Comment utiliser l’iode en cas de troubles de la thyroïde?

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L’iode est un oligo-élément indispensable au bon fonctionnement de l’organisme, et plus particulièrement, de la thyroïde. Lorsque l’on souffre d’un dérèglement de cette glande, comme l’hypothyroïdie, l’hyperthyroïdie ou encore, la thyroïdite de Hashimoto, il n’est pas toujours facile de savoir comment réagir face à l’iode. Faisons le point sur l’utilisation de l’iode en cas de troubles de la thyroïde.

Caractéristiques

Cou d'une femme: iode et troubles de la thyroïde.

L’iode est un oligo-élément que l’on retrouve majoritairement dans l’eau de mer. Il est également présent, en plus petite quantité, dans la terre, apporté par les précipitations. Il faut souligner que l’organisme n’est pas en mesure de stocker ni de le synthétiser. C’est l’alimentation, à condition qu’elle soit variée et équilibrée, qui permet à l’homme de se procurer une juste quantité de l’oligo-élément.

L’iode est essentiel au fonctionnement de la glande thyroïde. Il intervient effectivement dans la production des hormones thyroïdiennes T3 (la triiodothyronine) et T4 (la tétraiodothyronine également appelée thyroxine). Ainsi, certains troubles peuvent apparaître lorsque les apports en cet oligo-élément s’avèrent excessifs ou insuffisants.

Hypothyroïdie

Définition

L’hypothyroïdie est un dysfonctionnement de la thyroïde qui se caractérise par la diminution ou bien l’arrêt de la synthèse des hormones T3 et T4. Ce trouble s’accompagne de symptômes évoquant un ralentissement métabolique : asthénie, bradycardie, hypothermie, frilosité, prise de poids pouvant être associée à une perte d’appétit, constipation et sécheresse de la peau et des cheveux8.

L’hypothyroïdie peut être congénitale ou acquise. Différentes causes peuvent expliquer son apparition au cours de la vie d’un individu. Ainsi, une consommation inadaptée d’iode peut être à l’origine de ce trouble de la thyroïde. La recherche a effectivement démontré que l’hypothyroïdie peut être la conséquence d’un apport excessif ou insuffisant en iode.

L’hypothyroïdie par carence d’iode

Selon la recherche, le déficit en iode représente la cause la plus évitable de pathologie endocrinienne, plus spécifiquement le goître et l’hypothyroïdie9. Autrefois très répandue dans les pays occidentaux, la carence en iode des populations a été majoritairement corrigée par l’iodation du sel de table. Elle reste toutefois courante dans certains pays en voie de développement, notamment l’Afrique subsaharienne et l’Asie du sud10.

Il faut également noter que la consommation de certains aliments peut altérer l'assimilation de cet oligo-élément. Il s’agit des brassicacées, du manioc, de la patate douce, du soja ou encore de l’arachide.

Selon les experts du Vidal (l’ouvrage de référence des substances médicamenteuses), le tabagisme et la prise d’un traitement à base de lithium sont aussi susceptibles de troubler l’absorption son absorption.

Les personnes atteintes par un déficit en iode doivent rétablir au plus vite des apports suffisants, via une alimentation adaptée ou bien une supplémentation. Un traitement médicamenteux peut parfois s’avérer nécessaire.

L’hypothyroïdie liée à un apport excessif

Dans certains cas, l’hypothyroïdie est consécutive à une administration d’iode trop importante. Cet apport peut être :

  • d’origine alimentaire (une consommation excessive d’algues par exemple);
  • lié à l’injection d’un produit de contraste iodé ;
  • de nature médicamenteuse (l’antiarythmique Amiodarone contient effectivement près de 37% d’iode).

Ce type d'hypothyroïdie apparaît le plus souvent chez des personnes qui présentent des antécédents de la sphère thyroïdienne (notamment une maladie de Hashimoto ou de Basedow, une thyroïdite subaiguë ou du post-partum, une thyrotoxicose…)11.

Ainsi, les personnes présentant un facteur de risque thyroïdien doivent accorder une vigilance particulière à ne pas adopter un régime alimentaire trop souvent riche en iode. Ce type d’hypothyroïdie peut également nécessiter un traitement.

Hyperthyroïdie

Qu’est-ce que c'est?

Ce terme fait référence à un fonctionnement excessif de la glande thyroïde. En effet, elle produit de manière anormalement élevée les hormones T3 et T4. Ceci a pour conséquence d’augmenter le métabolisme de base de l’organisme.

On dit que les tissus concernés sont atteints de thyrotoxicose. Il est alors possible de présenter les symptômes suivants : tachycardie, perte de poids, agitation psychomotrice, troubles du sommeil, transit accéléré et difficulté à réguler sa température corporelle.

Plusieurs pathologies peuvent justifier l’apparition d’une hyperthyroïdie, notamment la maladie de Basedow, un goître multi-nodulaire toxique, un adénome toxique ou bien une thyroïdite auto-immune. Un apport excessif d’iode peut également expliquer la survenue de ce type de trouble de la thyroïde.

Face à ces différentes situations, l’alimentation doit rester équilibrée et variée. Elle ne doit pas s’avérer trop riche en iode. L’équipe médicale peut envisager des soins divers : une prescription d’antithyroïdiens de synthèse, un traitement à l’iode radioactif ou bien le recours à la chirurgie12.

L’hyperthyroïdie consécutive à une surcharge en iode

L’excédent d’iode peut faire suite à diverses situations.

L’injection de produit de contraste iodé (PCI)

Particulièrement utilisés dans le cadre de l’imagerie médicale, les PCI disposent d’une forte teneur en iode, dépassant largement les références nutritionnelles pour la population (RNP) et les LSS. Ainsi, l’administration d’un produit de contraste à base d'iode peut entraîner une hyperthyroïdie, notamment chez les personnes âgées et les individus atteints d’un trouble de la thyroïde sous-jacent13.

La prise d’Amiodarone

Comme nous l’avons évoqué, l’antiarythmique contient une part non négligeable d’iode. Selon la recherche, 15 à 20% des personnes sous Amiodarone déclareraient un trouble thyroïdien, dont l’hyperthyroïdie.

Notons que la majeure partie de ces individus est touchée par une pathologie de la thyroïde latente. Toutefois, l’hyperthyroïdie secondaire à la prise d’Amiodarone peut tout de même survenir chez une personne présentant une thyroïde saine14. C’est pourquoi la Société Française d’Endocrinologie (SFE) préconise la réalisation d’un bilan thyroïdien avant toute prescription d’Amiodarone.

La consommation excessive d’aliments ou bien de compléments alimentaires

Certaines denrées alimentaires sont réputées pour contenir de fortes quantités d’iode, à l’instar des algues (kelp, kombu, etc.). Selon la même étude, ces dernières peuvent tout à fait mener l’organisme vers une surcharge en iode. Les personnes qui ingèrent des algues régulièrement sont davantage exposées. Il en est de même pour les sujets atteints d’un trouble thyroïdien sous-jacent.

Enfin, les individus qui ont recours à des suppléments alimentaires à base d’iode doivent également faire preuve de vigilance, afin de ne pas excéder la LSS.

Maladie de Hashimoto

Qu’est-ce que la thyroïdite de Hashimoto ?

Il s’agit d’une pathologie auto-immune qui se caractérise le plus souvent par une inflammation de la glande thyroïde associée à une élévation des anticorps antithyroperoxydase (anti-TPO). La thyroïdite de Hashimoto touche davantage les personnes de sexe féminin. Dans la plupart des cas, elle évolue progressivement vers l’hypothyroïdie. À ce stade de la pathologie, la prescription d’hormones thyroïdiennes de synthèse est nécessaire. Le traitement n’est chirurgical que lorsque le goître est trop volumineux et gêne significativement la personne15.

Il faut souligner que la thyroïdite de Hashimoto est à l’origine de la majeure partie des hypothyroïdies dans les pays où les populations ingèrent suffisamment d’iode16.

Quelles sont les préconisations?

Dans le cadre de la thyroïdite de Hashimoto, la recherche semble se positionner en faveur de la supplémentation en iode, sous réserve que cette dernière soit mesurée.

En effet, l’oligo-élément est indispensable au bon fonctionnement de la thyroïde, il est donc important de veiller à ne pas développer de carence lorsque l’on souffre d’un tel trouble. Dans cet objectif, l’alimentation doit être variée et équilibrée. Il est également possible d’avoir recours aux compléments alimentaires, tout en respectant les RNP et LSS. Mentionnons qu’il est préférable de demander conseil à un professionnel de santé avant toute prise.

Une première étude conseille une prise quotidienne d’iode comprise entre 50 et 150 µg. Associé à un traitement hormonal de synthèse, cet apport aurait permis de diminuer les taux des anticorps anti-TPO et anti-thyroglobuline. De surcroît, cette même étude précise qu’une dose quotidienne de 200 µg d’iode permettrait de réduire l’incidence des troubles de la thyroïde auto-immuns chez les personnes les plus à risque17.

Enfin, un second travail de recherche attire l’attention sur le fait qu’une supplémentation excessive en iode pourrait s’avérer préjudiciable pour les personnes atteintes d’une thyroïdite de Hashimoto18.


  • 1ANSES (2019) Iode.🔗 https://www.anses.fr/fr/content/iode
  • 2OMS (2019) Supplémentation en iode pendant la grossesse.
  • 3Vermeulen H. & al. (2010) Benefit and harm of iodine in wound care : a systematic review. The Journal of Hospital Infection.
  • 4🔗 http://www.distribution-iode.com/
  • 5Kessler JH. (2004) The effect of supraphysiologic levels of iodine on patients with cyclic mastalgia. The breast journal.
  • 6Eureka Santé par Vidal (2014) Iode.
  • 7ANSES (2019) Iode.
  • 8Société Française d’Endocrinologie (2016) Hypothyroïdie.
  • 9Patrick L. (2008) Iodine : deficiency and therapeutic considerations. Alternative Medicine Review.
  • 10Zimmermann MB. & al. (2008) Iodine-deficiency disorders. Lancet.
  • 11Leung A. & Braverman L. (2012) Iodine-induced thyroid dysfunction. Current opinion in endocrinology, diabetes, and obesity.
  • 12Société Française d’Endocrinologie (2016) Hyperthyroïdie.
  • 13Leung A. & Braverman L. (2012) Iodine-induced thyroid dysfunction. Current opinion in endocrinology, diabetes, and obesity.
  • 14Ibid.
  • 15Caturegli P. & al. (2014) Hashimoto thyroiditis : clinical and diagnostic criteria. Autoimmunity Reviews.
  • 16Chakera AJ. & al. (2012) Treatment for primary hypothyroidism : current approaches and future possibilities. Drug design, development and therapy.
  • 17Rink T. & al. (1999) Effect of iodine and thyroid hormones in the induction and therapy of Hashimoto's thyroiditis. Nuklearmedizin.
  • 18Liontiris MI. & Mazokopakis EE. (2017) A concise review of Hashimoto thyroiditis (HT) and the importance of iodine, selenium, vitamin D and gluten on the autoimmunity and dietary management of HT patients. Points that need more investigation. Hellenic journal of nuclear medicine.
Mélanie Manzanares

Rédactrice spécialisée dans le domaine de la santé, ayant obtenu le diplôme d'état infirmier en 2013.