Présentation
Le germanium est un élément chimique métalloïde (de symbole Ge), préalablement identifié par D. Mendeleïev en 1871 et découvert en 1886 par un chimiste allemand, C. Winkler. On l’identifie sous deux formes : le germanium organique et inorganique.
Le germanium inorganique
Issu de différents minerais, dont la germanite, ce type de germanium contribue à la conception de fibres optiques. Il n’est pas assimilable par l’organisme et présente, par conséquent, un risque de toxicité.
Le germanium organique
On retrouve de petites quantités de cette forme dans certains végétaux, notamment dans les racines de ginseng, l’algue Chlorella, l’ail, les champignons de type Ganoderma…
Certains scientifiques pensent que le germanium peut apporter divers bienfaits à l’organisme. K. Asai, médecin japonais, est l’un des premiers à s’être penché sur ses effets.
Dans son ouvrage Miracle Cure : Organic Germanium, publié en 1980, il étudie de nombreuses plantes médicinales et s’intéresse à leur teneur en germanium. Selon le Dr Asai, la richesse en germanium de ces plantes expliquerait, en tout ou en partie, leurs vertus thérapeutiques1.
Puis, dans la lignée du chercheur russe Mironov, il met au point sa propre formule de germanium organique, le Ge-132 (également appelé carboxyethylgermanium sesquioxyde). Le Dr Asai a testé ce principe actif au travers d’expérimentations in vitro et in vivo. Il a aussi administré ce complément alimentaire à l’homme, au sein de sa clinique au Japon.
Intéressons-nous maintenant à l'utilisation du germanium, à ses bienfaits et au danger qu'il peut induire.
Propriétés
On considère qu'il n’est pas un minéral essentiel pour l’homme. À cet égard, son usage en tant que complément alimentaire est controversé. Certains chercheurs, à l'instar de K. Asai, attribuent au germanium organique de nombreux bienfaits. Cependant, d’autres pensent que les expérimentations réalisées ne sont pas en mesure d’apporter un niveau de preuve suffisant. Enfin, les autorités sanitaires ne communiquent pas à son sujet et aucune recommandation n’est formulée.
Favorise une meilleure oxygénation
Selon le Dr K. Asai ainsi que d’autres scientifiques, la structure chimique du germanium organique lui permettrait d’approvisionner l’organisme en oxygène.
À ce propos, de nombreux chercheurs pensent que cet apport en oxygène serait (partiellement ou totalement) à l’origine des effets bénéfiques du germanium dans le cadre de pathologies diverses : troubles hépatiques, ophtalmologiques (notamment la cataracte), cardiovasculaires (à l’instar de l’hypertension artérielle ou de l’infarctus du myocarde), cancers divers, cas d’intoxication aux métaux lourds…2 3 4
Modulation de l’action du système immunitaire
Dans les années 80, le germanium organique a fait l’objet de nombreuses études in vitro, in vivo mais également d’essais sur l’homme. D’une manière générale, ces recherches ont montré que l’administration de Ge-132 pourrait réguler la production de cellules NK (Natural Killer), de lymphocytes T et B, d’interférons ainsi que de divers anticorps5 6.
Selon les chercheurs, cette propriété pourrait expliquer son activité sur différents types de cancers. En effet, le minéral stimulerait les défenses immunitaires, qui lutteraient à leur tour contre les cellules cancéreuses. À cet égard, certains pensent que le Ge-132 incarnerait une alternative intéressante, à administrer en parallèle des traitements oncologiques usuels.
Mentionnons que, très récemment, une équipe de chercheurs a conduit un essai clinique auprès de 23 personnes atteintes de cancers dits « réfractaires ». Des suites de l’administration de 30 mg de Propagermanium par jour, ils ont constaté la maturation des cellules NK. Les chercheurs posent finalement l’hypothèse que le principe actif pourrait potentialiser l’activité antitumorale de l’organisme7.
En outre, le germanium organique aurait également montré des effets bénéfiques sur certaines pathologies auto-immunes : il pourrait limiter l’action du système immunitaire. Des résultats probants auraient ainsi été observés dans le cadre de la polyarthrite rhumatoïde8.
Une action antalgique ?
Très tôt, des chercheurs ont remarqué que le germanium organique pourrait contribuer à lutter contre la douleur. L’administration de Ge-132, par voie orale ou injectable, potentialiserait la prise concomitante de morphine9. À l’heure actuelle, certains professionnels restent convaincus que le minéral peut jouer un rôle dans la prise en charge de la douleur10.
Une substance antioxydante ?
Une étude in vitro récente, menée sur des cellules de mammifères, aurait mis en avant le potentiel antioxydant du Ge-132 face au stress oxydatif11. La poursuite de la recherche est nécessaire afin de pouvoir se prononcer davantage sur ce point.
Les différentes formes
Il est possible de trouver du germanium organique sous forme de complément alimentaire.
Cependant, il est généralement disponible sous forme de solution liquide pour un usage externe.
Dosages et posologie
Aucune recommandation concernant l’administration et l'utilisation de germanium organique n’est formulée par les autorités sanitaires.
Les laboratoires qui en produisent recommandent essentiellement un usage externe, pour plus de sécurité. Le produit que l’on trouve le plus couramment sur les boutiques de santé naturelle en ligne est celui du laboratoire Catalyons. Le minéral se présente sous forme de solution liquide. On peut donc l’appliquer directement sur la peau à l’aide d’une compresse, ou réaliser des gargarismes, à raison d’un bouchon doseur, 1 à 3 fois par jour.
Il également possible de trouver, sur certains sites de vente en ligne, quelques compléments alimentaires à base de germanium organique, destinés à une prise per os (autrement dit, par voie orale). Dans ses écrits, le Dr Asai dit avoir régulièrement administré des doses de Ge-132 comprises entre 50 et 1000 mg par jour12. Selon lui, cette posologie serait sécuritaire. Toutefois, d’autres études ont mis en avant les risques liés à la prise orale de germanium. Et il faut souligner à nouveau que les autorités sanitaires n’encouragent pas une telle supplémentation.
Contre-indications et effets secondaires
Maintenant que nous en savons plus sur les bienfaits et l'utilisation du germanium, il convient de s’intéresser au danger qu'il peut représenter.
Premiers positionnements scientifiques
Très tôt, de nombreux chercheurs se sont penchés sur la question. Ainsi, le Dr Asai a mené plusieurs expérimentations visant à détecter une éventuelle toxicité du Ge-132. Selon le médecin, le principe actif resterait sécuritaire même à des doses très élevées (c'est-à-dire plusieurs grammes par jour)13.
Au sein de sa clinique dédiée à l’étude du germanium, l’équipe du Dr Asai s’est également intéressée à l’assimilation du Ge-132 par l’organisme. En cas d’administration par voie orale, le taux de principe actif dans la circulation sanguine atteindrait son pic 3 heures après la prise. Au bout de 24 heures, on ne serait plus en mesure de détecter le Ge-132 dans le sang. L’élimination du minéral par les voies urinaires serait donc totale, au bout de 24 à 36 heures14.
Selon les travaux du Dr Asai, ainsi que d’autres études plus récentes, le germanium organique bénéficierait d’une absorption et d’une excrétion rapide: la substance active ne semblerait donc pas s’accumuler dans l’organisme15 16.
Des risques identifiés : effet sur les reins
Dans les années 90, les chercheurs ont davantage de recul sur l’administration de germanium et ses effets sur le long terme. En effet, il serait nocif pour la santé des reins.
Ainsi, une première étude signale 18 cas d’insuffisance rénale aiguë ou de dysfonctionnement rénal. Parmi ces 18 personnes, deux seraient décédées à la suite de complications cardiaques liées à l’état d’insuffisance rénale.
Une rétention du germanium organique au niveau rénal pourrait donc avoir lieu. On pose alors l’hypothèse suivante : la néphrotoxicité constatée pourrait être liée à la présence indésirable de sels de germanium inorganique dans les compléments de Ge-132. La survenue de tels troubles rénaux est majorée en cas de prise prolongée et/ou de doses élevées17.
De surcroît, une seconde étude évoque 31 cas de complications rénales des suites de l’administration de germanium organique (notamment Ge-132, dioxyde ou lactate-citrate de germanium) au long cours (soit 2 à 36 mois).
Au niveau rénal, les chercheurs ont noté divers signes de dysfonctionnement, une dégénérescence tubulaire ainsi qu’une accumulation de germanium. Ils ont également remarqué que d’autres effets indésirables pouvaient survenir : anémie, faiblesse musculaire et neuropathie périphérique.
Ces complications ont pu engager le pronostic vital de quelques patients. Certaines personnes ont vu leur état s’améliorer, toutefois, les médecins signalent une récupération rénale laborieuse et partielle. Selon ces chercheurs, le principe actif pourrait donc s’avérer néphrotoxique. Ce constat pourrait une nouvelle fois s’expliquer par la contamination du germanium organique par des particules du minéral sous sa forme inorganique18.
Points essentiels
Le germanium est un minéral qui n’est pas indispensable à l’organisme. Il se décline sous deux formes bien distinctes : le germanium inorganique et organique.
Cette dernière substance a suscité un vif intérêt chez de nombreux chercheurs dans les années 70. À cet égard, les travaux du médecin japonais K. Asai sont particulièrement connus.
Ces professionnels attribuent de nombreux bienfaits au germanium organique, notamment l'amélioration de l’oxygénation de l’organisme, la régulation de la réponse immunitaire face aux infections, cancers ou maladies auto-immunes, une action antalgique ou encore antioxydante. Il faut souligner que ces effets ne bénéficient pas d’un niveau de preuve suffisant pour être reconnus par les autorités sanitaires.
Outre les sources alimentaires, il est possible de s'en procurer sur diverses boutiques en ligne spécialisées. Les laboratoires recommandent essentiellement un usage externe.
En effet, la prise orale de germanium organique peut représenter un danger.
Elle pourrait occasionner une insuffisance rénale aiguë.
Questions fréquentes
Qu'est-ce que le germanium?
Le germanium est un élément chimique métalloïde. Il favoriserait l'approvisionnement de l’organisme en oxygène.
Quels sont les bienfaits du germanium?
- Meilleure oxygénation de l'organisme
- Renforcement des défenses immunitaires
- Activité analgésique
- Propriétés antioxydantes
Comment l'utiliser?
A utiliser uniquement en usage externe. Administré par voie orale, il peut être dangereux pour les reins.
Quels sont les effets indésirables?
A forte dose, le germanium peut entraîner la survenue de troubles rénaux. En effet, il pourrait provoquer une insuffisance rénale aiguë.
- 1: Asai K. (1980) Miracle Cure : Organic Germanium. Japan Publications Inc.
- 2: Ibid.
- 3: Levine S. (1987) Organic Germanium A Novel Dramatic Immunostimulant. Journal of Orthomolecular Medicine.
- 4: Goodman S. (1988). Therapeutic effects of organic Germanium. Medical hypotheses.
- 5: Ibid.
- 6: Levine S. (1987) Organic Germanium A Novel Dramatic Immunostimulant. Journal of Orthomolecular Medicine.
- 7: Kikuchi S. & al. (2019) Propagermanium Induces NK Cell Maturation and Tends to Prolong Overall Survival of Patients With Refractory Cancer. Anticancer research.
- 8: Levine S. (1987) Organic Germanium A Novel Dramatic Immunostimulant. Journal of Orthomolecular Medicine.
- 9: Hachisu M. & al. (1983) Analgesic effect of novel organogermanium compound, GE-132. Journal of pharmacobio-dynamics.
- 10: Shimada Y. & al. (2018) The Organogermanium Compound Ge-132 Interacts with Nucleic Acid Components and Inhibits the Catalysis of Adenosine Substrate by Adenosine Deaminase. Biological trace element research.
- 11: Wada T. & al. (2018) Antioxidant Activity of Ge-132, a Synthetic Organic Germanium, on Cultured Mammalian Cells. Biological and pharmaceutical bulletin.
- 12: Asai K. (1980) Miracle Cure : Organic Germanium. Japan Publications Inc.
- 13: Ibid.
- 14: Manuscrit de l’Asai Germanium Research Clinic.
- 15: Goodman S. (1988). Therapeutic effects of organic Germanium. Medical hypotheses.
- 16: Kaplan BJ. & al. (2004) Germane facts about germanium sesquioxide: I. Chemistry and anticancer properties. Journal of alternative and complementary medicine.
- 17: Schauss AG. (1991) Nephrotoxicity in humans by the ultratrace element germanium. Renal failure.
- 18: Tao SH. & al. (1997) Hazard assessment of germanium supplements. RTP.
- 19: Tao SH. & al. (1997) Hazard assessment of germanium supplements. RTP.🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9237323