Gingembre (Zingiber Officinalis): vertus, utilisation et contre-indications

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Le gingembre est largement utilisé dans la cuisine, apportant aux recettes une touche exotique qui flatte les papilles. Il est aussi souvent exploité pour ses nombreuses qualités pour la santé. Ses actions sur le système digestif, la santé cardiovasculaire, les troubles sexuels ou encore le cancer en font un super-aliment de choix. Tour d’horizon des vertus et contre-indications du gingembre, ainsi que de son utilisation.

Présentation

Caractéristiques

Gingembre: vertus, utilisation et contre-indications de cette plante.

Le gingembre tel qu’on le consomme est une racine. C’est plus exactement le rhizome d’une plante de la famille de zingibéracées, Zingiber Officinalis. Cette plante est originaire d’Inde, mais se cultive dans toutes les zones tropicales aujourd’hui.

C’est en premier lieu une épice, que l’on consomme fraîche ou en poudre. Elle donne un goût légèrement citronné et poivré aux plats et aux tisanes, en un mot, du peps !

Composition

Le gingembre est riche en fibres alimentaires, ces sucres qui facilitent la digestion. Il contient aussi en quantité importante de “bons” lipides, des acides gras insaturés.

Par ailleurs, le gingembre présente de nombreuses vitamines : C, E, K, B1, B2, B3, B4, B5, B6 et B9. De même, la racine est riche en minéraux et oligo-éléments : magnésium, phosphore, potassium, zinc, cuivre, manganèse… 

Également, il contient des polyphénols, ces composés aromatiques antioxydants. Ils sont généralement connus pour leurs effets positifs et protecteurs sur la santé. Dans le gingembre, on compte surtout des gingérols, des shogaols et des paradols. Ces polyphénols donnent leur goût piquant à la racine, en plus de lui conférer des propriétés pharmacologiques formidables1.

Propriétés et bienfaits

Protection gastrique et action digestive

Le gingembre présente de nombreuses vertus pour la sphère digestive. C’est d’ailleurs l’une de ses principales indications dans l’ayurveda, la médecine traditionnelle indienne. La médecine occidentale a aussi mis en évidence des bénéfices indiscutables. 

Apaiser les nausées

La grossesse est une période délicate pour les femmes qui souffrent de nausées, de troubles intestinaux et de vomissements. Le gingembre en poudre a montré des effets très prometteurs pour soulager ces femmes enceintes. Il représente une alternative thérapeutique intéressante.2

De même, 1 gramme de poudre de gingembre permet de réduire significativement les nausées et vomissements post-opératoires.3

Des dosages similaires montrent des propriétés apaisantes sur les nausées liées à la chimiothérapie. C’est une étude randomisée en double aveugle, conduite sur près de 600 personnes, qui le laisse entendre.4

Par ailleurs, il montre aussi ses effets positifs sur le mal des transports, associé à des nausées persistantes. 1 à 2 grammes de poudre permettent de réduire les symptômes digestifs désagréables qui touchent les personnes malades sur la route.5

Stimuler la digestion

Le gingembre agit sur plusieurs facteurs de la digestion. Il stimule d’une part la production d’enzymes pancréatiques (amylases, lipases, protéases, des enzymes nécessaires à la digestion des aliments). Par ailleurs, il active aussi la sécrétion de bile, ce liquide indispensable à la digestion des lipides complexes, comme le cholestérol.6 Enfin, pour les transits paresseux : il accélère la digestion, notamment en stimulant les mouvements gastriques.7

Protéger l’estomac

C’est sur des rats que des chercheurs ont observé cette propriété. Et c’est l’action anti-inflammatoire puissante que l’on met en évidence, dans le cas d’ulcères gastriques. Le gingembre permet de diminuer la production de cytokines (interleukines, TNF-alpha…), ces molécules inflammatoires qui entretiennent les plaies ulcéreuses. Les chercheurs suggèrent que les polyphénols sont à l’origine de cette action anti-inflammatoire.8  

Un protecteur puissant du système cardio-vasculaire

De nombreuses études portent sur l’effet du gingembre sur les désordres métaboliques, le diabète en premier lieu. Le diabète de type 2 est celui qui est lié à l’hygiène de vie, avec des facteurs héréditaires en sus. Le gingembre a montré son effet bénéfique significatif sur plusieurs indicateurs de cette maladie chronique, à hauteur de 2 grammes par jour.

Il permet de baisser la glycémie à jeun ainsi que le taux d’HBA1C, ou hémoglobine glyquée. Cette molécule représente le nombre de molécules d’hémoglobine accompagnées d’une molécule de glucose : c’est l’indicateur principal du diabète. Il améliore aussi nettement la résistance à l'insuline, l'une des causes et des complications du diabète.

Le gingembre administré au même dosage montre aussi une diminution des troubles lipidiques. Il fait baisser le taux de mauvais cholestérol ainsi que le taux de triglycérides, ces lipides complexes qui font prendre courir un risque important de maladie cardiovasculaire. Il fait aussi grimper le taux de bon cholestérol, permettant d'améliorer l'équilibre dans les graisses du corps. 

Par ailleurs, plusieurs études montrent qu'il influence positivement la perte de poids, le tour de taille, et la masse grasse. Les chercheurs en déduisent naturellement une influence positive globale sur la santé métabolique.9

Enfin, des études conduites essentiellement sur des rongeurs montrent une baisse nette de l’hypertension artérielle sous l’effet du gingembre. Les chercheurs ont aussi mis en évidence que ce rôle anti-hypertenseur était lié à sa capacité à bloquer les canaux calciques, dans les membranes vasculaires. Ces canaux calciques servent à renforcer la tension dans les artères.10

Pour parachever le tableau, les gingérols font preuve d'un effet anticoagulant très performant. Toutefois d’autres études doivent être davantage poussées afin de consolider ces dernières données.11

Des effets anti-inflammatoires prometteurs

Le gingembre montre des effets anti-inflammatoires puissants, ce qui lui confère un rôle potentiel important dans de nombreuses pathologies. L’arthrose notamment: il diminue l’expression des cytokines inflammatoires, et réduit les douleurs articulaires avec une dose quotidienne de 500 milligrammes. 

D’autres chercheurs ont mis en avant son action au niveau moléculaire: il module l’expression de gènes impliqués dans les réactions inflammatoires.12

Une action anti-inflammatoire qui a aussi montré son rôle dans la colite ulcéreuse, dans une étude menée sur des rats.13

Cette activité anti-inflammatoire, ainsi que le pouvoir antioxydant du gingembre lui permettent enfin d’apparaître dans des études très prometteuses dans le traitement des maladies neurodégénératives, comme les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson.14 Par ailleurs, il stimule également les défenses immunitaires.

Un anti-douleur efficace

Les vertus du gingembre ne s'arrêtent pas là.

Comme dans le cas de l’arthrose, le gingembre se montre prometteur dans le cas d’autres douleurs chroniques. Plusieurs études ont notamment montré que le gingembre était très efficace dans le traitement des douleurs de règles, la dysménorrhée, à condition de commencer à le prendre 2 jours avant le début du cycle.15

D’autres scientifiques ont montré des effets intéressants dans les douleurs musculaires, les douleurs au dos ainsi que les migraines et autres maux de tête.16

Un allié contre les troubles sexuels

Dans l’ayurveda, le gingembre est utilisé comme un “réchauffant” général, au sens propre comme au sens figuré. On lui prête également des propriétés aphrodisiaques (augmentation de la libido), liées notamment à cette chaleur qu’il apporte dans le corps. 

Par ailleurs, des chercheurs ont constaté son action (à hauteur de 100 milligrammes par kilo et par jour) sur le sperme des rats. Celui-ci était de meilleure qualité : plus de spermatozoïdes, plus mobiles, plus viables, et davantage de testostérone.17 Toujours chez des rats, le gingembre exerce un rôle protecteur de la fertilité masculine face aux lésions et autres agressions.18

Enfin, des chercheurs ont analysé l’association gingembre-cannelle, sur des rats diabétiques. Cette maladie provoque des effets délétères sur la fertilité mâle : effets nettement améliorés avec le mélange cité.19 Des résultats similaires ont été observés dans une étude menée sur 75 hommes.20

Un rôle antimicrobien et antiparasitaire puissant

Le gingembre a montré in vitro son impact positif contre plusieurs souches bactériennes:

  • Escherichia coli, l’une des principales bactéries responsables des intoxications alimentaires;
  • Pseudomonas aeruginosa, une souche responsable de nombreuses infections, notamment celles que l’on attrape à l’hôpital (les infections nosocomiales);
  • Staphylococcus aureus, ou staphylocoque doré. Une souche commune, responsable d’intoxications alimentaires ou encore d’infections faisait suite à des plaies;
  • Vibrio cholerae, le bacille responsable du choléra ; 
  • Klebsiella pneumoniae, l’une des principales bactéries à l’origine de pneumonies ; 
  • Les salmonelles, responsable de la salmonellose mais aussi de la fièvre typhoïde chez l’homme.21

Du côté des virus, il se révèle aussi efficace in vitro. C'est un antiviral reconnu. Les vertus virucides concernent :

  • le virus de l’herpès22 ;
  • celui de la grippe (toux également), de type influenza23 ;
  • le rhinovirus, responsable du rhume24 ;
  • le virus respiratoire syncytial, à l’origine de nombreuses infections respiratoires chez les jeunes enfants25 ;
  • le virus de l’hépatite C.26

Le gingembre lutte aussi efficacement contre de nombreux parasites qui concernent l’homme :  Schistosoma mansoni (schistosomiase), Angiostrongylus cantonensis (responsable d’une forme rare de méningite), Hymenolepis nana (une forme naine de ténia), Toxoplasma gondii (toxoplasmose), Giardia lamblia (giardiase, une maladie intestinale), et Trypanosoma brucei (trypanosomiase).27

Enfin,il a montré ses effets contre certains champignons, notamment de la famille des Candida, responsables des candidoses.28 Ces dernières sont des formes de mycoses.

Prévention du cancer

Le gingembre présente une activité antioxydante et anti-inflammatoire, comme on l’a vu. Ces deux facteurs cumulés en font déjà un agent préventif performant contre l’apparition des cancers.29

Chez des souris, il a permis de réduire la progression des cancers de la peau, en agissant au niveau moléculaire et cellulaire. Les chercheurs ont observé une prolifération cellulaire moins forte chez les souris traitées.30

Toujours chez des souris, un extrait de gingembre a été utilisé dans un modèle de cancer du côlon. L’extrait s’est révélé efficace : réduisant la prolifération cellulaire, et induisant le suicide des cellules cancéreuses (apoptose). Un dosage de 100 milligramme par kilo et par jour a réduit de 56% la progression des tumeurs.31

Des lignées cellulaires de cancer de l’ovaire ont été soumises à un traitement de gingembre. Celui-ci, via une réduction importante de l’inflammation, a réduit nettement la croissance des lignées cancéreuses. Les chercheurs suggèrent le rôle important des shogaols dans ce processus.32

Ce contrôle de l’inflammation se montre aussi efficace dans le cancer du foie chez des rats.33 Ces observations ont quelques échos dans des études cliniques réalisées sur des patients atteints de cancer. Le gingembre exerce notamment des effets sur de nombreuses molécules inflammatoires, ainsi que sur certains gènes favorables au développement des cancers. Ces résultats sont toutefois encore assez confidentiels, et mériteraient d’être largement approfondis.34

Protection des organes

Les gingérols du gingembre seraient de formidables protecteurs du foie: c’est ce que suggèrent les études menées sur des rats. C’est le cas sur des rats soumis à un empoisonnement à l’acétaminophène (paracétamol) : le gingérol améliore le fonctionnement hépatique chez les rongeurs confrontés à ces difficultés.35

De même, les reins de rats traités à l’alcool ont vu leur état s’améliorer nettement après traitement.36 Une autre étude montre que le potentiel antioxydant puissant du gingembre protège aussi les reins de diverses intoxications, notamment aux métaux lourds.37

Les différentes formes

Le gingembre se trouve bien sûr sous sa forme fraîche de racine, disponible avec les fruits et les légumes dans le commerce. On le trouve aussi séché au rayon des épices. Le gingembre se prend aussi en gélules, seul ou sous forme de complexes synergiques à l’aide d’autres composés. On peut aussi le prendre sous forme de décoction, de teinture-mère ou simplement d’infusion. 

Dosage

Pour les nausées : on recommande des doses comprises entre 1 et 3 grammes par jour

Pour les autres utilisations du gingembre et notamment pour accélérer le transit, on conseille souvent de 2 à 4 grammes. Les doses sûres vont jusqu’à 12 grammes par jour, notamment dans le cas des inflammations aiguës. 

Danger et effets secondaires

Les études montrent une grande sûreté d’utilisation pour le gingembre, et peu de contre-indications. Toutefois il convient d'y aller avec des précautions pour les femmes enceintes ou allaitantes, dans le cas d’une complémentation thérapeutique. Celles qui le souhaitent et qui souffrent de nausées peuvent s’adresser à leur pharmacien afin d’avoir plus d’informations sur une éventuelle supplémentation.

Si vous êtes sous traitement anticoagulant, prenez conseil auprès de votre médecin avant toute prise de gingembre à visée thérapeutique.  

Conclusion 

Le gingembre est souvent réduit à ses qualités gustatives et épicées. Pourtant ses propriétés sont nombreuses, autant que ses polyphénols ! De l'amélioration du quotidien, à la prévention de pathologies lourdes comme les cancers ou les maladies neurodégénératives, le gingembre est un excellent complémentaire à ajouter dans vos routines.

Informations complémentaires

Vous pouvez en apprendre davantage sur le gingembre:

Autres usages possibles

Le gingembre est également employé en aromathérapie: Huile essentielle de gingembre.

Questions fréquentes

Qu'est-ce que le gingembre?

Le gingembre ou Zingiber Officinalis est une plante appartenant à la famille des Zingibéracées. Originaire d'Inde, elle présente de nombreuses vertus pour la santé.

Pourquoi en prendre?

- Soulagement des troubles digestifs
- Réduction du risque cardio-vasculaire
- Activités anti-inflammatoire et anti-microbienne
- Rôle protecteur de la fertilité masculine
- Agent préventif contre l'apparition des cancers
- Protection de certains organes: reins, foie

Quelles sont les mises en garde?

Le gingembre est contre-indiqué chez les femmes enceintes et allaitantes. En cas de traitement anti-coagulant, il est recommandé de demander conseil à un médecin.


Cécile Gonzalez Delacour

Rédactrice scientifique. Titulaire d'un master en biologie et d'une licence en sciences végétales.