L’anxiété le soir : signes, causes et prise en charge

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État qui diffère selon chaque individu, il peut s’agir d’un mal-être transitoire ou d’une véritable détresse omniprésente, d’un trouble qui survient spécifiquement le matin, la nuit mais également en fin de journée. Dans cet article, nous partons à la rencontre de l’anxiété du soir : ses caractéristiques, ses manifestations, ses causes ainsi que ses diverses possibilités de prise en charge.

Comment se caractérise l’anxiété qui survient le soir ?

Particularités

Femme souffrant d'anxiété le soir.

Au sens général, il s'agit d'une émotion normale, déclenchée le plus souvent par un événement inquiétant. Ressentie de manière ponctuelle, elle protège l’individu en lui permettant d’adopter une attitude adéquate. Par exemple, si l’on est anxieux a l’idée de conduire dans une grande ville inconnue, on redoublera de prudence et de vigilance. Néanmoins, il arrive que certaines personnes ressentent une anxiété excessive, permanente ou inexpliquée, notamment le soir. Dans ces situations, une consultation médicale s’avère nécessaire. Le médecin peut effectivement diagnostiquer un trouble anxieux.

On dénombre à l’heure actuelle différentes formes. Chez certains individus, cet état survient plus particulièrement à la fin de la journée.

Les signes et symptômes

Outre le mal-être psychologique, elle s’accompagne bien souvent de manifestations physiques. Les spécialistes du Vidal évoquent notamment des tensions musculaires, des palpitations cardiaques, la sensation d’estomac ou de gorge noué(e), une douleur abdominale avec des diarrhées ou au contraire, de la constipation, la moiteur des mains, l’impression que la poitrine est serrée dans un étau, une respiration accélérée et même parfois, de la spasmophilie1.

L’anxiété qui survient le soir peut également évoluer vers une anxiété nocturne. Le sommeil est alors perturbé. On note en effet des difficultés d’endormissement, des réveils lors de la nuit ou très tôt le matin ainsi que des insomnies.

Quelles peuvent être les causes ?

Diverses situations peuvent être à son origine.

Un événement ponctuel source de stress

La vie quotidienne comporte des moments que chacun appréhende plus ou moins, selon sa personnalité. Citons par exemple un examen scolaire ou universitaire, une présentation professionnelle devant un large public, une intervention chirurgicale… Parfois, ces situations rendent véritablement anxieux : le mal-être se ressent dans la tête mais aussi dans le corps. Néanmoins, cette sensation cesse dès lors que l’événement en question se termine, ce qui procure un soulagement instantané.

Des difficultés quotidiennes

Certaines personnes rencontrent des difficultés persistantes, d’ordre scolaire, professionnel, familial, financier… L’anxiété peut se manifester le soir, alors que la journée a été particulièrement difficile ou que l’on a beaucoup intériorisé.

Une expérience traumatisante

Certains événements douloureux peuvent déclencher une angoisse réactionnelle le soir : un acte de violence, la confrontation à la maladie, au deuil, etc.

Un trouble psychique

Certaines pathologies sont responsables de sa survenue. Selon les experts du Vidal, c’est le cas de la schizophrénie ou de la dépression. La tombée du jour est par ailleurs un moment propice à la survenue de ce mal-être.

Une cause inconnue

Parfois, la raison n’est pas aisément identifiable. Le mal-être est bel et bien présent, sans que le sujet ne parvienne à le relier à une cause plus ou moins précise.

Les enfants et l’anxiété le soir

Les enfants peuvent aussi être concernés par ce trouble anxieux, en fin de journée. Ce sentiment peut exister en lien avec une peur ou une inquiétude, parfois difficile à verbaliser (par exemple, un fait divers entendu aux informations), un événement familial (une séparation, un déménagement, un deuil, etc.), le contexte scolaire

Comment lutter contre ce trouble ?

Pour de nombreuses personnes, parler de l’anxiété ressentie le soir à un professionnel de santé s’avère difficile. Pourtant, cela devient indispensable lorsqu'elle devient récurrente ou gênante au quotidien. L’adoption de nouvelles habitudes de vie peut également se montrer bénéfique, qu’il s’agisse d’une forme ponctuelle ou d’un trouble anxieux diagnostiqué. Voici différentes possibilités de prise en charge.

La psychothérapie

Pour les experts du Vidal, la psychothérapie correspond au traitement de fond des différents types de troubles anxieux.

Selon la recherche, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) fournit de très bons résultats, notamment auprès des enfants, des adolescents ainsi que des femmes2. Ce type de psychothérapie présenterait une efficacité comparable à celle d’un traitement médicamenteux anxiolytique. La TCC permettrait en outre une meilleure évolution des personnes anxieuses sur le long terme3.

La thérapie analytique est également réputée dans le cadre de l’anxiété du soir. Elle serait particulièrement adaptée lorsque le patient ne parvient pas à identifier la cause de son mal-être.

Les traitements médicamenteux

Dans la mesure du possible, les professionnels de santé tentent de limiter au maximum la prescription de médicaments visant à traiter l’anxiété de fin de journée. En effet, ces derniers sont connus pour entraîner plusieurs types d’effets secondaires et comportent un risque d’accoutumance. Toutefois, certaines formes sévères de troubles anxieux rendent nécessaire la prise d’un traitement médicamenteux.

Le plus souvent, un traitement de fond à base d’antidépresseurs est initié. Ce dernier est, en règle générale, prescrit sur une durée assez longue, 6 mois minimum. Les spécialités les plus couramment recommandées par les médecins et les psychiatres sont l’escitalopram, la paroxétine ou bien la venlafaxine.

Les anxiolytiques sont également utilisés. Certains appartiennent à la classe des benzodiazépines, à l’instar de l’alprazolam, du bromazépam ou du prazépam. Contrairement aux antidépresseurs, ils ne peuvent être administrés sur le long terme. D’autres anxiolytiques existent à l'instar de la buspirone, de l’hydroxyzine ou de l’étifoxine.

Enfin, un médicament antiépileptique, la prégabaline, présente une efficacité reconnue dans le cadre des troubles anxieux4.

Soigner son hygiène de vie

Opter pour une alimentation saine

Importante pour tous, l’alimentation doit faire l’objet d’une attention particulière lorsque l’on souffre d’anxiété le soir. En effet, il faut veiller à adopter un régime varié et équilibré, dans l’objectif de ne manquer d’aucun nutriment nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme.

Il faut également savoir que la caféine5 (que l’on retrouve dans la composition de certains sodas, des boissons énergisantes et du café) et l’alcool6 sont susceptibles de potentialiser sa survenue. De surcroît, la consommation d’alcool est formellement déconseillée aux personnes qui suivent un traitement anxiolytique.

Pratiquer une activité physique ou sportive

En raison de ses nombreux bienfaits, la pratique d’une activité physique ou sportive est conseillée au plus grand nombre. Selon la recherche, cette dernière apporte du bien-être aux personnes qui s’y adonnent, tout en réduisant les symptômes liés à ce trouble ainsi qu’à la dépression7. C’est pourquoi de nombreux chercheurs considèrent que l’activité physique ou sportive doit faire partie de la stratégie thérapeutique des troubles anxieux ou de la dépression. Certaines pratiques comme le yoga, le qi-gong, le tai-chi ou bien la méditation de pleine conscience ont fait l’objet d’études scientifiques. Elles pourraient aider les personnes anxieuses ou dépressives à se sentir mieux8.

Mettre toutes les chances de son côté pour dormir correctement

Qu’elle survienne le soir ou à tout autre moment de la journée, l’anxiété a pour conséquence de fatiguer l’individu. Ainsi, il est important de pouvoir récupérer à l’aide d’un sommeil qualitatif et suffisant. L’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) a formulé une série de recommandations, à appliquer afin de passer de meilleures nuits9.

L’organisme conseille en outre d’espacer sa pratique sportive et le moment du coucher (de 3 à 4 heures).

Les approches naturelles

À l’heure actuelle, de nombreuses alternatives naturelles existent pour soulager l’anxiété du soir. Les professionnels de santé les recommandent régulièrement : l’objectif est de limiter le recours aux traitements à base d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs, qui comprennent divers effets indésirables.

Un large choix de compléments alimentaires visant à la soulager est disponible en officine ou sur internet, en vente libre. Il ne faut toutefois pas hésiter à solliciter un professionnel de santé. Ce dernier indique la supplémentation la plus adaptée à chaque individu et vérifie l’absence d’une éventuelle contre-indication. Voici quelques compléments naturels couramment utilisés dans le cadre de l’anxiété du soir.

Le magnésium

Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), les produits qui contiennent au moins 56 mg de magnésium pour 100 g concourent au bon fonctionnement psychique ainsi qu’à la lutte contre la fatigue.

Plusieurs études récentes signalent que le magnésium est prometteur face aux angoisses du soir. Les chercheurs soulignent néanmoins la nécessité de conduire de nouveaux essais cliniques pour confirmer et étayer ce constat10.

La vitamine D

Essentielle à l’organisme, la vitamine D contribue notamment à l’intégrité du système nerveux. Cependant, la recherche signale que les personnes souffrant de troubles psychiques sont davantage exposées à un déficit ou une carence en vitamine D11. Les individus anxieux peuvent donc prendre les devants en optant pour une supplémentation, surtout s’ils vivent dans une région peu ensoleillée.

La passiflore

Utilisée depuis de très nombreuses années, la passiflore a fait l’objet de diverses études scientifiques. Ainsi, certaines indiquent que ce végétal aurait la capacité de réduire l’anxiété du soir12 13.

Le ginseng

Connu pour ses multiples bienfaits, le ginseng pourrait lutter contre son apparition14.

La camomille

Selon une étude récente, un traitement à base de camomille pourrait aider les personnes atteintes de troubles anxieux à se sentir mieux. La plante permettrait également d’améliorer la qualité de son sommeil15. La camomille semble donc adaptée à ceux qui souffrent d’une forme d’anxiété du soir évoluant vers une forme nocturne.

L’orpin rose

Également appelé Rhodiola rosea, l’orpin rose serait susceptible de stabiliser l’humeur16.

Les médecines douces

Certaines spécialités comme la sophrologie17, l’acupuncture18 ou bienl’hypnose19 offrent d’ores et déjà des résultats encourageants face à l’anxiété survenant le soir.


  • 1Vidal (2019) Les symptômes et les causes de l’anxiété.🔗 https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/anxiete/symptomes-causes.html
  • 2Nechita D. & al. (2018) A review of the influence the anxiety exerts on human life. Romanian Journal ofMorphology & Embryology.
  • 3Borza L. (2017) Cognitive-behavioral therapy for generalized anxiety. Dialogues in Clinical Neuroscience.
  • 4Vidal (2019) Les médicaments de l’anxiété.🔗 https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/anxiete/medicaments.html
  • 5Richards G. & Smith A. (2015) Caffeine consumption and self-assessed stress, anxiety, and depression in secondary school children. Journal of psychopharmacology.
  • 6Schuckit MA. (2009) Alcohol-use disorders. Lancet.
  • 7McMahon EM. & al. (2017) Physical activity in European adolescents and associations with anxiety, depression and well-being. European child & adolescent psychiatry.
  • 8Saeed SA. & al. (2019) Depression and Anxiety Disorders : Benefits of Exercise, Yoga, and Meditation. American family physician.
  • 9Site de l’INSV.🔗 https://institut-sommeil-vigilance.org/10-recommandations-de-nos-experts-pour-bien-dormir/
  • 10Boyle NB., Lawton CL. & Dye L. (2016) The effects of magnesium supplementation on subjective anxiety. Magnesium Research.
  • 11Bičíková M. & al. (2015) Vitamin D in anxiety and affective disorders. Physiological Research.
  • 12Villet S. & al. (2016) Open-label observational study of the homeopathic medicine Passiflora Compose for anxiety and sleep disorders. Homeopathy.
  • 13Lakhan SE. & Vieira KF. (2010) Nutritional and herbal supplements for anxiety and anxiety-related disorders : systematic review. Nutrition Journal.
  • 14Hieu TH. & al. (2019) Therapeutic efficacy and safety of chamomile for state anxiety, generalized anxiety disorder, insomnia, and sleep quality : A systematic review and meta-analysis of randomized trials and quasi-randomized trials. Phytotherapy Research.
  • 15Lee S. & Rhee DK. (2017) Effects of ginseng on stress-related depression, anxiety, and the hypothalamic-pituitary-adrenal axis. Journal of Ginseng Research.
  • 16Cropley M., Banks AP., Boyle J. (2015) The Effects of Rhodiola rosea L. Extract on Anxiety, Stress, Cognition and Other Mood Symptoms. Phytotherapy Research.
  • 17Van Rangelrooij K. & al. (2020) Effectiveness of a 4-week sophrology program for primary care patients with moderate to high anxiety levels : a randomised controlled trial. Actas espanolas de psiquiatria.
  • 18Amorim D. & al. (2018) Acupuncture and electroacupuncture for anxiety disorders: A systematic review of the clinical research. Complementary therapies in clinical practice.
  • 19Smaga D. & al. (2010) L'hypnose et les troubles anxieux. Revue médicale suisse.
Mélanie Manzanares

Rédactrice spécialisée dans le domaine de la santé, ayant obtenu le diplôme d'état infirmier en 2013.