Faire une cure de vitamine D

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Près de 80% de la population française présente  une insuffisance en vitamine D. Pourtant elle est essentielle à de nombreuses fonctions dans l’organisme, en particulier pour le système immunitaire. Elle est majoritairement fabriquée dans la peau grâce à l’exposition solaire, car elle est rare dans l’alimentation. C’est pourquoi prendre de la vitamine D en hiver est devenu un réflexe pour une grande partie de la population. Mais la question que tout le monde s’est posée pour faire une cure de vitamine D est : quelle dose prendre ? Et secondairement : dois je aussi en prendre le reste de l’année ? En se basant sur les études scientifiques et les recommandations de différentes instances, cet article répond à ces interrogations.

Facteurs influençant les besoins en vitamine D

Les doses de vitamine D à prendre dépendent de plusieurs paramètres individuels :

  1. L’exposition au soleil
    Le soleil est la principale source naturelle de vitamine D. En cas d'exposition complète, le corps peut synthétiser jusqu'à 10 000 UI par jour. Par conséquent, une supplémentation peut être inutile ou réduite si vous vous exposez régulièrement au soleil.
  2. La saison
    Les besoins en vitamine D augmentent en hiver, car le soleil est moins présent et nous passons plus de temps couverts ou à l’intérieur. Pendant cette période, il est important d’adapter les apports pour compenser le manque d’ensoleillement.
  3. L’âge
    Avec l’âge, la production de vitamine D par la peau diminue. Les personnes de plus de 50 ans, et encore davantage celles de plus de 70 ans, nécessitent souvent un apport accru pour compenser cette diminution.
  4. La couleur de peau
    Les peaux foncées ou mates synthétisent moins efficacement la vitamine D sous l’effet du soleil. Les personnes concernées peuvent avoir besoin de doses plus élevées pour atteindre des niveaux suffisants.
  5. Certaines pathologies
    Certaines maladies peuvent réduire l’absorption ou l’assimilation de la vitamine D. C'est le cas des troubles liés à la malabsorption intestinale, ainsi que des insuffisances biliaires ou pancréatiques (fonction exocrine).
  6. Les périodes à risque
    En période de risque accru (hiver, refroidissements, épidémies), augmenter ses apports en vitamine D peut renforcer le système immunitaire. Par exemple, des doses comprises entre 300 et 2000 UI par jour ont démontré leur efficacité pour réduire le risque d’infections respiratoires et en limiter les complications.

Cure de vitamine D tous les mois ou tous les jours?

Pour faire une cure de vitamine D, Il est préférable de la consommer quotidiennement. En effet, la vitamine D totale se divise en deux formes :

  1. Le calcidiol, qui constitue 99% de la vitamine D. Cette forme est liée à des protéines et stockée principalement dans le foie.
  2. Le calcitriol, une forme dite "libre", qui circule dans le sang pendant environ 24 heures après ingestion.

La forme libre, ou calcitriol, est considérée comme la plus biologiquement active. C’est elle qui agit directement sur les cellules, notamment celles du système immunitaire. Pour garantir une concentration suffisante de cette forme active dans le sang, un apport quotidien est préférable.

De plus, les études montrent qu’un apport journalier est généralement plus efficace qu’une prise unique à forte dose. Les fortes doses mensuelles ou trimestrielles sont avant tout réservées aux cas de carences sévères et doivent être encadrées par un suivi médical.

Dosages pour éviter les carences selon les autorités

Les autorités sanitaires de chaque pays établissent des apports journaliers recommandés en vitamine D, exprimés en UI (Unités Internationales), qui ne nécessitent pas de dosage sanguin préalable :

  • France : 600 UI (ANSES)
  • Allemagne : 800 UI
  • Canada : entre 400 et 1000 UI
  • USA : 600 à 800 UI

En complément, l’Académie de Médecine française a émis des recommandations spécifiques pour la population française :

  • 800 à 1000 UI pour les adultes et enfants,
  • 1000 à 1500 UI pour les personnes âgées de 50 à 70 ans,
  • 2000 UI pour les plus de 70 ans.

Concernant les nourrissons et jeunes enfants, l’ANSES n’a pas encore émis d’avis spécifique. Toutefois, le Comité de nutrition de la Société Française de Pédiatrie (SFP) s’appuie sur les données scientifiques pour proposer les dosages suivants :

  • 1000 à 1200 UI/jour pour les nourrissons allaités,
  • 600 à 800 UI/jour pour les nourrissons de moins de 18 mois consommant un lait infantile enrichi,
  • 1000 à 1200 UI/jour pour les nourrissons recevant un lait non enrichi.

Chez les enfants de 0 à 3 ans, la supplémentation en vitamine D doit être encadrée par un professionnel de santé. Par ailleurs, en France, la législation impose une dose maximale de 1000 UI dans les compléments alimentaires destinés aux moins de 10 ans.

Les limites de sécurité en auto-complémentation

Les différentes autorités de santé présentent des divergences sur la limite de sécurité en vitamine D :

  • EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) : Elle fixe une dose maximale de sécurité quotidienne à 4000 UI, considérant qu’en deçà de cette limite, aucun risque pour la santé n’est identifié. Cependant, pour les compléments alimentaires, elle autorise uniquement des dosages journaliers allant jusqu’à 2000 UI.
  • ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) : En France, elle recommande de ne pas dépasser une dose sécuritaire de 1000 UI par jour.
  • Institut Américain de Médecine : La limite de sécurité est fixée beaucoup plus haut, à 10 000 UI par jour.

Que disent les études scientifiques ?

  1. Une étude montre que l’exposition complète du corps aux rayons UVB peut produire jusqu’à 10 000 UI de vitamine D par jour, ce qui représenterait une limite physiologique naturelle.
  2. Les effets secondaires liés à une hypervitaminose D sont bien documentés, mais surviennent à des doses nettement plus élevées.
    • Le professeur Reinhold Vieth, expert canadien en vitamine D, estime que des effets indésirables peuvent apparaître au-delà de 40 000 UI par jour.
    • Selon le Vidal, les signes d’hypervitaminose D se manifestent généralement avec un apport quotidien supérieur à 50 000 UI.

Cependant, ces seuils sont considérablement plus bas chez les enfants, en particulier les nourrissons, pour lesquels une vigilance accrue est requise.

Faire une cure de vitamine D en fonction de son taux sanguin

Une étude nationale a révélé des chiffres inquiétants :

  • 80 % des individus présentent une insuffisance en vitamine D (taux < 30 ng/mL).
  • 42,5 % souffrent d’un déficit modéré à sévère (taux < 20 ng/mL).

Une étude approfondie a permis de déterminer les dosages nécessaires pour atteindre des taux sanguins optimaux. Voici les seuils identifiés :

  • Carence : en dessous de 20 ng/mL.
  • Insuffisance : entre 20 et 30 ng/mL.
  • Taux acceptable : entre 30 et 60 ng/mL.
  • Taux optimal : autour de 40 ng/mL.

Pour atteindre un taux minimal de 30 ng/mL, une dose quotidienne de 800 UI est généralement suffisante. Cependant, pour atteindre un taux optimal proche de 40 ng/mL, l’étude recommande une dose de 2400 UI par jour, soit 2 à 3 fois plus que les recommandations habituelles des autorités sanitaires.

Cas particuliers : peaux métisses et noires

Les besoins en vitamine D sont plus importants pour les personnes à la peau foncée, en raison d’une synthèse cutanée moins efficace. Une étude américaine a montré qu'une cure de vitamine D nécessite chez ce type de peau:

  • 1640 UI/jour pour atteindre un taux de 20 ng/mL.
  • 4000 UI/jour pour atteindre un taux de 33 ng/mL.

Hauts dosages et sécurité

De nombreuses études montrent que des doses comprises entre 2000 et 5000 UI/jour permettent d’atteindre des taux sanguins plus élevés, tout en restant sécuritaires. Une étude a même déterminé qu’une dose de 9600 UI/jour était nécessaire pour que 97,5 % de la population étudiée atteigne un taux de 40 ng/mL.

Ces résultats soulignent l’importance d’un dosage adapté, en fonction des besoins individuels et des taux sanguins mesurés.

La rédaction
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Rédaction Doctonat