Description
Le curcuma est un rhizome à la couleur jaune caractéristique. Sa substance principale est la curcumine. C’est elle qui lui confère ses vertus thérapeutiques. Il contient également des colorants (les curcuminoïdes) et de l’huile essentielle.
En tant qu’épice, il est utilisé pour parfumer les plats. Les médecines traditionnelles asiatiques l’utilisent cependant pour traiter un grand nombre de troubles de l’organisme. Il trouve également de plus en plus sa place dans la pharmacopée naturelle occidentale.
La législation française
Devant le succès du curcuma en complément alimentaire, les autorités se sont emparés du dossier pour mettre un cadre qu'ils estiment sécuritaire.
Précautions obligatoires
Il est obligatoire qu'un produit à base de curcuma mentionne ces précautions:
- Déconseillé en cas de prise simultanée d'anticoagulants
- Déconseillé en cas de troubles hépatiques ou biliaires, calculs biliaires.
Dosage en curcumine extrêmement réduit
Depuis janvier 2020, la France a décidé de réduire le seuil autorisé de curcumine dans la dose journalière. C'est aujourd'hui au maximum 210 mg par jour qui est accepté.
A titre de comparaison, les dosages préconisés par les études pour des produits de curcuma pur ou associé à de la pipérine est de 1000 - 1500 mg par jour. La réglementation impose une dose presque 5 fois inférieure à ce que les études ont défini. Par contre, d'autres pays européens comme l'Allemagne ne fixent pas de seuil aussi restrictif.
Cela abaisse de facto l'efficacité des produits fortement concentré en curcumine. Mais des solutions existent néanmoins pour consommer du curcuma efficace: différentes formes de curcuma bio ou les curcumine à assimilation optimisée.
Avis de l'ANSES
Le curcuma faisant partie des plantes anti-inflammatoires les plus probantes, l'ANSES a émis un avis qui déconseille son usage dans la période COVID1. Le curcuma rentre dans la même catégorie que le paracétamol et l'aspirine qui sont eux aussi déconseillés pendant le temps que sévit l'épidémie.
Ceci est assez discutable, car une plante n'est pas une molécule isolée. Ses effets sont synergiques et se compensent les uns les autres. Par exemple, les vertus du curcuma sur le système immunitaire ne sont plus à prouver. Stimulant ou immunitaire ou calmant immunitaire, les autorités ont tranché afin de ne prendre aucun risque.
Risques généraux
Hormis les précautions recommandées par les autorités (anticoagulants, problèmes hépatiques, épidémie), il y a d'autre points où l'on doit faire attention.
- En cas d'allergie au curcuma, évidemment
- 2 semaines avant et après une intervention chirurgicale, il vaut mieux l'éviter à cause de son aspect anticoagulant
- Inflammations du système digestif, notamment de l'estomac et de l'intestin. Bien qu'il soit complètement indiqué pour ces problèmes, il peut aggraver certaines personnes. Dans ce cas, arrêter la prise.
Grossesse
En usage alimentaire, le curcuma ne pose pas de problème en cas de grossesse ou d’allaitement. Cependant, par principe de précaution, l’agence européenne du médicament recommande de ne pas consommer de compléments alimentaires à base de curcuma ou de ses dérivés, durant la période de la grossesse ou de l’allaitement.
Cette précaution d’emploi provient du fait que le curcuma est traditionnellement utilisé pour traiter l’absence de menstruations. Il est également indiqué pour aider à l’élimination du sang stagnant et pourrait, en grande quantité, stimuler les contractions de l’utérus.
Précautions liées à la formulation
Il existe de multiples manières de consommer du curcuma. Les formulations peuvent être plus ou moins bien tolérées.
Usage alimentaire de racine fraîche ou séchée
Les racines et la poudre sont communément utilisées comme épice. À usage alimentaire, le curcuma ne comporte pas de dangers et aucun risque pour la santé, si ce n’est évidemment le risque lié à l’allergie.
Poudre à doses importantes
L'usage de poudre brut en complément alimentaire est généralement très bien toléré. Il n'y a pas de risques particuliers à cette formule.
Curcuma poivre
L'ajout de poivre ou pipérine peut être irritant pour le système digestif. Cette forme est à déconseiller chez les personnes souffrant d'inflammations digestives. Aussi, le poivre inhibe momentanément la capacité du foie à évacuer les toxines. Les personnes ayant des terrains immunitaires bas, un dérèglement de la flore intestinale devraient s'abstenir de prendre cette formulation.
Huile essentielle
L’huile essentielle de curcuma est considérée comme assez forte. Elle peut être irritante. Elle est à éviter formellement pour les femmes enceintes et les enfants.
Quels effets secondaires?
À dose alimentaire, le curcuma ne présente pas d'effets secondaires et pas de dangers pour la santé. Il est d’ailleurs même réputé pour ses nombreuses vertus.
Cependant, prise à haute dose, la curcumine peut entraîner certains effets secondaires non pathologiques. Les effets les plus couramment répertoriés sont :
- ballonnements, flatulences et plus généralement désagréments gastro-intestinaux ;
- légères bouffées de chaleur ;
- sécheresse de la bouche ;
- brûlures d’estomac à des doses très élevées.
En cas de surdosage massif, la curcumine est susceptible d’entraîner des nausées et des vomissements.
Quelles sont les interactions médicamenteuses?
Les anticoagulants
La curcumine possède des propriétés anticoagulantes. Par conséquent, sa consommation peut entraîner une interaction avec des produits ayant la même propriété. Un avis médical est donc nécessaire avant de la consommer avec de tels produits.
Des études scientifiques ont démontré que la curcumine peut être aussi efficace que l’atarvastatine, une molécule communément prescrite pour son effet contre le cholestérol. Il va donc sans dire que ses propriétés anticoagulantes sont réelles.
Dans ce cadre, et par mesure de précaution, il est fortement déconseillé de consommer le curcuma en concomitance avec :
- l’aspirine,
- le clopidogrel,
- l’héparine,
- le dipyridamole,
- l’atorvastatine,
- la ticlopidine,
- l’AVK,
- l’énoxaparine,
- la warfarine
- …
Les interactions pourraient également intervenir avec certaines plantes ou épices qui présentent des propriétés similaires à celles du curcuma. Les principaux compléments alimentaires naturels comportant les mêmes vertus sont :
- le gingembre,
- l’ail,
- le ginkgo,
- les fèves tonka,
- le ginseng
- …
Dans ce cas, un avis médical est hautement souhaitable.
Les antiacides
La curcumine est suspectée d’interagir avec les antiacides. Les scientifiques estiment qu’elle pourrait inhiber l’action de ces molécules et entraîner des effets secondaires gastro-intestinaux.
Les antiacides les plus communément utilisés et qui pourraient avoir une interaction avec la curcumine sont :
- Maalox,
- Xolaam,
- Oméprazol,
- Raniplex,
- Nizaxi,
- Zantac,
- Tagamet,
- Pepcid,
- ainsi que les produits contenant de la cimétidine, du famotidine et de la ranitidine.
Les personnes qui souffrent de reflux gastro-œsophagien sont davantage exposées aux effets secondaires résultant d’une consommation concomitante d’antiacides et de curcuma. Un avis médical est nécessaire.
Les antidiabétiques
La curcumine possède des propriétés antidiabétiques. Elle est donc susceptible d’augmenter les effets des molécules présentant des propriétés similaires. Dans ce cas, il pourrait entraîner des effets indésirables comme de l’hypoglycémie, des tremblements, des vertiges, de l’anxiété ou encore une transpiration excessive et des troubles de la vision.
Les molécules présentes dans les produits antidiabétiques les plus courants sont :
- sulfonylurée,
- méglitinide,
- chélateur d’acide biliaire,
- thiazolidinedione,
- biguanide,
- inhibiteur de DPP-4, SGLT2 ou alpha-glucosidase.
Les anti-inflammatoires
La littérature médicale a abondamment documenté les propriétés anti-inflammatoires du curcuma2. Par conséquent, si vous prenez des anti-inflammatoires, les propriétés peuvent s’additionner et provoquer une surdose et des effets indésirables.
Des études ont mis en lumière que le curcuma serait aussi efficace que le paracétamol et que certains anti-inflammatoires non stéroïdiens communément utilisés dans des pathologies telles que l’arthrite ou la colite ulcéreuse.
Si certaines études démontrent que l’association entre le curcuma et un traitement anti-inflammatoire non stéroïdien pourrait accélérer la guérison, vous devez néanmoins solliciter un avis médical avant de procéder à des mélanges.
Les produits de chimio ou radiothérapie
De nombreuses études ont démontré un effet positif de la curcumine sur le cancer. Elle améliore l’efficacité des certaines molécules de chimiothérapie telles que :
- la metothrexate,
- le docetaxel,
- la gemcitabine.
Cependant, elle pourrait également interagir avec les composés suivants :
- les camptothécines,
- la cyclophosphamide,
- la doxorubicine,
- la vincristine,
- les épipodophyllotoxines.
Dans tous les cas, un avis médical éclairé est requis avant de consommer du curcuma à usage thérapeutique en concomitance avec de tels traitements.
Le curcuma, utilisé comme épice, ne pose aucun problème il faut cependant rappeler que même s’il s’agit d’un composant naturel de grande valeur, le curcuma en usage thérapeutique nécessite quelques précautions pour ne pas présenter de dangers pour les populations à risque.
La bonne utilisation du curcuma
Afin de consommer du curcuma de manière sécuritaire, suivez notre guide sur : Curcuma : quelle posologie?
- 1: Efficacy of Turmeric Extracts and Curcumin for Alleviating the Symptoms of Joint Arthritis: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Clinical Trials James W. Daily, Mini Yang, Sunmin Park Published online 2016 Aug 1. doi: 10.1089/jmf.2016.3705🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5003001/
- 2: 🔗 https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99anses-met-en-garde-contre-la-consommation-de-compl%C3%A9ments-alimentaires-pouvant-perturber-la