L’iode: bienfaits, posologie et effets secondaires

-

Essentiellement connu pour ses effets sur la thyroïde, l’iode est un oligo-élément essentiel au maintien d’une bonne santé. Quel est l’apport quotidien conseillé? Quelles sont les conséquences d’une consommation insuffisante ou excessive? De plus amples informations sur l’iode, ses bienfaits, sa posologie et ses éventuels effets secondaires.

Définition

Sel de table, riche en Iode: bienfaits, posologie et effets secondaires de cet oligo-élément.

En raison de ses nombreux bienfaits, l’iode est un oligo-élément indispensable à l’organisme. Il contribue effectivement au maintien de la fonction thyroïdienne, puisqu’il permet la synthèse des hormones T3 (la tri-iodothyronine) et T4 (la tétra-iodothyronine, ou thyroxine). Grâce à cet oligo-élément, les hormones thyroïdiennes peuvent accomplir leurs fonctions essentielles au bon fonctionnement du corps humain. Il faut également souligner que cet oligo-élément est nécessaire au développement cérébral du fœtus.

L’iode se concentre majoritairement au sein des océans. On en retrouve également dans la terre, apporté par les précipitations. Ainsi, en adoptant une alimentation équilibrée, l’homme en absorbe de petites quantités. Toutefois, l’organisme n’est pas en mesure de stocker cet oligo-élément. Des troubles peuvent donc apparaître en cas d’apport insuffisant ou excédentaire1.

À noter que des compléments alimentaires à base d’iode sont actuellement disponibles à la vente.

Références nutritionnelles pour la population (RNP)

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a précisé les RNP de l’iode:

  • 150 µg par jour pour les enfants de plus de 10 ans et les adultes ;
  • 150 à 200 µg par jour pour les femmes enceintes et allaitantes ;
  • 80 µg par jour pour les jeunes enfants âgés de 1 à 3 ans ;
  • 90 µg par jour pour les enfants de 4 à 6 ans ;
  • et 120 µg par jour pour les enfants dont l’âge est compris entre 7 à 9 ans2.

L’EFSA a également fixé une valeur limite supérieure de sécurité (LSS) concernant cet oligo-élément. Celle-ci correspond à la quantité maximum d’iode que l’on peut absorber chaque jour sans toutefois ressentir d’effets indésirables. Différentes LLS existent et dépendent de l’âge de la personne :

  • 600 µg par jour pour les adultes, y compris lors de la grossesse et l’allaitement ;
  • 500 µg par jour pour les adolescents de 15 à 17 ans ;
  • 450 µg par jour pour les jeunes adolescents de 11 à 14 ans ;
  • 300 µg par jour pour les enfants âgés de 7 à 10 ans ;
  • 250 µg par jour pour les enfants de 4 à 6 ans ;
  • et 200 µg par jour pour les jeunes enfants de 1 à 3 ans.

Quels sont les risques du déficit en iode?

Des apports insuffisants peuvent engendrer des troubles thyroïdiens. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la carence en iode est problématique à tout âge de la vie. Toutefois, elle s’avère particulièrement néfaste chez le fœtus et le jeune enfant.

En effet, un déficit peut troubler le développement cérébral et l’évolution des fonctions intellectuelles. Les sujets les plus sévèrement touchés souffrent de crétinisme. Les personnes se situant à un stade moins prononcé peuvent subir des difficultés scolaires puis professionnelles. Enfants et adultes sont également susceptibles de présenter un goître, signe d’une hypertrophie de la glande thyroïde3.

Que peut-il se passer en cas d’apport excessif?

En règle générale, l’organisme humain et, plus spécifiquement, la thyroïde, tolèrent bien les apports excédentaires, notamment grâce à l’effet protecteur de Wolff-Chaikoff. La recherche indique effectivement qu’une prise de 1100 µg d’iode par jour est supportée. Elle signale, en outre, que certaines personnes disposent d’un seuil de tolérance encore plus élevé. Cependant, certains troubles peuvent tout de même survenir :

  • des céphalées ;
  • des diarrhées ;
  • de manière plus rare, des dermatites, pouvant exceptionnellement évoluer vers une altération cardiaque ;
  • une hypo ou bien une hyperthyroïdie, surtout chez les personnes présentant déjà une fragilité thyroïdienne (une thyroïdite de Hashimoto par exemple).

Il faut également savoir que, dans de très rares cas, une supplémentation supérieure à 2 grammes a pu engager le pronostic vital de la personne4.

Un traitement antiarythmique à base d’Amiodarone peut occasionner une surcharge en iode. Les produits de contraste utilisés dans le cadre de l’imagerie médicale peuvent également être à l’origine d’un excédent. De manière plus rare, les antiseptiques cutanés ainsi que les compléments alimentaires peuvent provoquer de tels troubles5.

Allégations santé validées par les instances officielles

Selon l’EFSA, les compléments alimentaires et les aliments qui détiennent plus de 22,5 µg d’iode pour 100 g ou 100 ml peuvent affirmer :

  • concourir au fonctionnement de la thyroïde et à la synthèse de ses hormones ;
  • contribuer à l’activité de la sphère nerveuse ;
  • maintenir les fonctions intellectuelles ;
  • participer au métabolisme énergétique ;
  • favoriser la croissance des enfants ;
  • et préserver l’état cutané6.

Mentionnons que la recherche a mis en avant d’autres bienfaits de l’iode. Toutefois, l’EFSA considère que le niveau de preuve n’est pas suffisant pour que les aliments et les spécialités à base d’iode puissent garantir de tels effets.

Propriétés et vertus

Quels sont les bienfaits et propriétés de l'iode?

Une carence en iode

Véritable problème de santé publique, le déficit ou carence en iode reste courant malgré l’iodation du sel de table7. Selon l’étude Individuelle Nationale des Consommations Alimentaires (INCA) 2, 43% des femmes adultes françaises ne bénéficient pas d’un apport suffisant.

Lorsqu’un individu présente un dérèglement thyroïdien lié à une carence en iode, il est nécessaire de rétablir des apports suffisants via un régime spécifique et/ou l’ingestion de suppléments.

Soutien de la grossesse et de la lactation

Les besoins en iode de la femme augmentent lors de la grossesse, afin de soutenir le développement du fœtus. Ainsi, l’OMS recommande un apport journalier de 250 µg d’iode aux femmes enceintes ou allaitantes via l’absorption de sel iodé, d’aliments dont la teneur en cet oligo-élément est particulièrement élevée ou bien de compléments alimentaires8 9.

Pour bénéficier des bienfaits de l'iode sans s’exposer à un risque éventuel, il convient de ne pas excéder la LSS, c'est-à-dire 600 µg. Il vous faut donc accorder une vigilance particulière à la composition des différents compléments prénataux que vous pouvez prendre.

Désinfection de la peau, des muqueuses et des plaies

La recherche confirme que l’iode est un antiseptique efficace. Comparativement aux autres substances désinfectantes, son usage n’induit pas une élévation des effets secondaires (y compris au niveau thyroïdien) et n’interfère pas dans la cicatrisation des plaies10.

Ainsi, plusieurs antiseptiques pour la peau ou les muqueuses en contiennent sous différentes formes. Il peut s’agir de diiode, associé à de l’éthanol, d’iodure de potassium ou bien de povidone iodée.

Prévention de la radioactivité

L’organisme peut être exposé à de l’iode radioactif dans deux contextes très différents : un traitement oncologique ou bien un accident nucléaire ou chimique. Or, on associe cette substance à un risque accru de développement d’un cancer de la thyroïde, notamment chez les femmes enceintes, les enfants et adolescents de moins de 18 ans.

En cas d’incident nucléaire ou chimique, l’administration d’iodure de potassium (également appelé iode stable), associée à la mise à l’abri de la personne, permet de protéger la thyroïde du composé radioactif. En effet, ce composé chimique va se fixer plus rapidement sur la glande que l’iode radioactif.

C’est pourquoi l’État a mis en place plusieurs campagnes de distribution de médicaments à base d’iodure de potassium à l’attention des individus vivant près de sites nucléaires11. Les comprimés sont dosés à 65 mg. Côté posologie, les enfants de plus de 12 ans et les adultes doivent ingérer deux comprimés d’iode stable soit 130 mg. En dessous de 12 ans, il convient d’administrer 65 mg aux enfants.

Traitement des fibrokystiques du sein

Les bienfaits de l'iode ne s'arrêtent pas là.

De quoi s'agit-il?

Également appelée maladie fibrokystique du sein, cette affection survient couramment et n’est pas cancéreuse. Dans ce cadre, le sein peut comporter une ou plusieurs masse(s) palpable(s) et est susceptible de gonfler. Les femmes atteintes ressentent une sensation de pesanteur, un inconfort ou bien des douleurs. La prise en charge proposée tient alors compte de l’intensité des changements fibrokystiques du sein12.

Traitement des changements fibrokystiques du sein?

Certaines études scientifiques mettent en avant les bienfaits d’une supplémentation en iode face à cette affection. C’est notamment le cas d’un essai clinique de petite envergure, où 65% des femmes qui ont suivi un traitement à base d’iode moléculaire ont montré une réduction ou une disparition des masses ainsi que de la douleur associée13.

Une autre recherche (randomisée, à double-aveugle et sous contrôle placebo) pose un constat similaire. En effet, l’administration d’iode moléculaire durant 6 mois, à raison de 3 mg ou 6 mg par jour, aurait permis de diminuer la douleur, la sensibilité ainsi que la nodularité14. Ici, les doses dépassent les besoins de l’organisme et la LSS, mais les chercheurs n’ont pas relevé de hausse des effets secondaires.

Malgré ces résultats encourageants, il n’est que peu utilisé face aux changements fibrokystiques du sein. D’autres traitements efficaces existent et, selon les spécialistes, ils incarnent de meilleures options.

Traitement de l'encombrement bronchique

Selon les experts du Vidal, l'un des bienfaits de l’iode est qu'il permet l’évacuation des sécrétions bronchiques. Il incarne donc un bon expectorant. Toutefois, les médecins ne conseillent que très peu cet oligo-élément pour traiter l’encombrement des bronches15. Ils misent davantage sur d’autres molécules, qui présenteraient une moindre toxicité.

Les différentes formes

L'iode est disponible en comprimés, gélules et sous forme liquide.

Dosage

Il faut tout d'abord souligner qu'il est possible d'apporter davantage d'iode à l'organisme en adaptant son alimentation.

Afin de ne pas excéder les RNP, les compléments alimentaires à base d’iode vendus en France ne peuvent contenir plus de 150 µg par unité. En règle générale, les laboratoires fabricants recommandent ce dosage sur des périodes assez longues, souvent comprises entre 2 et 4 mois. N’hésitez pas à solliciter l’avis d’un professionnel de santé avant d’entamer votre supplémentation.

Précautions d’usage

Contre-indications

L’iode est susceptible d’interagir avec d’autres substances médicamenteuses. Soyez vigilant si vous suivez un traitement anticoagulant: l’oligo-élément peut amoindrir son action. Il est également connu pour potentialiser les effets des médicaments prescrits dans le cadre de l’hyperthyroïdie. Enfin, les thérapeutiques à base de lithium ont tendance à réduire son absorption16.

À noter que certaines denrées peuvent aussi perturber son assimilation. Il s’agit notamment:

  • des aliments contenant des thiocyanates comme les brassicacées ou le manioc ;
  • de l’eau potable chargée en perchlorates ou en nitrates17 ;
  • du soja en raison de sa teneur en isoflavones18.

Bon à savoir : le tabac contient également des thiocyanates.

Effets indésirables

L’organisme tolère généralement bien l’iode; l’apparition d’effets secondaires est essentiellement liée à un surdosage. Cette situation s’avère exceptionnelle mais elle comporte tout de même des troubles non négligeables. L’exemple le plus significatif est le dérèglement du rythme cardiaque.

Des apports excessifs sur le long terme peuvent aboutir à l’iodisme. Cette affection se caractérise par la survenue de céphalées, d’une rhinite et d’une irritation de la gorge pouvant évoluer vers une gêne respiratoire.

De manière rare, certaines personnes peuvent développer une hypersensibilité à l’iode. Cet état s’accompagne de symptômes tels qu’une hyperthermie, une éruption cutanée accompagnée de démangeaisons, de zones enflées ou bien de saignements sous-cutanés19.

Sources alimentaires

Il existe de nombreuses sources alimentaires d'iode. Retrouvez l'ensemble des informations au sein de l'article : Où trouver de l'iode dans l'alimentation?

Informations complémentaires

Vous pouvez en apprendre davantage sur l'iode:

Questions fréquentes

Qu'est-ce que l'iode?

L'iode est un oligo-élément, qui présente de nombreux bienfaits pour la santé.

Quels bienfaits?

- Favorise le bon déroulement de la grossesse
- Activités antiseptique et expectorante
- Protection contre la radioactivité
- Traitement de la maladie fibrokystique du sein

Quelles sont les mises en garde?

L'iode peut interagir avec certains traitements médicamenteux. Il est recommandé de demander conseil à un médecin avant toute supplémentation.


  • 1ANSES (2018) Avis relatif au risque d’excès d’apport en iode lié à la consommation d’algues dans les denrées alimentaires.
  • 2ANSES (2019) Iode.🔗 https://www.anses.fr/fr/content/iode
  • 3OMS (2004) Iodine status worldwide.
  • 4Leung A. & Braverman L. (2012) Iodine-induced thyroid dysfunction. Current opinion in endocrinology, diabetes, and obesity.
  • 5Egloff M. & Philippe J. (2016) Dysthyroïdies liées à une surcharge iodée. Revue médicale suisse.
  • 6Eureka Santé par Vidal (2014) Iode.🔗 https://eurekasante.vidal.fr/parapharmacie/complements-alimentaires/iode.html
  • 7Zimmermann MB. & al. (2008) Iodine-deficiency disorders. Lancet.
  • 8OMS (2019) Supplémentation en iode pendant la grossesse.
  • 9Haab É., Ceccaldi PF., Luton D. (2017) Carence en iode pendant la grossesse. La revue du praticien.
  • 10Vermeulen H. & al. (2010) Benefit and harm of iodine in wound care : a systematic review. The Journal of Hospital Infection.
  • 11http://www.distribution-iode.com/
  • 12🔗 http://www.distribution-iode.com/
  • 13Uzan C. & al. (2015) Management of a breast cystic syndrome : guidelines. Journal de gynécologie et obstétrique et biologie de la reproduction.
  • 14Ghent WR. & al. (1993) Iodine replacement in fibrocystic disease of the breast. Canadian Journal of Surgery.
  • 15Kessler JH. (2004) The effect of supraphysiologic levels of iodine on patients with cyclic mastalgia. The breast journal.
  • 16Korsager S., Ostergaard Kristensen HP. (1979) Iodine-induced hypothyroidism and its effect on the severity of asthma. Acta Medica Scandinavica.
  • 17Eureka Santé par Vidal (2014) Iode.
  • 18Horton MK. & al. (2015) CO-occurring exposure to perchlorate, nitrate and thiocyanate alters thyroid function in healthy pregnant women. Environmental Research.
  • 19Doerge DR. & Sheehan DM. (2002) Goitrogenic and estrogenic activity of soy isoflavones. Environmental Health Perspectives.
  • 20Eureka Santé par Vidal (2014) Iode.
Mélanie Manzanares

Rédactrice spécialisée dans le domaine de la santé, ayant obtenu le diplôme d'état infirmier en 2013.