L’anxiété au travail : signes, causes et alternatives

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Des contextes très divers peuvent expliquer sa survenue chez un individu. Dans de nombreux cas, ce trouble apparaît dans le cadre de la vie professionnelle. En effet, les chiffres dont nous disposons à l’heure actuelle sont préoccupants. Faisons le point sur les manifestations, les causes et les différentes actions à mener pour soulager l’anxiété liée au travail.

Caractéristiques

Homme souffrant d'anxiété au travail.

Il s'agit d'une réaction normale de l'individu faisant face à une situation menaçante. Il n’y a donc rien d’inhabituel à ressentir une telle émotion face à certains événements de la vie quotidienne (un examen, une compétition, un problème à régler…). Cependant, il arrive qu'elle prenne une ampleur démesurée. Elle survient alors en l’absence d’un facteur déclenchant, avec une intensité incontrôlable, gênant la personne dans la réalisation de ses tâches quotidiennes. Il s’agit probablement d’un trouble anxieux : un avis médical devient nécessaire.

Il n’est pas rare qu'elle prenne racine dans le cadre professionnel. En 2017, le cabinet Stimulus a publié les résultats alarmants de son observatoire du stress et angoisses au travail. Près de 52% des salariés ayant pris part à cette étude signalent se sentir anxieux dans le cadre professionnel. Parmi ces individus, 16% souffrent vraisemblablement d’un trouble anxieux. Selon cette même étude, les femmes seraient davantage touchées par l’anxiété au travail que les hommes (57% de femmes anxieuses contre 47% d’hommes). Enfin, il semblerait que les salariés âgés de 30 à 50 ans présentent plus de risques de développer un tel trouble1.

Bon à savoir : elle se distingue de l’anxiété de performance. En effet, elle survient dans un contexte d’évaluation. Ainsi, cette appréhension n'est pas forcément liée au travail. Elle peut apparaître face à une compétition sportive, une prestation artistique, en situation scolaire…

Comment se manifeste-t-elle ?

L’anxiété professionnelle, liée au travail, est à l’origine de symptômes variés, propres à chaque individu. On retrouve d’une part un bouleversement psychologique, et d’autre part, des signes somatiques.

Des manifestations psychiques

Les travailleurs anxieux ont généralement des difficultés de concentration, pouvant aboutir à une productivité plus faible ou bien, à des erreurs. Ils sont souvent nerveux, assaillis par des pensées négatives incontrôlables. De cette manière, les tâches à effectuer dans le cadre professionnel semblent difficiles à accomplir et même, insurmontables.

Des manifestations physiques

Il n’est pas rare que le mal-être psychique ait un retentissement sur le corps de la personne anxieuse. De nombreux symptômes peuvent survenir, notamment des céphalées, une douleur abdominale, des diarrhées, la sensation de gorge ou d’estomac noué, une impression d’oppression thoracique, des tensions musculaires, une transpiration excessive, des vertiges ou encore une crise de spasmophilie2.

Pourquoi l’anxiété survient-elle au travail ?

Comme le soulignent de nombreux professionnels de santé, elle est bien souvent la conséquence d’un stress élevé et chronique. Selon l’étude réalisée par Stimulus, 24% des salariés seraient en situation d’hyperstress. Cet état fait référence à un fort niveau de stress, susceptible de détériorer la santé.

Au travail, le stress survient lorsque le travailleur a la sensation qu’un écart se creuse entre les exigences liées à une tâche à effectuer et les ressources dont il dispose. Il est à noter que le stress est une réaction propre à chaque individu : ce qui perturbe une personne, peut être bien vécu par une autre. Ainsi, les causes du stress professionnel sont plurielles et variables3.

Néanmoins, la recherche a pu identifier certains facteurs de stress et d'anxiété au travail. Les plus couramment rencontrés concernent :

  • les exigences liées au poste (notamment la complexité et la pluralité des informations à prendre en compte ou encore la gestion du temps) ;
  • l’évolution du travail, qui induit la nécessité de s’adapter fréquemment ainsi que la difficulté à anticiper ses missions sur le long terme ;
  • un faible niveau d’autonomie ou de reconnaissance4.

Comment la soulager ?

Diverses alternatives existent pour soulager ce mal-être. Bien que cet état apparaisse en lien avec le travail, il s’avère souvent nécessaire d’opérer quelques changements dans sa vie personnelle. Pour aller mieux, il est également important d’oser en parler, à un professionnel de santé notamment.

Évoquer son anxiété au travail

Dans de nombreux cas, le fait d’échanger au sujet du mal-être ressenti permet de trouver des solutions concrètes. Il est tout d’abord possible de demander un rendez-vous à son responsable hiérarchique, afin de lui exposer les difficultés rencontrées. Ce dernier pourrait tout à fait proposer un délai ou des ressources supplémentaires, une réorganisation de la charge de travail entre les différents collaborateurs, une formation…

Si cette alternative semble délicate, il ne faut pas hésiter à se tourner vers la personne élue déléguée du personnel. Si l’entreprise compte plus de 50 employés, il est également possible de s’adresser à l’un des membres du CHSCT (le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail).

Enfin, le médecin du travail est un interlocuteur de choix lorsque l’on souffre de cette forme d’anxiété. Chaque salarié peut solliciter une consultation. Mentionnons que le médecin du travail est soumis au secret professionnel.

Prendre soin de soi au quotidien

Les personnes, qui en souffrent, ont souvent tendance à occulter cet aspect. Accorder une attention particulière à ses habitudes de vie est pourtant essentiel.

Le sommeil

Certains individus anxieux au travail notent l’apparition de troubles du sommeil tels que des insomnies, des difficultés d’endormissement, des réveils nocturnes ou bien, un réveil précoce. Pour mieux dormir, il est conseillé d’appliquer les recommandations formulées par les experts de de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (l’INSV)5. Avoir un sommeil convenable est d’autant plus important que cet état fatigue l’organisme.

L’alimentation

Malgré l’anxiété au travail, il faut veiller à maintenir une alimentation équilibrée et variée. L’objectif est de ne priver son corps d’aucune substance essentielle à son bon fonctionnement (oligo-éléments ou vitamines). Il est à noter que les boissons à base de caféine6 et d’alcool7 sont déconseillées lorsque l’on est anxieux.‌‌

L’activité physique ou sportive

Selon la recherche, la pratique d’une activité physique ou sportive contribue au mieux-être des personnes anxieuses ou déprimées8. De nombreux professionnels de santé considèrent le fait de faire de l’exercice comme une ressource thérapeutique complémentaire.

Certaines activités comme le yoga, la méditation de pleine conscience, le qi-gong ou le tai-chi, peuvent être plus spécifiquement conseillées9. Toutefois, tous les sports sont indiqués pour lutter contre cet état. Chaque personne est donc libre de pratiquer l’activité qui lui plaît le plus. Ce temps permet de se détourner de l'anxiété et des problématiques rencontrées dans le cadre du travail.

Consulter un professionnel de santé

Lorsqu’une personne souffre d’une forme invalidante, l’avis d’un professionnel de santé devient indispensable. De même, tout travailleur qui tente d’améliorer la situation par ses propres moyens (par exemple, une meilleure hygiène de vie ainsi qu’une communication accrue au travail) et qui ne parvient pas à se sentir mieux gagnerait à se tourner vers un professionnel de santé.

Il est tout à fait possible de parler de son anxiété liée au travail à son médecin traitant. Ce dernier évalue l’état de la personne anxieuse, puis, lui propose des mesures adaptées. Face à des patients sévèrement touchés, il est habilité à prescrire un traitement médicamenteux à base d’antidépresseurs et/ou d’anxiolytiques.

En règle générale, les médecins évitent au maximum ce type de prescription. En effet, prendre ces médicaments n’est pas anodin : divers effets indésirables peuvent survenir ainsi qu’un risque d’accoutumance10. Ainsi, les généralistes orientent souvent leurs patients vers d’autres solutions, notamment la psychothérapie. Les soins prodigués par un psychiatre ou un psychologue incarnent le traitement de fond de toutes les angoisses liées au travail. Il est à noter que la thérapie cognitivo-comportementale donne de très bons résultats11.

Découvrir d’autres approches

Les professionnels de santé peuvent également recommander d’autres alternatives aux personnes qui souffrent d’anxiété au travail.

Les compléments alimentaires

Les suppléments alimentaires représentent un choix thérapeutique judicieux. Globalement sécuritaires, ils ne comprennent que peu de contre-indications ou d’effets secondaires. De surcroît, de nombreuses spécialités visant à soulager l’anxiété au travail existent. C’est notamment le cas des compléments à base de magnésium12, de rhodiola rosea13, de camomille14 ou de passiflore15.

‌‌‌Il est tout de même nécessaire de s’assurer que son état de santé est compatible avec la supplémentation envisagée. À cet égard, il ne faut pas hésiter à demander conseil à son médecin, à son psychologue ou à son pharmacien.

Les médecines douces

À l’heure actuelle, les soins relatifs à la médecine douce retiennent de plus en plus l’attention. Selon la recherche, les techniques de sophrologie16, d’acupuncture17 ou d’hypnose18 pourraient soulager les personnes anxieuses. ‌‌‌


  • 1Stimulus (2017) Observatoire de la santé psychologique au travail.🔗 https://www.stimulus-conseil.com/stimulus-publie-observatoire-de-sante-psychologique-travail/
  • 2Vidal (2019) Les symptômes et les causes de l’anxiété.🔗 https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/anxiete/symptomes-causes.html
  • 3Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (2018) Stress en milieu de travail.🔗 https://www.cchst.ca/oshanswers/psychosocial/stress.html
  • 4Stimulus (2017) Communiqué - Observatoire de la santé psychologique au travail.
  • 5Site de l’INSV.🔗 https://institut-sommeil-vigilance.org/10-recommandations-de-nos-experts-pour-bien-dormir/
  • 6Richards G. & Smith A. (2015) Caffeine consumption and self-assessed stress, anxiety, and depression in secondary school children. Journal of psychopharmacology.
  • 7Schuckit MA. (2009) Alcohol-use disorders. Lancet.
  • 8McMahon EM. & al. (2017) Physical activity in European adolescents and associations with anxiety, depression and well-being. European child & adolescent psychiatry.
  • 9Saeed SA. & al. (2019) Depression and Anxiety Disorders : Benefits of Exercise, Yoga, and Meditation. American family physician.
  • 10Vidal (2019) Les médicaments de l’anxiété.🔗 https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/anxiete/medicaments.html
  • 11Nechita D. & al. (2018) A review of the influence the anxiety exerts on human life. Romanian Journal ofMorphology & Embryology.
  • 12Boyle NB., Lawton CL. & Dye L. (2016) The effects of magnesium supplementation on subjective anxiety. Magnesium Research.
  • 13Cropley M., Banks AP., Boyle J. (2015) The Effects of Rhodiola rosea L. Extract on Anxiety, Stress, Cognition and Other Mood Symptoms. Phytotherapy Research.
  • 14Hieu TH. & al. (2019) Therapeutic efficacy and safety of chamomile for state anxiety, generalized anxiety disorder, insomnia, and sleep quality : A systematic review and meta-analysis of randomized trials and quasi-randomized trials. Phytotherapy Research.
  • 15Villet S. & al. (2016) Open-label observational study of the homeopathic medicine Passiflora Compose for anxiety and sleep disorders. Homeopathy.
  • 16Van Rangelrooij K. & al. (2020) Effectiveness of a 4-week sophrology program for primary care patients with moderate to high anxiety levels : a randomised controlled trial. Actas espanolas de psiquiatria.
  • 17Amorim D. & al. (2018) Acupuncture and electroacupuncture for anxiety disorders : A systematic review of the clinical research. Complementary therapies in clinical practice.
  • 18Smaga D. & al. (2010) L'hypnose et les troubles anxieux. Revue médicale suisse.
  • 19Stimulus (2017) Observatoire de la santé psychologique au travail.
Mélanie Manzanares

Rédactrice spécialisée dans le domaine de la santé, ayant obtenu le diplôme d'état infirmier en 2013.