De quoi s’agit-il ?
L'anxiété nocturne peut être définie comme un sentiment de peur. En règle générale, elle fait suite à un événement stressant ou menaçant. Ressentir une telle émotion de manière exceptionnelle est tout à fait normal. Toutefois, elle peut devenir invalidante, récurrente, ou bien survenir de manière inexpliquée. Dans l’une de ces situations, un médecin ou un psychiatre peut poser le diagnostic de trouble anxieux.
Plusieurs formes existent. Comme son nom l’indique, et contrairement à l'anxiété matinale, elle apparaît spécifiquement au coucher ou bien durant la nuit.
Comment se manifeste-t-elle ?
Elle peut entraîner des difficultés pour trouver le sommeil, des réveils durant la nuit, ou très tôt le matin, mais également des insomnies.
Ces périodes d’éveil s’accompagnent généralement de signes physiques, qui varient selon les individus. Ces symptômes viennent s’ajouter à la contrariété émotionnelle. Les manifestations physiques les plus courantes sont les palpitations cardiaques, la sensation d’oppression thoracique, de gorge et/ou d’estomac noué(s), une transpiration excessive, des tremblements, des tensions musculaires ainsi qu’une douleur abdominale accompagnée ou non de diarrhées. Certaines personnes peuvent également être sujettes aux crises de spasmophilie1.
Les individus qui subissent de tels symptômes sont bien souvent fatigués. Ils peuvent même être épuisés, lorsque la situation se répète. De surcroît, il n’est malheureusement pas rare que ce trouble nocturne s’accompagne d’une anxiété diurne.
Pourquoi survient-elle ?
De multiples contextes peuvent expliquer sa survenue.
Un événement stressant et exceptionnel
Certains situations ponctuelles peuvent générer de l’anxiété au coucher ou bien, lors de la nuit. Il peut par exemple s’agir d’un événement professionnel ou scolaire, auquel on accorde une importance particulière. Bien que compliquées à vivre, ces situations restent exceptionnelles, c’est-à-dire que l’on constate un retour à la normale dès que l’activité source d'angoisses est terminée.
Un quotidien difficile
Parfois, la vie quotidienne peut s’avérer particulièrement pesante : pression au travail ou bien à l’école, difficultés relationnelles ou financières… Ainsi, certaines personnes développent une anxiété nocturne en retour. Souvent, ces dernières ont pour habitude de prendre sur elles tout au long de la journée. C’est pourquoi elle a tendance à survenir la nuit. Elle peut également apparaître par anticipation du lendemain, sous forme de pensées obsédantes.
Un traumatisme plus ou moins récent
Un événement traumatisant peut être à son origine. Il n’est pas rare que ce trouble se manifeste à la suite d’une scène de violence, de la perte d’un être cher, ou encore, de l’annonce d’une maladie grave ou chronique.
Une pathologie psychiatrique
Les troubles psychiques sont effectivement susceptibles d’engendrer de l’anxiété nocturne, au coucher ou durant la nuit, ainsi que des perturbations du sommeil.
L’apnée obstructive du sommeil
Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (ou SAOS) se caractérise par des pauses respiratoires répétées, qui surviennent lorsque le sujet est endormi. Ces pauses entraînent des micro-réveils qui empêchent ce dernier de bénéficier d’un sommeil récupérateur. Souvent, la personne atteinte de SAOS émet également de forts ronflements2.
Selon la recherche, les personnes atteintes de SAOS seraient davantage touchées par l’anxiété nocturne3.
Une cause non identifiée
Parfois, l’individu anxieux ne parvient pas à comprendre pourquoi il se trouve dans un tel état. Cette situation est particulièrement perturbante, car la personne ne peut identifier ce sur quoi elle doit agir ou travailler.
Quelle prise en charge ?
Ressentir de l'angoisse nocturne au coucher ou durant la nuit n’est pas anodin. Si cette situation persiste, il ne faut pas hésiter à se tourner vers un professionnel de santé. En effet, ce dernier indique la prise en charge la mieux adaptée à chaque situation. Lorsque l’on souffre d’anxiété nocturne ponctuelle, diverses mesures simples à mettre en œuvre peuvent également porter leurs fruits. Psychothérapie, médicaments, hygiène de vie, traitements naturels, nous évoquons ce qu’il est possible de mettre en place pour soulager ce trouble.
Débuter une psychothérapie
Selon les spécialistes du Vidal (l’ouvrage de référence en matière de médicaments, destiné aux professionnels de santé), la psychothérapie incarne le traitement de fond des troubles anxieux. Ces derniers recommandent en outre un suivi d’une séance par semaine, sur une période allant de 3 à 6 mois.
La recherche a mis en avant l’intérêt de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Donnant de très bons résultats sur le plus grand nombre, la TCC serait particulièrement performante pour les femmes, les adolescents et les enfants4. Ainsi, elle présenterait le même niveau d’efficacité qu’un traitement médicamenteux à visée anxiolytique. Sur le long terme, la TCC stabiliserait mieux les patients qu’un tel traitement5.
Mentionnons également que les thérapies analytiques font leurs preuves face à l’anxiété nocturne, notamment lorsque la cause du trouble est initialement inexpliquée.
Le recours aux médicaments
Lorsqu’ils se trouvent face à un patient qui présente une forme sévère, les médecins et les psychiatres peuvent recommander la prise d’un traitement.
Selon le Vidal, les médicaments les plus couramment prescrits sont :
- les antidépresseurs à l’instar de la paroxétine, de l’escitalopram ou de la venlafaxine ;
- des benzodiazépines à effet anxiolytique comme le bromazépam ou l’alprazolam ;
- les anxiolytiques tels que la buspirone, l’hydroxyzine ou bien l’étifoxine ;
- la prégabaline, substance antiépileptique6.
Cependant, ces substances actives comportent des effets secondaires non négligeables. Certaines sont également susceptibles d’entraîner une accoutumance. Pour évaluer l’efficacité du traitement et mesurer les risques évoqués, le professionnel de santé organise un suivi du patient.
Notons que la durée de prescription varie selon le type de médicament retenu par le médecin. En règle générale, les antidépresseurs sont indiqués sur des périodes longues, supérieures à 6 mois. Ce n’est, en revanche, pas le cas des benzodiazépines : il est préférable d’y avoir recours sur de courtes durées.
Adopter une bonne hygiène de vie
Mener une réflexion sur ses habitudes de vie, apporter quelques modifications à son quotidien, tenir compte de certaines recommandations et astuces… Tout ceci peut s’avérer particulièrement bénéfique lorsque l’on souffre d’anxiété nocturne.
Soigner son alimentation
Il faut tout d’abord veiller à ne manquer d’aucun nutriment nécessaire au maintien de la santé. À cet égard, il est nécessaire d’adopter un régime alimentaire aussi sain et varié que possible.
Il est également préférable d’éviter certaines denrées lorsque l’on est sujet à l'anxiété. La recherche a effectivement indiqué que la caféine, contenue dans le café, les boissons énergisantes ou les sodas, sont susceptibles de l’accroître7. Une consommation trop importante de boissons alcoolisées peut être à l’origine de troubles divers8. Le Vidal signale en outre que l’alcool est incompatible avec la prise d’anxiolytiques.
S’adonner à une activité physique ou sportive
La pratique d’une activité physique ou sportive dans la journée est tout à fait indiquée lorsque l’on ressent de l’anxiété la nuit. Véritable exutoire, elle permet de se sentir bien dans son corps et mieux dans sa tête. Ainsi, une étude affirme que l’activité physique permet confère une sensation de bien-être. S’intéressant à un grand groupe d’adolescents de sexe féminin et masculin, cette même étude conclue que les sujets qui s’adonnent à une pratique régulière sont considérablement moins touchés par ce type de symptômes (dépression...)9.
Face aux troubles anxieux et à la dépression, l’activité physique ou sportive est qualifiée de thérapie adjuvante par la recherche. Ainsi, le yoga, le tai-chi et le qi-gong donneraient de bons résultats10.
Pour favoriser le sommeil, l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) préconise d’effectuer l’activité physique ou sportive 3 à 4 heures avant l’heure du coucher11.
Bon à savoir : la méditation de pleine conscience contribuerait à combattre ce trouble et pourrait améliorer la qualité du sommeil, notamment chez les femmes en périménopause12.
Tenter d’améliorer son sommeil
Lorsque l’on est atteint d’anxiété nocturne, le sommeil est un aspect particulièrement délicat de la vie quotidienne. On note, selon les personnes, un endormissement retardé, un ou plusieurs réveils durant la nuit ou bien très tôt le matin et même, des insomnies.
Pour améliorer son sommeil, l’INSV recommande :
- de ne pas manger trop lourd lors du dîner ;
- de ne pas surchauffer sa chambre, (la température idéale est comprise entre 18 et 20 degrés) ;
- d’éviter les écrans au moins une heure avant le coucher ;
- de se coucher et de se lever à des horaires réguliers ;
- et de rejoindre son lit dès que les premiers signes du sommeil apparaissent.
Afin de limiter l’appréhension et de s’endormir dans de bonnes conditions, il est important d’essayer de mettre de côté une éventuelle situation problématique et de se focaliser sur une pensée ou une image mentale positive.
Si l’anxiété nocturne survient malgré tout, il ne faut pas hésiter à se lever, à changer de pièce et à boire un verre d’eau. Les techniques de relaxation et de respiration peuvent contrer les manifestations physiques. Certains psychologues conseillent de s’adonner brièvement à une activité qui va détourner l’attention, par exemple, un peu de lecture ou de musique douce. Lorsque la fatigue se fait sentir à nouveau, il faut retourner se coucher et essayer de s’endormir en gardant à l’esprit une pensée apaisante.
Remèdes naturels
Il est possible de recourir à diverses approches naturelles dans le cadre de l’anxiété nocturne. Ces dernières incarnent des options intéressantes, compte tenu des effets secondaires potentiellement induits par les thérapeutiques médicamenteuses classiques.
L’homéopathie
Certains professionnels de santé préconisent un traitement homéopathique afin de soulager les personnes anxieuses au coucher ou durant la nuit.
La Passiflora semble particulièrement prometteuse. Une étude menée auprès de 639 volontaires atteints d’anxiété et de troubles du sommeil met en avant son efficacité. Des études complémentaires doivent être menées, toutefois les chercheurs considèrent que ce traitement homéopathique est une alternative intéressante aux médicaments traditionnellement prescrits13.
Les compléments alimentaires
Plusieurs suppléments alimentaires peuvent s’avérer pertinents dans le cadre de l’anxiété nocturne.
Une cure de magnésium est souvent recommandée. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) indique effectivement que cet oligo-élément participe à l’équilibre psychique et permet à l’organisme de lutter contre la fatigue.
Aussi, la recherche indique que les omégas-3 pourraient s’avérer utiles14.
Enfin, il faut veiller à ne pas manquer de vitamine D. En effet, un tel déficit serait commun chez les personnes souffrant de troubles psychiques comme la dépression15.
Notons que certains compléments alimentaires associent plusieurs nutriments. Il ne faut pas hésiter à solliciter les conseils d’un professionnel de santé. Ces derniers savent guider les personnes anxieuses vers une supplémentation adaptée à leurs besoins.
La phytothérapie
Pour tenter de soulager naturellement l’anxiété nocturne et d'améliorer la qualité du sommeil, on peut notamment utiliser la camomille16, la Rhodiola rosea, également nommée l’orpin rose17, le Panax ginseng18 ou encore, le Griffonia simplicifolia, grâce à sa teneur en L-5-hydroxytryptophane (ou 5-HTP), un précurseur de la sérotonine.
Les huiles essentielles et les fleurs de Bach
Ces substances naturelles peuvent apaiser certaines personnes anxieuses. Il est fortement recommandé de se rapprocher d’un professionnel de santé ou d’un thérapeute qui connait bien les spécificités des huiles essentielles et des fleurs de Bach.
Les médecines douces
Selon la recherche, l’hypnose, l’acupuncture et la sophrologie donneraient de bons résultats sur l’anxiété nocturne19 20 21.
- 1: Eureka Santé par Vidal (2019) Les symptômes et les causes de l’anxiété.🔗 https://eurekasante.vidal.fr/maladies/psychisme/anxiete.html?pb=symptomes-causes
- 2: Site de l’OMS🔗 https://www.who.int/respiratory/other/Obstructive_sleep_apnoea_syndrome/fr/
- 3: Rezaeitalab F. & al. (2014) The correlation of anxiety and depression with obstructive sleep apnea syndrome. Journal of research in medical sciences.
- 4: Nechita D. & al. (2018) A review of the influence the anxiety exerts on human life. Romanian Journal ofMorphology & Embryology.
- 5: Borza L. (2017) Cognitive-behavioral therapy for generalized anxiety. Dialogues in Clinical Neuroscience.
- 6: Eureka Santé par Vidal (2019) Les médicaments de l’anxiété.🔗 https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/anxiete/medicaments.html
- 7: Richards G. & Smith A. (2015) Caffeine consumption and self-assessed stress, anxiety, and depression in secondary school children. Journal of psychopharmacology.
- 8: Schuckit MA. (2009) Alcohol-use disorders. Lancet.
- 9: McMahon EM. & al. (2017) Physical activity in European adolescents and associations with anxiety, depression and well-being. European child & adolescent psychiatry.
- 10: Saeed SA. & al. (2019) Depression and Anxiety Disorders : Benefits of Exercise, Yoga, and Meditation. American family physician.
- 11: Site de l'INSV🔗 https://institut-sommeil-vigilance.org/10-recommandations-de-nos-experts-pour-bien-dormir/
- 12: Xiao C. & al. (2019) Effect of mindfulness meditation training on anxiety, depression and sleep quality in perimenopausal women. Journal of southern medical university.
- 13: Villet S. & al. (2016) Open-label observational study of the homeopathic medicine Passiflora Compose for anxiety and sleep disorders. Homeopathy.
- 14: Kiecolt-Glaser JK. & al. (2011) Omega-3 supplementation lowers inflammation and anxiety in medical students : a randomized controlled trial. Brain, behavior and immunity.
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- 16: Hieu TH. & al. (2019) Therapeutic efficacy and safety of chamomile for state anxiety, generalized anxiety disorder, insomnia, and sleep quality : A systematic review and meta-analysis of randomized trials and quasi-randomized trials. Phytotherapy Research.
- 17: Cropley M., Banks AP., Boyle J. (2015) The Effects of Rhodiola rosea L. Extract on Anxiety, Stress, Cognition and Other Mood Symptoms. Phytotherapy Research.
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- 19: Smaga D. & al. (2010) L'hypnose et les troubles anxieux. Revue médicale suisse.
- 20: Goyatá SL. & al. (2016) Effects from acupuncture in treating anxiety : integrative review. Revista brasileira de enfermagem.
- 21: Tocheport P. (2012) La sophrologie en gériatrie, une approche innovante pour diminuer la douleur et l'anxiété. Soins.