reseau-morphee.fr/
Mélanie Manzanares

Rédactrice spécialisée dans le domaine de la santé, ayant obtenu le diplôme d'état infirmier en 2013.