Qu’est-ce que c'est ?
Tout d'abord, il s'agit d'une émotion normale, proche de l’inquiétude. Elle survient généralement face à une situation que l’on interprète comme étant une menace. La performance évoque quant à elle la qualité d’une prestation, le résultat d’un individu à l’issue d’une épreuve. Ainsi, l’anxiété de performance correspond à une grande appréhension, qui s’accompagne de symptômes psychologiques et/ou physiques, dans le cadre d’une situation d’évaluation.
Lorsqu'elle reste modérée, l’individu peut adopter un comportement approprié à la situation. Grâce à cette réaction, il est même susceptible d’optimiser le résultat souhaité. Prenons l’exemple d’une personne stressée à l’idée d’effectuer une présentation importante sur son lieu de travail. Parvenant à garder son anxiété de performance sous contrôle, elle redouble d’efforts pour préparer son intervention et, ainsi, être prête le jour J. Toutefois, chez certains individus, elle s’avère invalidante : l’avis d’un professionnel de santé devient alors indispensable.
À noter qu'elle n’est pas répertoriée en tant que diagnostic au sein du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). Elle est cependant intégrée à d’autres troubles psychiques.
Comment se manifeste-t-elle ?
L’anxiété de performance est à l’origine de bouleversements psychiques et physiques. De telles manifestations interfèrent dans la préparation préalable de l’individu et peuvent en outre nuire au bon déroulement de la situation d’évaluation.
Signes psychiques
Les personnes très anxieuses à l’idée de produire une performance redoutent, pour la plupart, l’échec et/ou le jugement d’autrui. À l’approche de l’événement, on note une forte appréhension ainsi que des pensées négatives fréquentes de type « je n’y arriverai pas ». Des troubles du sommeil peuvent également survenir.
Signes physiques
Selon les experts du Vidal, le manuel de référence de l’ensemble des traitements médicamenteux, une personne anxieuse peut noter l’apparition d’un ou plusieurs symptômes : gorge ou estomac noué, accélération de la fréquence respiratoire, palpitations cardiaques, muscles contractés, sensation d’oppression thoracique, douleur gastro-intestinale accompagnée ou non de diarrhées, transpiration excessive et crises de spasmophilie1.
Dans quels contextes peut-on ressentir ce trouble ?
L’anxiété de performance se retrouve dans des domaines divers.
La scolarité, les études
Il n’est pas rare que des enfants, des adolescents ou bien de jeunes adultes développent un tel trouble anxieux au cours de leur vie scolaire ou étudiante. Bien souvent, ces derniers ont une perception erronée de leurs capacités. Ils craignent l’échec et redoutent la déception engendrée. Ainsi, ce sont des jeunes qui ont tendance à être particulièrement perfectionnistes face aux apprentissages et aux travaux scolaires.
Lorsqu’elle est prononcée, liée à l’anxiété scolaire, elle est susceptible d’entraver la santé ainsi que la réussite des élèves. En effet, les manifestations psychiques et physiques du trouble peuvent s’avérer véritablement invalidantes. Par exemple, l’élève ou l’étudiant peut perdre ses moyens durant un examen : trou de mémoire, incapacité à se concentrer sur l’exercice à effectuer, sentiment de panique, pleurs, sensation de gêne respiratoire, douleur abdominale, etc.
Parfois, certains étudiants tentent de solutionner le problème en adoptant un comportement à risque. Citons notamment le recours aux substances psychostimulantes, dans l’objectif de pouvoir passer plus de temps à étudier2.
Le travail
À l’heure actuelle, de plus en plus de personnes sont sujettes à l’anxiété de performance dans le cadre professionnel, qu’il s’agisse d’un entretien d’embauche, d’une présentation orale, de résultats à fournir au quotidien…
Le travailleur anxieux a tendance à s’investir toujours plus et à allonger son emploi du temps. Malgré ces mesures, le résultat n’est pas forcément au rendez-vous, du fait du mal-être psychologique et des éventuels symptômes somatiques. À terme, c’est le goût initial pour le poste occupé qui risque fortement de s’estomper. Ce trouble peut être également associé à l'anxiété au travail.
Une étude scientifique signale que les chirurgiens en orthopédie et en traumatologie sont particulièrement concernés. Cette dernière précise également que l’expérience professionnelle ne prémunirait pas nécessairement les praticiens contre ce trouble. Les chercheurs indiquent en outre que les chirurgiens stressés et anxieux risquent davantage de commettre une erreur lors d’une intervention. De surcroît, ces professionnels sont plus exposés au burn-out3.
Il est à noter que certains travailleurs anxieux optent alors pour la stratégie de l’évitement. Cela signifie qu’ils se détournent, dans la mesure du possible, des situations professionnelles appréhendées.
Le sport, la compétition
Selon la recherche, les sportifs de tous niveaux seraient communément soumis à l’anxiété de performance. En effet, le résultat optimal serait atteint par un pratiquant modérément anxieux. Ainsi, les chercheurs expliquent qu’un niveau de stress faible ou nul ne garantit pas l’engagement nécessaire à la réussite sportive. Il faut également souligner qu’une personne qui présente de fortes manifestations d'angoisse ou de stress ne peut donner le meilleur d’elle-même.
Une forme très prononcée serait préjudiciable pour les sportifs. Outre le mal-être ressenti, pour lequel des solutions doivent être trouvées, les chercheurs établissent un lien de cause à effet avec les blessures sportives4.
Les manifestations artistiques
Elle se retrouve aussi chez les artistes. Les musiciens sont connus pour être particulièrement touchés par cet état émotionnel, en raison des concerts en direct qu’ils assurent. Ainsi, la recherche affirme que de nombreux musiciens, qu’ils soient peu ou très expérimentés, subissent de l’anxiété de performance.
L’appréhension de la performance musicale (music performance anxiety ou MPA dans les études scientifiques) est susceptible d’entraîner divers symptômes à l’instar de la tachycardie, de la moiteur des mains, de difficultés de concentration, d’un manque de confiance en soi et de pensées négatives. S’il est tout à fait normal qu’une appréhension légère fasse son apparition avant de monter sur scène, une forte MPA nuit quant à elle au bien-être du musicien ainsi qu’à la qualité de sa prestation5.
La vie sexuelle
Selon une revue scientifique publiée très récemment, l’anxiété de performance sexuelle (sexual performance anxiety ou SPA) affecterait le quotidien de nombreuses personnes ; jusqu’à 25% des hommes et 16% des femmes. Ainsi, la SPA fait partie des plaintes relatives à la vie sexuelle les plus fréquentes. Chez l’homme, ce trouble pourrait entraîner une dysfonction érectile d’ordre psychologique ou une éjaculation précoce. Les femmes atteintes de SPA verraient leur désir sexuel diminuer fortement6.
D’où vient l’anxiété de performance ?
Elle pourrait prendre racine dans la petite enfance de l’individu, notamment au travers des interactions avec ses parents. Ainsi, un père et/ou une mère trop exigeant(e) vis-à-vis de son enfant pourrai(en)t engendrer chez ce dernier un sentiment d’incompétence et une faible estime de ses capacités7.
Il est à noter que certains contextes sont favorables au développement de ce trouble anxieux. Citons par exemple l’existence d’une forte compétitivité pour accéder à des études supérieures ou à un emploi prisé.
Enfin, certains professionnels de santé sont convaincus que le déploiement des réseaux sociaux contribue à l’expansion de l’anxiété de performance au sein de la société. En effet, ces réseaux confrontent quotidiennement les individus à des idéaux de réussite. Certains usagers anxieux rechercheraient l’approbation d’autrui en exposant sur les réseaux leurs succès personnels. Or, cette démarche pourrait les mener vers une forme de surproductivité nocive8.
Comment la soulager ?
Bien qu’elle ne fasse pas l’objet d’un diagnostic à part entière, l’anxiété de performance n’est pas une fatalité. Les chercheurs et les professionnels de santé proposent diverses alternatives, afin de parvenir à surmonter cet état émotionnel.
Optimiser son hygiène de vie
Lorsque l’on en souffre, il est recommandé d’adopter ou de conserver de bonnes habitudes de vie.
Veiller à son alimentation
Il est primordial de maintenir une alimentation diversifiée et équilibrée, afin de prévenir un déficit d’un ou plusieurs nutriments essentiels à l’organisme. Même en période d’examen, de compétition ou de défi professionnel, il est conseillé d’éviter de sauter des repas : s’octroyer une vraie pause autour d’un repas, avec des collègues, des amis ou de la famille est bien plus bénéfique.
Certaines boissons sont à éviter en raison de leur capacité à exacerber l’anxiété de performance. C’est notamment le cas de celles qui contiennent de la caféine9 (le café, les boissons énergisantes et certains sodas) ou de l’alcool10.
Tenter d’améliorer son sommeil
C’est un fait : quelle que soit sa forme, elle crée de la fatigue. De surcroît, les personnes anxieuses peuvent être sujettes aux troubles du sommeil. À cet égard, il est important de mettre toutes les chances de son côté pour dormir convenablement, en appliquant les préconisations de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV). Mentionnons par exemple le fait de se coucher et de se lever à heures fixes, d’adapter la température de la chambre à coucher à 20 degrés maximum ou encore de rejoindre son lit uniquement lorsque les premiers signes du sommeil surviennent11.
Prendre le temps de pratiquer une activité physique ou sportive
S’adonner à une activité physique ou sportive contribue au maintien de la santé corporelle et psychique. Faire de l’exercice pourrait même soulager certains symptômes de la dépression ou de l’anxiété de performance12. Des chercheurs se sont intéressés de plus près au yoga, au tai-chi, au qi-gong ainsi qu’à la méditation de pleine conscience, des pratiques prometteuses pour la canaliser13.
Ainsi, la pratique d’une activité physique ou sportive est vivement recommandée. Ce type d’activité permet de prendre du temps pour soi, tout en se détournant un temps de la situation anxiogène.
Évoquer la situation avec un professionnel de santé
Il n’est pas toujours simple de se confier au sujet de son mal-être. Pourtant, les professionnels de santé qui nous entourent connaissent bien ce trouble et savent quelles alternatives conseiller à chaque patient.
Certaines personnes se sentent plus à l’aise face à leur médecin traitant, du fait de la relation soignant-soigné établie depuis plusieurs années. À l’écoute, le médecin traitant évalue la situation. En cas d’anxiété de performance récurrente et/ou invalidante, il peut être amené à prescrire un traitement médicamenteux composé d’antidépresseurs et/ou d’anxiolytiques. Ces médicaments sont toutefois réservés aux formes les plus sévères car ils comportent divers effets secondaires, ainsi qu’un risque d’accoutumance14.
Le médecin traitant oriente également ses patients vers d’autres professionnels de santé comme le psychiatre ou le psychologue. En effet, la psychothérapie est considérée comme un traitement de fond. Mentionnons que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) donne de bons résultats dans le cadre de l’anxiété de performance15.
Découvrir les approches naturelles ou complémentaires
Un professionnel de santé peut également conseiller au patient anxieux d’avoir recours à une ou plusieurs alternatives naturelles ou complémentaires.
La prise de compléments alimentaires
De nombreux suppléments efficaces sont disponibles à la vente. Citons par exemple les compléments à base de magnésium16, de passiflore17 ou bien de camomille18.
Les médecines douces
Ces spécialités se développent de plus en plus. Selon la recherche, la sophrologie19, l’hypnose20, et l’acupuncture21 offriraient des résultats prometteurs. La thérapie par la musique ou musicothérapie est aussi utilisée auprès des personnes anxieuses à l’idée de produire une performance22.
D’autres alternatives conseillées
La recherche évoque d’autres pistes, afin de soulager cette forme d’anxiété de performance. Mentionnons les techniques de relaxation et de respiration23 mais également l’expression écrite de ses pensées et sentiments avant une situation d’évaluation. Cette dernière démarche aurait effectivement produit de bons résultats, auprès de musiciens24 et d’étudiants25.
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- 23: Ibid.
- 24: Tang Y. & Ryan L. (2020) Music Performance Anxiety : Can Expressive Writing Intervention Help ? Frontiers in psychology.
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